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Amar Annus (Éditeur scientifique)Alan Lenzi (Éditeur scientifique)
EAN : 9789521013348
70 pages
The Neo-Assyrian Text Corpus Prokect (01/01/2010)
5/5   1 notes
Résumé :
Edition bilingue, traduite et annotée, introduite et expliquée, du Poème Babylonien du Juste Souffrant, écho mésopotamien du livre biblique de Job. Publication faite dans le cadre du Corpus de Textes Cunéiformes retrouvés dans la bibliothèque du roi Assurbanipal (-VII°s) et dans le cas de ce poème, en d'autres lieux aussi. Les deux auteurs de cette édition critique destinée aux étudiants sont des spécialistes de la littérature religieuse et magique de la Mésopotamie... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
C'est la rentrée littéraire, c'est pourquoi je préfère me tourner vers un grand classique babylonien du XII° siècle avant Jésus-Christ, "Ludlul bêl nêmeqi", "Je vais louer le Seigneur de Sagesse". Cette édition bilingue de 2010 rassemble toutes les nombreuses versions de cette œuvre qui fut célèbre : on trouvera une introduction de quarante pages, brève mais complète, puis l'histoire de la recomposition du texte à partir de tous les fragments, l'édition dans le cunéiforme original, sa translittération pour aider la lecture, une traduction, et enfin une liste des signes d'écriture et un glossaire. Ce livre est destinée aux étudiants cunéiformistes de langue anglaise, mais le lecteur francophone intéressé trouvera dans les livres de Jean Bottéro ("Le problème du mal en Mésopotamie ancienne, prologue à une étude du 'Juste Souffrant'", 1977, "Babylone et la Bible", "Naissance de Dieu" etc) des passages traduits en français : Bottéro avait un vrai talent de traducteur.

Ce poème à la langue recherchée - comme le livre hébreu de Job - évoque la malédiction divine qui s'abat sur un homme important, et qui sent (ou croit) qu'il n'a commis aucune faute rituelle pour mériter cela. Mais alors que dans Job, le prologue nous informe que ses souffrances résultent d'un débat entre Dieu et Satan, ici nul ne comprend pourquoi le dieu a retiré sa faveur à cet homme qui se sent injustement accablé de malheurs. On rencontre ici le thème classique de la souffrance de l'homme juste, et de l'arbitraire de la volonté divine. La seconde partie du poème est consacrée à la guérison du narrateur et au retour de la faveur du dieu : ce qui est dit en quelques versets finaux du livre de Job, fait l'objet ici de deux tablettes entières, à égalité de longueur avec le récit des malheurs et les plaintes. En préface, les auteurs suggèrent de rapprocher ce texte, moins du Job de la Bible, que du "Pilgrim's Progress" - sur ce point, il faudra que je me renseigne car je ne sais rien de cette oeuvre-là.

Il est intéressant de lire ce poème si l'on aime la poésie, les sagesses, et la Bible, replacée dans son contexte moyen-oriental. Mais aussi, il donne une image très vive et frappante de la mentalité babylonienne, qui contraste fortement avec celle des Grecs dont nous sommes les héritiers. On dirait que les dieux pèsent de tout leur poids dans cette civilisation, et que la littérature, mais aussi la médecine, la magie, la politique, ne sont qu'un dialogue et un débat perpétuels des hommes avec les dieux. Ce poème raffiné nous invite à une immersion dans un monde très étrange.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
"Ludlul et la "littérature de sagesse".
Que l'on décide d'imposer aux faits anciens la définition moderne de "sagesse", ou que l'on préfère employer les catégories indigènes (telles qu'on peut les reconstituer au moins), que l'on choisisse de traiter la "sagesse" de façon conceptuelle ou bien en termes de genre littéraire, la manière de définir la catégorie jouera un rôle dans la sélection des exemples. Comme bien d'autres, utilisées pour organiser des données culturelles ("religion", "art", "parenté"), "Sagesse" n'a pas d'existence objective. Les gens, aussi bien les Mésopotamiens que les savants modernes, élaborent la "sagesse" comme une rubrique destinée à associer et à classifier divers éléments d'une culture. On fait bien de se rappeler cela sans cesse, quand on essaie de comprendre les termes de "Sagesse" et de "Littérature de Sagesse" en lisant Ludlul.

Lambert, dans son livre "Babylonian Wisdom Literature" (1960), inclut Ludlul dans la littérature de sagesse, et influença nombre de savants. Pourtant Lambert se hâte de rappeler qu'il a emprunté les mots "sagesse" et "littérature de sagesse" aux études bibliques et qu'il les a appliqués aux textes mésopotamiens, à cause des ressemblances globales entre le contenu de ces textes et les livres de sagesse de la Bible Hébraïque (les Proverbes, l'Ecclésiaste, et Job). On pourrait raisonner ainsi : puisque Ludlul et le livre biblique de Job abordent tous deux la souffrance humaine en rapport avec un dieu, et que Job est de la "littérature de sagesse", alors Ludlul est aussi de la littérature de sagesse. Cette définition fondée sur le contenu, enracinée dans la science biblique, a bien sûr ses avantages pour la comparaison. Mais il faut immédiatement reconnaître, comme le font Lambert et Beaulieu, que c'est une façon d'imposer une catégorie moderne. Même si le terme "littérature de sagesse" permet d'intéressantes comparaisons entre la Bible et la littérature mésopotamienne, elle obscurcit notre compréhension de Ludlul dans son contexte littéraire, culturel et scribal.

p. 34-35
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Comme on l'a dit plus haut, l'akkadien de Ludlul manifeste un registre littéraire élevé et témoigne de la richesse de l'art poétique de l'auteur. Il faudrait donc, on devrait même, traduire le poème dans une langue qui tenterait de rivaliser avec ce panache littéraire ancien. Mais compte tenu de l'objectif pédagogique de la série des "Archives d'Etat d'Assyrie - textes cunéiformes", une traduction plus littérale est appropriée pour les utilisateurs de ce livre. Nous avons tenté de rendre le poème dans un anglais qui reflète en gros la grammaire akkadienne sans se donner des airs ridiculement archaïques. Les rares notes accompagnant la traduction sont destinées à clarifier le texte original dans le cas de certains termes ou formules...
Les étudiants voudront sûrement consulter d'autres traductions, même si elles sont faites sur des reconstructions différentes du texte et numérotent autrement les vers. On se reportera à Lambert (Babylonian Wisdom Literature, 21-62, anglais), Biggs (ANET, 596-600, anglais), Bottéro 1977 ("Le problème du mal en Mésopotamie ancienne, français), ... Prosecky 1995 (41-57, tchèque), Shifra et Klein 1996, 544-575 (hébreu moderne), Ash-shawwaf 1997, 426-449 (arabe), Afanasyeva et Diakonoff 2000, 406-408 (russe) ... Annus 2010 (estonien).

Préface p. 38
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(Maudit par le Dieu Mardouk, accablé de maladies, le héros rentre en grâce, guérit, et il est conduit dans le Temple du dieu à Babylone, l'Esagil.)

Et moi, qui descendais à la fosse, je fus conduit de nouveau au Porche du Soleil Levant.
A la Porte de l'Abondance, l'abondance ...
A la Porte du Grand et Divin Gardien, mon propre gardien me fit approcher.
A la Porte de la Santé, ma propre santé je contemplai.
A la Porte de la Vie, je fis face à la vie.
A la Porte du Soleil Levant, parmi les vivants je fus compté.
A la Porte de la Stupéfaction Lumineuse, mes présages devinrent clairs.
A la Porte de la Culpabilité Annulée, ma faute fut enlevée.
A la Porte de l'Eloge, je posai des questions.
A la Porte du Soulagement des Soupirs, mes sanglots furent consolés.
A la Porte des Eaux Pures, je fus baigné dans les eaux de purification.
A la Porte de la Santé, je fus vu en compagnie de Mardouk.
A la Porte du Faste Surabondant, les pieds de Sarpanitu* je baisai.

*Sarpanitu : déesse épouse de Mardouk.

IV 38-50, traduction des auteurs rendue plus littérale.
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