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Lu dans un cadre scolaire, j'ai dû m'accrocher pour venir au bout des plus de 700 pages qui composent ce roman, mais j'ai tout de même trouvé l'histoire intéressante.

Elle se situe à l'aube de la Première Guerre, débutant à la fin du XIXe siècle, en pleine affaire Dreyfus, et s'étendant jusqu'en 1914. Nous allons y suivre une famille, et notamment Pierre Mercadier, un mari et un père qui en a marre et qui va avoir une relation extraconjugale.

Ce n'est pas un livre vers lequel je me serais tournée, d'autant plus que je connaissais Aragon seulement de nom. Grâce à cette lecture (et aussi à une dissertation que j'ai faite), j'ai découvert le réalisme socialiste dans laquelle l'auteur s'inscrivait.

À travers cette saga familiale - ce livre est en effet le troisième volet d'une série intitulée "Le Monde réel" -, l'auteur nous brosse un portrait de la vie quotidienne à une certaine époque et des différentes classes sociales. Bien que c'était intéressant, la lecture m'a parue très longue. Sans doute que le fait que ce soit une lecture obligatoire joue dans mon appréciation.
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Ce roman me fait un peu l'effet d'une coquille vide. Tout y est rutilant, le style y est irréprochable, implacable et froid, le personnage principal, tout à fait détestable est une sorte de caricature d'une classe sociale à laquelle Aragon s'en prend, fort méchamment mais non sans lucidité. Lucidité sur les faiblesses du coeur humain, sur les mensonges et l'hypocrisie dans lesquels il se complaît pour survivre, lucidité sur la bêtise et sur la vacuité de l'intelligence, bref rien ne résiste aux dents du romancier qui dénonce à la fois les travers des riches et les bassesses des pauvres. Reflet d'une époque ce roman est aussi, et c'est à mon avis son côté le plus intéressant un témoignage sur l'époque d'avant la première guerre mondiale, l'affaire Dreyfus vu à travers les yeux des personnages. Mais vraiment, Aragon nous donne ici une vision du monde que je trouve trop odieuse pour être tout à fait réelle..... Entre l'idéalisme niais et la satire qui vire à la caricature, il doit y avoir un juste milieu.....celui de Zola, par exemple, qui porte un regard analytique sur les situations qu'il décrit. Ici J'ai ressenti dans ce livre de la haine, haine pour les gens, haine pour la vie dans cette façon qu'a Aragon de n'en voir volontairement que les côtés les plus negatifs.... Comme une sorte de trou noir dans lequel Aragon essaierait de nous entrainer vers le neant. Qu'on est loin d'un Camus, qui ne se piquait pas de communisme mais était si fraternel, si généreux, si ouvert sur la vie et sur les êtres.....
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Les Voyageurs de l'impériale est le troisième roman du cycle du monde réel. Les oeuvres du cycle peuvent se lire indépendamment.
Il est question du déclin de la famille Mercadier, son déclassement social, sa décadence morale, et les affres du temps qui passe à travers les figures de Pierre et de Pascal son fils. Différentes figures issues de toutes les classes de la société gravitent autour d'eux. le langage et les pensées de ces gens issus de milieux différents sont reproduit avec vraisemblance. En fait c'est un peu les Rougont-Macquart de la génération suivante, sans le côté pseudo scientifique et en plus ramassé. le roman met en évidence les limites et les conséquences de l'individualisme forcené. L'auteur évoque entre autre le scandale de Panama, l'affaire Dreyfus, les réactions diverses des français face aux signes avant coureur d'une guerre face à l'Allemagne. Panama est à mettre en regard de l'étude que fait Pierre autour de la figure de John Law qui fit banqueroute. Pourquoi pas s'atteler au cycle entier?
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Les voyageurs de l'impériale/Aragon
Nous sommes en 1889 et la Tour Eiffel vient d'être inaugurée lors de l' Exposition Universelle de Paris, ce qui fait dire à Paulette Mercadier ce que pense les Parisiens alors : « Quelle horreur ! »
« …Ce monstre aux pattes écartées, dont la dentelle d'acier domine tout, trouant le ciel, avec ses étranges corbeilles, son enchevêtrement de câbles, son chapeau de verre là-haut, tout là-haut, dans les nuages roses, dans le bleu ébloui, dans la lumière déchirée… »
La grande nouveauté est alors l'éclairage électrique tout autour de l'esplanade…
Dans ce grand roman, Aragon dans un beau style classique, se livre à une peinture sociologique de la petite bourgeoisie des dernières années du XIX é siècle à travers les personnages de Pierre et Paulette Mercadier. L'affaire Dreyfus est encore dans toutes les mémoires et divise encore la France tout comme le boulangisme. L'antisémitisme règne de façon latente mais notoire en France.
Pierre est un être égoïste et cynique qui mène une vie convenue de professeur d'histoire. Cependant Paulette, une sotte caricature, l'admire car il est pour elle la sécurité, sa protection et la position sociale.
Ce qui devait arriver arrive après une brouille estivale et Pierre un beau jour part seul vers des cieux étrangers, abandonnant Paulette et ses deux enfants : il a choisi Venise pour se ressourcer et méditer. Menant une vie de bohème, il fait la rencontre de Francesca.
« Nous cherchons dans les déserts de l'existence, de nuage en nuage, un nouveau signe céleste de cette existence même, nous cherchons en autrui l'aveu de notre force pour cesser d'être un déchet emporté par l'ouragan, pour devenir le centre de ce monde qui s'effacera quand nous ne serons plus. »
Puis c'est Monte Carlo, le jeu et les femmes.
Plus tard, le retour à Paris. Pierre mène une vie de solitaire vieillissant et enseigne dans une boîte à bachot.
Il devient un habitué d'une maison de passe, Les Hirondelles, non pas tant pour le sexe que pour passer un moment devant un verre à l'estaminet attenant et bavarder avec la tenancière, Madame Dora Tavernier.
Ce roman nous offre une galerie de portraits pittoresques comme celui de Dora ou celui de l'ami juif de Pierre, Georges Meyer, ainsi qu'une fresque sociale très bien étudiée, l'impériale omnibus étant l'image de l'existence avec ses passagers, deux sortes de gens emportés dans le tourbillon de la vie, ceux qui ne savent rien de la machine qu'ils habitent et foncent aveuglément et ceux qui connaissent le mécanisme du monstre et qui jouent…
L'étrange destin de Pierre Mercadier intrigue, se plaisant jusqu'au-delà du tombeau à entretenir l'équivoque et le trouble. Paulette ne saura jamais qu'elle est veuve…
Dans ce roman, Aragon ne ménage pas son talent pour nous faire détester Pierre et cette petite bourgeoisie dans laquelle il évolue à la veille de la Première Guerre Mondiale.
Un grand roman.

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Lu dans le cadre de ma première année de LM, ce gros roman écrit en 1938 et 1939, débute à la Belle Époque, en 1897, - l'histoire s'ouvre sur l'Exposition Universelle de Paris (1889) - et nous emmène jusqu'à la Première Guerre mondiale.

On suit les pérégrinations du protagoniste principal, Pierre Mercadier, professeur d'histoire et de géographie dans l'enseignement secondaire. Un portrait d'homme assez banal, coincé dans sa vie professionnelle et sa vie privée (il est mariée à Paulette, une jolie sotte) qui décide un beau jour de larguer les amarres, frustré de ne pouvoir entreprendre certaines choses (cela fait des années qu'il écrit un livre sur le financier Law).

C'est véritablement un homme qui m'a paru antipathique. Pourtant, le regard qu'il porte sur sa vie m'avait plu : il n'aime plus sa femme dont la sottise lui porte sur les nerfs, il joue en Bourse, perd de l'argent, considère sa famille comme un fardeau. Tout lui pèse et l'ennuie (à commencer par son métier) et sa brève aventure extra-conjugale ne lui apporte qu'une grosse déception. le genre d'événements qui amènent un individu à songer au vide et à l'inutilité de sa vie.

Voilà donc notre anti-héros qui devient rapidement cynique et indifférent jusqu'au jour où il décide de vendre ses actions et de partir au loin, abandonnant du même coup ses enfants.

C'est à partir de ce moment que Mercadier a commencé à m'agacer sérieusement. La mésaventure qui lui arrive à Venise, avec une jeune femme, le rend pathétique et grotesque. de même, sa brève histoire d'amour avec Reine Bercy (maîtresse d'un diplomate allemand)

Pire encore. Après cette liaison qui se termine mal, Mercadier s'exile en Egypte, avant de revenir à nouveau à Paris., en 1908 où il retrouve par un ancien collègue professeur, un juif nommé George Meyer. Ce dernier et sa femme, émus par la situation de Pierre, lui offrent l'hospitalité et un job.

Il faut dire que Mercadier n'avait pas cessé de fréquenter Meyer, même au plus fort des remous causés par l'affaire Dreyfus, ce qui lui a valu la reconnaissance de son infortuné collègue.

Le roman est construit selon les étapes de la vie de Mercadier. D'abord sa vie conjugale et son emploi de prof, puis la fuite à l'étranger, et le retour peu glorieux en France où le lecteur a l'impression de ne plus avoir affaire au même personnage. Quand j'ai entamé la partie sur le café-bordel Les Hirondelles, j'ai même douté que le client régulier qui fait la conversation à Madame Dora, la patronne, était bien Mercadier ! Ce dernier y passe en effet ses après-midis pour fuir (et oui, encore !) la vie étriquée dans l'appartement des Meyer.

Dans cette seconde partie, on suit également la destinée du fils de Pierre, Pascal que l'on croise alors qu'il est petit garçon. Ce sont d'ailleurs les passages que j'ai préférés, ces vacances au château familial, où les belles descriptions de la nature allègent considérablement le roman. C'est finalement une saga familiale où l'écrivain excelle, dans ces portraits peu flatteurs et si réalistes (la belle-mère de Pierre Mercadier, quel phénomène...).

Mais ici, point de tendresse, de nostalgie, de poésie. Tout respire la médiocrité, la banalité. Ces petites vies étriquées ont fini par me lasser, cet égoïsme forcené de Mercadier, cette solitude qui suinte de chacun des personnages... L'amour, la générosité, le courage ne sont que des illusions.

Mercadier fuit une vie qu'il juge sans intérêt, redoute, comme la plupart d'entre nous, la mort, la vieillesse, la solitude, mais sans rien faire pour changer un tant soit peu sa condition. Un peu déprimant tout ça, non ?

Ce n'est pas un roman que j'aurai choisi, je veux dire vraiment choisi de lire, par goût. Aussi, d'une certaine façon, et bien que je n'ai pas été emballée plus que ça, je suis contente de l'avoir eu au programme, cela me force un peu à sortir de mes lectures habituelles (voui, je sais, il n'y a pas que Jane Austen ou le Nature Writing dans la vie...).
Lien : http://lectures-au-coin-du-f..
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Il m'en reste un très bon souvenir
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J'ai pris énormément de plaisir à la lecture de ce livre. le style est vraiment extraordinaire, j'ai relevé une dizaine de phrases mémorables.
Profondément pessimiste, l'auteur inscrit son anti-héros individualiste, Pierre Mercadier, dans une haute bourgeoisie française fin XIXe régie par l'argent et l'apparence. Une déception sentimentale le décide à la quitter, plaquant du jour au lendemain famille, relations et métier, pour disparaître dans la nature en emportant tout l'argent du ménage. "Horreur et sacrilège du père/mari/prof irresponsable !", dites-vous probablement, ou quelque chose de plus prosaïque ("Quel connard"). Pourtant, et le livre le prouve à travers de longs examens de conscience mélancoliques et désabusés, il y a du Pierre Mercadier en chacun de nous. Il nous arrive à tous comme à lui de jeter un regard de pitié ou de chagrin sur notre société et les codes que nous jugeons absurdes, mais nous nous y conformons par confort, esprit de groupe et pression sociale ou légale ; Pierre ne fait que se donner les règles qu'il entend suivre sans s'élever contre l'ordre des choses, reprendre autant que possible le contrôle de son histoire infiniment déterminée par L Histoire. Mais il reste quand même très antipathique, et le dénouement de sa décision fatidique ne donne pas envie de l'imiter.
On a parfois l'impression que l'auteur se regarde écrire, à juste titre à l'échelle de chapitres très courts où son art s'exprime merveilleusement, mais cela gonfle énormément le volume de l'oeuvre et ralentit le rythme jusqu'à la torpeur. Certains chapitres auraient pu faire l'objet d'un paragraphe très beau, et l'histoire n'en aurait pas pâti. C'est probablement ce qui explique la méconnaissance de ce livre pourtant magnifique, avec les invraisemblances de la deuxième partie où s'enchaînent les heureuses coïncidences et les personnages créés de longue haleine pour n'occuper qu'un petit rôle dans l'avancée de l'histoire.
Je ne recommande donc pas à n'importe qui : si vous aimez les gros pavés avec des digressions, qui mélangent les genres (sentimental, social, historique, enfantin) et que vous n'attendez pas du livre qu'il vous amuse mais qu'il vous berce et vous fasse réfléchir même avec gravité, allez-y !
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