une histoire intéressante, une autre vision de la maladie.
Parfois le texte est un peu lourd, mais ça doit venir des termes militaires utiliser, ce qui est normal, la nation est attaquée par un terroriste, il faut bien l'éradiquer pour pouvoir vivre plus longtemps.
Une façon originale de nous faire vivre sa maladie et sa victoire contre le cancer
Commenter  J’apprécie         00
— Je suis porteuse du virus du SIDA, hautement et mortellement contagieux !
Mon regard posé sur cette jeune fille inoffensive avait-il été
curieux ou inquisiteur ? Moi qui avais aussi été la cible de ces
regards et ragots, qui, durant une période de mon passé, avais
représenté un danger de haute contagiosité par cette
tuberculose, comme bien d’autres, je toisais discrètement les
symptômes dermiques de cette mystérieuse jeune femme, dont
tout le monde parlait discrètement : atteinte de la reine des
maladies honteuses, transmissibles et mortelles !
Fantasmatiques interrogations sur l’origine de ce mal chez cette
jeune personne :
— Est-ce par le sexe ? Vilaine fille !
— Se drogue-t-elle ? Tant pis pour elle !
— A-t-elle été victime d’une transfusion sanguine ? Pauvre fille !
Quelle source de contagion serait la plus rassurante ? Aucune ! Cette jeune fille est porteuse d’une maladie honteuse et contagieuse, point final ! C’est comme une provocation défiant l’ordre public d’une société saine. Elle n’est pourtant pas un phénomène de foire, ni une curiosité touristique ! Cette jeune fille tente de se fondre dans la société pour vivre, le plus simplement du monde. Doit-elle porter la cloche des pestiférés d’autrefois ?
— Je suis potentiellement morte et je t’emmerde !
Qu’elle justifie par un doigt d’honneur ! Voilà ce qu’elle devrait répondre à mon voyeurisme indécent, à ce même regard chuchotant dont je fus la cible jadis.
Un samedi pluvieux dans le Nord. Diable ! Une patrie en ébullition, je ressens les mouvements de masses internes. La guerre fait rage, des millions de cellules s’affrontent. Le rythme s’accélère pour que ce grand territoire qui est le mien
puisse combattre ce satané Mr Toxic. « Ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie ! » — extrait du Cid de Corneille, dédié à l’incontrôlable Nation corporelle qui est la mienne. On dirait que chaque jour qui passe la vieillit de dix ans. Les dernières fréquences d’attaque furent, pour la première fois, éprouvantes. Ce que je craignais ou ignorais des effets secondaires se présente à moi : une fatigue intense, des premières traces dermiques qui apparaissent… un petit hématome devient une empreinte indélébile. Le moindre coup se transforme en bleu qui vient s’imprimer sur ma peau blême,parfois jaunâtre. Je suis à présent en « technicolor » !
Avec mon Ange aux yeux bleus, nous avons fini par réaliser un recueil de ces dialogues rencontrés.
Il y a d’abord le fatal moment de l’annonce : un dialogue entre
mon Ange aux yeux bleus, figurant ci-dessous sous l’initiale
« F » et les « quidams » qui seront généralisés sous « Q ».
F — Salut, « Q », comment ça va ?
Q — Bien, bien, merci. Et toi ?
F — Bof… Ça pourrait franchement aller mieux. Mon chéri a chopé le cancer…
Q — Il a un cancer ? Il était gentil pourtant, hein…
F — Ben… Il l’est toujours !!!
Mince ! Durant toute mon enfance et ma préadolescence, j’ai cru vivre dans une espèce d’émission de « téléréalité », lorsque les dieux de l’audimat décident, par un décompte de vote, de qui ira au paradis et de qui va chuter en enfer !