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Citations sur Le Carnet rouge (suivi de) L'Art de la faim (26)

Un poète pourrait difficilement se rendre plus invisible que ne l’a fait Reznikoff dans ce livre. Pour trouver une telle approche du réel, il faudrait remonter aux grands prosateurs du début du siècle. Comme dans Tchekhov ou dans les premières œuvres de Joyce, l’ambition est de permettre aux événements de parler par eux-mêmes, de choisir le détail exact qui dira tout, permettant ainsi d’en dire le moins possible. Paradoxalement, se restreindre ainsi demande une ouverture d’esprit dont peu sont capables : la capacité d’accepter ce qui est donné, de rester témoin du comportement humain sans succomber à la tentation de s’ériger en juge.
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Un bon roman policier représente l’une des formes les plus pures et les plus attachantes de l’art du récit. L’idée que chaque phrase compte, que chaque mot peut faire la différence – il en nait un formidable élan narratif. […]
Je suis certainement d’accord que l’écriture romanesque s’est égarée bien loin de ces structures ouvertes, de même que de la tradition orale. Le roman caractéristique des deux cent dernières années est bourré de détails, de descriptions, de couleurs locales – toutes choses qui peuvent être excellentes en soi mais qui n’ont souvent que peu de choses à voir avec le cœur de l’histoire racontée et bloquent parfois l’accès du lecteur à cette histoire. Je voudrais que mes livres ne soient que cœur, que centre, qu’ils disent ce qu’ils ont à dire en aussi peu de mots que possible. Cette ambition me parait si contraire à ce que la plupart des romanciers s’efforcent d’accomplir que j’ai souvent de la peine à me considérer comme un romancier.
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L’image du jeune auteur famélique qui fait son apprentissage à Paris est devenue l’un de nos mythes littéraires les plus durables.
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En un sens, la poésie peut se comparer à la photographie, tandis que la prose ressemble plus au cinéma.
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Ce qu’on éprouve à la lecture d’un poème ne nait pas seulement de chacun des mots qui le composent, mais des interactions entre ces mots – la musique, les silences, les formes.
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L’idée est généralement admise que les romans ne devraient pas pousser trop loin l’imagination. Tout ce qui parait « peu plausible » est nécessairement ressenti comme forcé, artificiel, « irréaliste ». Je ne sais pas au sein de quelle réalité ces gens ont vécu mais en tout cas ce n’est pas la mienne. Paradoxalement, je crois qu’ils ont passé trop de temps à lire. Ils se sont si bien plongés dans les conventions de la fiction soi-disant réaliste que leur sens de la réalité en a été déformé. Dans ces romans, tout est nivelé, dépouillé de sa singularité, emboîté dans un univers prévisible de causes et d’effets. N’importe qui comprendra, à condition d’avoir la curiosité de lever le nez de son livre pour étudier ce qui se trouve effectivement devant lui, qu’un tel réalisme est complétement artificiel. Autrement dit, la réalité est plus étrange que la fiction. Ce que je cherche à faire, je suppose, c’est à écrire une fiction aussi étrange que le monde dans lequel je vis.
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La distance – qui permet au monde d’apparaître – est aussi ce qui nous en sépare et, bien que le corps se déplace interminablement à travers cet espace, comme avec l’espoir de l’abolir, le processus recommence à chaque pas que l’on fait. Nous nous déplaçons vers un point qui recule à l’infini, une destination à jamais inaccessible et, à la fin, ce mouvement en lui-même deviendra but, de sorte que le simple fait d’aller de l’avant constituera une façon d’être dans le monde, alors même que le monde demeure hors de notre portée.
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En décembre 1978, je suis allé par hasard à une répétition publique d’un spectacle de danse dont une amie d’un de mes amis avait réalisé la chorégraphie, et il m’est arrivé quelque chose. Une révélation, une épiphanie – je ne sais pas comment dire. Quelque chose s’est passé, et un monde de possibilités s’est soudain ouvert devant moi. Je pense que c’était l’absolue fluidité de ce que je voyais, le mouvement continu de danseurs qui se déplaçaient sur la scène. Ça m’a rempli d’un bonheur immense. Le simple fait de regarder des hommes et des femmes se déplacer dans l’espace m’a rempli d’une quasi-euphorie.
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En face d’un monde qui dépasse l’entendement, la poésie ne peut faire d’avantage que créer ce qui existe déjà. Mais c’est déjà beaucoup. Car si l’on peut rattraper certaines choses au seuil de l’absence, il y a une chance que, se faisant, on puisse les rendre aux hommes.
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Car la ville moderne est le seul lieu où celui qui voit peut rester invisible, prendre position dans l’espace et néanmoins rester transparent.
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