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Belle oeuvre
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Jamais ne me prit auparavant, l'envie de citer autant de portions d'un livre. Quand une oeuvre arrive à produire l'effet de vous offrir chacun de ces mots, chacune de ces phrases comme des extraits à citer, alors plus qu'une oeuvre nous avons un chef d'oeuvre, et si le chef d'oeuvre s'incline également nous arrivons à une exclusivité littéraire, un réel inédit. le message est simple : tout est une question de volonté. Les hommes doivent en montrer le plus l'exemple et les femmes peuvent s'estimer heureuses uniquement quand elles tombent sur un homme de bonne volonté ; dans le cas contraire, on assiste et on contemple les ravages du laisser aller, de la polygamie, du manque de maîtrise de soi, des vices... L'auteure fait vivre et revivre les valeurs sénégalaises tout en s'ouvrant aux questions modernes, tant sur la condition féminine que sur le devenir de tout un continent. Si l'instruction n'y était pas pour quelque chose... alors continuons à remettre en cause voire rejeter catégoriquement la colonisation...
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Suite au décès de son mari Ramatoulaye, une femme sénégalaise, écrit une longue lettre à son amie Aïssatou dans laquelle elle retrace sa vie. Au-delà des souvenirs communs heureux ou moins heureux, c'est aussi l'occasion pour Ramatoulaye de dresser un portrait de la situation des femmes au Sénégal.
Entre poids des traditions et attirance pour le modèle occidental, Ramatoulaye oscille. Dans cette lettre elle parle de la polygamie, si dure à accepter pour une femme, son statut d'objet, l'amour au poids bien faible face à l'appât du gain et le confort. Elle raconte aussi ses difficultés à élever ses enfants, notamment ses filles, entre envie de les voir vivre leur vie comme ils le souhaitent et conformité avec la société.
Si le modèle traditionnel transmis par mères et belles-mères la révolte, la modernité incarnée par son amie et sa fille aînée n'est pas toujours à son goût.

Avec un style soigné et d'une grande sensibilité, Mariama Bâ montre toute la difficulté, toutes les contradictions autour de l'acquisition de la liberté pour les femmes de son pays.
Ce roman m'a happée, j'y ai aimé le personnage de Ramatoulaye qui ne peut qu'émouvoir par ses forces, ses faiblesses et son idéalisme. J'ai aimé la plume de l'auteur, ce roman est vraiment bien écrit.
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J'adore
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Ramatoulaye écrit.
Elle écrit à son amie d'enfance, Aïssatou, pour lui parler.
Lui parler de sa vie, de leur enfance, de sa rencontre avec l'homme de sa vie, Modou.
Modou qui est pourtant polygame.
Polygame l'était aussi le mari d'Aïssatou.
Ces 2 femmes ne vont pas réagir de la même façon face à la polygamie.
▪️
Un livre touchant, instructif, sur la condition féminine au Sénégal dans les années 70, sous forme épistolaire.
Les sentiments de Ramatoulaye oscillent entre nostalgie et espoir.
Le clivage entre la modernité (Aïssatou qui vit et travaille aux États-Unis) et la tradition (la condition de Ramatoulaye) est bien présent.
L'auteure n'a publié que 2 ouvrages. Elle est décédée d'un cancer juste avant la parution de son 2ème roman.
▪️
Bref, j'ai beaucoup aimé !
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Un gros coup de coeur.

Je comprends à présent pourquoi ce livre se retrouve toujours dans les listes de livres à lire au moins une fois dans sa vie. Quel plume ! Poétique, incisive, mordante et douce. Il y a un rythme, des métaphores de toute beauté. Cette longue lettre est déchirante et porteuse d'espoir à la fois. J'aurais voulu noter chacune de ses phrases et les enfermer précieusement dans un carnet.

L'héroïne ne perd jamais espoir, on la voit relever la tête, s'affirmer et cela fait du bien ! Je ne pouvais m'empêcher de l'encourager en mon for intérieur, de m'indigner quand elle s'indignait, de m'effondrer quand elle s'effondrait. C'est une femme qui a été humiliée, mutilée au plus profond de son âme, qui se retrouve seule avec 12 enfants à charge et qui ne peut compter que sur elle-même.

Ce texte n'est pas que le texte de l'émancipation d'une femme mais c'est aussi, à mes yeux, l'un des plus beaux textes sur le rôle d'une mère et l'amour qu'elle peut porter à ses enfants. Je vous laisse pour preuve cette citation que je n'ai pu m'empêcher d'ajouter à Babelio.

"Et puis, on est mère pour comprendre l'inexplicable. On est mère pour illuminer les ténèbres. On est mère pour couver, quand les éclairs zèbrent la nuit, quand le tonnerre viole la terre, quand la boue enlise. On est mère pour aimer, sans commencement ni fin."
Lien : https://labullederealita.wor..
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" Une si longue lettre " est un roman de l 'écrivaine sénégalaise , Mariama Bâ ( 1929-1981 ) .Cette dernière est une féministe .Elle est la première romancière africaine à décrire la place faite aux femmes dans la société .
Elle a fait de la défense de la femme africaine son credo .Elle est contre certaines traditions comme la polygamie , contre la soumission de la femme quelque soit la forme de cette dernière .Elle estime ,à juste titre que la femme est ligotée et qu ' elle subit le joug de l 'homme .
Dans "Une si longue lettre", on apprend ce que nous révèle la narratrice Ramatoulaye .Cette dernière vient de perdre son mari dont elle est la première épouse .Elle met alors à profit les quarante jours de deuil que lui impose la tradition sénégalaise en écrivant une lettre à sa meilleure amie Aissatou , exilée aux Etats-Unis .Ces deux femmes sont liées par une forte amitié , durant leur jeunesse et leurs études , elles ont partagé d 'inoubliables moments de joie et de plaisirs .
Dans sa lettre à Aissatou , nous apprenons que Ramatoulaye a une cinquantaine d 'années et est mère de
douze enfants .Elle est institutrice .Elle est la première
épouse de Madou Fall .
Dans ce roman ,Mariama Bä expose toutes les entraves qui freinent l 'épanouissement de la femme .C 'est un roman sur le tiraillement des personnes entre la modernité et la la tradition .Belle écriture de cette romancière que je découvre pour la première fois .




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Dans ce roman épistolaire, Ramatoulaye, après la mort de son époux, rédige une longue missive à son amie Aïssatou pendant sa période de deuil. Dans cette dernière, elle aborde, entre autres, leur enfance, leur adolescence en tant qu'étudiantes naïves, leur vie de femmes mariées, leurs enfants. Elle traite aussi de la condition des Sénégalaises. Elle parle également de la polygamie, de la religion et du patriarcat au Sénégal.
C'est un court texte de 168 pages dans mon édition. Mais quelle profondeur! Quelle puissance ! Quelle poésie ! J'ai été bouleversée par cette lettre et par la plume de Mariama Bâ. J'ai ressenti toute la douleur de Ramatoulaye le jour où son mari Modou Fall épouse une femme beaucoup plus jeune, une amie de sa fille, après lui avoir donné douze enfants et lui avoir consacré vingt-cinq ans. J'ai vécu son désespoir lorsque son homme rompt tout contact avec elle alors qu'elle l'aime encore.

Je pleurais tous les jours.
Dès lors, ma vie changea. Je m'étais préparée à un partage équitable selon l'Islam, dans le domaine polygamique. Je n'eus rien entre les mains.
Mes enfants qui contestaient mon option me boudaient. Face à moi, ils représentaient une majorité que je devais respecter.
-Tu n'es pas au bout de tes peines, prédisait Daba.
Le vide m'entourait. Et Modou me fuyait. Les tentatives amicales ou familiales pour le ramener au bercail furent vaines. Une voisine du nouveau couple m'expliqua que la « petite » entrait en transes chaque fois que Modou prononçait mon nom ou manifestait le désir de voir ses enfants. Il ne vint jamais plus ; son nouveau bonheur recouvrit petit à petit notre souvenir. (p. 88-89)

J'imagine que beaucoup de femmes ont vécu cette situation dans différentes communautés. Je trouve remarquable de mettre en lumière ces épouses reléguées à l'ombre, au vide, au néant.
Assaïtou, contrairement à Ramatoulaye, a décidé de divorcer de Mawdo, son mari, lorsqu'il épouse une femme plus jeune. Deux femmes, deux destins, deux chagrins, deux vies dans cette société coranique qui détermine le sort des uns et des autres au nom de l'appel de la jeunesse, du désir, ou encore du respect de l'autorité. Les femmes n'ont aucun droit. Elles subissent.

De plus, j'ai adoré l'écriture poétique de Mariama Bâ. J'ai adoré ses descriptions des sentiments et des valeurs habitant ses personnages (la dignité, la nostalgie, la sensibilité, le respect, le sens de l'amitié, l'amour, le don de soi). de plus, j'ai été charmée par celles sur le Sénégal.

Les baobabs tendaient aux cieux les noeuds géants de leurs branches ; des vaches traversaient avec lenteur le chemin et défiaient de leur regard morne les véhicules ; des bergers, en culottes bouffantes, un bâton sur l'épaule ou à la main, canalisaient les bêtes. Hommes et animaux se fondaient comme en un tableau venu du fond des âges. (p. 57)

Ses mots glissent jusque dans l'âme du lecteur et valsent avec ses émotions.
Je ne peux que vous encourager à lire ce merveilleux texte. C'est touchant, fort, humain.

https://madamelit.ca/2019/04/12/madame-lit-une-si-longue-lettre/
Lien : https://madamelit.ca/2019/04..
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Dès les premières phrases, je sens que je vais aimer ce livre et son auteur :
« La confidence noie la douleur. »
« le passé féconde le présent. »
« Et dire que j'ai aimé passionnément cet homme, dire que je lui ai consacré trente ans de ma vie, dire que j'ai porté ses douze enfants. L'adjonction d'une rivale à ma vie ne lui a pas suffi. En aimant une autre, il a brûlé son passé moralement et matériellement, il a osé pareil reniement. »

Ramatoulaye, la narratrice et héroïne de cette lettre, est une femme sénégalaise, musulmane, qui pourrait être l'auteur elle-même, née en 1929. Quand Mariama Bâ-Ramatoulaye écrit cette lettre, elle n'a peut-être pas encore cinquante ans, et un passé déjà si riche. Elle a vécu la décolonisation, a été à l'école et au lycée, contre les préjugés des années 1950, quand beaucoup ne comprenaient pas qu'une jeune fille apprenne, les méprisaient, même, disant que « l'école transforme les filles en diablesses » ! Qu'importe, Ramatoulaye a suivi son propre chemin, elle a étudié et est devenue enseignante ; puis elle s'est mariée, un mariage d'amour dont elle a eu neuf enfants tout en continuant à travailler, …

« La femme qui travaille a des charges doubles (travail, et maison et enfants) aussi écrasantes les unes que les autres, qu'elle essaie de concilier. Comment les concilier ? Là réside tout un savoir-faire qui différencie les foyers. »

… jusqu'à ce qu'un jour, soudainement, son mari épouse une deuxième femme, une toute jeune fille, l'amie de sa propre fille !
Tant de coutumes me révoltent dans ce livre, témoignage d'une époque et d'un pays :
La polygamie qui est le noeud de cette longue lettre ;
La survivance d'une noblesse que je croyais hors d'âge et qui s'insurge quand le fils ne se marie pas dans son rang,

« Royalement accueillie (dans sa famille), … on ne lui parlait que genoux à terre. Elle (la vieille tante) prenait ses repas seule ; servie de ce qu'il y avait de meilleur dans les marmites… Les visiteurs vinrent de partout pour l'honorer, lui rappelant la véracité des liens du sang. »
L'ignorance totale que peuvent avoir certains adultes face aux enfants qu'ils ne considèrent pas comme des êtres humains mais comme des objets utilitaires que l'on peut vendre ou donner :

« Elle (la même vieille tante) convoqua son frère.
J'ai besoin, lui dit-elle, d'une enfant à mes côtés pour meubler mon coeur ; je veux que cette enfant soit à la fois mes jambes et mon bras droit. Je vieillis…
Qu'à cela ne tienne, rétorqua Farba Diouf… Les jeunes d'aujourd'hui sont difficiles à tenir. Prends la petite Nabou, elle est à toi. Je ne te demande que ses os. »
Et mon coeur se serre en pensant à cette toute petite fille, emmenée très loin de chez elle, loin de sa maman, par une vieille tante qu'elle n'avait jamais vue avant ce jour. Et mon coeur se serre en pensant à la femme de ce Farba Diouf, l'une de ses quatre femmes, à qui l'on prend son enfant sans lui demander son consentement.

Et je ne comprends pas comment les Hommes peuvent être aussi insensibles. Insensible est un mot terrible et très lourd de conséquences, quand on prend le temps de s'arrêter sur lui et d'y réfléchir.
Révoltant encore, les frères des maris défunts qui ont prétention à épouser la veuve, et j'en passe.

Pourtant, dans les années 1950, une jeunesse plaine de l'espoir d'un avenir radieux pour le pays a vécu de beaux jours faits de bonheurs simples ― et parfois poétiques sous la plume de Mariama Bâ :
« Sur le sable fin rincé par la vague et gorgé d'eau, des pirogues peintes naïvement, attendaient leur tour d'être lancées sur les eaux. Dans leur coque, luisaient de petites flaques d'eau pleines de ciel et de soleil. »
« Nous vivions… nous avions le secret des bonheurs simples, cures bienfaisantes dans la tourmente des jours ! »
« Nous vivions. Debout, dans nos salles de classe surchargées, nous étions une poussée du gigantesque effort à accomplir, pour la régression de l'ignorance. »

Pourtant la force des femmes, parfois, dans ce livre, réjouit mon coeur, le gonfle d'un orgueil par procuration, d'une fierté d'être femme, comme Aïssatou qui, après quatre enfants et un mariage heureux, fait d'amour et de partage, voit son mari céder lâchement à la pression familiale, pour épouser une deuxième femme, sa toute jeune cousine ! Mais Aïssatou prend son courage, ses quatre fils et sa vie en main et quitte son mari, quitte sa ville, quitte son pays. Elle étudie et, seule, réussit sa vie et celle de ses enfants.
« Aïssatou, comme j'enviais ta tranquillité lors de ton dernier séjour ! Tu étais là, débarrassée du masque de la souffrance… le passé écrasé sous ton talon. Tu étais là, victime innocente d'une injuste cause et pionnière hardie d'une nouvelle vie. »

Bien qu'« on ne vient pas facilement à bout de pesanteurs millénaires, » l'espoir de la nouvelle génération est incarné par Daba, la fille de l'héroïne, Daba réussit son mariage. Son mari qui prend sa part des tâches ménagères déclare : « Daba est ma femme, elle n'est pas mon esclave ni ma servante. »
Quant à Daba, je la rejoins tout à fait quand elle déclare :
« Je ne veux pas faire de politique. Non que le sort de mon pays et surtout le sort de la femme ne m'intéressent. Mais à regarder les tiraillements stériles au sein d'un même parti, à regarder l'appétit de pouvoir des hommes, je préfère m'abstenir. »

J'ai aimé, dans ce texte, qu'au travers de multiples personnages, femmes, hommes, de générations différentes, Mariama Bâ nous fait comprendre pourquoi certaines choses arrivent, pourquoi, par exemple, des jeunes filles consentent à épouser des hommes plus âgés, déjà mariés et pères de nombreux enfants. Il est difficile de résister au poids de la société et sans doute encore plus au poids de sa propre famille.
J'ai plus aimé encore la profondeur et l'endurance des femmes, la grandeur d'âme de certaines d'entre elles.

PS : J'aurais aussi pu vous dire toute l'importance de l'amitié des deux femmes dans le livre, un beau passage sur les livres, mais je vous laisse le plaisir de découvrir !
Le futur est féminin, c'était hier, c'est plus que jamais aujourd'hui, c'est partout dans le monde !©
Gabrielle Dubois ©
Lien : https://www.gabrielle-dubois..
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on apprend beaucoup sur la condition féminine sénégalaise. un style fluide, sympa
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