Citations sur Amkoullel, l'enfant Peul (90)
Sale, couvert de sueur, il ne portait sur lui qu'un pantalon dont les jambes étaient remontées jusqu'aux cuisses en raison de la chaleur étouffante qui régnait dans le cachot.
Monsieur Assomption était particulièrement fier de Bouyagui Fadiga, qu'il appelait "un pur produit intellectuel de la culture française." Et c'était bien là, effectivement, ce qu'avec les meilleures intentions du monde on voulait faire de nous: nous vider de nous-mêmes pour nous emplir de manières d'être, d'agir et de penser du colonisateur. On ne peut dire que, dans notre cas, cette politique ait toujours échoué. À une certaine époque, la dépersonnalisation du" sujet français" dûment scolarisé et instruit était-telle, en effet, qu'il ne demandait plus qu'une chose :devenir la copie conforme du colonisateur au point d'adopter son costume, sa cuisine, souvent sa religion et parfois même ses tics.
"Si on lave une culotte le soir, alors qu'on l'a mise propre sur soi le matin, ce n'est sûrement pas pour rien.. "il doit bien y avoir une raison, nous la connaîtrons un jour .attendons...
Je sais une chose, et vous aussi, mes frères, sachez-le : au pays où les audiences se donnent à l'ombre des grands arbres, le roi qui coupe les branches tiendra ses assises en plein soleil. Tuer un être sans défense est facile mais c'est l'art du bourreau. L'art royal consiste à laisser vivre et à faire prospérer, et ce n'est pas toujours un art aisé.
La vie est un drame qu'il faut vivre avec sérénité
Aujourd'hui encore, je me souviens parfaitement, et dans les moindres détails, de tout le film de cet événement. Ce fut comme si j'émergeais d' un sommeil qui, jusqu'alors, m'avait embrumé l'esprit, m'empêchant de bien discerner les choses. C'est ce jour-là, à partir de la naissance de mon petit frère, que je pris clairement conscience et de mon existence et du monde qui m'entourait. Ma mémoire se mit en marche, et depuis elle ne s'est plus arrêtée.
Quand la pauvreté dit à son sujet : énumère moi tes besoins afin que je t'en prive lamentablement, la fortune chuchote à l'oreille de son maître :exprime tes désirs, je les exaucerai dans l'instant.
La chansonnette touchante n'était plus seulement destinée à endormir le petit prince, frustré de ses droits avant même d'avoir su qu'il en avait, elle devint un baume que les parents de Tidjani se versaient mutuellement dans le cœur. Telle une fumée qui se libère d'un corps en combustion, la chansonnette s'échappa hors de la maison, elle envahit les rues du quartier, des badauds la capterent, des griots ménestrels l'adopterent, Ils la mirent en musique et la répandirent à travers le pays.
"Amadou n'ira jamais dans cette école des Blancs où l'on va faire de lui un infidèle! Je m'y opposerai par tous les moyens! Je vais le racheter, et s'il le faut, je vendrai pour cela la moitié de mon cheptel!"
Tout ce qui touchait de près ou de loin aux blancs et à leurs affaires, y compris leurs balayures ou leurs ordures, était tabou pour les nègres. On ne devait ni les toucher, ni même les regarder! Or, un jour, j'entendis le cordonnier Ali Gomni, un ami de mon oncle maternel Hammadoun Paté, déclarer que les excréments des Blancs, contrairement à ceux des Africains, étaient aussi noirs que leur peau était blanche. Je rapportai sans tarder cette information à mes petits camarades. Une discussion s'ensuivit, si violente que l'on faillit en venir aux mains.