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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"L Étrange destin de Wangrin", est un roman d 'Amadou Hampâté Bâ(1901-1995) .Ce dernier est un écrivain et ethnologue malien .C 'est un grand défenseur de la tradition orale peule.Il jouit d 'une grande estime auprès de l 'intelligentsia africaine et même au-delà .Il est le fils d'une lignée aristocratique .Il a été à l'école coranique et a étudié à l 'école coloniale , l 'école des otages qui est un établissement conçu spécialement par les autorités coloniales afin de donner une instruction aux enfants des notables locaux pour servir dans l 'administration et pour tenir en respect leurs parents de toute révolte ou rébellion . Il a une immense culture puisée dans la tradition orale peule grâce aux contes des griots, des vieux et vieilles, des marabouts .Il est né curieux de tout ce qui touche à la culture africaine : contes, fables, histoires, proverbes .Il a consacré sa vie à sauver de l'oubli les trésors de la tradition orale du monde peul .
l''auteur a fait la connaissance de Wangrin à l 'école des otages. Il racontera sa vie étonnante dans le roman éponyme .Il est le principal protagoniste de celui-ci .Il s' agit d 'une personne intelligente , rusée , usant de roueries , se rend indispensable aux administrateurs coloniaux qu 'il sert comme interprète .Il a agi de façon que tout passe par lui .Il s 'est rendu le maître des lieux .Il joue et roule ses chefs et s 'enrichit à leurs dépends .Il est arrivé à dégommer tous les fonctionnaires locaux qu 'il estime serviles .Avec ses ruses , il est arrivé à faire fortune et à accéder aux cimes de la société .Il est jalousé et ses ennemis font tout s 'en prendre à lui . Ils y arriveront à le pousser vers la sortie et à quitter son poste .
Mais Wangrin est une personne magnanime et ce qu 'il prend chez les riches et les arrivistes , il le distribue aux pauvres, aux démunis .Il est du côté des gens dans le besoin . Il est resté égal à lui-même quelque soient les circonstances .Jovial , gai .Il lui arrive de rire de lui-même ;
Sacré Wangrin ! Vraiment sympathique et généreux .
En fin de compte , l 'auteur a usé d 'une langue limpide et
haute en couleur, imprégnée de tout l 'héritage des conteurs et des griots de l 'Afrique .
Un grand auteur d 'Afrique , un conteur hors pair, un sage
pétri d 'humanisme, tolérant et d 'une grande noblesse
d 'âme !



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Il était une fois.
Amadou Hampaté Bâ est l'auteur malien par excellence. D'origine peule, il est né à Bandiagara au pays Dogon avec le début du siècle et il s'éteindra un peu avant lui.
Ethnologue et écrivain reconnu, il prononcera à l'Unesco cette phrase restée célèbre : "En Afrique, quand un vieillard meurt, c'est une bibliothèque qui brûle."
Avec L'étrange destin de Wangrin il a recueilli puis mis sur le papier les mémoires de cet étrange Wangrin, personnage réel mais ô combien insaisissable, dans tous les sens du terme.
Interprète officiel des gouverneurs (du temps où l'AOF recouvrait le Mali, le Sénégal et d'autres colonies françaises), il aura consacré sa vie à monter des arnaques en tout genre, grugeant indifféremment ses compatriotes et les colons français, aux seules fins de s'enrichir et d'asseoir son influence.
Si la concussion, la malversation et la prévarication étaient des disciplines olympiques, nul doute que le sieur Wangrin aurait réussit le grand chelem sans forcer.
Drôle d'idée donc que de brosser ainsi le portrait d'un noir a priori peu sympathique ... mais dont on ne peut s'empêcher de suivre avec intérêt les aventures abracadabrantes (et pourtant bien réelles, Hampaté Bâ nous l'a dit), racontées au rythme des contes et légendes de la brousse mais avec un suspense digne d'un polar.
Il faut dire que les crimes perpétrés par l'infâme Wangrin ne sont jamais bien graves : il ne s'agit, après tout, que de trafics et d'argent, de l'argent des colons français venus s'enrichir en Afrique, juste retour de manivelle.
Et puis Wangrin se montre un étonnant connaisseur des ressorts de l'âme humaine, jaugeant précisément ses interlocuteurs, trouvant habilement leurs points faibles.
Enfin, tout cela est mené de main de maître es arnaque, au nez et à la barbe des gouverneurs français, roulés dans la farine de mil.
Il faut dire que Wangrin a été à bonne école : l'école des otages, comme on l'appelait alors, lorsque les colons réquisitionnaient de force les fils des notables de la brousse pour les avoir sous la main dans des écoles éloignées et ainsi s'assurer de la fidélité de leurs vassaux.
L'école des colons blancs coiffés du casque colonial (voir citation).

Finalement, dans ce monde peu sympathique (c'est l'époque de la Grande Guerre), Wangrin nous apparaît plutôt humain et passe presque pour une sorte de Robin des Bois de baobabs, un Robin des Bois qui volait beaucoup les riches et donnait un peu aux pauvres et qui, comme la charité bien ordonnée, commençait par se servir lui-même.
Les histoires d'argent comme les histoires d'amour finissent mal, en général, et l'on se prend à la fin de ces aventures truculentes, à regretter ce trouble personnage, l'écriture impeccable d'Hampaté Bâ et le rythme répétitif des contes de la brousse ...
Lien : http://bmr-mam.over-blog.com..
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L'histoire de Wangrin commence par une scolarité brillante. Son statut d'homme lettré dans cette période coloniale lui permettra d'être sous les ordres du commandant de cercle. Toutefois, animé d'une ambition dévorante, l'homme développe très vite des envies de grandeur et de puissance.

Ainsi, son premier fait d'armes est d'obtenir le renvoi de l'interprète en poste après qu'il a commis l'imprudence de le défier en public. Wangrin occupera sa place suite à cette disgrâce. C'est le début d'une incroyable épopée, faite d'intrigues et de coups bas, dans les arcanes du pouvoir colonial et local.

Mais, la roue tourne et on finit bien souvent anéanti par les éléments avec lesquels on travaille. Aussi, les victimes de ce roublard, par une étrange coïncidence se croiseront, puis se concerteront, afin d'user des mêmes méthodes pour se venger de lui. le début de la décadence ?

Portrait d'un homme pour qui la fin justifie les moyens. En toile de fond, l'administration coloniale française en Afrique, en confrontation avec les réalités et les usages locaux.
Un chef d'oeuvre intemporel !
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Amadou Hampathé Bâ nous transporte dans l'Afrique occidentale du début du XXe siècle. le lecteur découvre à travers les pérégrinations de Wangrin des bribes de l'histoire coloniale et surtout une vision de celle-ci différente puisqu'elle mêle la vie des colonisés aux colonisateurs. Wangrin est un personnage haut en couleurs, d'une grande intelligence, il a assimilé la "culture coloniale" tout en conservant la tradition Bambara avec laquelle il a grandit. Il manipule ses cultures comme il manipule son entourage pour parvenir à ses fins.
L'auteur manie sa plume entre tradition orale et roman épique, son style est très agréable à lire et emblématique de la littérature africaine du siècle dernier. Je recommande vivement ce livre qui a reçu en 1976 le Grand Prix littéraire d'Afrique Noire ce qui était à mon humble avis bien mérité.
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J'avais entamé « L'étrange destin de Wangrin » de l'écrivain malien Amadou Hampaté Bâ dans l'avion qui m'emmenait vers Bamako. Je continuais de lire chaque soir un chapitre sur la chaise longue au bord de la piscine de l'hôtel après avoir nagé quelques longueurs pour me détendre de ma journée de travail. Je commençais à tomber sous le charme, non seulement du style, mélange captivant d'ironie et de tradition, d'Hampaté Bâ, mais aussi du personnage de Wangrin, cet interprète dans l'administration coloniale, un roublard qui piège les officiels français, s'enrichit et fait profiter le peuple malien de ses largesses. Il faisait un peu penser à un Robin des Bois africain.
Un soir, je pris un taxi pour assister à un spectacle de poésie-slam à l'Institut Français de Bamako. J'avais déjà pris goût dans un café-spectacle de Ouagadougou à cette forme de poésie plus rythmée, percutante et engagée que les textes d'anthologie que nous lisions sur les bancs de l'école secondaire. J'étais donc curieux de découvrir les talents maliens. Je fus notamment séduit par les textes de la jeune Hadizatou Dao. Je me souviens d'un slam qui fustigeait la corruption, comment elle gangrène la société malienne, des plus hautes sphères du gouvernement jusque dans la vie des écoliers.
Tout bien pesé, la roublardise qui avait permis à Wangrin de tirer son épingle du jeu au temps de la colonie et de se moquer de la superbe des Français, n'était-elle pas devenue une chape de plomb paralysant le Mali et bouchant les horizons de sa jeunesse ? Je ne vais pas tenter une longue dissertation sur l'influence de la colonisation sur la corruption en Afrique, mais je trouvais le contraste entre les deux textes fascinant.
Après le spectacle de slam, je terminai la lecture du récit d'Hampaté Bâ avec autant de plaisir, mais peut-être un peu plus de recul, notamment lorsque Wangrin, ayant quitté l'administration après s'être attiré trop d'ennemis, se lance dans les affaires, mène grand train, avant de décliner, emporté par l'alcool et les plaisirs. Il mourra pauvre, mais lors de son enterrement, même ses adversaires les plus acharnés, viendront rendre hommage à son glorieux parcours.

Lien : http://www.lecturesdevoyage...
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Un fantastique témoignage sur l'Afrique Occidentale française au début du 20ième siècle
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Wangrin est-il une crapule ou un philosophe ayant fait de sa vie son oeuvre ? On entend comme un griot nous raconter sa vie. On a l'impression de comprendre tout ou presque d'un autre monde, si mystérieux.
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Ce récit se situe entre le Sénégal et le Mali, au début du vingtième siècle, à l'époque de la domination coloniale française. Le héros est Wangrin, personnage haut en couleurs. Il a souhaité que son histoire soit racontée et transmise aux générations suivantes par Hampâté Bâ.

L'histoire débute au moment où Wangrin a son premier contact avec un colon français et il décide immédiatement de prendre la place de l'interprète de celui-ci. Il estime qu'il parle mieux français et son ambition ne fait que commencer. Les griots et marabouts vont jouer un rôle important dans l'ascension sociale de Wangrin. Les griots sont les communicants, ils traduisent en discours les volontés politiques, les idées de leurs chefs. Les marabouts exécutent les volontés de façon magique, avec des règles ancestrales, venues du fond des âges, fascinantes pour nous occidentaux au début du siècle suivant.

C'est un document sur les règles et coutumes de ces peuples. On y découvre combien des chefs locaux possédaient d'immenses richesses : têtes de bétail, or, pierres précieuses. Ils étaient très puissants mais la colonisation les a fait disparaitre, en particulier en obligeant ces familles à envoyer leurs enfants à l'école des otages (oui, c'est bien le nom!). Cette école enseignait plus que le français, elle « modelait » à la façon occidentale ces enfants de familles dotées de pouvoir. Ce seront les membres de ces familles riches qui iront ensuite sur le front de la première guerre mondiale, combattre aux côtés des français. Est-ce que les français qui les ont côtoyés à cette occasion ont pu imaginer l'importance locale et la richesse de ces gens ? Pas sûr, car les noirs n'étaient pas toujours considérés à ce moment-là comme des hommes à part entière.

Wangrin pourrait irriter à force de saisir toutes les occasions pour grimper à l'échelle sociale, parfois en écrasant sur son passage des gens de bonne volonté. Car ce récit est une succession de faits pour asseoir la réussite de Wangrin, cet insatiable manipulateur. Peut-on lui en vouloir ? La postface de l'auteur nous éclaire sur ce Wangrin : il était d'une famille importante, et a donc suivi les enseignements de l'école des otages. Or il a l'intelligence de combattre les colons avec leurs armes, et aussi ceux qui assistent avec zèle les colons. En redistribuant une partie de ses richesses aux pauvres, il perpétue le rôle qu'il aurait dû avoir si la colonisation n'avait pas eu lieu.

A lire sous cet angle.

Lien : http://objectif-livre.over-b..
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