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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Dans ce petit roman, Aharon Appelfeld nous entraîne sur les rives du Pruth, une rivière au pied des Carpates, où la bourgeoisie juive aimait s'y rendre l'été.
Nous sommes à l'été 1938, L' Anschluss s'est produite quelques mois plus tôt en mars. Nous sommes dans une ambiance de fin du monde. Tous présentent la guerre imminente et le désarroi de ces familles juives qui ne savent que faire ?
Profiter de dernières vacances, fuir, préparer une émigration ?
Ce roman relate toute cette atmosphère, les paysans uhkrainiens commetront même aux yeux de tous un pogrom sur la rive, frappant sauvagement des vacanciers juifs.
Pour Appelfeld, ce sera les dernières vacances avec ses parents, observant attentivement les différences et assonances entre son père et sa mère.
Ses observations, ses impressions le suivront toute sa vie et serviront de matière première à son écriture.
Elles lui feront dire que "le voyage de l'écriture ressemble, par bien des aspects, au voyage que je faisais en été avec les parents"
Réellement, l'écriture est le centre de ce roman, ses questionnements, son devenir, tout est en germe depuis l'enfance, elle deviendra pour Aharon Appelfeld sa survie, sa destinée.

" Déjà, alors, je craignais l'écriture. Au fond de moi, je savais qu'elle était liée à une observation douloureuse, mais je n'imaginais pas qu'avec le temps elle serait un abri, un refuge où non seulement je me retrouverais, mais où je retrouverais aussi ceux que j'avais connu et dont les visages avaient été conservés en moi. "

Bouleversante déclaration aux accents très proustienne, un temps" retrouvé " dans les souvenirs qui l'a aidé à vivre.

Incontestablement, un roman à découvrir.
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Je retrouve toujours avec un grand plaisir l'écriture nostalgique et intime d'Appelfeld qui, encore une fois, a choisi un enfant-narrateur pour évoquer ses souvenirs et un monde disparu. Mon père et ma mère se déroule pendant les vacances d'été 1938 sur les bord du Pruth (affluent du Danube) dans un pays qui a disparu  : la Bucovine, entre Roumanie et Ukraine, Czernowitz est maintenant ukrainienne. de nombreux juifs sont en villégiature à la veille de la catastrophe. Certains se baignent, bronzent, piqueniquent mais

"Les rumeurs sur la guerre bruissaient dans le moindre recoin. On aurait cru que les gens étaient dans une cage
dont ils essayaient d'écarter les barreaux. le fleuve coulait, prêt à accueillir encore de nombreuses personnes
sachant nager ou ramer, mais les gens couraient dans tous les sens."

Erwin, 10 ans 7 mois, fils unique, choyé par ses parents est curieux de cette société. L'auteur brosse des caractères originaux comme Rosa Klein qui lit les lignes de la main, ou Karl Koenig, l'écrivain, ou l'homme à la jambe coupée,  le docteur Zeiger,  d'autres plus ordinaires qui cancanent ou geignent.

Atmosphère idyllique dans la montagne après une chevauchée,  simplicité de ces Juifs paysans et pieux : les parents de la mère. Mais aussi un pogrom villageois, tentative d'extorsion du cocher ukrainien. Erwin redoute le retour à l'école sous la menace de Piotr. L'antisémitisme diffus est bien présent mais personne ne se doute de ce que la guerre apportera.

Un récit tout en finesse et en tendresse. Moins impressionnant  et tragique que Les partisans, Tsili ou le garçon qui voulait dormir mais encore un grand livre.
Lien : https://netsdevoyages.car.blog
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Appelfeld (1932-2018) nous conduit aux sources de son enfance, sur les bords de la rivière Prout en Ukraine, où ses parents louaient une isba chaque été. Il nous fait partager des moments de tendre insouciance ( promenades à cheval- baignade) et de sourde inquiétude , la guerre qui menace, une bastonnade ( de la part des paysans du coin) qui éclate, une animosité grandissante envers les juifs. C'est le temps de l'innocence bientôt dévasté, la dernière année de paix.
L'enfant de 10 ans porte un regard aiguisé sur cette petite communauté de vacanciers privilégiés, gens singuliers, tourmentés ( belle galerie de portraits) , appréhendant à son échelle la complexité du genre humain.
Un récit empreint d'humanité, d'autant plus touchant quand on connait la suite des événements !
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"Mon père et ma mère" aborde en apparence le thème des vacances, celles d'une famille bourgeoise juive sur les rives de la Pruth pendant l'été 1938 dans l'ancienne Bucovine. Âgé de 10 ans, le narrateur et unique enfant de cette famille raconte la vie mystérieusement tranquille d'un microcosme de vacanciers juifs qui subissent pourtant des violences antisémites et sentent la menace d'une guerre mondiale. le récit détaille les préoccupations normales d'un enfant, ses inquiétudes, l'amour de ses parents, les amis de la famille ou les vacanciers de la communauté juive, bref toute une galerie de portraits dominés par celui des parents, le père, rationaliste, sarcastique, réservé et la mère, protectrice, lumineuse, sensible. Mais derrière l'insouciance de ce thème des vacances, l'écrivain met plutôt en évidence les fausses croyances et les illusions d'assimilation de la communauté juive en Europe. Naïves et croyant échapper à l'antisémitisme en expansion, des familles se regroupent sur les rives de la Pruth comme des curistes dans un sanatorium pour s'offrir un semblant de sécurité et de normalité. Ce roman pose de nouveau la question du sort du judaïsme européen et de sa fin scellée avant même la catastrophe. Écrit à la première personne et porté par un style limpide, le récit mêle donc harmonieusement cette interrogation historique à la fiction qui parait s'appuyer sur des souvenirs d'enfance d'Aharon Appelfeld, mais l'âge et le prénom du narrateur ne correspondent pas. Il s'agirait plutôt de réminiscences puisées « dans le réservoir de visions qui se sont déposées en vous » et dont l'écrivain prend connaissance « lorsqu'on remonte un seau du fond d'un puits sombre. » du fond de celui-ci, Aharon Appelfeld recueille les images et les émotions de son récit estival précédant la catastrophe. Sans réelle intrigue, la narration lente et répétitive baigne le lecteur dans une étrange atmosphère de douceur et de peur et les amateurs d'action préfèreront peut-être passer leur chemin. Pour ma part, j'ai aimé l'écriture simple, pudique et légèrement surannée des descriptions, la tonalité presque théâtrale des dialogues comme si les paroles des personnages sous-titraient les scènes de vacances. Ce qui m'a le plus touché, c'est la simplicité et l'humilité de l'écrivain qui dit sa détresse face à l'inéluctable catastrophe à venir. Il est en effet émouvant de penser que cette communauté juive se croyant dans cette villégiature à l'abri et à l'écart du monde est en fait embarquée sur un navire de croisière s'approchant lentement, dans la nuit de l'iceberg nazi.
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Le livre d'Aharon Appelfeld coule comme une fontaine bienveillante dans une campagne de plus en plus hostile. Les jours heureux s'assombrissent et les confidences laissent augurer la montée du nazisme. le style est d'une limpidité et d'une fluidité qui font le charme de cette recomposition d'un temps disparu. La lecture est facile, rapide, comme si on faisait partie de la famille et qu'on partageait ces souvenirs.
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L'auteur peut dérouter par la simplicité du style, du récit. Une simplicité qui devient fascinante. Par exemple, les repas (plutôt non carnés) se suivent et se ressemblent. En fait, on est dans le conte philosophique, l'histoire juive, L Histoire tout court. Outre le père et la mère, on croise des personnages de théâtre. le "théâtre" des dernières vacances avant la guerre, avant la Shoah.
Ce dernier livre d'Appelfeld parle de mémoire, de transmission, de littérature en train de se faire. Un bonheur de lecture qui laisse des traces.
Voici un lien d'une riche rencontre d'environ une heure avec Valérie Zenatti, sa sympathique traductrice
Lien : https://www.culture-juive.fr..
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Ce livre très bien écrit m'a replongé dans mes souvenirs d'enfance ( bien que le contexte soit différent ); j'ai retrouvé cet ennui qu'étaient nos vacances d'été ,le solitude ( mes parents vivant de manière très repliée sur eux ),mais la langueur de l'écriture, les multiples répétitions m'ont replongés dans cette ambiance ou encore enfant , pas encore adolescent ,on flotte entre deux mondes
L'époque du livre se situe juste avant la 2nde W.W et des familles juives se retrouvent tous les étés en Europe centrale , on y retrouve les habitués mais les tensions entre différentes communautés croissent et chacun tente de profiter de ce « dernier été » mais n'oublions pas que le personnage principal est Erwin qui du haut de ses 10 ans observe et s'éveille à la vie
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Aharon Appelfeld né en Bucovine en 1932 de parents juifs assimilés germanophones est déporté en 1940 ; il s'évade du camp de Transnistrie en 1942, connaît des années d'errance avant d'arriver en Palestine en 1946. Il a écrit une quarantaine de livres en hébreu, sa « langue maternelle adoptive ». Aharon Appelfeld décède en 2018 en Israël.
Peut-être la vie personnelle et littéraire de Aharon Appelfeld a-t-elle été soustendue par les propos de l'un de ses professeurs : « le passé même le plus dur n'est pas une tare ou une honte mais une mine de vie. » Mon père et ma mère est un récit magnifique sur les dernières vacances, celles de l'été 1938, que le narrateur- auteur, Erwin, passe avec ses parents dans une isba, près d'une rivière, au pied des Carpates. Sa mère est tuée en 1940 lors d'un pogrom et son père est déporté. L'auteur veut par l'écriture retrouver le goût de ce dernier été, il magnifie ses parents, deux êtres très différents. le père plutôt ermite et rigide, use de l'ironie, il n'aime pas ses voisins de vacances qu'il trouve vulgaires, mais c'est un mal pour un bien, entre Juifs, ils se comprennent et se supportent, en présence de non Juifs, ils seraient haïs. La mère est sensible, tolérante, généreuse. le narrateur-auteur crée une atmosphère chaleureuse, harmonieuse, intellectuelle autour de lui, surtout lors des promenades familiales à cheval, sans doute est-ce par besoin d'idéaliser un dernier souvenir d'enfance.
Plénitude et inquiétude se mêlent tout au long du livre. Les vacances au bord du Pruth sont heureuses mais « le loup rôde », la menace se précise quand un groupe de paysans frappent les vacanciers et les insultent, un pogrom, mais l'auteur écrit que chez les Juifs il y a une résignation face à ce phénomène impossible à endiguer. L'inquiétude qui monte est aussi dans les rêves, dans les pressentiments, dans les rumeurs. Certains vacanciers disent être prêts à émigrer. le jeune cocher qui reconduit Erwin et ses parents à la ville est particulièrement haineux et veut les dépouiller, c'est une scène prophétique. La question de l'identité juive traverse le livre.
Le personnage de Karl Koening, un écrivain, donne l'occasion à l'auteur de distiller ses points de vue sur ce qu'est l'acte d'écrire. C'est un esclavage, retenons que l'écriture c'est « l'intériorité de l'auteur, ses aspirations, ses rêves et aussi quelques-unes de ses peurs »
L'auteur peint avec beaucoup de finesse psychologique et d'empathie une galerie de personnages. Rosa Klein la diseuse de bonne aventure a beaucoup de succès, ce qui est paradoxal avec des Juifs bourgeois qui ont de manière générale des approches très concrètes. Il y a le Docteur Zieger dévoué à ses patients. Il y a la tante Yulia , qui lit la nuit dans son ermitage La montagne magique , il y a Gusta et son prince, il y a P. ,il y a Mimi qui parle de la terreur dans les rues de Vienne, il y a l'énigmatique homme à la jambe coupée…
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