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EAN : 9782020056571
254 pages
Seuil (18/05/2004)
4.28/5   58 notes
Résumé :
Au début de ce siècle, au coeur de l'Afrique, au Mali, la lumière de Dieu a brillé sur un homme : Tierno Bokar, que l'on appelait le Sage de Bandiagara.
Cheikh de la confrérie soufi Tidjaniya, Tierno Bokar fut une pure et haute figure non seulement de l'Islam en Afrique noire, mais de la spiritualité universelle. Sa vie est retracée d'abord dans ses lieux et dans son contexte politique et religieux pour situer la parole et l'enseignement du Maître, qui font l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Grâce à ce livre le Sage de Bandiagara, nous connaissons un peu mieux Tierno Bokar.

Cet ouvrage ne sera publié qu'en 1957, mais Théodore Monod aura eu la joie de connaître personnellement le «Sage de Bandiagara» avant sa mort.

Il dira, en 1943, à son propos :

«C'est une grande joie pour le chercheur sincère et sans doute un des rares motifs qui lui reste de ne pas désespérer entièrement de l'être humain, que de retrouver sans cesse, dans tous les temps, dans tous les pays, chez toutes les races, dans toutes les religions, la preuve de cette affirmation de l'Écriture : «L'Esprit souffle où il veut.»
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Ce livre est organisé en 3 parties : la vie, la parole et l'enseignement du sage Tierno Bokar.
La première partie, bien que très concrète est restée un peu trop pointue pour moi: difficile de se retrouver dans diverses ethnies et mouvances religieuses en tant que novice. La troisième partie (plus courte) est aussi très précise. En revanche la seconde partie qui retrace la parole de Tierno Bokar à travers des mises en situation de sa vie quotidienne m'a semblé lumineuse: un modèle d'ouverture, de tolérance et de non-violence à partir de l'enseignement de l'islam.
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Ce livre, je l'avais depuis un bon bout de temps sur ma pile de livres à lire. Il m'appelait, mais je reportais toujours sa lecture...
Je m'y suis enfin plongée et je crois que c'était le bon moment. Alors que le monde entier a peur de la montée du terrorisme et que beaucoup font l'amalgame entre Islam et terrorisme, Hampaté Bâ nous écrit une belle leçon de tolérance complètement basée sur le Coran.

J'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce livre car il m'a à la fois plongée dans le monde malien du début du siècle, mais aussi parce qu'il est rempli de messages d'amour et de tolérance, et finalement parce qu'il permet aux non initiés d'un peu comprendre le monde musulman.
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Un livre de tolérance
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Un livre spirituel que j'offre régulièrement par le sage de Bandiagara , disciple de cheikh Hamallah ( hamallisme) sous forme de paraboles imagées issues du Coran, A.H Ba évoque le Bien et le Mal, les relations humaines, la nécessité de vivre en harmonie avec ses semblables
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Pour Tierno Bokar, on l'aura compris, il n'existait qu'une seule Religion, éternelle, immuable dans ses principes fondamentaux, mais pouvant varier dans ses formes d'expression pour correspondre aux conditions du temps et du lieu de chaque Révélation. Cette Religion primordiale était, pour lui, comparable à un tronc dont les religions historiques connues seraient sorties comme les branches d'un arbre.

C'est cette Religion éternelle qui a été enseignée par tous les grands Envoyés de Dieu et modulée en fonction des nécessités de chaque époque. Mais trop souvent la plupart des hommes n'en ont saisi ou retenu que les formes extérieures au nom desquelles ils se sont opposés les uns aux autres.

Une telle conception est conforme à l'enseignement même du Coran qui met l'accent sur l'unité de la Révélation divine à travers le temps:

« Dites: Nous croyons en Dieu, à ce qui nous a été révélé, à ce qui a été révélé à Abraham, à Ismaël, à Isaac. à Jacob et aux tribus à ce qui a été donné à Moïse et à Jésus à ce qui a été donné aux prophètes de la part de leur Seigneur. Nous n'avons de préférence pour aucun d'entre eux et nous nous soumettons à Dieu. »

(Coran II, 130.)

« Certes, ceux qui croient, ceux qui pratiquent le Judaïsme, ceux qui sont Chrétiens ou Sabéens, ceux qui croient en Dieu et au dernier-jour, ceux qui font le bien, voilà ceux qui trouveront leur récompense auprès de leur Seigneur. Ils n'éprouveront plus alors aucune crainte, ils ne seront pas affligés. »

(Coran Il, 59.)

« Oriente ta face vers la Religion pure,
la religion de la fitrat (nature primordiale originelle)
par/pour laquelle Dieu a créé les hommes.
Point de changement dans la création de Dieu.
Voilà la religion immuable,
mais la plupart des hommes ne le savent pas. »

(Coran III, 29.)

« Ô Envoyés de Dieu (... ) votre religion (dîn) est Une.
Je suis votre Seigneur, craignez-moi. »

(Coran XXIII, 51 s.)

Ce qui varie dans les diverses formes de La Religion - car il ne peut y avoir qu'une Religion - ce sont les apports individuels des êtres humains interprétant la lettre dans le louable dessein de la mettre à la portée des hommes de leur temps.

Quant au principe même de la religion, c'est une étincelle pure, purificatrice et invariable dans le temps comme dans l'espace, étincelle que Dieu insuffle dans l'esprit de l'homme en même temps qu'il le doue de la parole.

Il faudrait donc, contrairement à ce qui se passe, non pas s'étonner de rencontrer la richesse spirituelle chez le représentant d'une peuplade considérée comme arriérée, mais être troublé de ne pas la rencontrer en un individu civilisé qui a tant œuvré pour faire évoluer sa vie matérielle.
(...)
Dans son Essence, la Foi est une, quelle que soit la religion qui l'exprime. Mais dans ses manifestations elle présente, nous l'avons vu, trois états essentiels: solide, liquide, gazeux. La foi est l'essence de la religion, laquelle est comparable à une atmosphère entourant un univers peuplé de trois catégories d'hommes: une masse crédule; des prédicateurs aveuglés par des luttes de clocher; enfin, des initiés qui ont trouvé Dieu et l'adorent en vérité et en silence. (pp. 153-155)
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L'amour de Tierno Bokar pour les hommes dépassait largement le cadre de son groupe confessionnel, il s'étendait à l'ensemble du genre humain. Mieux, il débordait cet ensemble pour embrasser la création tout entière, jusqu'aux plus humbles des créatures de Dieu.

Un jour de cette année 1933 que je passai auprès de lui, il était assis dans la case où il devait mourir sept ans plus tard. S'adressant aux aînés de ses élèves, il développait la signification ésotérique du chapelet Tidjani. Nous étions tous sous le charme. A l'extérieur, le vent soufflait. Il faisait courir le sable dans la cour et retroussait les plumes du coq qui s'obstinait près du pilon. Une rafale plus violente ébranla la charpente. Sous le choc, un nid d'hirondelle, qui était situé en équilibre en haut du mur, sous l'avancée du toit, s'entrouvrit. Un poussin tomba en piaillant. Nous lui jetâmes un regard indifférent ; l'attention de l'auditoire n'avait pas faibli un instant. Tierno termina sa phrase, puis se tut. Il se dressa, promena un regard attristé sur ses élèves et tendit les doigts, qu'il avait longs et fins, vers le petit oiseau :

- Donnez-moi ce fils d'autrui.

Il le prit dans ses mains réunies en forme de coupe. Son regard s'éclaira :

- Louange à Dieu dont la grâce prévenante embrasse tous les êtres ! dit-il.

Puis, déposant l'oisillon, il se leva, prit une caisse et la posa au-dessous du nid. Il sortit et revint peu après. Entre ses doigts, nous vîmes une grosse aiguille et un fil de coton. Il monta sur la caisse, déposa le petit d'hirondelle au fond du nid qui s'était déchiré et répara celui-ci avec le même soin qu'il mettait autrefois à broder les boubous. Puis il redescendit et reprit sa place sur la natte. Nous attendions impatiemment la suite de sa leçon ; mais au lieu de reprendre le chapelet qui servait de base à ses explications, il le laissa de côté. Après un moment de silence, il s'adressa à nous :

« Il est nécessaire que je vous parle encore de la Charité, dit-il, car je suis peiné de voir qu'aucun de vous n'a suffisamment cette vraie bonté du cœur. Et cependant, quelle grâce ! ... Si vous aviez un cœur charitable, il vous eût été impossible d'écouter une leçon, portât-elle sur Dieu, quand un petit être misérable vous criait au secours. Vous n'avez pas été émus par ce désespoir, votre cœur n'a pas entendu cet appel ... Eh bien ! mes amis, en vérité, celui qui apprendrait par cœur toutes les théologies de toutes les confessions, s'il n'a pas de charité dans son cœur, il pourra considérer ses connaissances comme un bagage sans valeur. Nul ne jouira de la rencontre divine s'il n'a pas de charité au cœur. Sans elle, les cinq prières ne sont que des gesticulations sans importance ; sans elle, le pèlerinage est une promenade sans profit. »

La scène de ce jour-là s'est gravée à tout jamais dans ma mémoire. Je le revois encore, dressé dans son tourtil blanc, réparant délicatement la demeure de ce « fils d'autrui » dont nous n'avions pas su entendre l'appel, tout préoccupés que nous étions de nous-mêmes.

D'une manière générale, il nous enseignait de ne jamais tuer un animal sans nécessité, fût-ce un simple moustique. Pour lui, la nature entière, animaux et végétaux compris, devait être respectée car elle était non seulement notre Mère nourricière, mais encore le grand Livre divin où tout était symbole vivant et source d'enseignement. (pp. 160-162)
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– Les enfants d’un même père, pour être différents physiquement, en sont-ils moins frères et fils légitimes de leur géniteur ?

Nous fondant sur cette vérité-loi, plaignons ceux qui refusent aux croyants des différentes confessions une identité spirituelle et la fraternité en un même Dieu, Créateur unique et invariable. Pour nous, n’en déplaise aux attachés à la lettre, une seule chose compte par-dessus toutes les autres : confesser l’existence de Dieu et Son unicité.

Donc, frère en Dieu qui viens au seuil de notre zaouïa, cellule d’amour et de charité, ne bouscule pas l’adepte de Moïse ; Dieu lui-même est témoin qu’Il a dit à Son peuple : « Implorez le secours de Dieu et soyez patients. La terre appartient à Dieu et Il en fait hériter qui Il veut parmi Ses serviteurs. L’heureuse fin sera pour ceux qui Le craignent. » (Coran XVII, 1283)

Non plus, ne bouscule pas l’adepte de Jésus. Dieu, en parlant du miraculeux enfant de Marie, Vierge-Mère, a dit : « Nous avons accordé à Jésus, fils de Marie, le don des miracles et nous l’avons conforté par le Saint-Esprit. » (Coran II, 253).

Et les autres humains ? Laisse-les entrer et, même, salue-les fraternellement pour honorer en eux ce qu’ils ont hérité d’Adam, de qui Dieu a dit, s’adressant aux Anges : « Quand je l’aurai perfectionné et aurait insufflé en lui de mon Esprit, prosternez-vous devant lui en signe de vénération. » (Coran XXXVIII, 72.)

Ce verset implique que chaque descendant d’Adam est dépositaire d’une parcelle de l’Esprit de Dieu. Comment donc oserions-nous mépriser un réceptacle qui contient une parcelle de l’Esprit de Dieu ? (pp. 147-148)
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Parmi ceux qui venaient entendre Tierno, tous n'étaient pas toujours de l'Ordre Tidjani. Un jour, de nombreux Qadri - appartenant à la confrérie qadriya, l'une des plus anciennes de l'Islam - avaient assisté à son cours. Quand vint le moment d'effectuer le grand dhikr (psalmodie en commun du nom de Dieu), un élève demanda à Tierno :

- Ceux qui ne sont pas Tidjani vont-ils assister au dhikr ?

- Faites le dhikr sans vous préoccuper d'eux, répondit-il. Si certains d'entre eux veulent y participer, vous n'avez pas le droit de les en empêcher. Et s'ils préfèrent partir, vous n'avez pas le droit de les retenir.

Le dhikr eut lieu, en présence de nombreux Qadri. Quand il fut terminé, Tierno dit :

L'arc-en-ciel doit sa beauté aux tons variés de ses couleurs. De même, nous considérons les voix des divers croyants qui s'élèvent de tous les points de la terre comme une symphonie de louanges à l'adresse de Dieu qui ne peut être qu'Unique.

Nous déplorons amèrement la méprise de certains religieux sur la forme des choses divines, méprise qui les amène souvent à rejeter comme discordant l'hymne de leur voisin. Pour lutter contre cette tendance, frère en Dieu, quelle que soit la religion ou la congrégation à laquelle tu es affilié, médite longuement sur ce verset :

« La création des cieux et de la terre,
la diversité de vos langues et de vos couleurs
sont autant de merveilles(1) pour ceux qui réfléchissent. »

(Coran XXX, 22.)

Il y a là de quoi méditer pour tout le monde.

(1) Le mot arabe ayat signifie à la fois « merveille», « miracle », « signe » et « verset ». Si les versets révélés sont des «signes" de Dieu, à l'inverse, on peut également dire que toutes les «merveilles" qui existent dans la création sont également des « signes », donc un autre mode de la Révélation divine. Selon cette perspective, tout est Révélation. C'est nous qui ne savons pas lire. (pp. 145-146)
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Croire que sa race, ou sa religion, est seule détentrice de vérité est une erreur. Certaines vérités ne nous paraissent invraisemblables que, tout simplement, parce que notre connaissance ne les atteint pas.
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Vidéo de Amadou Hampâté Bâ
Amadou HAMPÂTÉ BÂ – La tradition orale africaine (DOCUMENTAIRE, 1969) Un documentaire d’Ange Casta diffusé sur la 1ère chaîne, le 7 septembre 1969, dans l’émission « Un certain regard ».
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