Le dernier des Camondo

A mon avis, voilà le niveau Voici en littérature. Ou Gala, ou Ici Paris à votre choix, je ne sais pas trop ayant seulement feuilleté ces magazines qui sous prétexte de mettre à nu les riches tout au contraire les habillent de fantasmes.


Bref cette mise en lumière ampoulée ne m'a pas captivé, ni ébloui. J'y ai même trouvé le plagiat d'un vers d'Aragon qui s'y noyait. Ceci dit je n'ai pas passé mon temps à regarder les obsèques de la reine d'Angleterre non plus et ne suis déjà en général pas friand de biographies.


Enfin, c'est vous qui voyez...

"On ne s'éclaire pas en imaginant des figures de lumière, mais en rendant l'obscurité consciente." Carl Jung

Le travail de recherche et de documentation est magistral ! Mais c'est également - à mes yeux - le plus gros défaut du livre. Des descriptions historiques interminables (des rues, des bâtiments, des oeuvres d'art, du mobilier et même des vêtements...) ou l'auteur reprend la genèse de chaque chose, c'est un peu lourd - surtout si comme moi vous n'êtes pas suffisamment initié (mais pour suivre, il faut un solide bagage en histoire de l'art). Ça ralenti affreusement la lecture et plus embêtant, ça fagocite l'histoire principale qui se retrouve noyée dans toutes ces digressions.
J'ai terminé à la volonté et par respect pour l'immense personnalité qu'est Pierre Assouline dans le monde littéraire.

Les ancêtres des Camondo sont des juifs sépharades venus d'Espagne après l'expulsion de 1492. Après avoir pas mal voyagé dans toute l'Europe semble-t-il, la famille arrive à Constantinople au 19° siècle. C'est là qu'ils se sont enrichis dans la banque. En 1869 les deux frères Abraham et Nissim décident de transférer la banque familiale à Paris et la famille migre encore.

Le dernier des Camondo c'est Moïse, le fils de Nissim et le dernier à porter le nom. Il a été un grand collectionneur d'art du 18° siècle, pas seulement des tableaux mais surtout des meubles et des objets. Pour servir d'écrin à sa collection il fait construire un hôtel avenue de Monceau. Il comptait le léguer à son fils Nissim mais celui-ci est tué à la guerre en 1917. Moïse qui a été quitté peu avant par sa femme se retrouve comme deux fois veuf. A sa mort, il lègue l'hôtel et les collections qu'il renferme à l'Etat pour en faire un musée. C'est le musée Nissim de Camondo que j'ai l'intention de visiter dès que possible. La fille de Moïse, Béatrice, et sa famille sont déportés pendant la deuxième guerre mondiale et meurent à Auschwitz en 1943 et 1944.

Je n'ai pas bien apprécié la façon d'écrire de Pierre Assouline. D'abord j'ai trouvé le style un peu ampoulé avec abus de vocabulaire trop recherché qui ne fait pas naturel. Ainsi des frères Goncourt : "Religionnaires de l'art, ils avaient le culte du beau. Ces bibeloteurs se présentaient volontiers comme des aliénés de la curiosité. Tout à leur bricabracomanie, les deux écrivains n'en avaient pas moins constitué, eux aussi, une sorte de collection au fil de leurs errances dans l'antiquaillerie."

Ensuite, trop souvent, la description prend la forme d'énumérations, comme la liste des personnes qui ont assisté à telle réception, ce qui rend la lecture fastidieuse sans parvenir à insuffler la vie que j'attendais dans l'histoire de cette famille. C'est donc globalement un sentiment de déception pour moi. Il reste que j'ai quand même trouvé des sujets d'intérêt, notamment ce qui concerne l'antisémitisme en France à l'époque de l'affaire Dreyfus.
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