Depuis le temps que je le voyais passer ce roman, il fut ardu de mettre la mains dessus en librairie. Mais voilà, j'ai pu en conserver un et enfin le lire. Dans son genre, il a bonne réputation auprès de mes jeunes lectrices/lecteurs.
"CSI Ruelle" est une série de romans québecois du type "Grosse Police", ces romans gros format à très gros caractères ( on parle d'environ 30-40 mots par page gros maximum). Je ne suis pas spécialement fan de ce choix de format, parce qu'il rend généralement paresseux en lecture ( j'ai vu certains jeunes de 11-12 ans prisonniers de ce format qui ne dépasse pas le lectorat des 8-9 ans) et ils coutent beaucoup de papier pour peu de texte ( conscience environnementale requise ici) , mais malheureusement, ça plait aux enfants, qui se sentent "valorisés" parce que le livre est "gros" et écrit de manière simpliste. J'y vois un problème du aux adultes, qui encouragent à lire des briques, en croyant à tort que la taille est synonyme de qualité. Néanmoins, si la vaste majorité de "grosses Polices" sont médiocres en terme d'histoire, de français et de pertinence, "CSI Ruelle" est globalement bon. La maison Bagnole réussi à garder une certaine qualité dans ses romans Grosse Police, et c'est tant mieux.
CSI Ruelle est le nom d'un groupe de trois jeunes filles: Indiana Laroche dite "indi", Clémentine Dugas dite "Clem", Stella Cloutier Prez dite "Clou", sont amies et vivent dans des résidences qui partagent une ruelle, une petite rue asphaltée qui raccorde les cours arrières de deux rangées de maisons. À Montréal, ce genre de configuration urbaine n'est pas rare. Les habitants de la ruelle se connaissent les uns les autres et ils font des projets collectifs comme un jardin communautaire. Ce jour-là, ils font une fête pot-lock, ou chaque maisonnée apporte un plat pour contribuer au festin. Quand les habitants de la ruelle découvrent leur jardin saccagé, c'est la consternation. Les filles sont habituées de rendre des services grâce à leur formation "CSI Ruelle", et devant ce "mystère", elles décident d'investiguer. Leurs doutes se portent sur la voisine qui ne se mêle généralement pas aux autres et a une verrue poilue au visage. Elles la surnomme "La vielle sorcière". Toutefois, au fur et à mesure que leur enquête progresse, il semble que ce ne soit pas elle. Qui peut bien avoir voler les légumes du jardin collectif? Et pourquoi?
Comme je l'évoquais plus haut, la série présente un niveau de français convenable et une bonne variété de mots. Bien sur, comme nous sommes en présence de jeunes québecoises, on aura quelques variations typiques comme les "T'es" de temps à autre, mais le tout reste généralement international.
CSI Ruelle est une série "policière", en ce sens ou il y a des enquêtes. Bien sur, comme nous avons un lectorat d'environ 6-8 ans, et des personnages de huit ans, comprenez bien que les "enquêtes" restent basiques. On retrouvera tout de même quelques petits gadgets amusants comme un mini appareil photo et des lunettes infrarouges, gracieuseté du père de Clémentine, qui est ingénieur.
On retrouvera beaucoup d'allusions et de conscience environnementale, nos jeunes détectives étant de dignes représentantes de la génération Z. Elles ont également une cabane dans les arbres remplie d'animaux ( ça m'a évoqué le film et roman "Bach et Bottine", petite classique québecois). J'aime beaucoup leur modernité. Ce ne sont pas des cloches superficielles, pas du tout. Elles sont audacieuses, cultivées et courageuses. Bon, un peu naïves, mais bon elles ont 8 ans. Ce que je veux dire par là est que c'est facile de désigner la personne qui détonne par son originalité comme potentiel coupable, mais c'est aussi un flagrant préjugé. D'ailleurs, ce n'est pas elle la coupable. Elle est même gentille et aime retaper des meubles, c'est une "manuelle" ( Une personne qui aime bricoler et construire).
Le jugement hâtif est un des thèmes du roman, pas seulement envers Rose, la dame manuelle, mais aussi envers le coupable. C'est un personnage gentil et respecté, mais son geste a beau avoir une belle motivation, il n'en reste pas moins un vol. Heureusement, les filles ont une idée qui devrait régler le problème de ce personnage, en partenariat avec les parents. Je souligne que la présence d'adultes qui ne sont pas débiles est appréciée. le polar jeunesse a la fâcheuse manie de mettre des adultes stupides avec des héros enfants surdoués dans les polars, en supposant que c'est la seule façon de faire enquêter des jeunes personnages. Je ne suis pas d'accord et CSI Ruelle montre bien que c'est possible de faire intervenir les adultes sans ruiner l'intrigue.
Comme "Pétronille INC" de la maison Druide, CSI Ruelle contient des illustrations sympathiques. Et tout comme les Pétronille Inc, les CSI Ruelle sont pertinents, ancrés dans la réalité et font globalement sens. de plus, les deux exploitent des personnages féminins débrouillards, intègres et intelligentes. de beaux modèles, en somme. En outre, leurs couvertures sont bien mieux que ce à quoi je suis habitué de voir en littérature jeunesse, colorés certes, mais bien élaborées.
Une sympathique série à faire découvrir à vos Lecteurs et Lectrices débutant.es. entre 6 et 8 ans.
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Audrée Archambault, l'autrice des deux séries d'enquête "CSI Ruelle" et "Sarah-Lou, détective (très) privée", vous révèle ses petits secrets d'écriture pour réussir une bonne histoire d'enquête.