« Ferrailleur des mers » est le deuxième roman de
Paolo Bacigalupi que je lis. Comme le premier, «
La fille automate », c'est un roman d'anticipation qui évoque l'épuisement des énergies fossiles, le problème des réfugiés « climatiques », la pollution chimique et les biotechnologies. C'est une oeuvre jeunesse, mélange d'aventures et de science-fiction, avec un langage bien plus abordable et plus épuré que dans le premier roman.
Nous sommes à la fin du 21ième siècle, dans une Louisiane ravagée par les tornades et la montée des eaux, dans des Etats-Unis retournés à la barbarie. Il n'y a plus de pétrole mais aucune explication ne nous est donnée. La technologie est un mélange d'évolution et de régression, le monde est dirigé par les multinationales et la voie maritime est redevenue la voie principale de déplacement. Et les pirates deviennent alors logiques !
Nailer fait partie d'un équipage de ferrailleurs, ceux qui, jour après jour, désossent, risquent leur vie dans les entrailles de bateaux d'avant la fin du pétrole. Ce sont les esclaves des grandes compagnies en quête de matériaux rares comme le cuivre, le fer, le nickel pour alimenter, jour et nuit, les hauts-fourneaux. C'est un adolescent qui a perdu sa mère et qui vit avec un père que l'alcool et la drogue ont rendu fou. Il est équipier des "légers", ceux qui, en raison de leur petite morphologie, s'aventurent dans les conduites étroites des supertankers en démantèlement de la plage de Bright Sands Beach. Eclairé par la seule lumière de sa peinture Led au front et avec pour seuls repères, les marquages du clan, il récupère les câbles de cuivre et les petites pièces de nickel. Pour échapper à cette vie de misère, gouvernée par des contremaîtres et des mi-bêtes (hommes qu'une injection d'ADN animal a rendus obéissants et agressifs) le jeune homme rêve de faire fortune et de trouver un « lucky strike » une poche de pétrole, richesse assurée…
Après une tempête «tueuse de villes», Nailer tombe sur un clipper échoué sur la côte. Ce type de bateau, voilier à la technologie de pointe, reste généralement au large. Ils appartiennent à une population riche, réfugiée dans un lieu inconnu. Pour le jeune ferrailleur, c'est la possibilité d'un « lucky strike » grâce à tout ce qu'il va pouvoir y extraire. Avec Pima, son amie proche, Nailer entreprend d'explorer le clipper mais découvre Nia, une jeune fille blessée, pourchassée par les associés du papa, dirigeant d'une puissante compagnie.
Tous les éléments d'un bon livre d'aventure sont présents. Rebondissements, action avec pirates, mutants génétiques, intrigue créée dans un avenir futuriste sombre où la survie passe par le travail, le sacrifice et où rien n'est acquis.
Le récit est émaillé de réflexions sur la famille, le rapport à l'argent, la possession matérielle, la morale et aux cas de conscience. Mais aussi des sujets qui touchent les adolescents: amour, amitié, loyauté de clan, idéaux politiques. Egalement, le classique voyage initiatique de l'enfance vers l'âge adulte, traité de façon réaliste.
Les
ferrailleurs des mers existent dans des conditions semblables dans des pays comme l'Inde par exemple.
Un récit post-apocalyptique que j'ai dévoré, littérature young adult mais qui demande une certaine maturité.