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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Les amochés est un roman gigogne, qui débute comme un polar champêtre de Georges-Jean Arnaud. Abdel Ramdankétif, un misanthrope d'âge mûr vit seul dans un hameau dépeuplé par l'exode rural, avec pour uniques voisins Jacky et Monette, deux vieillards plein de sagesse. Or un matin, Abdel se réveille dans un univers figé. Le temps ne s'écoule plus, alors que de l'eau s'échappe de tous les miroirs de la maison. Il n'y a plus âme qui vive. Le voici seul pour de bon. Abdel décide de descendre de sa montagne pour voir si le même phénomène surnaturel a frappé la ville la plus proche. Le récit prend alors des airs de roman d'anticipation et n'est pas sans rappeler Le mur invisible de Marlen Haushofer. Abdel, ancien SDF qui a toujours chéri la solitude se retrouve confronté à une expérience inédite et difficile à appréhender sans tomber dans la folie ou la paranoïa. Lecteur enragé, cultivé et curieux, il tente de comprendre l'étrange phénomène en se souvenant de tous les romans lus, de tous les films vus. Dans la ville désertée il trouve trace de trois autres « survivants », deux soeurs et un garçon de café. Eternel amoureux, le voici rassuré par cette présence féminine, jusqu'à ce qu'il retrouve tout à coup la réalité, la ville, les gens, le bruit. Personne ne semble se souvenir de ce phénomène étrange. Craignant d'avoir sombré dans la folie, notre homme se retrouve accusé de viol, et placé derrière les barreaux. A-t-il inventé cet épisode fantastique pour dissimuler sa véritable nature? Est-il dément?
L'anticipation fait place au polar social, et permet à Nan Aurousseau de parler des amochés de la vie, des laissers- pour-compte de la société, des oubliés des hôpitaux psychiatriques, des petits délinquants, des femmes battues, des dealers… le roman a des accents de fable, et s'inscrit dans l'air du temps. Les amochés est le récit d'une expérience humaine doublé d'un état des lieux bien peu reluisant de notre société narcissique et destructrice. Seuls phares dans la nuit d'Abdel, les femmes et les livres éclairent son existence. Nan Arousseau parle beaucoup, et bien de l'amour et des livres, qui peuvent changer les choses. Car la vie d'Abdel est inscrite dans une autre temporalité, plus humaine, et façonnée par la lecture, même si la liberté a un prix: « Je menais en réalité une vie d'écrivain, qui n'écrivait pas. J'avais lu beaucoup de biographies d'écrivains et je m'étais rendu compte que je vivais comme eux: je ne faisais quasiment rien et en plus je n'écrivais pas tandis qu'eux y passaient au moins quatre heures par jour. Par contre, je lisais beaucoup plus qu'eux tous. Un livre par jour minimum. Comme disait l'un d'eux: « L'écrivain est libre, mais il le paie cher. «  Je peux lire que le lecteur aussi ».
Je remercie les éditions Buchet-Chastel pour ce livre reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique.
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Avec le livre « Les amochés » (Janvier 2019), Nan AUROUSSEAU est désarçonnant. L'entame du récit laisse croire à une fiction fantastique, une histoire rocambolesque sous contrôle de doubles cosmiques, avec suspicion de destruction massive du genre humain. Au coeur de l'apocalypse, l'auteure, de manière convenue, maintient en vie – mais vivre est peut-être un grand mot – trois paumés en errance sous un soleil qui, à toute heure, danse au zénith !
Puis, peu à peu, le lecteur se surprend à suivre, plus qu'à aimer, le personnage central, narrateur de cette histoire sans repère. Abdel Ramdamkétif est un vieux villageois d'un village de montagne coupé d'à peu près tout. Aigri, misanthrope, solitaire, fragilisé par des ruptures amoureuses mais fortifié de toutes les références livresques et cinématographiques, fruits d'une passion absolue pour la culture, toutes périodes et styles d'écriture confondus, Abdel est cependant capable d'analyser le monde et de poser sur un regard critique sur la modernité qui réduit nos quotidiens à des fonctionnements plutôt qu'à une vie. Cette puissance de penser alimente l'incessante conversation qu'il tient avec lui-même et qu'il partage, exceptionnellement, avec Roger, garçon de café, Laure et Sandra, les jumelles ou, plus étonnant, un directeur de la prison.
Que s'est-il passé ? Ses souvenirs extrêmement précis lui offrent une conscience parfaite de la situation apocalyptique vécue. Il en est conscient, sa réalité est indicible. Il est donc exclu qu'il s'appuie sur ce vécu pour récuser l'accusation de viol que porte contre lui la famille de Sandra, une des jumelles ayant partagé son aventure cosmique.
Insidieusement, par le biais d'une accusation malveillante et à la réaction formatée de la police et du monde judiciaire, l'auteur nous a ramené dans le monde des cabossés, ces amochés de la vie qui se dépatouillent comme ils peuvent en s'accrochant à des modes de vie pourris par l'alcool, la drogue, la perte d'identité, la soumission à la Loi du plus fort ou le vide sidéral qui existe entre leurs quotidiens et les rêves qu'ils avaient sur la vie ! Bienvenue dans notre quotidien, sur un petit monde qui tourne comme un disque voilé où rien n'est droit, tout est gauchi, faussé, minable et sans espoir.
Et pourtant, la violence se nourrit de toutes les bassesses humaines mais donne aussi naissance à des bravoures solidaires et anonymes. Là où ne devrait nicher que la soif de vengeance, s'installe aussi l'oubli qui ouvre l'avenir. Allez comprendre !
Nan Aurousseau, a vécu une jeunesse cabossée. Entre respect de la Loi et illégalité, mépris des règles sociétales et recherche d'une place où se construire, incarcération et remise en liberté, le fait est évident, l'auteur s'est construit sur le chaos ! Mais la Culture, l'amour du livre, la pensée des auteurs ont joué un rôle prépondérant dans ce qu'il est advenu. Il est maintenant un auteur, portraitiste d'un monde noir, dur, amer mais bien réel !
Son récit, quittant le fantastique, s'installe dans le polar social et, ma foi, il y devient crédible, interrogeant nos quotidiens et l'opportunité des chemins de traverse qu'il nous est donné de choisir pour ne plus se fondre dans la masse monolithique de la pensée unique. Une ouverture vers une société inclusive ? A nous de décider. A nous de peaufiner le modèle que nous voulons nous forger pour servir de jalons à nos pas quotidiens !
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Je remercie chaleureusement les éditions Buchet-Chastel et Babelio pour l'envoi, dans le cadre d'une masse critique privilégiée, du roman Les amochés de Nan Aurousseau.
Après une vie de bâton de chaise et de nombreuses errances, Abdel Ramdankétif se retire dans le village de montagne où ses parents étaient venus vivre quand ils étaient arrivés en France.
Tout a bien changé en quelques décennies : ses parents sont morts, et le village est quasi abandonné... Seuls, Jacky et Monette, un couple de voisins, survivent à la manière de vieux sages.
Abdel s'est installé là, loin des hommes et de la modernité dont il se contrefout.
Peu après une rupture qui a mis notre homme k.o., un événement surnaturel se produit qui va conduire Abdel Ramdankétif au bord de la folie et le mêler aux histoires gratinées d'une étrange famille...
Les amochés est un roman qui m'a surpris, je ne m'attendait pas à ça en commençant ma lecture.
C'est un roman noir qui nous présente un homme qui n'est pas attachant. En tout cas, je ne me suis pas attachée à lui du tout même si je l'ai quand même (je l'avoue ;) trouvé touchant par moment. Il est amoché par la vie, mais il n'est pas très agréable au premier abord. J'ai été un peu indifférente face à cet homme, dont le caractère, la vie, m'ont laissés un peu perplexe.
Je n'ai pas réellement apprécié les personnages plus que ça.
L'histoire est intéressante, même si je me suis parfois demandé où l'auteur allait nous emmener.
Ce n'est pas forcément un roman pour moi au premier abord, mais je ne regrette pas ma lecture.
J'aime bien changer de style de temps en temps :)
Je mets trois étoiles et demie pour Les amochés, de Nan Aurousseau et je vous invite à le découvrir à votre tour :)
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Nan Aurousseau est un observateur acéré de notre monde. Et dans ce monde moderne, il s'intéresse particulièrement aux petites gens. Il met en scène et donne la parole aux invisibles, aux exclus. Ce nouveau roman ne fait pas exception.

Dans « Les amochés », pour traiter de ce sujet, il modifie le prisme par lequel les évènements sont évoqués. Cette fois ci, il décide de nous offrir une version fantastique. Son protagoniste, un homme plutôt banal, avec une vie monotone, est soudain confronté à des évènements surnaturels. Sa solitude est alors mise à l'épreuve avec cette perte de repère et il va devoir se réadapter.

Le lecteur est emporté dans l'esprit du personnage. Il subit ses pensées et ses décisions. Voyageant entre réel et rêve, il ne sait jamais si ce qu'il voit est authentique ou fantasmé par le narrateur. Les faits paranormaux défient notre logique et réinventent les règles. Les faits de la réalité sont cruels et donnent une opinion peu valorisante de notre société avec ses préjugés et ses travers. L'aventure est donc doublement déstabilisante mais elle vous emporte avec elle.

Le style de l'auteur est toujours aussi incisif. A l'instar du personnage, la langue est dégraissée, sans fioritures. L'auteur aborde le sujet moins directement que dans son livre précédent. « Des coccinelles dans des noyaux de cerise » était bien plus ancré dans le réel pendant que celui-ci utilise plus d'artifices. Mais l'impact du livre n'en est pas moins important et comme toujours l'histoire frappe juste.

Parfois à la limite de la fable, « Les amochés » est un grand roman social comme sait si bien le faire cet auteur. Nan Aurousseau sait se renouveler afin de surprendre ses lecteurs. Chaque opus marque les esprits et confirme tout le bien que je pense de lui. Je vous incite fortement à découvrir son univers, qui ne vous laissera pas indifférent !

Lien : http://leslivresdek79.com/20..
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Abdel Ramdankétif vit en ermite dans un village perdu, à Montaigu-le-Fré. Là, il se terre quasiment dans sa maison, et si des femmes ont pu traverser sa vie, la dernière en date, Chris, a pris elle aussi la poudre d'escampette après seulement quelques mois de vie commune. Mais cela semble le satisfaire malgré tout, lui le taiseux, le solitaire, le marginal. il vit de lectures, les livres l'entourent, le protège, le submerge.

Un matin pourtant, plus rien ne tourne correctement autour de lui, le monde est comme figé, le soleil immobile. Il descend donc « à la ville de M » et constate que là aussi, rien ne va plus… Il ne croise et en connait que Robert, le serveur du café. Seul au monde, il va faire la rencontre incroyable de deux soeurs jumelles aussi belles l'une que l'autre. Mais la multiplication des évènements surnaturels et incompréhensibles le pousse à s'isoler encore davantage et à se méfier de tous.

Nous allons le suivre, nous simple lecteurs, dans ses dérives et ses interrogations, aux limites de la folie, jusqu'à nous demander où se trouve la frontière entre le réel et le rêve… Ou le cauchemar ? Car dans son périple, les travers les plus sombres de nos sociétés vont émerger, prostitution, pédophilie, vol, mensonge, misère et bêtise humaine, tout est bon pour lui faire perdre la raison. Et qui sait alors où se trouve la réalité ? Abdel ou le lecteur ? Après une rencontre rocambolesque avec la police, puis un passage par la case prison, le voilà de retour chez lui…

Un roman étrange, à l'écriture fine, précise et sans fioritures, qui emporte, surprend, dérange, et malgré tout accroche aussi par ce petit côté fantastique assumé.
Lire ma chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2019/03/04/les-amoches-nan-aurousseau/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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De l'auteur, j'avais beaucoup aimé lire l'été dernier Des coccinelles dans des noyaux de cerise.

Je retrouve donc avec plaisir la plume de l'auteur.

Nous suivons dans ce roman Abdel Ramdankétif, la soixantaine, exilé dans la montagne profonde près de M. avec pour seuls voisins les Jackys. Quand la neige tombe en abondance, Jacky dispose d'une moto-neige.

Le récit débute un matin où Abdel se lève, découvre un oiseau mort et s'aperçoit que de tous les miroirs coule de l'eau.

Tout le monde a disparu, sauf le garçon de café qui pu des pieds et deux jumelles.

Je ne vous en dis pas plus, je vous laisse vous embarquer dans ce roman qui défie les lois de la logique tout en jetant un oeil critique sur notre mode de vie actuel.

L'image que je retiendrai :

Abdel a une passion érotique pour les sacs à main. Ne cherchez pas pourquoi.
Lien : https://alexmotamots.fr/les-..
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Je remercie Babelio et les éditions Buchet/Chastel pour ce livre.
Par rapport au roman « Des coccinelles dans des noyaux de cerises », j'ai trouvé celui-ci plus travaillé, presque trop, ce qui donne au final une impression de « fouillis » difficile à démêler.

« Des fois on tombe de très très haut et on se retrouve en miettes parce qu'on a vu au travers du plafond de verre, on a vu l'infini des possibles interdit par la connerie humaine et on reste un moment à griller dessus comme un papillon sur une lampe avant de se retrouver complètement cramé sur les pavés. »

L'histoire de fond est assez simple. On est dans une région perdue loin de tout avec un personnage principal qui ne demande pas mieux que de rester chez lui tel un ermite.

« Je n'avais rien contre les patrons mais rien pour non plus. J'étais atteint d'une maladie rare : j'avais la nette impression que tous ces gens-là me chiaient dessus et quand je rentrais chez moi je passais deux ou trois heures sous la douche. Bosser m'a coûté vachement cher en eau. »

Il se passe alors quelquechose d'étrange, de surréaliste même, comme un rêve éveillé. Les suites de ce rêve m'ont rendue perplexes par les divers embrouillaminis qui en découlent.

« Plus tard je me suis déshabillé et je suis monté me coucher. J'étais crevé. Malgré tout j'avais peur de m'endormir. Comment allais-je me réveiller? Est-ce qu'une cloison avait pété dans ma tête? Depuis très longtemps je redoutais ce genre de choses. »

Je n'ai probablement pas entrevu tout ce que l'auteur voulait transmettre au lecteur mais la réflexion globale sur le civilisation humaine est intéressante, voire un peu effrayante.

« Alors quoi ? Les siècles de culture n'avaient servi qu'à ça, il avait fallu plus de cinq cent mille ans de souffrances inouïes depuis le ramier homme dit moderne pour aboutir à ça : un type affalé sur un canapé avec sa canette de bière, un type dont toute la science se résumait à connaître par coeur les résultats sportifs. »

Mais n'avons nous pas comme pire ennemi les autres nous-mêmes ?
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Ce livre là est déroutant. Parce qu'en commençant ma lecture je me croyais partie dans une histoire de fin du monde, voire d'univers parallèle, du genre étrange et surnaturel. Mais en avançant je le suis rendue compte que l'auteur Nan Aurousseau ne m'emmenait pas vraiment sur ce terrain là...Du moins il me semble...En fait je ne suis pas très sure.

Abdel, à la soixantaine bien entamée, se remets doucement d'une rupture sentimentale abrupte. Il vit seul dans la maison héritée de ses parents d'un hameau déserté, avec pour tout voisin un couple de taiseux. Un matin à son réveil il est victime d'un étrange phénomène, tous les êtres humains ont disparus sauf un serveur de café et 2 soeurs jumelles.

En même temps que se déroule l'histoire d' Abdel et de ses interrogations métaphysiques d'érudit ( sa maison est remplie de livres sur tous les sujets) sur ce monde déroutant, l'auteur nous parle aussi de Roger, le serveur du café.

Et tous ces événements bizarres prennent sens peu à peu pour nous montrer la réalité crue, terrible, d'une misère sociale qui engendre parfois des monstres mais aussi des héros.
Abdel, Roger, Sandra, Laure, Chris, font partis d'un monde de solitude, de rejet, où chacun se côtoie sans forcément se connaitre...Jusqu'au jour où ....

J'ai bien aimé le personnage d'Abdel, vieux solitaire que l'amour fuit, et aussi celui de Roger, rejeté par tous à cause d'une particularité "dérangeante". Nan Aurousseau apporte une belle touche d'humour à cette réalité bien moche et ça donne une certaine légèreté au récit et ça c'est bien vu. Mais par contre je n'ai pas bien saisi ce besoin que l'auteur a eu d'intégrer cette partie "fantastico/apocalyptique". Alors? Rêve, projection mentale, fin du monde, folie ? Il faut lire ces "amochés" pour ce faire une idée.

Merci à lecteurs.com et aux éditions Buchet-Chastel pour cette découverte.
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Un grand merci à Masse critique et aux éditions Buchet-Chastel !
"Les autres, voilà l'éternel problème humain. Même absents ils continuaient à nous emmerder" (p.103)
Tout est dit ! Pour Abdel, le narrateur : "L'enfer, c'est les autres". A tel point que, pour se tenir aussi éloigné que possible de cette humanité qu'il juge absurde, désespérante et malfaisante, il s'est isolé dans un hameau de montagne, entouré de ses livres et de ses DVD. Aussi, lorsqu'un matin, à son réveil, tous les autres ont disparu, que voiture, électricité, eau ne fonctionnent plus, il pourrait prendre assez vite son parti de cette aubaine qui lui offre l'absolue solitude qu'il apprécie. Cependant, lorsqu'il rencontre Laure et Sandra, deux soeurs rescapées comme lui, il s'interroge sur l'éventualité de remplacer les humains disparus par de possibles descendants... si les jeunes femmes n'étaient excessivement méfiantes et quelque peu perturbées !
Ce rêve d'un hypothétique nouvel Eden est brutalement anéanti par le surgissement du réel habituel. Retour des humains, de leurs vices, de leurs comportements destructeurs, de leur cruauté et de leur bêtise. Avec eux, les soupçons, l'injustice, la crapulerie réapparaissent et Abdel est, forcément, le parfait bouc émissaire de toutes ces perversions. Cet engrenage fatal le conduit aux limites de la folie, car, s'il est question ici du rapport aux autres et des infinies variations qu'il engendre, c'est dans son frottement à la réalité qu'il est interrogé, à la réalité de chacun et, donc, à la subjectivité de toute perception du réel.
La misanthropie d'Abdel n'est jamais mépris, indifférence ou égoïsme. Elle se fonde au contraire sur une compassion et une empathie démesurées envers ces "amochés" que le hasard met sur sa route, mais une compassion lucide, c'est-à-dire jamais encline à l'angélisme ou à la sensiblerie. Cette compréhension, au double sens de saisir et d'englober, de l'humain est le constant filigrane du roman de Nan Aurousseau. Comprendre sans nécessairement excuser mais sans non plus accuser.
J'ai retrouvé avec grand plaisir l'écriture de Nan Aurousseau, qui sait remarquablement marier l'autodérision, l'ironie, la tendresse et la poésie, sur fond d'analyse sociale. Si "Les amochés" n'est pas le roman que je préfère, j'ai beaucoup aimé l'énergie de la narration, son habile et succulente incursion dans le fantastique, les linéaments d'optimisme désabusé que le roman laisse entrevoir et les scènes savoureuses qu'il dépeint. Et, bien sûr, ce personnage d'Abdel, double de l'auteur, héroïque anti-héros, dont j'ai suivi avec jubilation les mésaventures !

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Après une vie d'errance, un homme d'une soixantaine d'années est reclus dans son village natal abandonné en haute montagne. Coupé du monde pendant l'hiver, cet érudit vit au milieu de ses livres, loin des hommes jusqu'au jour où des événements surnaturels vont venir troubler son quotidien et l'entrainer dans une intrigue dont il a peine à s'extirper. Nous partageons ses interrogations, ses doutes, ses humeurs et ses espoirs dans un style fluide et non dénué d'humour. Cette fable fantastique est avant tout une réflexion sur la condition humaine et les dérives de notre société.
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