J’ai toujours travaillé dans des carnets. Je préfère le cahier aux feuilles volantes. Tout est contenu, rassemblé dans un même lieu. Le cahier est une sorte de maison pour les mots. Comme je ne tape pas directement à la machine, comme j’écris tout à la main, le cahier devient mon lieu privé, un espace intérieur, je crois. C’est curieux…Évidemment, je finis par utiliser la machine, mais le premier jet est toujours écrit à la main.
La peinture, c’est une autre façon de voir que l’écriture, mais c’est la même activité. (..)
Un tableau génial ne s’use pas. Un bon livre ne s’use pas. Voilà ce que je peux dire. On ne peut jamais en toucher le centre. C’est la raison principale pour laquelle le livre peut être une sorte de défi durant des siècles.
L’être humain renferme de multiples possibilités. Examinons un homme très attentivement, il est habité par tant d’idées, d’opinions, d’actions et de réactions qui se contredisent. Le même évènement, qui la veille encore me semblait tragique, revêt aujourd’hui un caractère des plus comiques, et m’apparaît, le lendemain, comme quelque chose de tout à fait neutre, sans intérêt : il me laisse indifférent. Reconnaître que nous changeons constamment, qu’une sorte de continuum, de flux d’émotions et de pensées, nous anime, voilà peut-être l’origine de toutes les personnalités divisées - doubles, triples - qui parcourent mes livres.
Une oeuvre d’art, ce n’est pas comme une équation mathématique : aucune solution ne doit être trouvée puisqu’il n’y a pas de solution. L’oeuvre est une expérience et l’expérience naît d’un manque de savoir. Ce n’est pas le savoir qui donne le désir de la réaliser mais son contraire. Celui qui a des idées très fixes, rigides, des certitudes, ne peut être un artiste. Faire de l’art, c’est explorer des domaines qu’on ne comprend pas et qui vous échappent.
Paul Auster nous lâche dans le grand bain du livre et nous oblige à nager. Provocateur lucide, il nous rappelle sans cesse que la vie a de ces dérapages étranges que rien n’annonce, qu’on ne maîtrise jamais, qui nous font basculer dans la tragédie ou la comédie, que des espaces inconnus peuvent s’ouvrir sous nos pieds comme des précipices. Il en est le chroniqueur, chroniqueur infidèle de la vie et de ses bouleversements.
On garde quantité de souvenirs qui sont parfois profondément enterrés. C'est le processus de l'écriture qui fait remonter à la surface ces petits morceaux de souvenirs. Mais on n'en est pas conscient . On ne sait pas d'où ils viennent.
Pour écrire, il faut avoir lu beaucoup mais surtout beaucoup vécu. Le talent n'est pas ce qu'il y a de plus fondamental à l'écriture. L'indispensable est le désir, la volonté, le besoin d'écrire. (P. Auster)
Quel chemin prend-on pour devenir soi-même... (P. Auster)
Faire confiance à des sots c'est en définitive se conduire comme un sot. (P. Auster)
Provocateur lucide, il nous rappelle sans cesse que la vie a de ces dérapages étranges que rien d'annonce, qu'on ne maîtrise jamais, qui nous font basculer dans la tragédie ou la comédie, que des espaces inconnus peuvent s'ouvrir sous nos pieds comme des précipices.