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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Sorti en 1979 au Sénégal, ce livre témoigne de l'engagement de Mariama Bâ dans la lutte pour l'émancipation des femmes de son pays d'abord, mais de toutes les femmes.

Il s'agit de la lettre qu'une femme envoie à sa meilleure amie, alors que son mari vient de mourir. Elle lui rappelle leur jeunesse commune, celle qui les a vu, toutes deux, épouser un homme qu'elles avaient choisi, en dehors des conventions traditionnelles, de leurs échanges intellectuels sans fin, et surtout de la complicité qui liaient les quatre amis. Elle se souvient du bonheur jusqu'au jour où... le mari de l'amie prend une deuxième femme, jusqu'au jour où... son propre mari prend une deuxième femme. Elle y explique pourquoi, contrairement à son amie qui s'est séparée, elle a décidé de rester, de tenir bon, un peu par nostalgie, beaucoup parce que "j'ai fait (le) choix que ma raison refusait mais qui s'accordait à l'immense tendresse que je vouais à Modou Fall". (son mari).

Elle refuse d'ailleurs les propositions de mariage qui lui sont faites à peine son veuvage entamé. Elle ne perd pas espoir d'une "autre chose à vivre. Et cette "autre chose" ne pouvait être sans l'accord de mon coeur".


Puis elle raconte les enfants - elle en a 12 ! - les doutes sur l'éducation. L'aînée qui "tombe enceinte" alors que ses études ne sont pas terminées, la décision de la soutenir.

" On est mère pour aimer, sans commencement ni fin. (...) On est mère pour affronter le déluge. Face à la honte de mon enfant, à son repentir sincère, face à son mal, à son angoisse, devrais-je menacer ?"


Par cet ouvrage, Mariama Bâ dresse le constat de la prise de conscience par les femmes du statut qui leur est fait dans la société et de leur lutte, au quotidien, pour maintenir une dignité si souvent mise à mal.

Lien : https://meslecturesintantane..
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Initialement publié en 1979 et réédité en 2005, "Une si longue lettre" est le premier roman de la sénégalaise Mariama Bâ, également auteure du roman "Le Chant écarlate".

Ramatoulaye écrit à Aïssatou, son amie d'enfance, pour lui annoncer son récent veuvage.
Elle lui raconte le défilé sans fin des proches à l'hôpital (le défunt est enterré dès le lendemain) et les visites de condoléances interminables (cela peut durer jusqu'à 40 jours).
Comme le veut la tradition, Ramatoulaye est obligée d'héberger chez elle Binetou, sa jeune "co-épouse", le temps des funérailles.
A la douleur du deuil se greffe la peur de tout perdre car non content d'avoir abandonné sa femme et leurs 9 enfants sans revenus, son mari a également contracté des dettes et mis la maison de Ramatoulaye sous hypothèque pour entretenir sa nouvelle femme et financer leur villa...
Pourtant Ramatoulaye se souvient encore de leurs heureuses années de mariage et de l'insouciance de deux amies dont les choix de vie auraient pu être différents.

Mariama Bâ initie le lecteur à quelques coutumes locales pas vraiment enviables, à commencer par la polygamie qui n'arrange bien souvent que les hommes.
Au contraire de son amie Aïssatou qui a fait le choix de ne pas l'accepter et de vivre sa vie, Ramatoulaye s'en était accommodée, bien qu'elle ait appris les secondes noces de son mari d'une autre personne que lui et une fois celles-ci célébrées (il s'était bien gardé de la prévenir).
Mais quitte à donner dans le manque de respect, il a préféré les abandonner elle et leurs enfants.
Pour ne rien arranger, le soir du 3ème jour de deuil, tous les membres de la famille se rassemblent et font circuler des liasses de billets de banque à l'attention de la famille du défunt. Chaque veuve est tenue de doubler sa part, peu importe qu'elle ait été mariée 5 ou...30 ans.
Vient ensuite le tour de la mère de sa co-épouse qui exige de Ramatoulaye qu'elle paie la rente à vie que son beau-fils avait promis à sa fille.
A la fin de la période de deuil, voilà qu'on se dispute Ramatoulaye en vue d'un remariage.
Autant vous dire que la femme n'est nullement tenue en respect et tout au plus perçue comme une marchandise.

Bien qu'"Une si longue lettre" ne soit pas un témoignage direct, je l'ai lu en tant que tel et me suis prise d'affection pour la narratrice, une femme si seule dans sa douleur et pourtant si forte.
A travers le récit de Ramatoulaye, Mariama Bâ nous livre ici une vision pessimiste d'une mentalité qui respecte plus les coutumes que les gens.
Ramatoulaye peut heureusement compter sur ses enfants pour lui prêter main forte et sur son amitié avec Aïssatou.

Mais à l'instar de l'auteure, Ramatoulaye a foi dans le changement et la nouvelle génération. Elle
distille d'ailleurs dans ce roman son amour pour l'enseignement.

Mariama Bâ savait manier la plume mais sans s'encombrer de fioritures (ce qui n'empêche pas l'émotion). On sent dans son écriture une volonté d'aller à l'essentiel, de livrer une histoire et un message, pas de se la raconter.
J'ai relevé quelques tournures désuettes, de celles que l'on retrouve je crois dans le "french african" (bien que je n'ai pas relevé le fameux "présentement" :)).
Curieuse et agréable impression de redécouvrir ma langue !
J'ai été touchée et révoltée par cette correspondance de femme à femme sincère et terriblement lucide. Que faut-il de plus pour vous convaincre de lire ce roman ? :)
Lien : http://contesdefaits.blogspo..
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Au hasard d'un rayonnage de librairie , j'ai acheté ce livre attiré par une autrice et un sujet différents de mes lectures habituelles.
Je ne savais pas qu'il s'agissait d'une sorte de classique en son genre.
Premier roman relatant la condition féminine , ou plus simplement la vie d'une femme africaine des 70's/80's (y a-t-il du changement depuis ?).
Ce bref roman se présente sous la forme d'une pseudo lettre d'une femme à une autre. Amies d'enfance , elles ont connu les même étapes de vie (études, mariage, naissances et ... délaissement marital.
Beaucoup d'émotions émane de ce récit.
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Dans une lettre à son amie Aïssatou, Ramatoulaye évoque les souvenirs, la condition des femmes Sénégalaises. Retour sur sa vie et les yeux ouverts sur une réalité rude des traditions et usages, du quotidien des jeunes filles, des femmes, des mères vieillissantes. Les émotions, les pensées et les réactions possibles ou envisagées sont écrites de manière très imagées et poétiques….telles que seules les paroles africaines des griotes savent conter :
Un vrai voyage, une réalité touchante.
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En prenant ce petit roman, je ne m'attendais pas à un livre d'une aussi grande qualité : le style d'écriture est riche et soutenu, les phrases poétiques, le rythme est à la fois dynamique et doux, l'utilisation de la langue française un vrai délice !
A travers cette lettre, Ramatoulaye revient sur ses souvenirs heureux mais nous partage également ses souffrances de femme africaine, ici de nationalité sénégalaise : la polygamie imposée par son mari, la rapacité de sa belle-famille qui s'empare de tous ses biens durant le deuil, l'éducation de ses douze enfants qu'elle a dû assumer toute seule, les rites et traditions du pays…Mais elle n'est pas la seule, et son histoire est celui de bien d'autres femmes sénégalaises qui subissent la polygamie ou l'infidélité de leur mari : l'une choisit le divorce, l'autre sombre dans la dépression…
C'est un livre poignant où le personnage principal est très attachant. C'est une femme courageuse et digne qui ne mérite pas tout ce qui lui arrive. Cet ouvrage est aussi l'occasion de remettre en cause les rapports de force qui existent entre les hommes et femmes, les moeurs et traditions qui peuvent freiner le bonheur au sein de la famille, et donc de la nation. Je pense que si on respectait plus les femmes dans n'importe quel pays, africain ou pas, le monde se porterait mieux.
Pourquoi je n'ai pas mis le 5ème coeur ? C'était trop court ! J'aurai voulu prolonger cette lettre et quelle déception en voyant déjà la fin pointer le bout de son nez !
Un très bon livre que je vous recommande !
Lien : http://leslecturesdehanta.co..
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Ce roman court prend la forme d'une longue lettre que Ramatoulaye, une femme sénégalaise, écrit à son amie Aïsstou pendant qu'elle est confinée suite à son récent veuvage. Les deux femmes ont été étudiantes pendant la période entre la deuxième guerre mondiale et l'indépendance, à une époque où la société changeait et où les gens étaient pleins d'espoirs pour l'avenir. Les deux femmes ont fait des études et sont devenues institrices, ce qui si je comprends bien était un gros changement par rapport aux générations précédentes. Cependant, leurs deux époux ont choisi de prendre une deuxième épouse, conformément à l'ancienne loi musulmane.

Ce livre, extrêmement bien écrit, est une réflexion sur la condition des femmes et l'amour, pour son partenaire ou pour ses enfants.
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Une leçon de vie universelle.

Issue d'une famille aisée, instruite et agissante dans le monde politique, Ramatoulaye a vécu sa jeunesse dans une société sénégalaise en mutation, en pleine accession à l'Indépendance, qui veut se tourner vers la modernité en se délivrant du poids des coutumes et valoriser la femme africaine.
À la maturité de sa vie, alors que mère de 12 enfants devenue veuve, elle doit, selon la coutume, s'isoler pendant 40 jours pour marquer son deuil ; elle écrit à sa meilleure amie de toujours, Aïssatou et évoque leurs vies à toutes deux faites d'espoirs, d'idéaux, de déceptions.

Elle nous narre ce faisant leurs vies depuis leurs années d'études, le choix de leurs époux, leur vie quotidienne dans le monde privilégié dans lequel elles ont évolué.
Elle raconte les manoeuvres perfides des femmes de leur entourage, les trahisons de certains membres de leurs familles dont elle-même et Aïssatou ont été victimes, les enjeux dans une société sans concessions quant aux traditions ; elle raconte les proches (le mari de Ramatoulaye, la belle-mère de Aïssatou) quasi impitoyables commettant des trahisons motivées par l'appât du gain, la haine ou la convoitise sexuelle et l'orgueil.

Ce roman (mais s'agit-il d'une fiction ?) écrit par une Sénégalaise née en 1929, âgée de 50 ans au moment de sa parution en 1979, militante contre les castes et la polygamie, mère de 9 enfants nous montre les arcanes d'une certaine société africaine, les ambitions, les jeux de pouvoirs en sous-sol, les manipulations, les traîtrises, les vanités, mais aussi la droiture, les concessions nécessaires, le respect, et l'infinitude de l'amour maternel.

Les dernières pages nous laissent imprégnés de respect pour cette héroïne et d'un formidable espoir, inattendu après tant de noirceur.

Une leçon de vie universelle.
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Remarquable épistolaire.On devient l'amie intime de Ramathoulaye et d'Aissatou.On partage joies,peines,désillusions.
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Les classiques. Ce n'est que lorsque l'on en lit un que l'on comprend son classement dans la prestigieuse famille des "classiques". Bien que "classique" doive, évidemment, être conçu à travers les lunettes teintées de la culture de chacun. Mais ceci est un autre débat.
Les classiques, disais-je donc, ont comme principaux points communs celui de l'intemporalité, mais aussi celui de nous donner le sentiment d'une prescience que l'auteur aurait eu. Une sorte de magie. de sorcellerie. Dès les premières lignes de "Une si longue lettre", de l'immense Mariama Ba, nous savons que ce livre entre, aussi aisément qu'un chameau dans le chas d'une aiguille, dans la catégorie de monuments littéraires.

« Ton existence dans ma vie n'est point un hasard. Nos grands-mères dont les concessions étaient séparées par une tapade échangeaient journellement des messages. Nos mères se disputaient la garde de nos oncles et tantes. Nous, nous avons usé nos pagnes et sandales sur le même chemin caillouteux de lécole coranique. Nous avons enfoui, dans les mêmes trous, nos dents de lait, en implorant la Fée-souris de nous les restituer plus belles. »

Ramatoulaye vient de perdre son mari. Modou est mort loin de sa femme, sa première femme, celle choisi par amour, en faisant fi d'une famille qui ne veut pas rentrer dans la modernité, une famille qui voit ce mariage entre deux personnes de clans différents comme une insulte aux traditions.
Rama écrit sa si longue lettre à Aïssatou, son amie de coeur. Celle dont le destin a semblé suivre, pendant longtemps, un chemin similaire. Mariage d'amour, pour les deux, des maris moderne et en révolte contre les mariages imposés traditionnels, pour les deux, des années de bonheur conjugale, pour les deux, des succès professionnels encouragés par des maris modernes, pour les deux.
Puis, patatras. Les belles mécaniques qui se déglinguent.
Mawdo Bâ d'abord. le mari d'Aïssatou, qui sous les coups de boutoir de sa mère succombe aux "impératifs de la culture et choisi de prendre la seconde épouse imposée par la famille. (..suite...)
Lien : http://loumeto.com/spip.php?..
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Un « petit » livre qui est en fait une série de courtes lettres que l'auteur envoie à une amie et où elle raconte sa vie, ses jours de bonheur, le deuxième mariage de son mari et la perte de celui-ci. C'est bien écrit, captivant et plein de tendresse.
C'est un très beau livre sur la condition de la femme au Sénégal et, même si le livre date de la fin des années 70, je pense qu'il n'a pas pris une ride.
Remarquez que si ce livre traite de la condition de la femme au Sénégal, il est aussi généralisable à l'ensemble de l'Afrique, et je pense plus particulièrement au Maghreb.
Bien plus, il s'adapte aussi à l'Occident, où si la loi interdit officiellement la polygamie, les maîtresses sont tolérées et intégrées.
Il montre sur un demi-siècle, un peu avant l'indépendance et après, la montée de la femme dans la société, le poids des pesanteurs sociologiques malgré les lois et le courage et la résilience de celles-ci. Ces pesanteurs sont tout autant celles des hommes que des femmes, et notamment, des belles-mères. Certaines femmes n'hésitent pas à divorcer lors d'un second mariage de leurs époux quand d'autres restent tout en faisant pression et attendant meilleur fortune.
Comme écrit plus haut, les mères avec la pression qu'elles mettent sur leurs fils sont loin d'être neutres et accentuent ces conflits.

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