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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Encore un petit bijou !

Elizabeth von Arnim est une romancière qui m'intriguait depuis un bon moment déjà, je n'avais donc plus qu'une seule chose à faire : lire l'un de ses livres ! J'ai choisi La Bienfaitrice, car l'histoire m'a tout de suite plu : celle d'une jeune femme âgée de vingt-cinq ans, Anna Estcourt, vivant chez son frère Peter et sa belle-soeur Susie à Londres. Une vie d'indépendance lui manque donc. Cependant, quelques temps après, elle apprend que son oncle Joachim - qui avait perçu le caractère de la jeune femme - lui a laissé en héritage une belle propriété en Allemagne. L'avenir devient soudain plus prometteur…Anna décide alors de consacrer son temps et sa propriété à douze femmes issues d'un milieu aisé, mais ayant connu un évènementterrible (comme la mort d'un proche, l'endettement, la solitude) les empêchant de vivre une vie heureuse. Malheureusement, lorsque le projet semble enfin se réaliser, Anna découvre que ce qu'elle avait prévu était utopique, et devra affronter bien des difficultés avant de connaître le vrai bonheur…

Les personnages m'ont vraiment ravie, à commencer par Anna : en effet, indépendante d'esprit, celle-ci incarne la modernité en décidant de ne jamais se marier afin de faire ses propres choix sans une autorité pour la guider. A travers le personnage d'Anna, on devine Elizabeth von Arnim elle-même, l'une des rares femmes émancipées de son époque. Par ailleurs, je suis tombée sous le charme d'Axel von Lohm, le voisin d'Anna, un jeune homme terriblement attachant, qui, par amitié pour l'oncle Joachim, protège Anna, et finira par en tomber amoureux. C'est le seul personnage masculin qui m'a touchée dans ce roman ! Pour finir, Letty, la Princesse et les Manske m'ont aussi plu. Au contraire, d'autres personnages ont déclenché mon antipathie, tant par leur égoïsme que par leur avarice, comme Susie, Frau von Treumann, la Baronne ou les Dellwig.

J'ai donc eu un coup de coeur pour La Bienfaitrice, car la plume de l'auteure, magique, a su me toucher et m'a également permis de m'interroger sur des thèmes « phares » de l'existence, comme l'argent ou le bonheur.

A lire !
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L'avantage des opérations Masse Critique proposées régulièrement pas Babelio est de se retrouver nez à nez avec des ouvrages dont on ne soupçonnait absolument pas l'existence. Avant de voir La Bienfaitrice dans la liste, je n'avais jamais entendu parler de ce titre ni même de son auteure, Elizabeth von Arnim. Un coup d'oeil au résumé et à la date de publication (1902) et il me semblait évident que ce livre était pour moi.
Je ne regrette pas ce choix qui, en plus de m'avoir fait passer un excellent moment de lecture, me donne très envie de fouiller un peu plus dans la vie - extraordinaire - de cette Elizabeth von Arnim et de me pencher un peu plus sur ses oeuvres, dont certaines semblent assez biographiques. Merci donc à Babelio et à Archipoche pour cette découverte qui sonne, je pense, le début d'une nouvelle « obsession » littéraire.

Après lecture de la préface qui revient en quelques pages sur la biographie de l'auteure, j'ai compris que cette Mary Annette Beauchamp dite May (qui finit par épouser le comte allemand Von Arnim à plus de 25 ans et prend le nom de plume d'Elizabeth) avait eu une vie assez passionnante et scandaleuse pour l'époque (elle a notamment été la maîtresse du célèbre H. G. Wells). A l'instar de notre Colette française (qui vécut quelques années plus tard), May semblait être une femme de tête, bien décidé à briser les conventions sociales de son époque et qui, pourtant, tomba sous le joug d'un mari brutal et dominateur.
C'est typiquement le genre de vies qui me parlent et qui, à mon sens, permettent à ses auteures femmes, d'imprégner leurs oeuvres de réflexions et émotions fortes et passionnantes. Attention, d'autres auteures femmes n'ont pas eu besoin de ça pour briller : Jane Austen et les soeurs Brontë ont eu des vies de recluses (ou presque) et ont tout de même réussi à écrire des oeuvres intenses et inoubliables !
Mais, en découvrant, dans la préface, qu'Elizabeth von Arnim avait eu une telle vie et surtout l'habitude d'insérer quelques éléments autobiographiques dans ses oeuvres… j'étais convaincue par ce texte avant de le parcourir !

Avec le thème de l'indépendance féminine à la fin du XIXe siècle et au tournant du XXe pour fil rouge, La Bienfaitrice offre des portraits de personnages savoureux et une ironie qui n'a rien à envier aux romans de Jane Austen. La psychologie des personnages, leur évolution (ou non) durant ces 400 pages… voilà bien ce que je retiens le plus de ma lecture. Elizabeth von Arnim possède ce talent rare et envié de nous brosser, en quelques phrases, les caractéristiques des figures qu'elle met en scène. C'est certes parfois assez exagéré mais n'en reste pas moins tout à fait crédible et surtout, délectable.
Les personnages sont nombreux, gravitent tous autour de notre jeune héroïne anglaise - Anna - (qui m'a plu la plupart du temps, malgré sa naïveté) et rivalisent de bêtises (pour la plupart) ; Elizabeth von Arnim ne les épargne pas ! Je ne les développerai pas tous pour ne pas vous noyer sous une énumération interminable mais vous donnerai juste quelques exemples de portraits marquants, en espérant que cela vous donne envie d'aller lire le roman pour découvrir tous les autres !
Susie, la belle-soeur de l'héroïne, est la première figure marquante du lot. Elle n'apparaît que dans la première partie du texte mais ne passe certainement pas inaperçue ! Hypocondriaque terrifiée par sa femme de chambre, terrorisée par ce qu'elle et sa famille peuvent laisser paraître aux yeux du monde, égoïste et avare derrière son apparente bonté… en bref, particulièrement ridicule et agaçante. Elle m'a souvent fait penser à Mary Elliot, la jeune soeur d'Anne, l'héroïne de Persuasion de Jane Austen. Certaines des scènes où elle apparaît m'ont fait beaucoup rire ; je retiens celle de l'arrivée en Allemagne. Les personnages doivent alors rejoindre la nouvelle demeure d'Anna et pour cela, ils empruntent une voiture dont les sièges ont préalablement été nourris avec de la graisse de poisson, pour justement faire plaisir aux arrivants ! Dire que Susie est incommodée par l'odeur serait en dessous de la vérité !
Le deuxième personnage qui a attiré mon attention est le jeune vicaire Klutz. du haut de ses vingt ans, il tombe fou amoureux de la jeune anglaise qui vient habiter dans la région. Oubliés tous ses devoirs, dorénavant, ne comptent plus que les poèmes enfiévrés (et particulièrement ridicules) qu'il lui dédie. Anna est de plus haute naissance que lui, certes, mais il est un homme donc forcément supérieur à la plus grande des reines… Il sera à l'origine d'un quiproquo étonnant et particulièrement amusant s'il n'avait pas des conséquences assez dramatiques. Imaginez Mr Collins (dans Orgueil et préjugés de Jane Austen), enlevez-lui quelques années et ajoutez-lui une tendance au romantisme risible… et vous avez une idée du personnage.
N'oublions pas les trois femmes recueillies par Anna, toutes les trois versées dans l'art du mensonge et de l'hypocrisie. L'une souhaite oublier son affiliation scandaleuse, l'autre cherche à tout prix à refaire sa fortune (et sa bienfaitrice pourrait bien l'y aider, même contre son gré, peu importe après tout !) et la dernière, peut-être la moins affreuse des trois, tente de trouver sa place malgré sa « basse extraction » (extraction évidemment « secrète »)…
Je ne sais pas quelles est la part de vérité dans ces peintures, mais si toutes les femmes de l'époque étaient aussi sottes, imbues de leur personne, obsédées par l'image qu'elles avaient en société et chasseuses de beaux mariages… Elizabeth von Arnim ne nous brosse pas un portrait très glorieux de la gent féminine ! Entre les anglaises hautaines et les allemandes soumises à leurs époux… heureusement, quelques figures sortent du lot. Letty - la jeune nièce d'Anna - malgré la bêtise et la gaucherie liées à son jeune âge, semble plutôt prometteuse (même si son physique ingrat fait honte à Susie, sa mère). La nouvelle dame de compagnie de notre héroïne, bien qu'aux idées très arrêtées, est une femme respectable et qui se révèle être d'une grande aide. Quant aux hommes de l'histoire, seul Axel von Lohm, le voisin le plus proche, semble mériter notre intérêt. Un vrai gentleman qui tente de protéger au mieux sa nouvelle voisine des ruses des époux Delvig - les régisseurs fourbes -, de l'adoration maladroite du pasteur Manske et des trois résidentes chaleureusement accueillies, qui se transforment vite en sangsues.
Je m'arrête là, mais il y aurait encore beaucoup à dire de toute cette palette de personnages qui n'ont pas gagné des portraits très flatteurs ; mais offrent des scènes dans lesquelles Elizabeth von Arnim peut développer toute l'ironie qu'elle maîtrise à merveille.

Anna souhaitait accueillir et chouchouter des femmes malheureuses pour les rendre heureuses en leur offrant les choses simples de la vie, mais ces trois-là vont lui mettre des bâtons dans les roues. Tout va se compliquer et notre héroïne, si enthousiaste et heureuse au début de l'aventure, va vite déchanter… A cette quête d'indépendance semée d'embûches se greffe une romance qui arrive assez tardivement. Elle ne sera pas inoubliable mais elle m'a satisfaite sur bien des points, je n'en demande pas plus. Bien sûr, ici point de batailles enfiévrées et d'actions à toutes les pages… malgré tout, des choses, il s'en passe et les paragraphes défilent à toute vitesse.
Alors oui, qui dit littérature plus « classique » dit littérature plus exigeante. Malgré tout, ne prenez pas peur, je trouve que la plume d'Elizabeth von Arnim est très fluide et très agréable à parcourir. Les phrases sont construites avec talent et comme je le disais juste au dessus, l'ironie est de mise. Bien que certains sujets et certaines scènes soient graves, l'auteure n'hésite pas à alléger le tout avec quelques mots bien sentis. Et si j'ai pris plaisir à découvrir les dialogues, j'ai encore plus apprécié les descriptions, bien dosées. Les portraits des personnages sont vraiment LA chose à retenir de cette lecture.

Si elle ne détrône pas Jane Austen dans mon coeur, Elizabeth von Arnim a marqué de nombreux points avec sa Bienfaitrice qui, un peu à l'image de la première auteure citée, offre des portraits de personnages savoureux et une ironie parfaitement maîtrisée. Inconnue il y a encore quelques semaines, j'envisage aujourd'hui de me renseigner sur la vie bouillonnante de cette auteure et j'espère surtout avoir l'occasion de lire ses autres oeuvres !
Lien : http://bazardelalitterature...
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À dix-huit ans, Anna Estcourt semblait promise au plus bel avenir. Élevée par un frère qu'elle adore depuis la mort de leurs parents, sir Peter, elle est introduite en société par sa belle-soeur Susie, qui ne ménage pas ses efforts pour en faire une femme accomplie et susciter les propositions de beaux partis londoniens. Mais Anna, pourtant charmante de visage et de manières, repousse toutes les offres qui lui sont faites. Et là voilà désormais âgée de vingt-cinq ans, déjà lasse des bals et des réceptions et du caractère vain d'une vie qui lui semble inutile. Mais une chose imprévue se produit : son oncle lui lègue à sa mort (et malgré ses trois fils) un domaine, des terres, un revenu, dans une région reculée d'Allemagne : Anna, folle de joie, décide d'y aller, puis une fois sur place, décide de s'y installer. Renonçant définitivement à se marier, elle imagine faire de sa maison un refuge pour des femmes de condition que la pauvreté aurait réduite à un sort misérable. Elle n'a qu'une idée en tête : rendre ces femmes heureuses autant qu'elle-même est heureuse, établir une communauté de soeurs qui s'aiment et se soutiennent. Mais rien ne va se passer comme Anna le souhaiterait… La difficulté de trouver ces femmes, puis de vivre avec elles, l'inexpérience d'Anna dans la gestion de son domaine qui lui met à dos ses gens, sa difficulté à communiquer en allemand, et surtout le voisinage du bel Axel von Lohm qui remet sans cesse en question ses projets font de ce chemin de roses un sentier sinueux et bordé d'épines. Anna n'a pour aller de l'avant que sa volonté farouche de rendre les autres heureux. Illusoire projet ?

La galerie de personnages que nous offre l'auteur autour de son héroïne est un pur délice : sir Peter, gentleman"philosophe" – entendez par là : qui ne s'intéresse à rien –, sa femme Susie, dévorée par l'envie de réussir en société en dépit de ses modestes origines, Letty, leur fille, adolescente un peu boulotte dont la tête est remplie de bêtises romantiques que lui raconte sa gouvernante, Miss Leech, le pasteur, trop heureux de pouvoir conseiller Anna dans ses desseins, mais aussi et surtout les trois dames invitées par Anna, deux vieilles pies et une jeune fainéante, ainsi qu'Axel von Lohm, dont les discussions avec Anna finissent en bouderies et incompréhensions. On a pendant toute la lecture le sourire aux lèvres.

Avec ce roman, j'ai eu l'impression de trouver un chaînon manquant : celui qui relie Jane Austen à Vita Sackville-West dans l'histoire littéraire anglaise. En plein règne victorien, Elizabeth von Arnim se sert de l'ironie pour éclairer la condition féminine, en profond questionnement. Il n'existe alors que deux voies pour une femme : le mariage (sécurité, moyens, famille, etc.) ou le célibat (solitude, difficultés financières, mise à l'écart de la société, etc.). L'héroïne prend dès le départ le parti de ne pas se marier, s'opposant ainsi aux conseils de son oncle. C'est pourtant grâce à lui qu'elle reçoit de quoi vivre autrement, seule et sans mari. Mais c'est aussi la réalisation de ce projet un peu fou de "demeure pour les âmes blessées" qui la met face à d'autres caractères de femmes qu'elle découvre bien plus mesquins qu'elle ne l'avait imaginé. On est donc là dans un réel roman d'apprentissage, avec une héroïne dont la naïveté peut paraître simpliste, mais qui donne de multiples occasions à l'auteur de dessiller les yeux d'Anna sur les vices et les vertus des femmes. L'auteur nous invite à considérer Anna avec sympathie, car ses buts sont nobles et son âme est belle. Mais cela ne l'empêche pas de taquiner son héroïne autant que les autres personnages, car rien ne lui sera épargnée avant de connaître, enfin, son destin.
Pour une première découverte de l'oeuvre d'Elizabeth von Arnim, ce roman fut un régal ! Une héroïne attachante, à la fois d'une grande naïveté due à sa jeunesse et son inexpérience, et néanmoins d'un tempérament très volontaire, une histoire originale et surtout, une langue parfaite servie par un humour ravageur, qui, j'ose le dire, n'a pas manqué de me rappeler Jane Austen, notamment lorsqu'il s'agit des manigances des dames hébergées par Anna.
Lien : http://passionlectures.wordp..
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J'ai beaucoup aimé ce livre. L'auteur raconte si bien les événements qu'on se croirait vraiment au xixeme siècle au fin fond de l'Allemagne... Anna est une jeune anglaise qui vit faute de moyens chez son frère avec sa pénible belle-soeur Susie... elle ne rêve que d'indépendance et de gérer seule sa vie pour faire du bien autour de soi...elle hérite d'un domaine en Allemagne et part vivre la bas... beaucoup de choses vont lui arriver et notamment l'amour.
Un très bon roman avec des personnages intéressants que l'on prend plaisir a suivre.
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Noble mais désargentée, Anna Escourt, 25 ans, était condamnée à faire un riche mariage pour pouvoir prétendre au mode de vie lié à son rang (comprendre : vivre sans travailler). Mais voilà qu'un vieil oncle lui lègue en Allemagne un domaine dont les revenus vont lui permettre de réaliser son rêve d'indépendance. Mieux encore : Anna peut dorénavant faire le bien autour d'elle et elle décide d'accueillir une douzaine de femmes sans ressources -les "élues"- pour vivre ensemble en toute amitié, comme des soeurs.

La naïve et enthousiaste Anna va découvrir qu'être une bienfaitrice n'est pas chose facile et qu'on s'expose à susciter plutôt le ressentiment que la reconnaissance chez ceux qui nous sont redevables. Pour affronter le pasteur du village, un homme assommant qui n'a que la religion à la bouche ; le régisseur du domaine qui espère profiter de son inexpérience pour s'en mettre plein les poches et supporter les mésententes entre les "élues", elle aura bien besoin du soutien de son voisin, le bel Axel von Lohm. Mais promis, Anna ne va pas tomber amoureuse puisqu'elle a choisi de rester indépendante.

J'ai pris grand plaisir à la lecture de ce roman écrit en 1902, plein d'humour et d'ironie et qui traite de la possibilité pour une femme d'être indépendante. Nul doute que je lirai de nouveau cette auteure que je découvre ici.

Quelques extraits :

"Comme beaucoup d'analphabètes, elle vantait son bon sens, considérant cette qualité, qu'elle possédait effectivement, comme plus précieuse que d'autres, qu'elle ne possédait pas."

L'avis du pasteur sur les femmes : "... c'est un matériau à l'état brut. Et il est inutilisable tant que la main d'un homme ne l'a pas façonné.

- Très vrai, convint son ami, d'autant plus cordialement qu'il avait à la maison une femme qui résistait au façonnage depuis maintenant plus de vingt ans."
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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