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3,54

sur 522 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« Comme tout cela va vite. Hier enfant, aujourd'hui vieillard, et d'alors à maintenant, combien de battements de coeur, combien de respirations, combien de mots prononcés et entendus ? Touchez-moi, quelqu'un. Posez la main sur mon visage et parlez-moi... »


Roman du désespoir ? Roman de la solitude ?
Non, roman de la lucidité.


August Brill se sent seul dans le noir. Handicapé suite à un accident de voiture, veuf depuis peu, il n'arrive pas à dormir. Et il s'invente des histoires. Dont celle d'un certain Brink qui se trouve happé dans un monde parallèle, cauchemardesque, créé de toutes pièces par un écrivain.
Brill n'est pas le seul à être seul dans le noir. Sa fille Myriam et sa petite-fille Katya vivent avec lui ou plutôt essaient de revivre avec lui. Car elles aussi fraient avec le désespoir. L'une est divorcée, l'autre a perdu son ex-amoureux qui s'est engagé en Irak.
Tous les trois se débattent comme ils peuvent, taraudés qu'ils sont par le sentiment de culpabilité et de perte.
Seuls face à eux-mêmes.
Mais l'espoir est là, quand même, grâce à l'écriture, grâce au cinéma, grâce à la franchise aussi.
Pas de langue de bois chez Paul Auster. du rude, du pur, du vrai.


Une fois de plus, Paul Auster m'emmène dans des régions où parfois je rechigne à aller, car j'ai peur. Peur de la solitude, peur du noir, peur de la culpabilité, peur de me retrouver face à moi-même.
Et pourtant...que cela fait du bien. A creuser ainsi jusqu'au fond de son être, on se retrouve et on s'aime à nouveau. On aime la vie telle qu'elle est, avec ses problèmes et ses redditions, ses lâchetés et ses hurlements.
Et pourtant, « ce monde étrange continue de tourner »...
Oui, Paul Auster me transporte. Une fois de plus.
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J'étais au volant de ma voiture, je traversais un bois, une grande ligne droite et soudainement les couleurs me sont apparues défraîchies. Dix minutes plus tôt, chez moi, au calme, je lisais Seul dans le noir, et puis il faut bien aller travailler. On vérifie que tout est fermé, on a bien les clefs, et on court se mettre au volant. On roule par automatisme et.... C'est là que tout c'est produit. « C'était comme si on entrait dans un rêve, n'est-ce pas ? le même endroit, mais tout est différent. » Je perdais mes repères. J'avais dévoré une série de romans où je plongeais dans des mondes parallèles, la Londres d'En Bas découverte avec Richard, le Londres magique et déroutant avec Doyle, et je me retrouve à ne plus savoir où je vais. Auster m'achève, me suis-je dit. Il venait avec maestria de me transporter ...ailleurs. Seulement quelques pages et je me demandais : « Sommes-nous, oui ou non, dans le monde réel ? » Je voulais le continuer mais... l'heure c'est l'heure. Un arrêt brutal de la lecture peut entraîner des effets néfastes. Je ne le savais pas encore. Pas encore à quel point, et ce chemin allait tout changer. Je comprenais enfin. « Si je me mets dans l'histoire, l'histoire devient réelle. Ou bien c'est moi qui deviens irréel, une création supplémentaire de mon imagination. » Alors je pose fermement mes deux mains sur le volant et je maintiens ma vitesse. Malgré tout, les lieux continuent à perdre de leur intensité, l'angoisse m'étreint et mon humeur devient « aussi sombre que la nuit d'obsidienne qui m'entoure. » Un bruit de klaxonne me ramène à la couleur. Je me rabats sur le côté, secoue la tête. Encore une fois « mon omniprésente absente » me sauve. L'épisode se termine plutôt bien car tout reprend forme et aspect habituel. Il ne faut pas arrêter trop vite un roman de Paul Auster, pour un toxico le manque crée des turbulences affreuses.

« (...)  on comprend que les possibilités les plus affreuses de l'imagination sont le pays dans lequel on vit. »
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Trois âmes en peine cohabitant dans la maison familiale du Vermont. Trois générations qui chacune et ensemble mêlent leur peine et leur espoir. Trois coeurs déchirés dont l'amour filial aura raison de leurs cauchemars et leurs insomnies.

Le grand-père, August Brill, écrivain renommé, a perdu Sonia, la femme de sa vie. Il en passera de longues nuits, seul dans le noir, à s'inventer des histoires, à créer des mondes parallèles dans lesquels le héros, dont il n'est que le double, s'enlise dans une drôle de guerre qu'il ne comprend pas et chargé d'une étrange mission.
Sa fille Myriam semble s'être retirée du monde après un divorce dont elle ne se remet pas. L'écriture, peut-être, la sauvera.
Katya, la petite-fille, passionnée de cinéma, la plus meurtrie peut-être; ayant rompu avec son ami, celui-ci partira pour Bagdad et connaîtra une fin aussi prématurée que violente. Accablée de culpabilité, Katya se rapprochera de son grand-père.

La plume de Paul Auster m'enchante. Fluide, douce et recherchée. Elle colle parfaitement avec son univers un peu décalé.
Chouette, j'ai encore quelques livres de l'auteur qui m'attendent !
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August Brill, 72 ans, installé chez sa fille et sa petite-fille, vit une de ses nombreuses nuits d'insomnie.
S'entremêlent et se succèdent les souvenirs, la vie actuelle, l'invention d'une histoire, les films vus avec sa petite-fille........
Qui n'a jamais vécu d'insomnie ne peut apprécier le réalisme de ce récit.
J'ai beaucoup beaucoup aimé.
L'écriture de Paul Auster est incomparable.
Quelle maîtrise, quelle intelligence, quelle subtilité
J'ai vraiment passé la nuit avec August, ressenti les heures qui passaient, la pensée qui s'échappait,
L'ambiance de sa chambre et des heures qui s'égrainaient était palpable.
J'ai aimé sa vie.
Sa solitude est là, comme celle de sa fille, comme celle de sa petite-fille.
Mais par la force de leur amour réciproque, ce n'est pas une solitude triste.
C'est la solitude qui est en chacun de nous.
Paul Auster est un véritable magicien des ambiances, des destins, des trajectoires.....
Il connaît et décrypte l'âme humaine comme personne.
Que ce livre m'a fait du bien !
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Owen Brik vit dans un monde où le 11 septembre n'a pas eu lieu. Les tours jumelles du World Trade Center se dressent toujours aussi majestueusement et fièrement dans le ciel de New York, la guerre en Irak n'existe pas et George W. Bush est malgré tout président des États-unis d'Amérique. Brik porte le grade de caporal, du moins ce sont les insignes portés sur sa jaquette, et se réveille un matin au fond d'un trou, dans un endroit inconnu, en lieu et place de sa couche auprès de sa femme.

August Brill est un critique littéraire à la retraite, contraint à l'immobilité d'une chaise roulante. Il vit dans le Vermont chez sa fille Miriam, qui ne s'est toujours pas remise d'un divorce vieux de 5 ans. Sa petite-fille Katia est venue les rejoindre, suite au décès traumatisant de son ex-boy-friend parti à Bagdad, une mort atroce sous les caméras de terroristes irakiens. le jour, August et Katia passent leur temps à visionner de vieux films en noir et blanc, pour voir le temps défiler, pour éviter de penser à leur malheureuse destinée. Souffrant d'insomnies chroniques, August Brill passe ses nuits, seul dans le noir, à se conter des histoires. Il s'invente de petits scénarios, imagine de nouvelles vies, crée des personnages en mêlant fiction et réalité.

Owen Brik, notre jeune caporal, se demande ce qu'il vient faire dans cette histoire. Il ne comprend pas ce qu'on lui demande, ni pourquoi certains états ont fait sécession et que la guerre civile à éclater entre certains États. Il avance dans cette terre devenue inconnue, sans repère, se demandant à qui faire confiance. Il est perdu dans ce nouveau monde dévasté. Il s'interroge sur son existence. Il a beau cherché des solutions, il n'arrive toujours pas à déchiffrer les attentes de gens qu'il croise, et parmi ces derniers il fait même la connaissance de son premier amour de jeunesse, une idylle d'adolescent.

Cette nuit, August Brill n'arrive toujours pas à s'endormir. Il sait que sa fille ne dort pas non plus, fatiguée de l'existence, elle qui ne fait que vivoter à ses côtés. Il entend sa petite fille, elle aussi réveillée, qui a « cessé » de vivre pleinement depuis la mort de son ami. Ces trois générations, meurtries par des blessures irréversibles, se retrouvent ensemble pour s'entraider ; leurs liens se resserrent afin de continuer à survivre, l'amour entre les générations est le seul état rationnel de ce monde-ci pour subsister, continuer à espérer et petit à petit sortir de cet état moribond. August se retourne dans son lit, mais le sommeil ne vient pas. Il ne faut surtout pas qu'il pense à la vie, sous peine de perdre totalement l'envie de dormir, de passer une énième nuit blanche, dans le noir. Alors, il a imaginé une nouvelle vie, l'histoire d'un caporal du nom d'Owen Brik perdu dans un monde parallèle.

Les fictions de Paul Auster sont, pour moi, toujours d'un excellent cru. Bien entendu, j'ai mes préférés, celles que j'ai lues à plusieurs reprises, celles que je sais qu'elles subiront une nouvelle relecture, celles que je garde précautionneusement sur une étagère de ma bibliothèque, à l'abri de la poussière, celles dont je suis tenté de caresser la couverture et de sentir l'odeur du souvenir. Rarement déçu, de temps en temps légèrement désappointé, mais le plus souvent enthousiasmé. Ce dernier Auster ne déroge pas à ma règle : une lecture plaisante, deux histoires qui s'entremêlent et s'entrechoquent dans la cruauté d'un monde actuel et fictif. Aucune raison, en somme, de le bouder. J'ai même subitement l'envie de visionner moi-même quelques vieux films de Yasujiro Ozu...
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Depuis un accident de voiture qui l'a laissé très diminué, August Brill vit chez sa fille Myriam qui peine à se remettre de son divorce. Avec eux vit Katya, la fille de Myriam, qui ne se pardonne la mort de son ex-copain en Irak. Torturé par des douleurs intenses et par un esprit jamais en repos, August dort peu. « C'est ce que je fais quand le sommeil se refuse à moi. Couché dans mon lit, je me raconte des histoires. » (p. 12) Il invente un personnage, Owen Brick, catapulté dans une Amérique alternative où les tours jumelles n'ont jamais été détruites, où le conflit en Irak n'existe pas, mais où les États-Unis sont ravagés par une guerre civile. Comment et pourquoi la grande nation américaine en est-elle arrivée là ? Mystère. « Personne ne s'engage. Mais c'est comme ça. Tu vis ta vie et, d'une minute à l'autre, te voilà dans la guerre. » (p. 18) À mesure que Brill invente son histoire, Brick découvre que sa mission dans cette Amérique parallèle consiste à tuer le responsable du conflit civil. « L'histoire est celle d'un homme contraint à tuer l'individu qui l'a créé, et à quoi bon prétendre que je ne suis pas cet individu ? Si je me mets dans l'histoire, l'histoire devient réelle. Ou bien c'est moi qui deviens irréel. » (p. 107) Entre monde réel et monde imaginé, la frontière s'affine : les deux univers se rejoindront-ils ?

J'ai vraiment apprécié les deux premiers tiers du roman qui entremêlent les deux récits. J'aime toujours une mise en abyme quand elle est réussie. Ici, c'est le cas et chapeau bas à Paul Auster pour la finesse avec laquelle il entreprend cet exercice d'équilibre souvent casse-gueule. « Ce que vous dites, c'est que c'est une histoire, que quelqu'un écrit une histoire et que nous en faisons partie. » (p. 19) le dernier tiers m'a moins enchantée : on se concentre sur August Brill et son histoire d'amour avec sa première épouse, Sonia. Déçue de quitter le double monde, je comprends tout de même qu'une partie du sens de ce roman est qu'il ne faut pas négliger la vie ordinaire au profit des fantasmagories.

Je suis rarement déçue par Paul Auster. Ici, cette lecture ne souffre que d'un infime bémol, l'ensemble est très réussi, à la fois divertissant et profond.
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Un homme, insomniaque, dans une maison, réfléchit.

A l'étage, se trouvent, chacune dans leur chambre, sa fille – presque la cinquantaine et qui n'arrive pas à surmonter son divorce et sa petite-fille de 25 ans, dont on apprend que le petit ami vient de mourir.

Lui est écrivain et écrit actuellement une étrange histoire où un magicien est propulsé dans un univers parallèle pour tuer le responsable d'une guerre aux USA.

Au départ on suit simultanément les deux histoires, l'insomniaque se remémore sa vie avec Sonia, chanteuse lyrique, leur séparation, leurs retrouvailles dix ans plus tard. Owen Brick, le jeune homme, plongé dans un univers alternatif en 2007, comprend peu à peu l'uchronie dans laquelle il a été précipité, il est chargé d'une mission horrible qu'il ne peut cautionner.

J'ai lu beaucoup de livres de Paul Auster et celui ci m'a passionné : il y est fait référence au pouvoir des histoires, aux chemins que peut prendre la vie, à la présence de personnes aimées pour qui on a envie de vivre.

Il y a beaucoup de digressions (le cinéma, la guerre en Irak, la famille…), je n'ai pas toujours compris où l'auteur a voulu emmener ses lecteurs mais j'en sors charmée, comme envoûtée par certaines images que l'auteur a su effleurer ou convoquer…
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Il n'a pas envie de vivre cette vie-ci, alors il s'en invente une autre, quitte à se retrouver face à l'imminence de son propre assassinat dans un univers où les choses se passent différemment : une Amérique d'avant l'Irak ravagée par la guerre civile, dans un monde parallèle avec un dénommé Owen Brick marié à une Flora et une Virginia, un amour de jeunesse qui a surgi subrepticement de ses souvenirs les plus intimes... Voilà ce que fait August Brill qui habite avec sa fille Miriam et sa petite-fille Katya au cours de ses nuits d'insomnie pour échapper à la douleur de vivre et à son impuissance face au désarroi de ses proches et aux désastres de la grande Histoire. Et soudain — on ignore comment on en est arrivé là — tout s'embrouille on ne sait plus ce qui est réel, ce qui est fictif… car « réel et imaginaire ne font qu'un. Les pensées sont réelles, même les pensées imaginaires. »
C'est tout l'art du romancier dans ces quelques mots qui nous fait voyager dans un chassé-croisé vertigineux entre passé imaginaire et présent. Ce passé improbable ou ce monde fictif est aussi prégnant que ce réel qu'on a du mal à rendre supportable sauf en s'inventant des histoires, à moins qu'un regard de bienveillance se propose d'en extraire les plus beaux moments comme ceux par exemple où l'amour a triomphé de l'adversité…
Encore une fois, Paul Auster m'emmène là où il veut : il n'y a que lui pour réussir cet exploit…
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Quand je ne trouve pas le sommeil, j'imagine aussi des histoires dans ma tête. Il m'a donc été très facile de m'identifier au personnage principal du livre.
J'ai aimé la façon dont il racontait les films, la relation au livre, la relation au cinéma, le passé...
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Paul Auster est un écrivain que j'admire et ce titre m'en confirme les raisons.
Je n'ai lu qu'une petite partie de ses romans (image 2 ), mais je garde en tête son talent de conteur, sa capacité à nous accrocher, sa manière de mêler des thèmes multiples, de créer des univers inimitables, de bâtir des personnages solides, ainsi que la profondeur et la finesse de ses réflexions.
Seul dans le noir se montre riche de tous ces ingrédients, alors que le pitch n'a rien d'excitant : August Brill, veuf, 72 ans, handicapé suite à un accident de voiture, vit chez sa fille Miriam, 47 ans, divorcée, en compagnie de sa petite-fille, Katya, 23 ans, elle aussi esseulée ; et l'on va vivre, sur 180 pages, une nuit complète d'insomnie du vieil homme, seul dans le noir, dans son lit.
À partir d'une telle situation, Auster parvient à nous offrir toutes les qualités décrites plus haut. On suit ainsi son protagoniste (sans sortir de son lit), dans divers lieux du Nord-est des États-unis, ainsi qu'en Europe et... dans un monde parallèle.
On le voit mêler ses souvenirs et des histoires qu'il s'invente pour faire passer le temps jusqu'à l'aube. Et l'on voit filer les pages à grande vitesse, pris dans le flux complexe de ces intrigues disparates et pourtant agencées avec fluidité, sans un mot de trop et surtout sans aucune couture visible entre les scènes (une preuve de talent) et dans un style vif et limpide.
Au fil des ruminations et inventions de son August, Paul Auster nous invite, l'air de rien, à nous poser quelques questions cruciales, pour lesquelles il n'impose pas sa vision, mais plutôt un échantillonnage de réponse, avec la possibilité d'imaginer les nôtres.
Libre-arbitre, responsabilité d'une personne dans le destin (heureux ou tragique) d'une autre, deuil, regret, remords, espoir, liens familiaux sont au menu. Mais la création littéraire n'est pas oubliée, puisqu'Auster évoque les intrications entre fiction et vécu, ainsi que les rôles différents que nous laissent les divers types d'expression, notamment films et romans.
Un vrai bijou, ce Seul dans le noir !
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