Citations sur A voté (12)
Il portait une petite moustache, jadis blonde, qui, au début de son mariage, lui donnait un air jovial aux yeux de la jeune Sarah, mais dans laquelle celle-ci, maintenant que la moustache grisonnait, ne voyait plus que l'indice d'un manque de distinction. Son front se creusait de profondes rides nées de l'incertitude et, de façon générale, la pensée d'être né pour la gloire ou de pouvoir l'atteindre un jour n'avait jamais effleuré son esprit routinier. Il avait une femme, un emploi, une petite fille et, sauf en de rares moments d'exaltation ou de dépression, il estimait avoir conclu avec la vie un marché raisonnable.
La seule question, absurdement triviale, dont Norman se souvenait était la suivante : « Que pensez-vous du prix des oeufs ?»
Maintenant , c'était fini. Les hommes en blanc vinrent ôter les électrodes branchées sur diverses parties de son corps et détacher de son bras l'appareil à mesurer la tension ; puis ils remportèrent tout leur attirail.
Norman se leva avec un petit frisson, poussa un profond soupir et demanda :
« C'est tout ? Vous en avez terminé avec moi ?
- Pas tout à fait, se hâta de répondre Paulson en lui adressant un sourire rassurant. Nous devons vous prier de rester avec nous pendant une heure encore.
- Pourquoi ? demanda Norman d'un ton sec.
- C'est le temps qu'il faut à Multivac pour introduire ces nouveaux éléments d'information dans les milliards de rubriques qu'elle possède. Des milliers de choix possibles sont en jeu, vous savez. C'est extrêmement compliqué. Il se peut, par exemple, que des doutes s'élèvent sur le résultat d'un concours quelconque ici ou là, sur l'attribution d'un poste de contrôleur à Phoenix, Arizona, ou d'un siège de conseiller à Wlikesboro, Caroline du Sud (...) »
Dans ce monde imparfait, les citoyens souverains de la première et la plus grande démocratie électronique avaient, par l'intermédiaire de Norman Muller (par son intermédiaire à lui !), exercé une fois de plus, librement et sans contrainte, leur droit électoral.
Je veux être libre de voter si ça me fait plaisir, ou de ne pas voter si je n’en ai pas envie.
"Mr Muller, au nom du président des États-Unis je dois vous informer que vous avez été désigné pour représenter l’électorat américain le mardi 4 novembre de l’an 2008 »
- Non ce n'est pas bien, répliqua Matthew en fronçant les sourcils. Je ne veux pas qu'une machine me dise comment j'aurais dû voter, simplement parce qu'un quelconque individu, dans le Milwaukee ou ailleurs, se déclare contre la hausse des prix. Je veux être libre de voter si ça me fait plaisir, ou de ne pas voter si je n'en ai pas envie.
- Ecoutez, j'étais là quand ils ont installé Multivac. Ils disaient que la machine mettrait fin à la politique de partis, qu'elle éviterait aux contribuable de gaspiller leur argent en campagnes électorales. Ils affirmaient que, grâce à cette machine, on ne verrait plus se pousser vers le Congrès ou la Maison-Blanche des nullités aux sourires stéréotypés s'appuyant sur une habille publicité. Et qu'est-ce qui se passe en réalité ? Il y a plus de campagne que jamais, seulement, maintenant, elles se font en cachette.
Multivac vous a désigné comme le citoyen le plus représentatif pour cette année. Non pas le plus intelligent, le plus fort ou le plus chanceux, mais simplement le plus représentatif. Or, nous ne pouvons remettre en question les décisions de Multivac, n'est-ce pas ?
Dans ce monde imparfait, les citoyens souverains de la première et la plus grande démocratie électronique avaient, par l'intermédiaire de Norman Muller (par son intermédiaire à lui !), exercé une fois de plus, librement et sans contrainte, leur droit électoral.
Ecoutez, j’étais là quand ils ont installé Multivac. Ils disaient que la machine mettrait fin à la politique de parti, qu’elle éviterait aux contribuables de gaspiller leur argent en campagnes électorales. Ils affirmaient que, grâce à cette machine, on ne verrait plus se pousser vers le Congrès ou vers la Maison-Blanche des nullités au sourire stéréotypé s’appuyant sur une habile publicité. Et qu’est-ce qui se passe en réalité ? Il y a plus de campagnes que jamais, seulement maintenant, elles se font en cachette. Ils vont envoyer des types dans l’Indiana en vertu de la loi Hawkins-Smith, et d’autres types en Californie pour le cas où ce serait là que la situation deviendrait critique. Moi, je dis qu’on devrait en finir avec toutes ces sottises et en revenir au bon vieux temps…