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Citations sur Le Monde réel (3) : Les Voyageurs de l'Impériale (29)

Dès la fin juin, cela sentait les framboises, qui saignaient à l'envers des feuilles sous les doigts chercheurs des enfants.
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C'est extraordinaire l'application de l'âge à détruire un homme, ça n'oublie rien, ça ne laisse pas un petit brin de jeunesse dans le front, près de l'oreille... Il avait l'oreille toute velue, Mercadier.
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Toute l'histoire du monde est celle de l'argent.
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Il en résulta que Pierre la croyait éprise de lui, qu'il ne se posa aucune question sur une matière délicate et en conçut définitivement cet orgueil absurde du mâle, qui veut qu'un homme soit presque toujours persuadé que, parvenu à faire l'amour à une femme, celle-ci lui appartienne corps et âme. Les romans, les plus souvent écrits par des hommes, sont bâtis à l'ordinaire sur cette conception si étrange et si peu réelle : aussi tout y est-il réglé quand enfin les héros ont couché ensemble.
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Non, on se bat pour en finir. C'est la dernière guerre. Il ne faut pas que nos enfants revoient ça. C'est pour eux. Pour eux qu'on se bat. Quand Pascal pense que Jeannot un jour pourrait être comme lui un numéro matricule quelque part dans l'infanterie, son cœur se serre, ses yeux se brouillent. Jamais, jamais ! S'il faut crever, on crèvera, mais le petit ne connaîtra pas ça.
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Quand la mort survient dans un monde sans grandeur, comme une figure d'épouvante en carnaval, le brusque désaccord des gestes quotidiens et de la peur, des mesquineries de la vie et du mystère de la tombe, saisit l'entourage du nouveau cadavre, y donne à chaque mot, à chaque souffle une allure de blasphème et de dérision, à chaque insignifiant épisode des longs et absurdes jours par quoi se prolonge une existence dans le marasme des survivants, ce faux caractère de solennité, dont approchent seuls les opéras à leurs minutes extrêmes de l'affectation. On ne sait pourquoi, l'été aggrave ce caractère de fausseté, cet atroce mensonge de la mort. Le divorce du beau temps, de la chaleur, avec le deuil peut-être, ou pire : les difficultés où sont les indifférents de maintenir leur aspect d'affliction, quand la sueur s'en mêle, et les mouches bourdonnantes, et l'odeur terrible qui monte du lit, emplit la pièce, dont on ne peut ouvrir les fenêtres à un soleil profanateur.
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Tout fait symbole à qui a dans la tête une idée rongeante et mal réprimée. Tout ramène à cette image d’une défaite, qui a des gestes de femme, qui a les gestes d’une femme. Pour l’effacer, cette femme, c’est la vie sans elle qu’on invoque, c’est le paysage monotone de cette vie dont elle est désormais absente, et la série infinie des entraves de cette vie, de chaque lien entre les êtres et soi, ce vêtement de liens, cette toile d’araignée… Monstrueux avenir à l’image du passé.
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Une jolie femme, l'amour... est-ce que ça ne peut pas remplir une existence?
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- C'est drôle comme on passe d'une condition à l'autre... Il y a des gens qui montent, d'autres qui descendent..., ce n'est pas comme dans l'escalier, ils ne se croisent pas...
- Plaît-il ?
- Rien... je voulais dire.. que nous imaginons grossièrement la société comme formée de compartiments étanches bien séparés... et puis des échanges, des va-et-vient... il n'y a pas vraiment de classes...
- D'un côté, vous dites vrai ; et d'un autre... Vous vous dites qu'il n'y a pas de classes, parce que vous avez toujours vécu dans la même... Notez que je n'ai jamais été socialiste. Mais j'ai été ouvrier. Alors je connais tous les mensonges. Ceux qu'on dit en bas, ceux qu'on dit en haut.
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Quand vous êtes sur un navire et que vos regards n’embrassent que l'immense uniformité de l'Océan, vous ne savez rien de la tourmente qui là-bas, à des milliers de lieues marines, creuse le ciel et la mer : et cependant, les contrecoups de la tempête par des voies profondes et cachées atteignent la quille qui vous porte et la secoue, et les chaises roulent sur le pont, et vous vous accrochez soudain au bastingage. Dans la société des hommes, leur regard n'atteint pas des horizons aussi larges que celui du navigateur. Ils sont attachés à leur poste quotidien par de petits soucis lourds, leurs difficultés se mêlent mal à la généralisation. Comment avoir un peu plus d'argent pour boucler le mois? Les aléas du travail, les rapports complexes d'une dizaine de personnes, les maladies, la fatigue, les naissances, les morts... tout cela surcharge, accapare l'esprit d'un homme : il lui est difficile de suivre à travers le seul témoignage douteux des journaux ce qui se passe hors de son orbe, ce qui met en danger le navire ou détourne sa route. Il n'est pas de ceux qui font le point, interrogent les nuages, il sait seulement s'il fait du soleil ou s'il pleut.
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