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Citations sur Le diable par la queue - Pourquoi écrire ? (23)

Les raffineries où nous chargions et déchargions notre cargaison étaient d’immenses structures infernales, des réseaux labyrinthiques de tuyauteries sifflantes et de tours de feu, et quand on se promenait la nuit dans l’une d’elles, on avait l’impression de vivre à l’intérieur de son plus mauvais rêve. En particulier, je n’oublierai jamais les poissons, les centaines de poissons morts irisés qui flottaient sur l’eau rance et saturée d’huile entourant les quais des raffineries. Ils étaient le comité d’accueil standard, le spectacle qui nous souhaitait la bienvenue chaque fois que les remorqueurs nous halaient dans un port. La laideur était si universelle, si profondément liée à l’activité lucrative et au pouvoir que donne l’argent à ceux qui le gagnent – au point de défigurer les paysages, de chambouler complètement l’univers naturel -, qu’elle commença, bien malgré moi, à m’inspirer une sorte de respect. Si on va au fond des choses, me disais-je, c’est à ça que le monde ressemble. Quoi qu’on puisse en penser, cette laideur est la vérité.
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Il ne me semblait pas bien, en principe, qu'un écrivain se réfugie dans une université, s'entoure de trop de gens aux idées semblables aux siennes, s'installe dans trop de confort. Le risque était l'autosatisfaction , et ça, une fois qu'un écrivain y cède, autant dire qu'il est perdu. (p. 11)
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A la fin, les mois que j'ai passés sur ce bateau m'ont paru aussi longs que des années. Le temps passe d'une autre façon quand on est sur l'eau (...)
Aujourd'hui encore, je ne comprends pas bien ce que j'espérais démontrer en m'embarquant ainsi. Me maintenir en déséquilibre, je suppose. Ou, tout simplement, voir si j'étais capable de me montrer à la hauteur dans un monde qui n'était pas le mien. (p. 79)
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Et voilà comment on écrit des livres pour faire de l’argent. Voilà comment on se vend.
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D’abord dans le bar topless, et ensuite tandis que nous remontions Broadway sur près de soixante-dix rues jusqu’à Morningside Heights, il ne cessa de parler comme un moulin, discourant, divaguant, nous cassant les oreilles avec un monologue qui ne ressemblait à rien de ce que j’avais entendu auparavant. C’était le boniment d’un néo-prophète hippie visionnaire, un flot intarissable de paranoïa et d’intelligence,une folle navigation mentale qui rebondissait de réalité en métaphore puis en spéculation avec tant de rapidité et de façon si imprévisible qu’on en restait confondu, incapable de placer un mot. Il était venu à New York en mission, nous déclara-t-il. Il avait quinze mille dollars dans sa poche, et si ses théories concernant ses finances et les structures du capitalisme étaient correctes, il pourrait se servir de cet argent pour abattre le gouvernement américain.
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P19 « La poursuite de l'argent n'a rien à voir avec l'équité. Son moteur est le principe social du "chacun pour soi". Comme pour démontrer l'inhumanité essentielle du marché, presque toutes ses métaphores ont été tirées du règne animal : les loups se mangent entre eux, taureaux et ours, le panier de crabes, la survie du plus fort. L'argent partageait le monde en gagnants et perdants, en nantis et démunis. C'était un excellent arrangement pour les gagnants, mais qu'en était-il des gens qui perdaient ? D'après les évidences qui m'apparaissaient, je croyais comprendre qu'ils devaient être écartés et oubliés. Dommage, bien sûr, mais telle était la règle du jeu. Si on construit un monde assez primitif pour y faire de Darwin le principal philosophe et d’Ésope le plus grand poète, à quoi s'attendre d'autre ? C'est une jungle tout ça, n'est-ce-pas ? Il n'y a qu'à voir ce lion de Dreyfuss qui se balade en plein milieu de Wall Street. Le message pourrait-il être plus clair ? C'est la loi de la jungle, mon ami, et si vous manquez d'estomac, mieux vaut vous tirer de là tant que vous le pouvez encore. »
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P11 « Il ne me semblait pas bien, en principe, qu'un écrivain se réfugie dans une université, s'entoure de trop de gens aux idées semblables aux siennes, s'installe dans trop de confort. Le risque était l’autosatisfaction, et ça, une fois qu'un écrivain y cède, autant dire qu'il est perdu. »
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Sorti de l'enfance, pas encore adulte, on est ballotté d'avant en arrière entre celui qu'on était et celui qu'on deviendra bientôt. Pour ma part, j'étais encore assez jeune pour penser j'avais un espoir légitime de jouer en Major League, mais assez vieux pour douter de l'existence de Dieu. J'avais lu le Manifeste du parti communiste, et pourtant j'aimais encore regarder les dessins animés du samedi matin. Chaque fois que j'apercevais mon visage dans un miroir, j'avais l'impression de voir quelqu'un d'autre.
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Du moment qu'on a un crayon dans sa poche, il y a de fortes chances pour qu'un jour ou l'autre on soit tenté de s'en servir.
Et je le dis volontiers à mes enfants, c'est comme ça que je suis devenu écrivain. (Excipit de Pourquoi lire? , p.174)
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Arrivé à un certain moment de sa vie, on s'aperçoit qu'on passe ses journées en compagnie des morts autant qu'en celle des vivants. (p.121)
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