Combien de fleurs s'épanouissent loin de tout regard
Et gaspillent leur parfum dans l'air du désert.
- Il faut, dit-il, qu'un homme ait une bien bonne opinion de lui-même pour inviter les gens à quitter le coin de leur feu et à affronter un temps pareil, pour le plaisir de le venir voir. Quelle présomption ! Et quelle folie de se soumettre à ce désir tyrannique. Si par devoir ou par nécessité professionnelle nous étions contraints de sortir par une soirée de ce genre, nous nous trouverions à plaindre à juste titre : pourtant nous voici, vêtus sans doute plus légèrement que de coutume, qui nous mettons en route, de notre plein gré, pour aller passer cinq heures dans la maison d'un étranger avec la perspective de ne rien dire et de ne rien entendre que nous n'ayons dit ou entendu hier, que nous ne puissions dire ou entendre demain. Le temps est déjà mauvais, il sera pire au retour. Quatre chevaux et quatre domestiques mis en branle pour transposer cinq personnages transis dans des chambres plus froides que celles qu'ils quittent !
Dans ce cas particulier, il convenait de tenir compte à M. Elton de la situation particulièrement délicate où il se trouvait : n'était-il pas entouré de la femme qu'il venait d'épouser, de la jeune fille qu'il avait demandée en mariage et de celle qu'on lui avait destinée ? Emma lui reconnaissait volontiers le droit d'être mal à l'aise et de mettre quelque affection à ne le point paraître.
Ma parole, Emma, à vous entendre ainsi déraisonner, j'en viendrais presque à vous croire. Il vaudrait mieux que vous soyez dépourvue d'intelligence plutôt que d'en faire un si mauvais usage.
“Upon my word, Emma, to hear you abusing the reason you have, is almost enough to make me think so too. Better be without sense, than misapply it as you do.”
– Je n’ai pas de succès, murmura Frank Churchill à Emma, ils sont pour la plupart offensés. Je vais m’y prendre mieux : Mesdames et Messieurs, par ordre de Mlle Woodhouse, je suis chargé de dire qu’elle renonce à connaître vos pensées ! Nous sommes sept ici, sans nous compter (Mlle Woodhouse a la bonté d’estimer que j’ai déjà donné la mesure de mon esprit) et elle vous prie de bien vouloir émettre, chacun à votre tour, soit une pensée très spirituelle en vers ou en prose, originale ou répétée, soit deux remarques modérément spirituelles, soit enfin trois bêtises !
– Oh ! très bien, intervint Mlle Bates, je n’ai pas besoin de m’inquiéter : trois bêtises, voilà justement mon affaire ; je suis bien sûre de dire trois bêtises dès que j’ouvrirai la bouche !
Emma ne put résister au plaisir de répondre :
– Pourtant, Mademoiselle, il peut se présenter une difficulté ; permettez-moi de vous faire remarquer qu’en l’occurrence, le nombre est limité : seulement trois bêtises à la fois !
Mlle Bates, trompée par le ton cérémonieux et ironique, ne comprit pas immédiatement ; quand elle saisit l’allusion elle ne se fâcha pas, mais une légère rougeur indiqua qu’elle avait été blessée.
– Ah ! bien. Je vois ce qu’elle veut dire, ajouta-t-elle en se tournant vers M. Knightley, j’essaierai de me taire le plus possible. Je dois être bien insupportable pour qu’elle ait dit une chose pareille à une vieille amie !
Le véritable amour ne coule pas comme un fleuve paisible .
- Combien pratique, dit-il, est l'usage de c es peaux de moutons pour la voiture ; il est impossible de sentir le froid dans ces conditions. L'art de la carrosserie a atteint de nos jours, il me semble, son apogée et on ne peut rien imaginer de plus confortable qu'une voiture de maître du dernier genre ; on est ici si bien à l'abri de toute espèce d'intempérie, si parfaitement calfeutré, que la question de la température devient négligeable.
– Je pose comme règle, Harriet, que si une femme hésite d’accepter les propositions d’un homme, elle doit prendre le parti de les repousser ; si elle ne peut se décider sur-le-champ à dire : « oui », c’est « non » qu’il faut répondre. On ne peut entrer dans l’état de mariage avec des sentiments douteux. J’estime qu’il est de mon devoir, comme votre amie et comme votre aînée, de vous donner cet avertissement, mais ne croyez pas que je veuille vous influencer.
Un jeune fermier à pied ou à cheval est la dernière personne qui puisse éveiller ma curiosité ; il appartient précisément à une classe sociale avec laquelle je n’ai aucun point de contact ; à un ou deux échelons au-dessus, je pourrais remarquer un homme à cause de sa bonne mine : je penserais pouvoir être utile à sa famille, mais un fermier ne peut avoir besoin de mon aide en aucune manière. Chap. 4
L'influence de la vanité sur une cervelle fragile engendre toutes sortes de désastres.