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sur 1713 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Grand reporter au Nouvel Observateur, la journaliste Florence Aubenas a toujours, dans les nombreuses affaires qu'elle a couvertes, revendiqué d'un engagement citoyen, d'une volonté de faire entendre les voix de ceux que l'on n'entend jamais.
Reportages en Afghanistan ou au Rwanda, otage en Irak en 2005, procès d'Outreau, conditions de détention dans les prisons….elle a été de tous les combats sociaux, sur tous les fronts, et est devenue l'une des figures majeures du journalisme d'investigation en France.

Parce que ces derniers temps on a beaucoup parlé de la crise, elle a décidé de mener sa propre enquête pour témoigner de ce qu'est, aujourd'hui, le marché du travail dans la France d'en bas.
Comme en son temps le journaliste indépendant Marc Boulet avec « Dans la peau d'un Intouchable » ou l'allemand Gunther Wallraff avec « Tête de turc », c'est un travail en immersion qu'a réalisé Florence Aubenas, au plus près de la « basse humanité », à savoir la cohorte des anonymes qui se démènent sans compter pour moins de 700 € par mois.
Elle est donc partie dans une ville française, rechercher anonymement du travail.
C'est dans la ville de Caen qu'elle a posé ses valises et s'est inscrite au chômage avec pour mission d'arrêter son enquête le jour où elle trouverait un CDI.
Sa quête a duré 6 mois, de février à juillet 2009. Ce récit raconte son parcours.

Propos pertinents, observations justes et subtiles des aberrations du système, portraits plein de finesse, de sensibilité et de drôlerie de ses compagnons d'infortune, Florence Aubenas s'est très consciencieusement immergée dans son rôle de femme sans qualification en recherche d'emploi.
Des rendez-vous à Pôle-Emploi en passant par les réunions de formation ou les salons de l'emploi, c'est le long chemin de croix du chômeur que l'auteur nous raconte, un véritable parcours du combattant, une quête chaotique et bancale pour trouver ce qui, aujourd'hui, fait de plus en plus défaut : un travail sûr et stable, un CDI.
A la clé, c'est bien souvent un emploi des plus précaires, tout au plus quelques heures de ménage où il faudra avaler plusieurs dizaines de kilomètres de bitume, que les plus chanceux arriveront à dégoter sans se plaindre, avec cette incroyable énergie dont savent faire preuve les plus démunis.
Qu'on ne se méprenne pas, « le quai de Ouistreham » n'est pas un livre triste destiné à faire pleurer dans les chaumières.
Bien au contraire, ce récit profondément sensible et humain, qui se lit avec la facilité d'un roman, est un récit de vie dans lequel Florence Aubenas, avec une grande empathie, sait montrer les petites joies, les faiblesses, les déterminations, le sens de la débrouille et du partage.
Un témoignage social que l'amitié et la solidarité viennent alléger…en pied-de-nez.
Un livre authentique que beaucoup devraient lire….
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A Caen, Florence Aubenas, journaliste, s'est glissée dans la peau d'une demandeuse d'emploi et raconte son expérience.
C'est en 2009, pendant la « crise »
Elle témoigne de toute la complexité de Pôle Emploi et de la misère des petits boulots auxquelles sont confrontés des milliers d'êtres humains chaque jour.
Démarches kafkaïennes
Stages bidons
Compromissions pour obtenir quelques heures de ménage à des endroits différents
Galères de temps perdus en déplacements
Rythme infernal imposé par les employeurs
Humiliations
……………..
Il ne s'agit même plus de trouver un travail, mais de trouver « des heures » pour un salaire de misère.
Partout dans la région, comme dans le reste de la France d'ailleurs, des plans sociaux, des cessations d'activité, des mise au chômage massives.
Dix ans après rien ne s'est arrangé au contraire ;
Toute une tranche de la population continue à être exploitée, méprisée voire oubliée.
C'est absolument scandaleux et révoltant
Il y a deux ans un mouvement de révolte s'est créé, a résisté, existe encore même si tout est fait pour l'étouffer.
Espérons que la voix de tous ces gens soit entendue et que le respect leur soit rendu.
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En lisant la quatrième de couverture, je n'étais pas forcément emballée par cette lecture. Mais voilà, je suis normande, étudiante caennaise de surcroît, et donc j'ai voulu voir ce qu'il se passait près de chez moi.

Je me doutais que la recherche d'emploi de Madame Aubenas serait laborieuse et précaire. Donc aucune surprise à ce niveau là. Ce qui m'a franchement intéressée c'est la description faîte des rouages de pôles emploi et le côté observateur de l'auteur, ce qui fait un bon journaliste d'ailleurs.
Je trouve que son idée d'investigation fut courageuse et judicieux. Son témoignage est intéressant et constructif. Ce n'est pas un livre que je relirais à l'avenir mais sa lecture permet tout de même d'ouvrir un peu plus les yeux sur le monde actuel. Finalement, une lecture utile.
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Comment peut-on reprocher à Florence Aubenas, dans "Le quai de Ouistreham", que son jeu n'en vaut pas la chandelle, puisqu'elle ne pourra jamais être totalement à la place des précaires et ainsi ressentir exactement comme eux leurs émotions quotidiennes ? Je crois que c'est faire peu de cas de la finesse d'analyse et de l'intelligence d'esprit de Florence Aubenas. Elle était consciente des limites de l'exercice quand elle s'est lancée dans ce projet. Elle n'a pas cherché à devenir du jour au lendemain une fan de Johnny Halliday, une accro des hypermarchés et des promenades dans les jardineries le dimanche ou encore une adepte des apéros aux alcools frelatés bon marché. Justement, on sent dans son reportage qu'elle n'oublie jamais son rôle, comme une actrice cherchant à paraître vraisemblable tout en conservant sa conscience de soi. Et c'est pour cette raison que j'ai aimé son récit. Il y a de l'empathie, bien sûr, on connaît les combats politiques de l'auteur ; mais elle tente, en grande professionnelle du journalisme, de rester objective jusqu'au bout. Décrire du mieux possible ce qu'elle vit pour que le plus grand nombre puisse se faire une idée de la précarité du travail aujourd'hui. Et le plus intéressant n'est pas d'apprendre que les petits boulots sont mal payés et sous évalués, mais de comprendre les mécanismes de cette situation : l'égoïsme, l'individualisme à outrance. Cet individualisme joue à tous les niveaux. C'est parce qu'un patron ne pense qu'à récupérer le marché d'un concurrent qu'il oblige ses salariés à travailler plus pour gagner moins, c'est parce qu'un délégué syndical pense à sa propre carrière qu'il bafoue les missions premières du syndicalisme, c'est parce qu'un conseiller de Pôle Emploi pense à sa prime qu'il y a moins de chômeurs inscrits qu'il n'y en a en réalité.
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Florence Aubenas est de ces femmes inspirantes et courageuses qui n'hésitent pas à payer de leur personne pour aller au bout de leurs engagements.
Chez elle, être journaliste d'investigation n'est pas un vain mot, l'investissement es total.

Pour ce livre, Florence Aubenas va littéralement se glisser dans la peau d'une femme, armée uniquement d'un baccalauréat et sans expérience professionnelle. Pour cela, elle va partir à Caen, s'installer dans un mini-studio, s'inscrire à Pole Emploi et courir les agences d'intérim.
L'objectif : obtenir le graal d'un CDI, ce qui lui prendra environ 6 mois.
6 mois durant lesquels elle courra après des missions aussi précaires qu'exigeantes, horaires découpés, temps de transports indécents et tâches ingrates.
Jusqu'à l'épuisement, jusqu'à l'absurde parfois aussi.

Mme Aubenas donne sa voix aux invisibles, ceux que l'on ne voit pas et dont le travail nous semble pourtant aller de soi, à tort.
On n'apprend « rien », dans ce livre, intuitivement on se doutait déjà bien que le monde de l'emploi dans les entreprises de ménage était bien loin d'un paradis rose, mais au final on découvre une jolie galerie de personnages, touchants et bien mis en valeur, ils sont les vraies réussites et les vrais héros de ce récit.

Je reste tout de même au final sur ma faim : le texte est très descriptif, on reste en surface. Il n'y a pas réellement d'analyse, l'auteure nous a simplement présenté son parcours, ses galères, de manière factuelle et cette impression de superficialité crée un vrai manque dans son témoignage.
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Si le livre de Florence Aubenas a le mérite de décrire les difficultés de la vie quotidienne des travailleurs précaires mais aussi les débrouilles et les petites joies du quotidien, cette immersion de la journaliste montre trop rapidement ces limites. Tout d'abord le livre peine à trouver le ton juste, problème de rythme et de lien.Et surtout même si bien sûr la démarche est louable et sincère
il est clair qu' Aubenas ne peut véritablement nous faire ressentir le quotidien de ces précaires puisque qu'elle cache son identité et ne pourra jamais totalement ressentir leur problématique au quotidien. Et forcément le récit manque sa cible et n'a pas la force voulue. Intéressant même si bancal.
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La journaliste Florence Aubenas s'installe à Caen, s'inscrit à Pôle Emploi, avec un CV quasi-vierge. L'objectif : décrocher un CDI.

Le témoignage qu'elle nous livre est intéressant : où l'on s'aperçoit que le syndicalisme n'existe plus que pour défendre des intérêts particuliers, que la solidarité existe toujours, au bas de l'échelle, que décrocher est un boulot de femme de ménage est simple... si vous êtes prêts à travailler à 2h de route de chez vous, payé au lance-pierres, pour 2/3h tous les jours, moitié avant le lever du soleil, moitié après. C'était en 2008, une époque où le chômage était bien plus bas qu'aujourd'hui.

Si je rencontrais aujourd'hui Mme Aubenas, je lui poserais cette question : "où sont les enfants, dans cette histoire ?" et "Pensez-vous que vous auriez suivi le même trajet si vous aviez seulement été disponible de 9h à 16h" ? Car c'est bien ça, le coeur du problème. Aujourd'hui, avec des enfants et sans qualification, vous n'avez aucune chance.

Il n'empêche que ce livre est bien écrit, et que le témoignage, même partiel, pourrait éventuellement convaincre quelques réfractaires que trouver du travail aujourd'hui n'est pas qu'une question de volonté...
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Florence Aubenas se moule à Caen dans la peau d'une chômeuse à la recherche d'un CDD. Ce postulat de départ nous donne chapitre après chapitre la vie quotidienne de milliers de chômeurs à la recherche de la moindre heure à faire pour gagner quelques euros.
L'idée de base est intéressante et déjà plusieurs journalistes l'ont expérimentée pour se mettre dans la peau de noirs, d'émigrés, de SDF, mais là aucune analyse ne vient étayer les propos. On suit Florence dans ses rencontres, les galères de ses amis du moment, ses essais douloureux de technicienne de surface.
Je serais curieuse de savoir comment tous ces gens qui lui ont fait confiance, l'ont aidé, ont pris ce livre à sa parution, admiration ou trahison ?
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Florence Aubenas est journaliste à Paris, présidente de l'observatoire international des prisons depuis juillet 2009.

En février 2009, elle décide de partir à Caen (critère: une ville de province ni trop grosse ni trop petite, pas trop loin de Paris) infiltrer la planète France d'en bas - chomage - précarité. Version blonde, le nez chaussé de lunettes, CV et biographie bidonnés, elle entre dans la peau d'une femme ayant vécu vingt ans entretenue par son époux, avant d'être délaissée, obligée désormais de travailler sans aucune expérience pro et avec comme seul bagage un bac littéraire.

Deux impératifs: ne pas travailler chez des particuliers (ce qui aurait pourtant partie à notre apprentie galérienne de décrocher un poste dès le début du livre et ne lui aurait pas permis d'écrire le dit livre mais passons) et arrêter l'expérience dès que quelqu'un lui propose un CDI (car elle ne veut pas occuper un "vrai" emploi).

Elle pensait que ce serait facile. Qu'en arrivant aux agences d'intérim en déclarant tout accepter, y compris n'importe quoi, elle trouverait quelque chose. Mais ici, tout le monde accepte n'importe quoi et, de toute façon il n'y a rien.

Tout ce qu'on va lui proposer va être de s'orienter vers des places d'agents d'entretien. Ce secteur difficile où on ne cherche pas un travail mais "des heures", tôt le matin, tard le soir, sur des sites éloignés les uns des autres. L'être s'épuise, gagne un peu d'argent sans gagner sa vie, rejoint le monde des gens invisibles, de ceux que l'on croise sans voir.

Elle rencontre Françoise, Victoria, Marilou, Fanfan et tant d'autres, d'autres galériennes, des vraies, attachantes dans leur histoire et leur sincérité presque naïve, qui ont des baskets fendues, froid et faim, qui étudient les prix à la loupe, qui s'agitent dans une sphère à part, mais qui ont elles aussi leurs rêves... Passer un diplôme, avoir une maison, une voiture à soi, des enfants, un travail moins ingrat (sauf pour quelques unes qui aiment réellement leur travail). Bref, avoir une vie "normale".

Elles deviennent des amies, un peu de chaleur dans ce monde si brutal et si froid. Sourires entre deux misères. Parmi elles, les pro du chariot et de la raclette, Florence se débat, maladroite, un peu boulet (elle peine à entrer dans le rythme et renverse ses seaux) et tient son rôle. La fatigue perpétuelle, les attentes interminables, les réunions et convocations inutiles, auxquelles personne ne croit, la démotivation générale. Débâcle de pôle emploi. Et le temps, qui se tord et se détend, interminable, l'attente entre deux missions.

Ici, le travail comme l'attente brisent les êtres.

En débutant la lecture de l'ouvrage, j'étais perplexe devant la démarche, que je trouvais presque incongrue. Je veux dire: le milieu pauvre est-il si exotique pour certain que l'on aille s'y infiltrer?

Personnellement j'ai beaucoup travaillé et j'ai la chance d'avoir pu faire des études, mais j'ai connu et je connais toujours des personnes pauvres qui comptent au centime prêt, des "cas", des gens qui galèrent. Si vous ouvrez les yeux, que vous parlez aux personnes qui peuvent vous cotoyer, vous vous rendez bien compte que la vie peut-être dure et que vous pouvez vite passer du côté "obscur". du coup, le fait d'infiltrer "les précaires" évoquerait plutôt un caprice de riche, pour personnes vivant dans leur bulle, afin de vivre le grand frisson de la précarité.

Bon, ça, donc, c'est ce que je pensais en ouvrant le livre, et c'est ce qui me faisait peur - tomber dans un discours bobo-misérabiliste d'une personne examinant un microcosme à la loupe.

Mais ce récit s'avère être une chronique sans fard ni complaisance des galères d'une France d'en bas, qui se lève tôt, travaille toujours plus mais sans parvenir à "gagner" sa vie. Pas de monologue, juste le ressenti, les dialogues, les situations. C'est un témoignage sensible et touchant, parfois révoltant, que je pourrais vous conseiller comme piqûre de rappel.
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Oui....
Le peu que je sais de Florence Aubenas me la rend extrèmement sympathique. le sujet est éminemment sensible et intéressant. Son parti pris de très peu commenter, et d'exposer les faits bruts est à la foi louable et peut-être aussi préjudiciable au livre: j'ai l'impresssion d'avoir vu beaucoup de reportages sur des situations identiques voire plus desespérées que celles décrites.
J'ai lu ce livre avec plaisir mais je n'ai jamais été surpris.
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