« ... on aime Mayotte, son lagon, incroyablement riche et encore préservé, ses habitants, ses enfants jouant dans les rues des villages, sa nature, sa tranquillité. »
Voici pour la carte postale. Et voici le roman de
Nathacha Appanah, mauricienne, et une terrible plongée dans l'enfer de Mayotte, ses enfants livrés à eux-mêmes, sa drogue et sa violence.
Marie vient de Métropole. Elle est infirmière, rencontre Cham, un jeune mahorais qu'elle épouse. Elle part avec lui à Mayotte, où elle exerce à l'hôpital. Mais la désillusion survient quand elle se rend compte qu'elle n'arrive pas à avoir d'enfant, et Cham la quitte.
Dans les bateaux de réfugiés qui arrivent régulièrement, elle rencontre un jour une jeune maman, qui lui confie son bébé, car il a les yeux vairons et porte malheur. Elle fait un marché avec Cham, adopte cet enfant et l'élève comme s'il était le sien.
Tout va bien jusqu'à son adolescence. Là, Moïse apprend son origine, ne comprend pas comment lui, noir, est élevé comme un « muzungu » et se rebelle contre sa mère.
C'est un roman à plusieurs voix : celle de Moïse, celle de Bruce, un garçon de son âge, celle de Marie, sa mère, d'Olivier, un policier humain et celle de Stéphane, un éducateur. C'est un roman puissant, violent, qui contraste avec les paysages magnifiques. Terre de violence, de désespoir, terre d'accueil des comoriens, on ne sort pas indemne de cette lecture, même s'il y a chez quelques personnes un souffle d'humanité.