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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Élise et Lise », « Élise et Lise », « Élise et Lise »… On pourrait croire que je me répète mais non, comme tous les livres de Philippe Annocque, « Élise et Lise » est pluriel, multiple, il semble offrir une infinité de lectures possibles. C'est ce qui m'a sauté aux yeux une fois le livre refermé et découvrant petit à petit, les interprétations d'autres lecteurs, si différentes de la mienne. Je ne sais si c'est à cela que l'on reconnaît la richesse d'un roman mais je vous avoue que cela m'impressionne drôlement et colle bien avec un leitmotiv de l'auteur : « On n'est jamais sûr de rien. »

« Élise et Lise » est un conte, une variation sur deux contes de Grimm (« La gardeuse d'oie » et « Les trois nains de la forêt ») avec deux personnages principaux, deux filles qui deviennent des amies très proches… trop proches ? A leur côté, deux autres personnages secondaires : l'amie témoin et le petit-ami de… de qui le petit-ami ? Leurs quatre points de vue sur cette histoire, l'analyse des contes (vous vous souvenez : Propp ?), les contes originaux et une ritournelle nous accompagnent, nous aident à comprendre. Et pourtant, chacun y verra ce qu'il souhaite !

Dès lors, peu importe ma propre lecture ! Ce que je peux vous dire c'est que ce roman m'a rapidement mise très mal à l'aise : étouffante cette ambiance, ça ne va pas, ça cloche… oui, je ne la sens pas elle… mais quand même, ce flou, ces doutes… est-ce bien cela ? On se demande… d'autant qu'eux, les personnages semblent aveugles… Et de nouveau, cette sorte de presque-vide de ces personnages tout en forme et contenant, mais où/qui sont-ils vraiment ?

Enfin, il y a ce talent de l'auteur : sa langue si particulière qui porte le flou en elle (avec ce ton détaché notamment), ses jeux de mots/langue/lettres qui me fascinent, ses petites phrases-touches percutantes qui interrogent sur l'identité, la réalité, le savoir, les relations…

Alors oui, j'ai eu une petite réserve, une brève insatisfaction, un effleurement seulement : je me suis demandée si le livre n'aurait pas dû choisir son camp entre un hyperréalisme « liquidien » ou un absurde flottant « lievien » ? Mais non, ça n'aurait plus été ajusté, c'est cet entre-deux qui fait ce livre-ci et sa singula-pluralité ! Et puis, s'il y a bien une spécificité qui me plaît dans les livres de Philippe Annocque c'est leur différence : pour chacun une toute nouvelle forme et l'impression de découvrir un nouvel auteur… et en même temps, pas tout à fait !
Lien : https://emplumeor.wordpress...
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Élise et Lise sont étudiantes en littérature dans une ville où il y a une rue Saint-Charles, des boutiques Zara, H&M, Kookaï et Etam.
“ Élise et Lise ne se sont pas rencontrées le même jour. ” J'adore cette phrase.
Dite comme ça, au pied de la lettre, ça ne va pas, elle tient pas debout ! Alors qu'en fait il n'y a pas plus juste : ça se passe comme ça dans beaucoup de rencontres. Lise a remarqué Élise dans l'amphi un mercredi mais ne lui a pas parlé ce jour-là, et deux jours après, elle la revoit dans une boutique de la rue Saint-Charles et lui adresse la parole. Lise élit Élise. Depuis ce vendredi, Élise et Lise sont amies.

Des phrases, qui dites comme ça, ça ne va pas, il y en a d'autres dans Élise et Lise ; il faut toujours faire très attention parce qu'un peu plus loin, plus ou moins loin, on comprend que la bizarrerie était intentionnelle et alors un sens caché vous apparaît, ou pas, ou pas encore. C'est toujours comme ça avec Annocque, il est très fort, voire retors avec son lecteur ! (voir Pas Liev).

Élise et Lise ont un témoin de leur amitié : c'est Sarah. Élise et Sarah étaient amies avant de rencontrer Lise, mais finalement cela se passe très bien entre elles trois, même si Sarah reste en retrait, en observatrice. Sarah est plus indépendante qu'Élise ; assez vite elle se fait son opinion sur Lise mais elle la garde pour elle, et pour nous. Sarah est une bosseuse : elle étudie la morphologie du conte en prenant des exemples chez les Grimm et Perrault ; elle est particulièrement intéressée par la psychologie des “ fausses héroïnes ”, celles qui dans les histoires magiques, usurpent la personnalité de l'héroïne, la neutralisent et tentent de la remplacer.

Quand elles sont ensemble toutes les trois, elles se racontent leurs histoires de filles. Un jour un quatrième personnage fait son apparition : Luc, le nouveau petit copain d'Élise. Là encore, même si ça étonne un peu Sarah, tout continue à aller très bien entre Élise et Lise ; au moins pour un temps...


un conte sans fées :

Ça commence léger et court vêtu, cheveux brillants, colocation et pyjama-parties : n'était le style (j'en parle après) on se croirait au début, au début seulement, dans un petit roman de chick lit ! C'est sur cette normalité girlie aux couleurs des films de Demy, que le redoutable Philippe Annocque tisse petit à petit sa toile maléfique et glaçante.

Un conte sans fées, mais nourri des histoires merveilleuses que Sarah analyse pour son cursus ; en particulier : Les Trois Nains de la Forêt (Grimm) et Les Fées (Perrault). Les deux contes racontent la même histoire à la base, mais celui des Grimm a une suite qui est un indice majeur pour la progression vers la fin d'Élise et Lise. Également comme dans les contes, une formule magique en forme de devinette, de ritournelle, revient à intervalles réguliers entre les points de vue donnés tour à tour par Lise, Élise, Sarah et Luc.


des répétitions à répétition, des jeux avec les mots :

C'est ce qui frappe tout de suite dans l'écriture de Philippe Annocque. Des jeux avec les mots, avec leurs sens, des répétitions, des reprises, des retournements, des boucles. Cela fait naître un tourbillon hypnotique, un vertige délicieux. Un exemple au hasard :

“ Quand Elise a répondu, Lise s'est rendu compte qu'elle répondait exactement ce qu'elle, Lise, voulait qu'elle réponde. Avant sa réponse, elle ne savait pas vraiment ce qu'elle voulait qu'Elise réponde. Mais une fois la réponse sortie de la bouche d'Elise, Lise a considéré cette réponse qui sortait de la bouche d'Elise et l'a reconnue : c'était exactement la réponse qu'elle attendait. Qu'elle voulait entendre. ”


Si vous ne l'avez pas déjà fait, lisez Pas Liev, puis Elise et Lise, ou l'inverse pourquoi pas.
Les atmosphères y sont on ne peut plus radicalement différentes, mais au bout du compte (!) un thème récurrent les parcourt : le drame d'individus en quête d'identité, de personnages en recherche d'incarnation, qui n'ont pas d'image d'eux-mêmes, qui manquent d'accroche avec le monde qui les entoure.
Lien : http://tillybayardrichard.ty..
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Mais, comme je le disais en préambule, j'ai aimé votre livre. Vraiment. J'ai aimé l'ambiance de folie latente, j'ai aimé vos références à Bettelheim, votre manière d'évoquer, réinterpréter et décortiquer les contes de fées. J'ai aimé l'enchainement des chapitres, l'évolution des personnages et j'ai aimé me demander laquelle des deux était laquelle. J'ai aimé la ritournelle, j'ai vu en ce roman quelque chose de théâtral et en Sarah le choeur de cette pièce.

Le billet complet sur mon blog.
Lien : http://touchezmonblog.blogsp..
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