Toi qui écoutes

Lumières de la ville

Les yeux lourds de sommeil, j'ai regardé par la fenêtre
les lumières de la ville trembler au-dessous,
je ne peux veiller, la mélancolie hante ma demeure,
ô lumières tremblantes de la ville, cette vie
qui s'agite au-dessous de moi, je demande :
est-ce toi qui t'agites ? Est-ce moi qui suis immobile ?
Cette mélancolie me hante, il me semble que je suis
ballotté
sur une épave, le long des longs rivages
et que je suis immobile, mais le rivage passe ;
aussi je demande : est-ce la vie qui passe ?
est-ce moi qui suis immobile ? Et la vie me répond : oui.

La femme

Les pays sont grands, et les pensées des hommes, petites.
Dans le jardin croissent des fruits tandis que je pense aux seins de
la femme qui était une enfant l'été dernier. Et ma gorge s'est serrée
quand je l'ai vue à distance, mais je n'ai pas vu les fruits du jardin
avant qu'elle ne fût passée. Alors, j'ai tourné la tête pour les
examiner, et je n'ai rien vu que les seins de la femme, blancs dans
la brise du matin.

Toi qui écoutes

Ne dis pas grand-chose
toi qui entends la tempête

Si les nations se détruisent, qui les détruit
sinon le loup hurlant

Tu entends la tempête

Ecoute le silence

Sans dire grand-chose
l'herbe a poussé par les déserts
de la guerre.
Toi qui écoutes,
écoute le silence,
toi qui entends la tempête.

Chants de fleurs

Pourquoi jettes-tu des fleurs sur la nuit,
le jour, la ville, les maisons,
des fleurs multicolores sur un coeur esseulé?
Tu ne sais pas toi-même ce que tu fais.
Si tu le savais
ne fuirais-tu pas
tes bonnes actions?
Tu es restée sur le chemin
à regarder par-dessus ton épaule,
mais comment aurais-tu pu savoir
que des milliers de fleurs
tombaient de tes cheveux
et que je les ai cueillies sur le chemin.

De l'homme et de la femme

Que peux-tu me donner
toi qui ne veux pas mourir,
et moi, que puis-je te donner,
à toi qui ne veux pas partir?

et moi qui ne veux pas partir
et toi qui ne veux pas mourir

Je t'ai tendu un hiver
de vie, je t'ai tendu, timide,
un hiver plein de vie.

Tu m'as tendu un été
de vie, m'as tendu, timide,
un été plein de vie.