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EAN : 9789521094910
148 pages
The neo-assyrian text corpus project (01/01/2016)
5/5   1 notes
Résumé :
Cette étude analyse les versions cunéiformes d'Adapa et reconstruit le récit général de l'exorcisme à partir d'une perspective intertextuelle. On partira du principe que les textes que nous avons conservés du Proche-Orient ancien ne sont que la partie émergée de l'iceberg, et que les gens disposaient de traditions d'une grande variété. Ce folklore oral ne fut presque jamais écrit car il n'était pas nécessaire de perdre son temps à éditer nombre d'histoires populaire... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce petit volume de moins de cent cinquante pages concentre beaucoup de science et d'idées brillantes, qui ne se limitent pas au seul domaine de la Mésopotamie antique. L'assyriologue finnois Amar Annus examine les textes littéraires mythologiques sumériens et akkadiens pour dégager de troublantes ressemblances verbales et thématiques avec les exorcismes et autres incantations magiques en usage pendant les trois mille ans de cette civilisation d'"entre les fleuves" : fêtes calendaires, agricoles, maladies, guérisons, possessions, accouchements, procès, naissance, funérailles, tout était occasion de rituels et de magie, d'incantations -- et donc de textes. L'auteur nous révèle ainsi que la littérature, que nous concevons, à la suite des Grecs et des Latins, comme un des beaux-arts, a pu être en Mésopotamie une branche de la magie curative, exorciste et rituelle qui structurait la vie religieuse et quotidienne (pénétrée de sacré) des hommes. Les textes qui nous sont parvenus, Epopée de Gilgamesh, Adapa et autres, nous les lisons comme des Iliade et des Enéide avant la lettre, et il se peut que nous nous trompions, que nous ne voyions pas qu'ils sont la forme écrite et durable (destinée aux scribes et aux conteurs) d'une culture qui se donnait pour but de contrôler le monde spirituel des démons et des dieux, maîtres de la nature et de la vie humaine. Amar Annus n'avance pas ses thèses sans caution, et il s'appuie en annexe sur des théories
cognitives et neurologiques auxquelles je n'ai rien compris. Mais si l'on en juge par les résultats, son approche comparatiste fait ressurgir un univers mental étonnant et très éloigné du nôtre.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
A un certain moment de son voyage, l'âme était jugée par les déités du monde inférieur, comprenant Shamash et Gilgamesh. Dans "L'épopée de Gilgamesh" le héros franchit la frontière entre la vie et la mort en traversant "les eaux de la mort", et après sa propre mort il devient maître et juge du monde inférieur. Donc, chaque esprit, au moment de la mort, partait pour un voyage similaire à celui de Gilgamesh afin d'atteindre ce monde et de le rencontrer en tant que juge. Gilgamesh est un des seigneurs du monde inférieur, ou "Roi de l'au-delà", parfois antique déité chtonienne. Il y siège sur son trône, prononce des jugements et des verdicts.

Par exemple, le texte assyrien KAR 227 décrit le rituel par lequel on prononce des prières au dieu soleil Shamash, à Gilgamesh comme juge et nocher des morts, et à d'autres déités souterraines, afin de condamner les êtres démoniaques à rester dans le monde souterrain. Dans le rituel, les images des sorciers étaient plongées dans une fosse d'argile au bord de la rivière. Ces images coulant dans l'eau symbolisaient le transfert vers le monde inférieur, identique à celui des morts traversant la rivière Hubur. Dans d'autres textes, les sorcières sont accusées d'avoir confié leur client à Gilgamesh afin qu'il le conduise au-delà de la rivière Hubur. Le royaume aquatique voisin de l'Apsû était parfois considéré aussi comme un monde inférieur habité d'esprits malveillants. La confusion de l'Apsû et de la rivière Hubur montre que les eaux entourant la terre ne cessaient de menacer le cosmos avec leurs habitants démoniaques, mais marquaient aussi la frontière du monde humain.

pp. 45-16
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De plus, beaucoup d'éléments dans l'art divinatoire (âshipûtu) étaient symboliquement liés à l'histoire du déluge en tant qu'acte d'assainissement divin. La technique de l'exorciste concernait principalement la purification par l'eau ou le feu, pour nettoyer toutes sortes de maux : sorcellerie, intrusions démoniaques, maladie, péché et souillure. La lutte de l'humanité contre le déluge était une sorte de bataille cosmique associée aux triomphes des dieux guerriers sur les forces du mal, comme celui de Marduk sur Tiamat. L'histoire du déluge était liée à la mort et à la renaissance de l'humanité, et l'espace à l'intérieur de l'arche ou du navire était l'équivalent symbolique de la matrice. A la différence des autres histoires du Déluge de Mésopotamie ancienne, le bateau d'Adapa est renversé et coulé au fond du Golfe Persique, où Adapa passe sept jours enfermé avant que le dieu Ea ne le touche et ne l'éveille. Cette période critique entre la vie et la mort était le symbole des maladies, des naissances difficiles, de la sorcellerie, des mauvais présages, du péché, de l'emprisonnement, que l'exorciste était capable de contrer par son art. Le déluge était aussi le symbole de l'ordalie par l'eau et du procès, pour lesquels l'aide de l'exorciste était requise. Comme Adapa avait été sauvé du désastre, l'exorciste humain, qui l'incarnait, possédait les pouvoirs du Déluge lui-même en manipulant les substances purificatrices et en récitant les incantations contre tous les malheurs évoqués plus haut.

pp. 16-17
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(Sur le poème épique "Enmerkar et le seigneur d'Aratta")
Beaucoup d'éléments mythiques de cette épopée concernent les commencements de la civilisation, la création de certains procédés technologiques et agricoles, ainsi que le commerce à longue distance. "Enmerkar et le Seigneur d'Aratta" se sert de la tradition historique sumérienne qui ne connaissait pas de période antédiluvienne. L'épopée contient un récit rétrospectif de la résurrection de l'humanité par Inanna, après le déluge. Donc, la civilisation ne vint à Sumer qu'après le Déluge, comme Inanna elle-même :

"Après que le Déluge eut tout balayé, Inanna, la Dame de tous les pays, à cause de son grand amour pour Dumuzi, répandit l'eau de la vie sur ceux qui avaient fait face au Déluge, et elle leur soumit le Pays." (ETCSL 1.8.2.3, v. 572-576).

L'épopée raconte aussi les efforts d'Enmerkar pour installer Inanna, résidant au ciel, dans sa ville d'Uruk.

p. 32
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La littérature mésopotamienne d'exorcisme emploie beaucoup d'images de la naissance et de la renaissance, au sens littéral ou métaphorique. L'exhortation "sors et vois la lumière !" est très commune dans les incantations magiques de naissance. Le rôle de Marduk en tant que juge divin dans l'hymne cité ci-dessus est aussi celui de la sage-femme, car lui aussi, il fait sortir des corps qui naissent. Marduk était le patron des femmes en couches, sa miséricorde proverbiale se manifestait en faveur du prisonnier innocent et de l'enfant à naître. C'est cohérent avec la comparaison de la colère de Marduk avec un déluge, car la métaphore du déluge était étroitement associée aux dangers de l'accouchement. L'image poétique dans l'épopée de Gilgamesh évoque cette figure de l'enfantement à la fin du grand orage, le septième jour : "La mer se calma, elle qui avait lutté comme une femme en travail" (XI 132). On retrouve cela dans un cycle de sorts magiques mésopotamiens où l'image d'un bateau pris dans une mer déchaînée rappelle le bébé à naître dans le fluide amniotique. Dans ce passage de Gilgamesh, l'arche contenant toute la semence de la vie est comparé au foetus, et son voyage vers la sécurité est rejoué à chaque naissance d'un enfant. En ce sens, la nouvelle naissance de l'humanité et de chaque individu sont métaphoriquement associées.

p. 51
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On doit supposer que toutes les histoires sur Adapa et Gilgamesh se racontaient en Mésopotamie dans le cadre du folklore populaire. Même au niveau littéraire, on voit clairement qu'il existait plusieurs histoires sumériennes sur Bilgames, qui furent assez librement incluses dans la version en Babylonien Standard. De plus, on connaît des tablettes cunéiformes de l'Epopée de Gilgamesh en akkadien, qui ne cadrent pas du tout avec l'intrigue de la version standard. Donc, les histoires de sages et de héros humains ont dû circuler à l'oral dans de nombreuses versions variées en Mésopotamie antique. Les conteurs combinaient les motifs populaires dans toutes sortes d'histoires distrayantes, selon les attentes de leur public. La variation est la règle. On utilisait la forme standard de l'épopée pour la formation des scribes, et elle était déjà une révision et une compilation faite à partir d'une masse de récits et de motifs sur le roi ou le héros en quête d'immortalité. Ces histoires orales, oralement transmises, sont à l'origine des ressemblances que l'on trouve dans les sources arabes et juives postérieures. On a correctement identifié le grand sage du folklore islamique, al-Khidr, "l'Homme Vert", à un personnage descendu du survivant mésopotamien du Déluge Atra-Hasis ou Uta-Napishti.

p. 97
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