Elle le devorait des yeux. Il n'éprouvait aucun désir pour elle, juste un mélange d'horreur et de pitié.
En sa compagnie, elle vivait dans la peur et l'incertitude ; en son absence, elle vivait dans l'isolement. Que ça lui plaise ou non, impossible de nier qu'il était son univers désormais.
Ruby se réveille dans un lit qui n’est pas le sien. Dans une chambre qui n’est pas la sienne. Dans une pièce aux murs aveugles. Le mobilier autour d’elle est factice. Un décor !
Pendant ce temps, des promeneurs découvrent enfoui dans le sable, le corps d’une jeune fille, disparue depuis plusieurs années. Disparue oui mais selon les réseaux sociaux toujours active !
Helen Grace, commandant de police chargée de l’enquête au sein de la ville de Southampton, va peu à peu faire le lien entre ces disparitions et comprendre qu’elle se trouve devant un tueur en série. La traque commence, l’heure tourne…
Elle n'avait pas encore cerné les nouveaux venus et continuait de chercher son rythme de croisière avec cette équipe fraîchement constituée. Mais le seul moyen d'y parvenir, c'était d'aller au charbon ensemble.
Allongée sur le lit, rendant les armes, Ruby se dit qu'elle avait compris : elle avait fait des choses affreuses. Elle était, et serait toujours, quelqu'un d'horrible. Et elle allait être punie pour cela.
Elle avait juste envie de se cacher du monde, de paresser en cuvant son vin, loin de sa famille intrusive, des responsabilités, de la trahison et des larmes. Elle voulait échapper à sa vie, au moins pour quelques heures.
Telle la Belle au bois dormant, elle se retrouvait piégée dans un enfer qui ne disait pas son nom. Sauf que personne ne viendrait secourir la jeune fille solitaire qu'elle était.
Cela défiait peut être toute raison, mais personne n'envisageait de quitter cette fosse avant d'avoir libéré la jeune femme de son tombeau. Les gestes avec lesquels les techniciens dégageaient ses membres supérieurs du sable étaient empreints de tendresse. Bien sûr, leur délicatesse visait à préserver les indices et la scène de crime mais elle n'en était pas moins très émouvante, comme un acte ultime de compassion en hommage à une vie trop courte remplie de brutalité. Helen se dit qu'il faudrait penser à remercier l'équipe plus tard pour leur professionnalisme et leur bienveillance.
C'est parfois difficile d'être parent. Rectificatif: c'était toujours difficile d'être parent.
Alors même qu'elle se faisait ces réflexions, Sanderson se rendit compte qu'elle tiquait à ses propres euphémismes. Criminel en série était une expression vague qui recouvrait une multitude de délits qu'on utilisait en général pour temporiser l'inquiétude et adoucir la réalité de la situation. Mais à quoi bon édulcorer ? Si l'intuition d' Helen se vérifiait, et Sanderson en était de plus en plus convaincue, alors ils ne pourchassaient pas un simple délinquant. Ils traquaient un tueur en série.