AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Editions Il est Midi (Autre)
EAN : 9782491689797
244 pages
AFNIL (19/06/2022)
5/5   2 notes
Résumé :
1993, en Ukraine.
Une lettre venue de France explose comme un coup de tonnerre dans le quotidien de Marina.
Elle émane de ses cousins de Vence et Nice, perdus de vue depuis 45 années et qui, enfin, grâce à la disparition de l'Union Soviétique, ont retrouvé sa trace.
Vence était la ville où elle avait grandi et où elle se croyait chez elle pour toujours. Mais son univers avait basculé brutalement alors qu'elle avait 19 ans suite à la décision d... >Voir plus
Que lire après Aujourd'hui je reviens chez moiVoir plus
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Les courriers que mes grands-parents vous ont ensuite adressé sont restés sans réponse, nous ignorions même si vous les receviez. Vous vous étiez tous évanouis dans l'immensité russe, comme dissous dans le temps qui passait. Où étiez-vous ? Que vous était-il arrivé ? On vous imaginait emprisonnés dans un camp travail, malades peut-être, menacés certainement. Nous ne savions même pas si vous étiez encore en vie. Nous comprenions, bien entendu, que l'interruption des échanges n'était pas de votre fait, mais due aux conditions politiques de votre pays d'accueil. (...)
« L'autre coté !» Que de questions, enfant, ne me suis-je pas posé au sujet de cet étrange territoire dont parlaient les grandes personnes avec des mines graves, un endroit plein de mystères et plus encore de dangers. J'en discutais avec mes cousins, nous comprenions que c'était une zone dans laquelle on pouvait entrer mais dont on ne ressortait jamais. La contrée vous avalait tout cru, comme dans un conte terrifiant. Dans mon esprit, cela ne pouvait pas exister en « vrai », ce ne pouvait qu'être une histoire destinée à faire peur, non seulement aux enfants mais aussi aux grands. Ce n'est que plus tard, grâce à mes leçons d'histoire et de géographie, que j'ai su que ce pays existait vraiment.
Commenter  J’apprécie          20
Je me souviens que lors de mes premières années soviétiques, je scrutais souvent mon image dans un miroir. Je reconnaissais mes traits, certes pâlis, émaciés et tirés de fatigue, mais c'était bien mon visage que je contemplais, celui de Marina Vladimirovna Sandansky. Cela m'étonnait car j'avais le sentiment de ne plus savoir qui j'étais. Je ne me reconnaissais pas, je n'étais plus la même. Seuls mon nom et mon visage me reliaient encore à la Marina du temps de Vence, cette jeune fille au regard déterminé, plein d'étincelles de joie, confiante en son avenir, qui piaffait d'impatience devant la vie. Tout cela avait disparu. Ma flamme intérieure était passée du flamboiement à une modeste lueur, vacillante, mais, heureusement, elle ne s'est jamais éteinte. Elle m'a donné la force de survivre au désespoir, mais avec une âme différente, comme endormie. J'ai ployé sous la résignation.
Puis les années ont passé. La vie a coulé, la souffrance de mon amour perdu s'est peu à peu estompée dans le temps, dans les préoccupations du quotidien. Mes rêves sont morts.
Commenter  J’apprécie          20
Revivre ce temps de notre jeunesse. Nous étions au presque commencement de nos vies, l'un et l'autre tout juste sortis de l'adolescence, l'amour nous avait saisis et nous en restions éblouis. Ces années-là, tout semblait possible, j'avais la certitude que notre amour exalterait notre existence entière. Il nous protégeait, il était notre citadelle, notre abri, dans lequel nous étions tous deux en sûreté. Nous nous aimions, rien ne pouvait nous arriver. M'aurait-on annoncé la séparation qui nous guettait, je ne l'aurais pas cru. Je n'ai jamais pressenti les ombres menaçantes qui planaient sur nous.

Nous nous sommes dit au revoir le dimanche 5 octobre 1947. Nous sommes aujourd'hui le vendredi 25 juin 1993. Cela fait, si je ne me suis pas trompée dans les années bissextiles, 16 700 jours, 16 700 nuits que je t'attends.
Commenter  J’apprécie          20
L'URSS, « l' autre coté » selon notre terminologie familiale, avait aspiré et comme digéré sans laisser de traces une bonne part de la famille. Notre enfance, à mes cousins et à moi, a été baignée par ce drame, imprimé dans notre histoire. Vous êtes ceux que nous appelions, lors de nos réunions de famille «Nos Absents.» J'aimais bien ces mots, « nos absents » dans la bouche de Grand-Père; il appuyait sur le possessif « nos » plus que sur le mot « absents » et ce petit mot de trois lettres prenait dans sa voix, d'habitude rocailleuse, un accent de rondeur, de tendresse, d'affection que mes oreilles discernaient.
Commenter  J’apprécie          20
Tu as disparu, évanoui dans un temps révolu. Tu as traversé comme un météore un espace de mon existence, modeste au regard de toute une vie, mais qui a suffi pour l'illuminer pour toujours. Mais je n'ai même pas de photos de toi et moi ensemble, rien, même plus une image pour me dire que mes souvenirs ne sont pas un mirage, une illusion, que ces années tombées dans le néant des choses disparues, nous les avons ensemble traversées.

Je suis revenue à Vence, Marc, avec l'espoir de savoir avec certitude, si ce que nous avons vécu, toi et moi, a réellement existé. Et pour pouvoir, enfin, te dire adieu.
Commenter  J’apprécie          20

Videos de Marie-Odile Ascher (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marie-Odile Ascher
La chronique de Gérard Collard - La voyageuse des îles
autres livres classés : venceVoir plus


Lecteurs (2) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3179 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}