AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,98

sur 3119 notes
💍☕️Emma ou comment passer à deux doigts de l'amour....☕️💍


Emma Woodhouse, 21 ans, est une jeune femme bien née, issue de la bonne société anglaise et ne désirant aucunement se marier. Résidant dans sa belle demeure de Hartfield à Highbury, son quotidien se résume à apaiser les craintes de son père hypocondriaque, rendre des visites de courtoisie à ses voisins. Sa gouvernante, Mrs Weston s'étant mariée Emma s'ennuie et décide de jouer les dames marieuses notamment avec Miss Harriet Smith qu'elle destine à Mr Elton, le vicaire de Highbury. Seulement, Mr Elton, ambitieux et conscient de sa position sociale dédaigne la pauvre Harriet au profit d'Emma...
Malgré les remarques et avertissements de Mr Knightley, l'ami de toujours d'Emma, celle-ci poursuit ses manigances en la personne de Frank Churchill, fils de Mr Weston. Tout cela entraîne des quiproquos et des situations fragiles faisant prendre conscience à Emma de ce qu'est réellement le sentiment amoureux...


Après avoir lu Mansfield Park où j'en étais sortie déçue, je me suis lancé dans la relecture de ce roman au potentiel plus prometteur. Quelle bonne idée !

Dans ce roman, Jane Austen dépeint au travers de son personnage d'Emma les classes sociales aisées de la campagne anglaise et leur manigance afin de ne pas se mélanger au peuple ou à d'autres communs. L'auteur nous relate une vie simple, dans une petite ville loin de Londres où il ne se passe rien. L'arrivée de nouveaux visages, de lettres anime l'atmosphère et apporte du renouveau dans cet environnement tranquille.
La condition de la femme est également mise en avant avec l'obligation pour des femmes de bonne famille sans fortune comme Mrs Weston de se marier avec un homme ne faisant pas de la dot un impératif ou, de trouver à se placer dans une famille comme institutrice (Miss Fairfax).


Pour les sceptiques, Emma n'est pas une simple romance. Non, l'auteure a eu la bonne idée d'intégrer à son roman une intrigue avec des personnages jouant des rôles. Cela donne la sensation de mener une enquête afin de déterminer qui par exemple à acheter un piano à Miss Fairfax, qui a signalé à Mr Churchill que le docteur avait une nouvelle voiture. Ces étranges situations apportent au récit un côté humoristique puisque les personnages se lancent soit dans des théories erronées, soit tentent de se justifier maladroitement.


En ce qui concerne les personnages, le personnage d'Emma est spécial. Autant j'avais trouvé la jeune Fanny Price dans Mansfield Park insipide, autant je trouve Emma par certains côtés énervante. Et je préfère ! Au moins, elle suscite une réaction. Ce personnage au départ est présenté comme imbu de sa personne, persuadé de tout savoir, de tout connaître de la vie, donc de donner des conseils avisés à autrui. Cet aspect est très frappant dans sa relation avec Harriet Smith qu'elle prend sous son aile et la façonne de telle manière qu'elle met en péril son avenir.


💝Pour conclure, Emma fait partie des grands classiques de la littérature anglaise à lire ou relire.💝
Commenter  J’apprécie          2332
C’est l’histoire d’Emma Woodhouse, jeune femme de vingt-et-un ans qui vit seule avec son père dans leur propriété de Hartfields. Sa sœur Isabelle, plus âgée, a épousé John Knightley, dont elle est très amoureuse ; ils ont cinq enfants et vivent à Londres.

Autour de cette famille appréciée de tous gravite Miss Taylor l’ancienne gouvernante d’Emma qui a épousé, à l’instigation de cette dernière, Mr Weston, la jeune femme ayant trouvé dans l’organisation de ce mariage des dons de marieuse qu’elle compte bien réutiliser…

On rencontre aussi Harriet Smith qui devient une amie d’Emma qui veut la faire monter dans l’échelle sociale en lui trouvant un mari de rang plus élevé.

Rajoutons George, le frère de John Knightley, trente-sept ans, Franck Churchill, le fils de Mr Weston, à peu près du même âge qu’Emma, dont l’arrivée est toujours annoncée comme imminente et évoque plutôt l’Arlésienne, Jane Fairfax; un pasteur Mr Elton et nous aurons une petite société fort intéressante vivant dans ce petit village de Highbury.


Ce que j’en pense :


Jane Austen nous dépeint très bien la vie de tous les jours, dans la campagne anglaise, où la principale distraction pour ne pas dire occupation est d’aller chez les uns ou les autres, dîner ou prendre le thé en parlant de la pluie et du beau temps, en prenant bien soin de donner son avis éclairé sur tout.

On prend garde à ne pas s’enrhumer, étant donné la météo, à alimenter la conversation, comme le feu dans la cheminée, en passant par les couvertures dans la voiture. Quand on ne se parle pas, on s’écrit, on se perd en tergiversation pour le moindre petit événement : un piano arrive chez Jane, qui a bien pu l’envoyer ? Dans quel but ? Que cela cache-t-il ?

Bien installée dans son rôle de marieuse qui lui a si bien réussi avec Mme Weston, Emma décide de se remettre à l’ouvrage, en essayant de démontrer à son amie Harriet que le vicaire, Elton est amoureux d’elle, se mettant parfois dans des situations équivoques dont elle a du mal à se sortir. Certes, on aime son enthousiasme, la bienveillance dont elle fait preuve avec son père qui ronchonne tout le temps et n’est jamais content.

Elle est pleine de bonne volonté, intelligente dans sa façon de s’exprimer, de voir les choses quand elle veut bien être de bonne foi. Ce qui donne des joutes verbales avec George Knightley assez agréables, car il n’hésite pas à lui exprimer clairement sa façon de penser.

Elle a décidé de ne pas se marier et de vivre seule, se consacrant à son père. Seulement voilà, elle devient très vite irritante par son snobisme, son esprit de castes, son orgueil aussi qui la pousse à se montrer dure, ironique… Je pense que Jane Austen cherche à la rendre plutôt antipathique au lecteur, en tout cas, elle y parvient très bien…

C’est le troisième roman de Jane Austen que je lis. J’ai bien aimé « Raison et sentiments », de même que « Persuasion ». J’ai eu plus de mal commencer à m’intéresser à celui-ci, car il ya des longueurs, et je n’ai jamais baigné dans l’aristocratie anglaise, donc leurs codes m’irritent un peu, de même que leurs vies étriquées, centrées sur eux-mêmes, (cela leur ferait du bien de travailler un peu quand même…), mais on peut concéder une chose à l'auteure: au moins, à cette époque, les gens se parlaient, ils échangeaient leurs opinions propres, non inspirées des journaux télévisés comme à notre époque. Le stress qui a empli nos vies, ne semblait pas de mise à l'époque, du moins dans la haute société. Était-ce pire qu'à l'heure actuelle, je n'en suis pas sûre...

Les héros ont une certaine culture, ils lisent. Du moins certains. Emma et Jane jouent du piano. Leurs discussions peuvent être intéressantes. Leur côté caricatural s’il heurte au début, les rend attachants et on a une belle description de la société de l’époque, mais aussi de la campagne anglaise, des paysages qu’on visualise sans peine, et comme toujours les thèmes chers à l’auteure sont présents : les sentiments, les émotions, la raison, les préjugés, tout y est très bien analysé.


Cette fois encore, le charme de Jane Austen a fonctionné donc je vais continuer à découvrir son œuvre en gardant « Orgueil et préjugés » pour la fin car j’ai beaucoup aimé le film.

Un pavé de 512 pages qui se laisse dévorer avec plaisir, même si l'on soupire parfois, quand les discussions s'éternisent.

Note : 8,5/10
Challenge Pavés
Challenge 19e siècle
Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
Commenter  J’apprécie          8713
♪ ♫ J'ai l'honneur de ne pas te demander ta main
Ne gravons pas nos noms au bas d'un parchemin ♫♪

Emma Woodhouse est belle, intelligente et riche. Elle n'a que vingt-et-un ans, un beau parti pourrait-on dire... Chut ! Vous n'allez pas commencer... Justement, c'est le sujet du roman.
Elle habite la belle demeure de Hartfield, près du gros bourg de Highbury, - vous voyez où c'est, avec son père âgé, hypocondriaque et veuf, qu'elle adore.
Emma Woodhouse est entourée d'amis et voisins fidèles, tel Mr Knightley, son meilleur ami de seize ans son ainé, propriétaire du riche domaine tout près de là. Il y a aussi son ancienne gouvernante, Miss Taylor, qui vient d'épouser un veuf fortuné, Mr Weston, et puis les Churchill dont le fils Franck vit à Enscombe dans le Yorkshire, mais qui rend visite très souvent à sa mère souffrante...
Emma, persuadée d'être à l'origine du mariage de Miss Taylor et d'avoir des talents d'entremetteuse, décide alors, pour occuper sa solitude, de faire épouser les autres...
Bon, vous remarquerez qu'il n'y a rien de très..., - comment dire les choses de manière élégante et mesurée, rien de très excitant dirons-nous.

Ici c'est une écriture du quotidien qui prévaut, où, a priori, il ne se passe pas grand-chose.
Ainsi, le fait pour une jeune fille d'aller porter une lettre à la poste un jour de pluie devient un événement important, une aventure presque... C'est dire...
Le véritable souci des héroïnes de Jane Austen, - je parle sous votre contrôle car ce n'est que le quatrième roman que je lis de cette autrice, est de trouver le véritable amour, pour elles-mêmes, mais aussi pour les autres. C'est donc ici le cas d'Emma qui se découvre donc des talents d'entremetteuse...
De ce talent qu'elle souhaite cultiver, elle voudrait en faire comme une oeuvre d'elle-même, comme un art, rien de moins... Peut-être qu'elle s'ennuie aussi, pour tout vous dire.
Le jeu du mariage devient presque pour Emma alors un divertissement, une diversion à l'ennui.

Cette fameuse Emma, j'ai commencé tout d'abord par la trouver insupportable. C'est vrai, non ? Elle veut tout régenter autour d'elle, à commencer par vouloir marier tout un chacun.
Alors, elle régente, a le goût de régenter tout le monde, dans sa manière de vouloir préparer des mariages. Elle voudrait réussir le mariage d'une autre, sa toute nouvelle protégée par exemple, la jeune et jolie Harriet Smith, de l'éloigner d'un amour sincère et spontané qu'elle a, pour essayer de la réorienter d'ailleurs de manière assez calamiteuse vers un autre amour...
Harriet, détournée de cet amour sincère et partagée, ses rêves alors ont été brisés. Elle pourrait ne jamais s'en relever... Mais ici le roman ne bifurque pas vers la tragédie, je vous rassure...
Emma ne comprend pas comment elle a pu manquer autant de discernement.
Elle n'a pourtant que vingt-et-un ans et on pourrait penser qu'il serait raisonné qu'elle agisse d'abord pour son propre bonheur, ou du moins pour sa propre destinée...
Elle ne va pas rester sur cet échec...
Elle n'a que ça en tête, le mariage des autres... Les voisins, les amis, tout son entourage... Cela devient compulsif chez elle... Elle songe déjà aux mariages de ses neveux et nièces qui ne sont pas encore nés. On l'écouterait, elle marierait les moutons, les poules, même les insectes alentours tant qu'à faire, si elle le pouvait...
Pourtant Emma est très intelligente, d'une intelligence qui confère presque à la manipulation. Elle oriente, elle détourne...
Mais voilà, Emma n'a que faire du mariage lorsqu'il s'agit d'elle bien sûr. Elle est sous contrôle d'elle-même, en permanence.
« Faites ce que je dis, pas ce que je fais. »
L'amour impliquerait-t-il une perte de contrôle, et si oui, vaut-il la peine d'être vécu, au risque d'y perdre son confort et sa tranquillité ? Ce sont les questions qu'Emma va se poser tout au fil de ce très long roman.
Se marier est-il la meilleure façon de trouver l'amour ? Dans l'univers de Jane Austen, les mariages sont souvent des mariages de raison, ou dit autrement : des mariages d'intérêt.
Mais pourquoi diable Emma Woodhouse se marierait-elle alors ? Elle ne manque pas d'argent, elle est très intelligente, adore son confort, elle a tout ce qu'il faut pour être heureuse. Elle serait alors bien sotte de s'encombrer d'un mari, non ?
Ne dit-elle pas d'ailleurs : « C'est seulement le manque d'argent qui rend le célibat méprisable aux yeux d'un généreux public. »
Elle est très aimée par son père, un père très indulgent. D'ailleurs, ils se ressemblent tous deux. J'ai trouvé qu'il y avait un lien entre l'hypocondrie du père qui cherche à se protéger des microbes de la vie et la manière dont sa fille Emma ne cherche quant à elle qu'à se protéger du sentiment amoureux, comme si c'était là aussi une maladie... Étrange, non ?
Pour Emma, un bon mariage, n'est pas un mariage guidé par la passion.
Ce roman serait-il alors un plaidoyer pour le célibat ?
Emma ne voit rien ne se qui se passe autour d'elle, car sa vanité l'aveugle. Jane Austen la montre pleine de mauvaise foi, elle voudrait tout contrôler et finalement se trompe, s'égare, reconnaît ses erreurs. C'est là que j'ai fini par la trouver attachante...
On s'aperçoit alors qu'elle était sûre d'elle, les stratégies qu'elle avait échafaudées au tout départ ne fonctionnent pas bien, on la croyait très perspicace, elle se trompe sur beaucoup de choses...
Et puis ça se passe presque comme dans un roman policier, on distingue des signes qu'Emma ne voit pas du tout.
En dépit de la manière dont Emma essaie de se tenir hors-jeu, à distance, de se protéger du sentiment amoureux, j'ai été séduit par la manière dont elle s'égare, se trompe... Et c'est comme cela aussi que sa propre histoire se construit... Devient belle... Et fait d'Emma un magnifique personnage de femme indépendante.
Alors, me direz-vous, à quel endroit ai-je commencé à me passionner pour Emma ? Oh la la ! Attention, doucement les amis, pas de passion chez Emma... Mais pourquoi ai-je dis ce mot ? Je vais y venir.
Emma ne va pas rester indemne de tout cela, contrairement à ce qu'elle croit.
Cette peur d'être troublée, d'être atteinte par la passion, d'être touchée par l'idiotie des amoureuses qu'elle côtoie, - tiens, comme Harriet, et qui deviennent bêtement fétichistes... Emma se préserve de tout cela. Veut à toutes forces échapper à cela...
Pourtant, ce n'est pas le manque de passion qui anime Emma, mais plutôt la manière dont elle contrôle ses passions.
Pourquoi ne me suis-je jamais ennuyé dans ce récit ?
C'est une comédie brillante, on est confronté en permanence au suspense, on échafaude des scénarios qui changent sans arrêt.
À un moment donné, toutes les combinaisons apparaissent possibles, probables, où tout pourrait arriver... Même Emma pourrait finalement ne jamais se tromper... Ou bien tomber amoureuse à son tour...
Derrière les apparences, c'est un roman ironique et grinçant, avec de la méchanceté sous la soie, les froufrous et les dorures, de la manipulation, des égarements, des erreurs...

Contrairement à d'autres héroïnes de la littérature classique, je ne tomberai pas amoureux d'Emma Woodhouse, je me mets en retrait pour laisser la place à qui vous savez ; cependant j'ai fini par m'y attacher et m'en faire une amie. N'est-ce pas l'essentiel ?

Et puis Emma à son tour va devenir l'arroseuse arrosée... N'est-ce pas magnifique ?
Commenter  J’apprécie          7426
Emma, c'est l'histoire d'une jeune fille qui a la chance d'être jolie, riche, intelligente et d'avoir un père qui l'adore.
Elle gère le petit univers social du village de Highbury et tout l'intérêt du roman réside dans ce qui arrive quand ses amis ne réagissent pas comme elle l'entend.
Elle se transforme volontiers en « marieuse » et tente d'arranger une alliance pour sa protégée, Harriet Smith, avec deux candidats qui ne font pas du tout l'affaire et reste aveugle à leurs penchants réels.

J'ai assez peu de sympathie pour l'héroïne, prétentieuse et trop gâtée, par contre je me suis régalée à contempler le mode de vie des demeures anglaises, j'ai savouré les descriptions : service en argent, chevaux, apéritifs au salon, toilettes soignées pour les réceptions.
Emma est un roman, toujours élégant, souvent drôle, parfois moralisateur mais il est loin d'égaler pour moi « Orgueil et préjugé » ou « Raison et sentiments ».
Commenter  J’apprécie          690
Ah Jane Austen ! Cette grande dame de la littérature anglaise m'a conquise avec Emma et c'est avec tristesse que je referme le livre que j'ai tant adoré.

Emma, est une jeune femme très attachante et très drôle. Elle vit seule avec son père et se met en tête de marier Harriet Smith. Mais l'amour ne se commande pas toujours et elle va l'apprendre aux fils des pages de cette excellent roman.

Une multitude de personnages se côtoient et se croisent ici, mais on si retrouve bien vite et l'on s'attache forcement a eux. C'est un roman très travaillé, écrit a la perfection avec un style bien unique que je ne peux que vous recommandez.

J'en ai profité pour regarder le mini-série adapté par la BBC en 2009, qui comprends 4 épisodes d'une heure que j'ai adoré également. En même temps, la BBC produit d'excellentes adaptations donc difficile de ne pas aimer.

Tous les acteurs sont excellents, notamment Romola Garai qui excelle dans le rôle d'Emma.

La série est vraiment fidèle au roman et c'est un vrai plaisir de découvrir nos héros a l'écran.
Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
Commenter  J’apprécie          687
Emma est une jeune femme orgueilleuse. Un orgueil dur ; un orgueil de caste. Un orgueil que je qualifierais aussi de féminin et dont notre héroïne tire fierté, s'en drapant comme dans une robe de bal, rehaussant sa personnalité et son caractère clairement affirmé.

Cette nature nous change des autres figures "austeniennes". Emma est différente de toutes les autres : Lizzie, Anne, Catherine, Elinor, Marianne... Emma agace, Emma perturbe et brouille les repères du lecteur. Quel tempérament... pour une femme de cette époque. Tempérament autorisé par l'aisance financière, comme l'affirme la narratrice par le truchement d'Emma elle-même. La fortune, seul gage d'indépendance et d'autonomie d'une femme en ce temps-là.

Mon affection a plutôt été vers les personnages secondaires : Mr Knightley , Miss Bates, Mrs Weston, Miss Smith, tous riches à leur manière de par leur situation, leur caractère et leurs dispositions d'esprit. L'orgueil d'Emma qui, au fil du roman, s'apparente toujours davantage à de la vanité plutôt qu'à de la fierté nous montre un personnage imbu de lui-même mais qui a la force d'aller au bout de ses convictions, de ce qu'il considère comme étant "son devoir envers les autres". Jean de la Fontaine aurait conclu ce récit par l'une de ses célèbres morales, celle de l'arroseur arrosé, qui rend à Emma toute son humanité, la laissant désarmée face à l'imprévu, elle qui avait tant à coeur de tout maîtriser dans son existence.

"Emma" est, je crois, le roman le plus long d'Austen et, à mon sens, le plus fourni parce que le plus complexe. La meilleure adaptation cinématographique (toujours selon moi) de l'oeuvre est celle de Douglas McGrath (1997), très esthétique, et servi par une belle palette d'acteurs tels que Ewan McGregor, Toni Collette, Jeremy Northam, Gwyneth Paltrow et Greta Scacchi.
Commenter  J’apprécie          670
Emma se sent issue d'une longue lignée de filles d'Héra dont le sacerdoce est de protéger la femme en lui concoctant un mariage de raison , suivant la catégorie socialement supérieure du futur mari .

" Et vous oubliez une cause de contentement qui m'est personnelle ; je me flatte , dit Emma , d'avoir contribué à ce mariage que je prévoyais depuis quatre ans . "

Elle est l'instigatrice de l'union de sa gouvernante qu'elle adore , mademoiselle Taylor avec un nanti , monsieur Weston .
Notre damoiselle vit dans un cocon familial où la gentillesse et la tendresse d'un père veuf , mortellement lassant et monotone , aime à la garder célibataire , éternellement à ses côtés .
Les Woodhouse sont parmi les privilégiés de la petite ville de Hightburry dont les habitants sont très casaniers et assez retirés du monde .
Malgré la richesse du domaine paternel , Hartfield , et les avantages d'une classe plus qu'aisée , Emma s'ennuie .

" le splendide isolement auquel sa grandeur la condamnait lui pesait singulièrement . "

C'est pourquoi elle s'invente ce rôle de marieuse ; n'est-elle pas une femme sensible , brillante et charitable ! Encore une fois , elle se mêle et se démène : elle désire tellement apporter le meilleur à sa nouvelle et jeune amie , moins fortunée qu'elle en la rapprochant du vicaire .

" Pour Harriet , au contraire , son amitié serait une protection . Mademoiselle Smith , assurément n'était pas intelligente mais avait une nature douce et était toute prête à se laisser guider . "

Mais elle est tellement imbue d'elle-même qu'elle va commettre une série d'erreurs qui vont lui coûter l'estime de gens chers à son coeur .
" Pauvre petite fille riche " qui paraît bien superficielle alors qu'elle désire le bonheur de son entourage car elle fait partie de ces personnes qui s'imaginent nécessaires à l'union idéale de deux êtres ; de plus , son rang social l'aveugle sur ses droits et devoirs .

Le plaisir de cette intrigue , façonnée d'imbroglios et de malentendus , rehausse les conversations et les discussions insipides , sans queue ni tête , qui abondent dans cette ville écartée de la modernité et qui finissent par lasser .
Aussi le moindre événement pique-t-il d'un léger goût de piment tout habitant et , bien sûr , le lecteur .

L'auteure aborde des thèmes récurrents tels l'amitié , l'amour , l'idéal féminin , le rang social , l'éducation mais aussi avant-gardistes comme l'indépendance de la femme .

" Ne vous tourmentez pas , Harriet , je ne serai jamais une vieille fille pauvre ; et c'est la pauvreté seule qui rend méprisable aux yeux du public l'état de célibat ! Une femme seule avec un petit revenu est assez souvent ridicule ! Mais une femme nantie de bonnes rentes est toujours respectable et rien ne s'oppose à ce qu'elle soit intelligente et aussi agréable que n'importe qui . "

Lecture facile et agréable par édition électronique , grâce à FREDA ; fr.wikisource.org et ebooksgratuits.com .

Commenter  J’apprécie          5711
Tout est bien qui finit bien, et heureusement pour Emma.
Cette jeune fille du début du roman est persuadé de son savoir, de sa bonne foi.... Mais il faut apprendre à compter sur le propre caractère de chacun et de leurs sentiments.
Peu à peu, Emma apprend de ses erreurs et devient une jeune femme accomplie et digne de cette société anglaise si bien décrite par Jane Austen.
On retrouve dans ce roman les personnages, leur caractère, cette obsession du paraître (déjà à cette époque et dans ce milieu social) et de la bonne conduite.
Un régal...
Commenter  J’apprécie          522
Je les vois même les yeux ouverts, les cottages de Highbury et ses routes humides traversant les bois, cette communauté de familles provinciales aisées qui se rencontrent et partagent leurs intrigues et commérages dans un monde fermé. Emma, au centre, jeune femme intelligente, belle, perspicace et détachée qui observe ceux et celles qui l'entourent, s'amusant à créer des couples, les poussant les uns vers les autres, avant d'être prise au piège...

Comme toujours chez Jane Austen, les actes et les attitudes sont bien plus importants que n'importe quelle parole dans cette société aux convenances primordiales. Dans cet univers où tout n'est qu'apparences et bienséance, Emma scrute ce qui se cache derrière, les amours naissantes, les jalousies, les mesquineries. Et se trompe à plusieurs reprises, créant la zizanie dans le coeur de sa protégée, Harriett, jeune orpheline désargentée.
Parmi ces personnages, il y en a d'exécrables, mais entre Churchill et Knightley, j'ai du mal à choisir lequel me plaît le plus!

Dans ce pavé, il y a bien quelques longueurs, voulues, dans les dialogues, mais l'ironie est présente à chaque réplique, et ça rend la lecture bien agréable malgré tout!
Commenter  J’apprécie          510
Toujours à la découverte de Jane Austen et après « Orgueil et Préjugés » et « Mansfield Park », je continue avec « Emma », second livre écrit par l'auteure.
C'est l'histoire d'une jeune fille jolie, riche, intelligente, qui a un père qui l'adore, et qui a eu la chance de naître dans une famille aisée de la bonne société anglaise. Son père, souvent agaçant à mon goût la maintient plus ou moins par son égoïsme comme seule maîtresse de la maison. le vieil homme hypocondriaque et égoïste mène son monde sous sa dépendance, car personne ne veut lui déplaire ou le contrarier. Cela en devient grotesque parfois. Mais je pense que le jeu de Jane Austen est de le rendre surtout très caricatural pour mettre en valeur les autres personnages.
L'intrigue tourne autour des tentatives que fait Emma pour marier ses amis entre eux, et surtout sur sa propension à échouer dans tout ce qu'elle entreprend. Au début de ma lecture, je la trouvais particulièrement agaçante, car se faisant une idée sur tout, elle n'en démordait pas sans se rendre compte qu'elle faisait fausse route sur tout ce qu'elle envisageait dans son esprit. Un esprit encore enfantin et égoïste mais pas méchant, elle pense bien faire.
Sa conscience c'est surtout Mr Knightley, qui essaie de lui ouvrir les yeux sur les erreurs qu'elle commet, mais pour lui aussi ces interventions ne sont pas anodines, car intéressées.
C'est un livre qui je pense nous montre l'évolution d'Emma vers l'âge adulte et la compréhension qu'elle ne peut gérer la vie des autres à leur détriment et par la manipulation. Cela lui servira de leçon et tout se terminera bien dans le meilleur des mondes.
C'est une comédie de moeurs un brin ironique et sarcastique sur les occupations futiles de cette société aisée de l'Angleterre du début du 19ème siècle. On a l'impression que tout ce qu'il se passe en dehors de cette bonne petite ville de Highbury n'existe pas. Et pourtant c'est l'époque où l'Angleterre est en guerre contre la France napoléonienne. Tout semble bien réglé, tout semble immuable de part les amusements, les causeries au coin du feu, et la vie facile de cette société aisée.
De Jane Austen, j'aime beaucoup cette plume libre et très agréable, malgré le style très soutenu qui nous change des narrations modernes. L'esprit met un certain temps à s'y ajuster, mais c'est un vrai bonheur.
Personnellement des trois livres que j'ai lu d'elle, je préfère Orgueil et Préjugés (ma première découverte de Jane Austen), mais je dois dire que j'ai pris beaucoup de plaisir à lire Emma. Je ne saurais m'arrêter en si bon chemin, et je n'ai que l'embarras du choix : Raison et sentiments, Persuasion ou Northanger Abbey.
Commenter  J’apprécie          487




Lecteurs (12020) Voir plus



Quiz Voir plus

Emma de Jane Austen

Emma se lie d'amitié avec une certaine Smith. Comment s'appelle-t-elle?

Jane
Isabelle
Harriet
Caroline

16 questions
82 lecteurs ont répondu
Thème : Emma de Jane AustenCréer un quiz sur ce livre

{* *}