Un grand merci à Babelio et aux éditions de l'Archipel pour cet excellent roman découvert à l'occasion de Masse critique. Cela faisait plusieurs années que je songeais à découvrir cet écrivain, et puis son nom a fini par grossir ma LAL et je dois bien avouer que je l'ai un peu oubliée, la pauvre.
Comme son nom ne l'indique pas,
Elizabeth von Arnim était une Anglaise, née en Australie et mariée à un comte Prussien, homme coléreux et violent, qui lu a inspiré bon nombre de personnages. La vie de von Arnim m'a beaucoup intéressée : cette cousine de
Katherine Mansfield côtoya des écrivains, fut la maitresse de
H.G. Wells, et parvint à gagner son indépendance. L'indépendance féminine justement, est le thème principal de son roman.
Se marier ou ne pas se marier ? telle est la question...
...que se pose notre jeune héroïne, Anna Estcourt, qui va goûter les joies et les désagréments de la liberté à la fin du XIXème siècle.
Orpheline, à la charge de Suzie, sa belle-soeur, Anna est lasse de sa vie mondaine sans intérêt qui se déroule à Londres. Jusqu'au jour où un vieil oncle allemand a la bonne idée de lui léguer un petit domaine dans le nord de son pays, en Poméranie. Et voilà notre belle jeune femme de 25 ans, toujours résolument célibataire, décidée à s'installer dans sa nouvelle demeure avec une idée fort généreuse : faire de sa nouvelle maison un hâvre de paix pour femmes malheureuses et désargentées.
On se doute bien que son parcours sera semé d'embûches et que les rencontres ne seront pas toutes plaisantes.
Elizabeth von Arnim brosse les portraits d'une galerie de personnages tantôt farfelus tantôt méprisables. de l'ambitieux et odieux intendant Dellwig, au vicaire Manke, passablement intolérant, en passant par des coureurs de dot et un jeune illuminé, on ne saurait dire lequel de ces messieurs il conviendrait de fuir en premier !
Heureusement, le séduisant voisin d'Anna, Axel von Lohm, incarne le gentleman parfait et pour tout dire l'homme idéal. Un héros dans la lignée de ceux de
Jane Austen ou
Elizabeth Gaskell.
Anna a beau vivre dans un cadre enchanteur, son coin de nature paisible et sauvage, elle passe le plus clair de son temps à repousser des demandes en mariage, à s'opposer à des idées et suggestions que d'aucuns voudraient lui imposer et à subir les remarques perfides des autres femmes, épouses soumises et solides travailleuses.
C'est qu'en Poméranie, le destin de la femme est tout tracé : épouse et tais-toi !
Malgré ce constat amer, la gente féminine n'est guère épargnée et je ne peux m'empêcher de penser qu'
Elizabeth von Arnim ne devait pas avoir une haute opinion de ses contemporaines. Toutes celles croisées dans le roman, la femme du vicaire, celle de l'intendant, les trois protégées d'Anna, la soeur d'Alex, Suzie et bien d'autres se montrent mesquines, paresseuses, superficielles, et même méchantes. Fraulein Kuhrauber, Frau von Treumann, la baronne Elmreich, aucune n'est digne d'intérêt et encore moins, de compassion.
Rares sont celles qui échappent à cette peinture au vitriol ! : la Princesse Ludwig, la nièce d'Anna, Letty et Miss Leech sa gouvernante.
Rien ne manque à ce très bon roman : une peinture très ironique de l'époque, un face à face savoureux et souvent drôle entre les mentalités anglaises et allemandes, une idylle romantique - et quelques drames pour ajouter un peu de piment, et une saine réflexion sur le statut de la femme et les différences sociales. Une excellente découverte qui me pousse à ajouter quelques autres titres de Miss von Arnim sur ma liste de bouquins prioritaires.
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