Citations sur Amkoullel, l'enfant Peul (90)
On peut vaincre physiquement son ennemi et le réduire en esclavage, mais on ne pourra jamais domestiquer son âme et son esprit au point de l'empêcher de penser.
"O Koniba Kondala, ajouta-t-il, il t'arrive avec Amkoullel ce qui arrive à un homme mal-intentionné qui se couche sur le dos et pisse en l'air pour essayer de salir le ciel. Non seulement son urine n'atteint jamais son but, mais finalement c'est sur son propre ventre qu'elle retombe."
Ne dit-on pas en effet que les pleurs, les larmes et les cris empêchent le défunt de dormir en paix et l'entravent dans son ascension, lui rappelant ses attachements et les émotions dont il doit parvenir à se libérer? C'est pourquoi il est conseillé, en milieu musulman, de prier pour un disparu, non avec des larmes mais avec un coeur empli de paix, d'amour et de confiance.
Mon père restait imperturbable. "Mais enfin, Tidjani, s'étonnant le commandant, dis-moi pourquoi ni mauvaise nouvelle ni mauvais traitement n'ont de prise sur toi.
- Mon commandant, on ne peut n'annoncer une nouvelle plus grave que celle que le destin m'a assignée au jour de ma naissance en me disant : "Tu es entré dans une existence dont tu ne sortiras pas vivant, quoi que tu fasses", et nulle force humaine ne pourra jamais me loger plus étroitement sur cette terre que je ne le serai dans ma propre tombe. C'est pourquoi aucune nouvelle ne peut m'assombrir. J'ai appris à voir venir la mort avec le même calme que je vois tomber la nuit quand le jour décline. À chaque réveil, je me considère comme un condamné en sursis. Mais je ne suis pas pessimiste pour autant, mon commandant, et je ne serais nullement surpris si, un jour, je redevenais le grand chef que j'ai été. La vie est un drame qu'il faut vivre avec sérénité."
Chaque fois, Anta N'Diobdi répondait avec hauteur : "Je ne me marierai jamais avec un homme dont les mains ont été noircies et empuanties par de la poudre à fusil, et qui de surcroit est un poltron. Seul un poltron peut accepter de se battre avec un fusil. Se cacher derrière un arbre et tuer à distance, ce n'est pas se battre! La bravoure, c'est le combat à la lance ou au sabre, les yeux dans les yeux, poitrine contre poitrine! Je n'accepterai pour époux qu'un homme qui ne s'est jamais servi d'un fusil. D'ailleurs dans l'initiation féminine peule, je suis «Reine de lait», et le lait et la poudre ne vont pas ensemble. La poudre salirait mon lait..."
L'homme, dit-on chez nous, n'est qu'un semeur distrait, alors que la mère est considérée comme l'atelier divin où le créateur travaille directement, sans intermédiaire, pour former et mener à maturité une vie nouvelle. C'est pourquoi, en Afrique, la mère est respectée presque à l'égal d'une divinité.
On peut vaincre physiquement son ennemi et le réduire en esclavage, mais on ne pourra jamais domestiquer son âme et son esprit au point de l'empêcher de penser.
Jadis, dans l'Afrique de la savane - la seule dont je puisse parler véritablement parce que je la connais bien - n'importe quel voyageur arrivant dans un village inconnu n'avait qu'à se présenter au seuil de la première maison rencontrée et dire : "Je suis l'hôte que Dieu vous envoie" pour qu'on le reçoive avec joie. On lui réservait la meilleure chambre, le meilleur lit et les meilleurs morceaux. Souvent même, le chef de famille ou le fils aîné lui abandonnait sa propre chambre pour aller dormir sur une natte dans le vestibule ou dans la cour. En échange, l'étranger de passage venait enrichir les veillées en racontant les chroniques historiques de son pays ou en relatant les événements rencontrés au cours de ses pérégrinations. L'Africain de la savane voyageant beaucoup, à pied ou à cheval, il en résultait un échange permanent de connaissances de région à région.
Une entreprise de colonisation n'est jamais une entreprise philanthropique, sinon en paroles.
Ce grand lac, situé dans le delta de la boucle du Niger un peu avant Niafounké, était réputé non seulement pour ses poissons, mais aussi pour les innombrables oiseaux de différentes espèces, qui, une fois l'an, venaient du monde entier pour s'y réunir et y caqueter à plaisir, en une sorte de grand Unesco volatile....