Derniers sacrements

Aussi merdique qu'elle soit... La vie continue.

Comme si tout ce qui arrive, arrive pour une bonne raison, pour nous pousser vers un point déterminé.

Il avait reçu une formation médicale, il connaissait le fonctionnement du corps humain... Mais un foetus mort-né n'en demeurait pas moins une injustice criante. Quelle fin horrible et choquante. Tous leurs espoirs d'avenir, tous leurs rêves d'un beau bébé heureux, leur apparaissait maintenant comme une cruelle plaisanterie. L'impatience et l'enthousiasme qui s'étaient intensifiés au fil des mois n'avaient engendré que chagrin, stupeur et douleur.

Dans la vie, rien est à craindre, tout est à comprendre.

Marie Curie

Le don de Kassandra avait toujours été une malédiction,comme il l'avait été pour elle,et la pauvre fille avait été torturée par la vie jusqu'à sa toute fin.Mais c'était terminé.

— J’ai appris à mesurer la force de ma réaction, répondit Kassie avec un haussement d’épaules. À décrypter ce que j’éprouve. Je ne connais jamais l’heure exacte, à la minute, mais je sais quel jour ils vont mourir.
— Ça voudrait dire que le moment de notre mort est gravé dans le marbre alors ? Depuis la naissance ?
— Oui, sans doute…
Adam remarqua que Kassie paraissait désormais nerveuse, mal à l’aise, mais il devait continuer à la questionner.
— Ce qui impliquerait que nous n’avons aucun libre arbitre ? Que nous avançons tous vers une fin écrite d’avance ?
Kassie acquiesça avec prudence.
— C’est comme si nous étions tous liés, continua-t-elle d’une voix lente. Comme si tout ce qui arrive, arrive pour une bonne raison, pour nous pousser vers un point déterminé.

Ils déjeunaient à la brasserie de l'Art Institute, le lieu préféré de Faith à Chicago. Adam et elle s'y étaient souvent retrouvés au début de leur relation : ils s'asseyaient dans la salle Monet pendant des heures, entourés des magnifiques toiles, échangeant des confidences à voix basse.

Elle resta impassible, sans la moindre réaction. il remarqua alors que son regard se portait au-delà de lui, presque comme si elle sondait ses profondeurs. Et tandis qu'elle le fixait, un mince sourire vint étirer ses lèvres.
Perplexe et furieux, White poussa un rugissement sonore et brandit le couperet au-dessus de sa tête. Elle refusait toujours de se laisser intimider. A cet instant, et pour la première fois depuis qu'il avait entamé son règne de terreur et de violence, Joseph White douta. Cette fille ressentait la douleur, la vue de son propre corps tailladé lui donnait la nausée et elle était révulsée par lui. Cependant, il y a avait une émotion qu'elle paraissait incapable d'éprouver. La seule qu'il désirait voir, plus que toutes les autres. La peur.

Toutes les parties du corps semblaient présentes mais les bras et les jambes saillaient dans les angles si incongrus qu'il était impossible qu'il soient rattachés à leur articulation d'origine. Les doigts et les orteils avaient disparu, le torse était recouvert d'ecchymoses et de plaies et, plus écoeurant encore, la gorge était tranchée presque jusqu'aux cervicales. La tête tombait en arrière à quatre vingt-dix degrés, les yeux sans vie fixaient l'interieur du coffre.

- Ecoutez, on ne peut la garder, alors dites-moi à quoi on a affaire. De toute évidence, c'est une menteuse invétérée.
- Ce n'est pas juste...
- Regardez son casier. Elle a menti à la police à plusieurs reprises, sous serment.
- Et peut-être qu'elle ment parce qu'elle est impliquée, mais peut-être aussi qu'elle veut se donner de l'importance. Ou alors la raison est encore plus complexe.
Grey garda le silence observant Adam d'un air curieux.
- Mon instinct me dit qu'elle croît ce qu'elle raconte, que c'est réel pour elle..., affirma le psy comme s'il se parlait à lui-même. La question est de savoir pourquoi.