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sur 4338 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Fille d'un bourgeois « de province », avec tout le mépris que Balzac met habituellement dans cette expression, Eugénie mène une vie routinière peu en rapport avec son jeune âge. Son père, un ancien « tonnelier », est parvenu – c'est le mot – à une situation de notable négociant, près de sa fortune.

D'autre notables de second ordre, briguent moins la jeune fille pour caser leur rejeton, que la dote associée, qu'on imagine confortable.

Le frère du « tonnelier » est également homme d'affaire, mais parisien, lui. Il est en très grandes difficultés, endetté jusqu'au cou. Il finit par se donner la mort en léguant sa fortune, ou plutôt ses dettes, à son fils, le neveu du tonnelier, le cousin d'Eugénie.
Ce dernier apprend la triste nouvelle alors qu'il est chez Eugénie, venue passer quelques temps « en province » pour se reposer ou changer d'air.

Bien que le tonnelier ne porte pas ce neveu dans son coeur, – il le prend pour un excentrique illuminé, bref un « parisien » – le tonnelier lui assure qu'il va l'aider à s'en sortir, à gérer ce passif, ces dettes de son père, négocier avec ces créanciers. Ne porte-t-il pas le nom des Grandet ?

On devine que la démarche du tonnelier est intéressée et qu'il va lui-même en tirer quelque profits. « deviner » est le mot, car personnellement je n'ai pas compris quelle pouvait être l'origine de ces profits (leur nature oui, bien sûr : financière). Mais peu importe, on comprend que le père va utiliser le neveu pour accroître (encore) sa fortune, et c'est tout ce qui compte pour la compréhension des rapports entre les personnages.

Entre temps, à la faveur de la consolation du deuil, les deux jeunes gens tombent amoureux l'un de l'autre, et se promettent en mariage.

Mais on doit se séparer car il faut que le neveu remonte à Paris pour régler les affaires de feu son père, négocier avec les créanciers, etc, selon les indications et directives du tonnelier. La séparation est déchirante mais on promet de se retrouver dans un an et de se marier.

Le tonnelier continue à envoyer son notaire à Paris pour négocier avec les créanciers du neveu. On rembourse une partie des créances, et on promet le solde pour une échéance « lointaine ». Au bout de quelques années on annonce aux créanciers que le neveu a fait fortune aux Amériques et qu'il pourra solder les créances de son père.

Lorsque le neveu rentre des Amériques, avec sa fortune, il n'a pas oublié Eugénie, mais il n'est plus du tout question pour lui de l'épouser. Il lui écrit une lettre de rupture déchirante, qui plonge la jeune fille dans un chagrin sans nom.

Apprenant que le neveu est rentré des Amériques, le tonnelier envoie son notaire le rencontrer à Paris, afin de régler les créances. le neveu l'envoie promener en disant qu'il a d'autres chats à fouetter que de régler les créances d'un lointain père défunt.

La jeune fille va prendre le voile, au grand dam du tonnelier, désolé de ne pouvoir donner une riche héritière.
Lien : https://perso.cm63.fr/node/397
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Quel magnifique livre ! Je crois qu'Eugénie Grandet est mon personnage préféré De Balzac jusqu'à maintenant. Une incarnation de la pureté qui n'abjure pas sa dignité sur l'autel des sentiments, une grande dame qui tient tête à son avare de père sans jamais le dénigrer publiquement, un équilibre parfait, enfin, entre amour authentique, fermeté morale et sens du devoir et de l'effort, couronné par une classe absolue dans l'adversité. Balzac n'a même pas eu besoin d'en faire une réincarnation de Vénus pour la sublimer. Une figure vraiment très inspirante !

La petite étoile que je retire ne s'explique que par l'abondance de passages qui traitent de spéculations et de négociations de rentes, un charabia économiste d'autant plus incompréhensible qu'il se rapporte à des pratiques qui n'ont plus ou quasiment plus court. le livre, mis à part ces passages nécessaires quoique laborieux, est parfaitement lisible, avec énormément de très belles phrases et d'observations que chacun fait sans forcément réussir à mettre des mots dessus. le personnage de l'avare est particulièrement réussi, il retranscrit parfaitement le côté pathologique, "harpagonesque", de l'obsession de l'argent, à laquelle se subordonnent sans disparaître totalement les affections profondes pour sa famille.

Ce roman semble être le pendant provincial du Père Goriot, très "parisianocentré", à la différence majeure que la figure paternelle, cette fois, accumule au lieu de prodiguer. Les factions bourgeoises qui s'affrontent à coup de politesses sournoises pour décrocher une union matrimoniale qui leur ouvrirait la fortune des Grandet sont particulièrement savoureuses à suivre. Au milieu de ces luttes d'intérêt, comparables, quoique moins sophistiquées, à celles des Parisiens, une jeune femme de Saumur se confronte à la dure réalité des rapports humains en essayant de préserver l'once d'idéal qui a marqué le début de son affirmation dans le monde.

Enfin, plusieurs passages montrent la préoccupation de l'auteur pour l'avenir de cette société de l'argent pour l'argent, préoccupation dont les esprits les plus aiguisés dans l'observation de leur propre époque apprécieront la perspicacité.
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Eugénie Grandet fait partie de la série des Scènes de la vie de province, et parut en 1833. le titre aurait pu tout autant en être « Félix Grandet », car le personnage le plus sombre de cette histoire de famille est le père. Tonnelier puis viticulteur, pire avare que celui de Molière, Grandet mégote sur tout et fait vivre dans un dénuement impensable son épouse et sa fille Eugénie, belle mais déjà âgée de 23 ans et célibataire convoitée.

Epargnant sur tout et toute sa vie, souvent de mauvaise foi, bégayant pour tromper ses partenaires en affaires, spéculant sur les métaux précieux et les titres de rente, la fortune du père Grandet est incommensurable. Deux familles rivalisent d'obséquiosité en espérant pour leur fils un heureux mariage avec la richissime héritière. Tout Saumur murmure sur les chances des uns et des autres.

Et puis survient Charles, le fils du frère de Monsieur Grandet. Il est jeune, beau, c'est un dandy parisien criblé de dettes, que son père, totalement ruiné et sous la menace d'une faillite, envoie à son frère après s'être brulé la cervelle. Naturellement, Eugénie en tombe profondément amoureuse.

La suite est édifiante, sur les manies d'un tyran domestique, le courage d'une jeune fille qui affirme sa volonté, la condition d'aliénation des épouses, la force des rumeurs et de l'honneur familial.

Avec naturellement la force évocatrice De Balzac … inégalée.
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Après avoir récemment lu deux nouvelles de cher Balzac sur le thème du poids du mariage chez les jeunes filles j'ai eu envie de rester dans la même veine mais dans une format plus long et Eugénie Grandet semblait tout à fait convenir.
C'est l'histoire d'une jeune fille qui vit avec sa mère, sous la domination d'un père riche, avare et autoritaire en pleine campagne Angevine. Eugénie est une jeune fille douce, dévouée, bienveillante. Elle obéit à son père sans jamais rechigner et ferait tout pour lui faire plaisir, mais un jour le cousin de la famille, Charles Grandet, débarque et chamboule tout à l'intérieur d'Eugénie.
Si l'on était déjà admirative de son dévouement envers son père, ce ne sera rien comparé à l'abnégation, la fidélité et l'amour qu'elle aura pour Charles, et ce qu'elle fera pour lui. C'était à la fois triste et beau de voir la pureté d'Eugénie au milieu des vils sentiments qui sembleront l'entourer en permanence...
Comme dans les deux nouvelles que j'avais lu, le bal de Sceaux et La maison du chat-qui-pelote, on retrouve cet éternel dilemme entre mariage d'amour et mariage de raison. Lequel choisir ? Quel choix apporterait le vrai bonheur ? Les conventions sociales sont-elles plus fortes que l'amour ? Comment s'extirper de la pression familiale ? Autant de questions qui ont agités le coeur des jeunes femmes de ces trois histoires pour autant d'issues différentes...
C'est vraiment une thématique que je trouve fascinante car elle met en lumière et pose des questions sur probablement l'un des carcans les plus lourds du XIXe siècle, et Balzac nous détaille toute la palette de ce sujet à la perfection.
J'ai aussi pris grand plaisir à retrouver l'atmosphère de la province rongée par les rivalités que Balzac dépeint toujours si bien. Ces luttes intestines et hypocrites, aux multiples conséquences sur les vies, et qui semblent avoir encore et toujours les même racines : l'argent et l'ambition.
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Eugénie Grandet fait partie de la Comédie humaine De Balzac et s'inscrit dans les scènes de la vie de province, c'est un roman de l'ennui.
L'histoire se déroule à Saumur sous la Restauration. En 1819, Eugénie Grandet fête ses vingt-trois ans. le Père Grandet avare, ancien maire sous le consulat, ancien tonnelier, vigneron, est riche mais avare. Il impose à sa femme et à sa fille une vie austère, économisant chaque bout de chandelle.

Deux partis se disputent la main d'Eugénie : les Grassins et les Cruchot. Mais le père Grandet se joue des deux familles, il tire profit de chacun en sachant qu'il n'a aucune intention de leur donner la main de sa fille. La mère et la fille se soumettent à cette existence sans jamais se plaindre. Et la grande Nanon est entièrement dévouée à son maître. L'arrivée de Charles, cousin parisien d'Eugénie, va venir troubler cette existence morne et bien réglée.

J'ai pris plaisir à la lecture de ce roman. le personnage d'Eugénie n'est pas sans rappeler la célèbre Pénélope attendant le retour d'Ulysse. Au coeur de ce récit, une existence monotone, la vie provinciale où chaque jour se ressemble, avec un entourage très restreint. L'accent est mis sur l'aspect comique de certains personnages attirés par l'argent. J'ai apprécié l'écriture De Balzac, j'étais plongée dans cette histoire du début à la fin, voyant se dessiner devant moi les différents protagonistes de ce récit. Cela me donne envie de lire d'autres romans de la comédie humaine.
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Une découverte heureuse ou une redécouverte, mais je devais être bien jeune alors pour avoir pu apprécier l'évolution psychologique et sociale des personnages. le décor se plante lentement mais sûrement, on se sent vraiment vivre dans cette ville de Saumur, dans l'intérieur des Grandet où domine le père. Puis, c'est l'irruption de Charles, de la nouveauté, des sentiments forts, de la sincérité entre les deux jeunes gens pour un temps un temps seulement, de la libération par rapport à un mode de vie invariable. La mère, la fille et la domestique sont complices, bien plus fines que le Père Grandet tout à la prospérité de ses affaires, à sa notoriété, et à l'accumulation de son or. Bref, en langage actuel à sa réussite. Cependant, personne n'échappe à son destin ni surtout à sa mort, y compris le Père Grandet.
Ce roman a un coté féministe très fort, il rend hommage à Eugénie qui se montre forte et d'une grandeur d'âme hors du commun vis à vis de Charles, ainsi qu'à Nanon, la domestique serviable qui s'en sort on ne peut mieux avec tout le respect qu'on lui doit.
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Ce roman m'a mise extrêmement mal à l'aise tant les thèmes abordés sont aux antipodes de mes idéaux humanistes. Tant d'avarice, d'insensibilité, de vacance dans l'amour me laisse très contrariée dans ma lecture. Toutefois, la plume est grandiose, L'Avare, l'Arriviste, la Perfection, l'Innocence, toutes les allégories prennent vie sous le soleil de Saumur. Un très beau roman balzacien !
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Eugénie Grandet d'Honoré de Balzac
@gallimard @folio
Sortie au cinéma le 29 septembre 2021
Premières phrases : » Il se trouve dans certaines villes de province des maisons dont la vue inspire une mélancolie égale à celle que provoquent les cloitres les plus sombres, les landes les plus ternes ou les ruines les plus tristes. »
En replongeant dans un roman de M Honoré de Balzac, je savais en mon for intérieur que je ne serai pas déçue.
Cette lecture, je ne l'ai pas choisi au hasard, celle-ci me fût suggérée par l'article de Baptiste Liger paru dans le magazine Lire du mois de septembre 2021.
L'invité » du mois, Marc Dugain, à qui l'on doit « la chambre des officiers », adapte, ce roman avec dans les rôles titre : Olivier Gourmet, Valérie Bonneton et Joséphine Japy.

Sachez que lorsque Balzac n'est plus une lecture obligatoire (personnellement j'ai toujours aimé son style) mais une lecture plaisir, bien vite, la magie de sa plume se révèle sans pression juste par passion.
Ne trainez pas la patte à l'idée de croiser à nouveau la route d'un classique de la littérature française... J'en vois qui ne sont pas d'accord avec moi et d'autres qui se cachent dans leurs épaules. Non, célébrer plutôt le bonheur, de pouvoir découvrir ou redécouvrir cet auteur, son style inimitable et ses descriptions dithyrambiques.

Grandet est avare... un savant mélange d'Harpagon et de Don Salluste, voyez vous-même :
« Cette figure annonçait une finesse dangereuse, une probité sans chaleur, l'égoïsme d'un homme habitué à concentrer ses sentiments dans la jouissance de l'avarice et sur le seul être qui lui fût, réellement de quelque chose, sa fille Eugénie, sa seule héritière «
Il est avare, possessif et tyrannique, comptant le moindre morceau de sucre ou le feu ne brule dans la cheminée que si vraiment il gèle à l'intérieur.
Sa fille Eugénie est entièrement dévouée à sa famille, à sa tendre mère et à son cher père, respectueuse des décisions qu'il prend elle n'ose jamais le contredire ni lui faire le moindre reproche et se réjouit du peu qu'il conçoit à céder.
Dans cette maison de Saumur, où les tractations vont bon train pour savoir qui épousera la riche héritière qui ignore tout de sa condition financière, on ne lui parle que d'argent, elle ne rêve que d'amour depuis qu'elle a rencontré son cousin Charles or la vie n'est jamais simple pour les douces Eugénie et bien vite les histoires d'amour s'envoleront et ne resteront plus, alors que les histoires d'argent …

Emma aime
-Redécouvrir
-Retrouver ses 17 ans
-Dévorer Balzac
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Eugénie Grandet est sans aucun doute le parti le plus intéressant de Saumur. La jeune femme est l'enfant unique de Monsieur Grandet, vigneron, un homme réputé pour son sens des affaires et surtout son obsession des économies. L'homme est avare et chaque sous dépensé ne l'est qu'avec parcimonie. Ainsi deux familles n'hésitent pas à placer leur pion dès que possible pour marier Eugénie à un de leurs rejetons. Jusqu'au jour où le cousin d'Eugénie débarque de Paris, sans trop savoir pourquoi d'ailleurs. L'homme est un dandy et découvre avec stupeur et inquiétude le train de vie frugal de sa famille provinciale. Il espère seulement retrouver au plus vite sa maîtresse parisienne. Monsieur Grandet qui croyait y voir une opportunité apprend que son frère, le père de Charles, est ruiné et vient de mettre fin à ses jours. Et alors qu'Eugénie tombe aussitôt amoureuse de son cousin et l'aidera à surmonter son deuil, Monsieur Grandet s'empressera d'organiser le départ de son neveu pour les Indes, de peur que celui-ci ne s'intéresse de trop près à ses économies. La jeune femme confiera à Charles ses quelques économies personnelles et lui promets d'attendre son retour. Mais celui-ci se fait attendre et tandis que Monsieur Grandet continue à faire des affaires (notamment sur la liquidation des affaires de son frère !), Eugénie désespère d'avoir des nouvelles. On pourrait regretter le portrait, classique chez Balzac, de la jeune fille/femme ingénue, dévote, obéissante et naïve si ce n'est qu'Eugénie, au fil du roman, va montrer finalement une force de caractère et une bonté face à l'avarice de son père et la lâcheté de son cousin. Malgré quelques longueurs (n'oublions pas que Balzac était payé à la ligne et que le rythme des romans de l'époque n'était pas celui d'un polar d'aujourd'hui), « Eugénie Grandet » fait partie des romans les plus connus de l'écrivain, et ce n'est pas par hasard. Et puis Balzac y fait montre de beaucoup d'humour, y décrivant la noblesse et la bourgeoisie provinciales avec un certain cynisme, assez rare dans son oeuvre. Un grand classique
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Je viens de lire Eugénie Grandet, que je ne me souviens pas avoir lu en classe, car je pense que je l'aurais trouvé très ennuyeux à l'époque.
Plus que le portrait d'un avaricieux, c'est la peinture d'une société, des moeurs d'une époque et d'une classe sociale où les femmes n'ont qu'à obéir et où domine l'intérêt et la bêtise.
J'ai trouvé ce roman un peu mièvre par moment et sans surprise.
Sans renier Balzac, je préfère Maupassant, pour ses études de personnages et de moeurs beaucoup plus fines et poussées.
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