D'abord, il y a Rufus Scott, bientôt trentenaire, musicien de jazz, qui trimballe son mal être d'homme noir dans les quartiers de New York où son talent peine à être reconnu et même quand Leona, une jeune femme blanche qui partage sa vie, essaye de le protéger en l'aimant, c'est la violence qui s'exprime, jusqu'à la retourner contre lui, un soir de novembre quand il se jette du haut d'un pont dans le fleuve...
Il y a ensuite Vivaldo Moore, mi-italien, mi-irlandais, l'ami d'enfance qui reste dans l'incompréhension de ce suicide, qui se rapproche lentement d'Ida, la jeune soeur de Rufus, serveuse en attendant de devenir chanteuse, aidée par Ellis un producteur, il y a le couple d'amis quadragénaires intellectuels, Richard qui se lance dans l'écriture d'un roman et Cass sa femme, professeure, Eric un jeune dandy intellectuel de retour d'Italie rejoint le cercle amical...
Entre repas dans des restaurants plus ou moins chics, sorties dans les boîtes de jazz ou confessions autour d'un verre d'alcool, les personnages se confient, croient s'aimer, se quittent, se cherchent toujours avec douleur et souffrance, questionnant leur psyché, rejetant leurs peurs.
Autour du drame qui va faire exploser le cercle amical,
James Baldwin dépeint le milieu artiste d'un New York underground dans lequel il est difficile de ne pas sombrer. Les uns survivent en se battant, d'autres se laissent aller dans l'alcool ou se réfugient dans la création médiocre de l'écriture d'un roman ou dans la reconnaissance d'un talent de chanteuse. Il y a comme une fatalité dans le destin de ces personnages, quelques critiques et vérités assénées, qui font écho au mal être ou à la violence mais également beaucoup de réflexions, quelquefois ressassées, des longueurs et des dialogues pas toujours pertinents.
Un autre pays est un roman sur le désenchantement et le mal être et même si l'écriture de
James Baldwin est magnifique et sa sensibilité remarquable, il reste quelques longueurs dans ce roman qui entrecroise les destins.