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sur 4338 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je dois vous faire un aveu, je n'avais jamais lu Balzac, Honoré de Balzac, que certains me dépeignaient comme difficile à lire, ennuyeux, long et soporifique.... Oh ne me jeter pas la pierre : tout le monde connaît son nom mais combien l'ont-ils réellement lu ? 

Forte de ses remarques mais comme toujours curieuse de me faire ma propre opinion, j'ai choisi un court roman dont je ne connaissais ni le thème, ni le lieu. Et bien n'écoutez pas les autres, faites vous votre propre idée, lisez les classiques, pour moi les bases de toute littérature....

Je me suis retrouvée à Saumur, au milieu des vignes, le Père Grandet étant un ancien tonnelier, ayant construit ainsi sa fortune au départ puis à prospérer en investissant dans les terres, l'or bien sûr mais surtout en faisant fructifier son bien et ....... en dépensant peu, faisant vivre sa femme et sa fille dans une misère totale : tout est compté, tout doit être justifié, les deux femmes passant leurs journées à rapiécer, à raccommoder, devant se nourrir de peu, ne profitant pratiquement que de la lumière du jour pour s'éclairer. Et pourtant le Père Grandet brasse de l'or, des louis à longueur de journée, grâce à ses amitiés avec le notaire Cruchot et le banquier des Grassins, il flaire, il compte, il calcule afin d'accroître son bien.

L'auteur installe chacun de ses personnages, lui donne un visage, des pensées, on se les représente très bien. C'est une construction très bien huilée, presque comme une scène de théâtre sur laquelle les acteurs prennent place. 

Dans la monotonie de leurs vies, les deux femmes vont trouver dans Charles, le cousin arrivé de la capitale, beau, élégant, possédant de beaux atours auxquels elles ne sont pas habituées, d'abord un divertissement mais aussi, pour Eugénie, l'amour. Fragile jeune fille de 23 ans, vivant sous la coupe d'un père despote et avare, d'une mère soumise et effacée, celle-ci va franchir les limites fixées par son père, susciter un peu d'intérêt de la part du jeune homme mais finira malgré riche, redorera le nom de Grandet mais se résoudra à une vie de presque solitude.

Quelle écriture, mais quelle écriture. C'est vif, humoristique par moment, critique et bien vu des âmes humaines..... La Comédie Humaine résume l'ensemble de l'oeuvre De Balzac et je comprends pourquoi après cette lecture. Il a su transcrire les hommes et femmes, dans leurs vies, leurs conditions, avec leurs défauts, leurs qualités. C'est piquant, vif, alerte, on sent toute la fougue qu'il a mis dans son roman. J'ai presque eu le sentiment d'entendre la plume sur le papier, les feuilles s'envolées au fur et à mesure. Peut être écrit alors qu'il se débattait lui-même avec ses créanciers .....

Dans ce roman on trouve comme sujet principal l'argent, le manque pour certains quand il s'agit d'une faillite, de dettes, de déshonneur, mais aussi la cupidité, l'avarice portée à son plus haut niveau. On sait combien l'argent a posé problème à Balzac, fuyant perpétuellement ses créanciers et on s'aperçoit qu'il maîtrisait parfaitement les arcanes de la finance, des banquiers, des manipulations financières.

La condition féminine est également traitée avec trois portraits de femmes : celui de Eugénie bien sûr, jeune fille soumise, convoitée par certains pour la dot qu'elle représente, comme une marchandise finalement. Pratiquement invisible dans le début du roman, elle prend peu à peu de l'ampleur, elle s'affirme même si elle tremble et craint les foudres de son père, mais l'amour va lui donner du pouvoir, de la force.

La mère, femme effacée qui a apporté à son mari par le mariage la fortune, mais qui est sous la coupe de cet homme et qui n'a pas conscience des biens qu'elle possède. Mais

Et puis il y a Nanon, la servante, car comme dans beaucoup de romans ou pièces classiques, il y a la servante, la complice du père Grandet, qui est la femme du terroir, au parler franc et sincère.

Quel regard sur la société d'alors (19ème siècle) avec les intérêts de chacun, le pouvoir du père sur sa maisonnée, sur ces femmes soumises, sur la vie en province avec les rumeurs, les bavardages qui courent dans les rues et remontent aux oreilles de chacun. 

Il n'y a pas de temps morts, pas de longueur, pas d'ennui, il y a des touches d'humour, la critique est vive, l'auteur n'est aucune complaisant avec le Père Grandet : il ne lui trouve aucune circonstance atténuante, il est beaucoup plus indulgent avec Eugénie. 

Je pense que je vais continuer ma découverte de cet auteur car j'ai pris beaucoup de plaisir dans cette lecture, même si certains termes et manipulations financières me sont restées assez obscures....., mais j'ai souri, parfois j'ai été révoltée par la manière dont ce vil "bonhomme" traitait sa maisonnée mais aussi manipulait ses relations, ne pensant qu'à son intérêt et uniquement son intérêt.

N'hésitez pas à plonger dans notre littérature classique : l'on s'aperçoit qu'elle est riche, très belle et surtout très actuelle......
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J'ai beaucoup aimé ce roman qui dépeint une société rurale et un personnage proche de son argent au détriment de sa propre famille. Ce radin notoire mène la vie dure à son entourage et sa fille, Eugénie, subira les conséquences de cette attitude. le style De Balzac est agréable, un peu chargé, mais les personnages sont tellement réalistes!
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L'histoire d'Eugénie Grandet, c'est d'abord, me semble-t-il l'image de son père dont l'avarice est sans pareille à l'image de l'économie sur le beurre et la farine pour la confection de crêpes qui seraient pour lui une dépense inconsidérée. Eugénie grandit au milieu de cet état de privations diverses alors que son père est très riche. A sa mort, l'avenir d'Eugénie est incertain malgré sa fortune, elle aimerait trouver l'amour et dédaigne son argent. Balzac dépeint une famille et une société où la fortune prenait une telle dimension qu'elle causait aussi de nombreux malheurs. Peu de changements aujourd'hui. Très belle écriture De Balzac qui, à elle seule, justifie la lecture.
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J'aime la manière dont Balzac nous amène tout doucement dans la province angevine par la description de maisons calmes et mélancoliques. On pénètre dans l'une d'elles et y rencontre la famille Grandet, le père légèrement tyrannique et très Harpagon qui dirige son foyer et son argent d'une main de fer. La mère, soumise et tristounette, Nanon la bonne, costaude, au service de chaque membre de la famille, forte et dévouée, et enfin, Eugénie, qui dans ce récit de sa vie, va s'éveiller d'un long sommeil pour tenter de vivre sa vie, de s'affirmer, tout en restant fraîche et innocente.

Tout ici balance entre générosité, don de soi et calculs froids et cyniques. le père sait tenir son rôle pour embobiner tout le monde, même ses proches, alors qu'Eugénie résistera ce trait d'hérédité propre aux Grandet.
La province - mais aussi les milieux parisiens - que Balzac décrit ici sont détestables au possible et seuls les plus impitoyables y ont leur part du gâteau, au détriment d'âmes faibles comme la pauvre madame Grandet. Eugénie, quant à elle, en ressort grandie et sans taches contrairement à tous les autres personnages, ce qui en fait une des grandes qualités du roman, en plus des effets stylistiques qui parsèment le roman (par exemple, la lettre de Charles (le neveu orphelin) qu'Eugénie est en train de lire devient celle qu'il est en train d'écrire, par un effet de retour dans le temps, précurseur de ce que le cinéma fera dans ses récits).

Portrait d'une époque et d'un milieu qu'on pourrait superposer à ceux d'aujourd'hui sans trop de problèmes, ce qui rend ce roman intemporel.
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Eugénie Grandet grandit en province, à Saumur, entourée de son père d'une avarice maladive, sa mère, petite femme soumise que Grandet a épousée pour ses rentes et Nanon, la servante dévouée à Grandet.

Félix Grandet ne vit que pour l'argent, en posséder et en accumuler toujours davantage. Il est tellement avare que tout est compté, jusqu'aux morceaux de sucre qu'il va jusqu'à couper lui-même en parts réduites, au bois sur lequel il ne faut pas compter pour se chauffer d'avril à novembre quel que soit le temps, les portions de pain qui sont comptées, etc ...

Eugénie ne souffre pas trop de cette situation car elle n'en a jamais connu d'autres ... jusqu'au jour où son cousin, le beau Charles, fils du frère de Grandet, Guillaume, débarque avec tous ses atours de luxe et que éblouie elle en tombe amoureuse. En fait, Guillaume, ruiné, se suicide et demande à son frère de s'occuper de son fils. Ce drame qui laisse le père Grandet insensible (hormis pour les questions d'argent) désespère le jeune homme qui était très attaché à son père. Qu'à cela ne tienne : Grandet par toutes une série de manoeuvres entreprises par son homme de loi va entreprendre une série de démarches pour profiter financièrement de la situation et envoyer son neveu aux Indes coupant ainsi court à l'amour qui fleurit entre sa fille et son neveu. Eugénie, amoureuse va donner à son cousin toutes ses économies, ce qui lorsqu'il le découvrira mettra Grandet dans une rage épouvantable au point de confiner sa fille (âgée de 23 ans quand même) dans sa chambre au pain sec et à l'eau durant de longs mois. Elle ne survivra que parce que Nanon lui apportera en cachette quelque nourriture plus noble et plus consistante.
La mère d'Eugénie, dévastée par ces événements tombe malade et agonise pendant de nombreux mois parce qu'elle souhaiterait que son mari pardonne à Eugénie et fasse la paix avec elle. Grandet n'en a cure jusqu'au moment où son homme de loi lui fait comprendre que si son épouse décède, il devra partager l'héritage de cette dernière avec sa fille. L'argent, les biens, la possession sont les seuls arguments qui pouvaient convaincre Grandet. Il se réconcilie donc avec sa fille mais la mère laissée sans soins durant presque une année décédera quand même, heureuse de quitter ce monde où la vie lui fut si dure et sans joie. Grandet trouvera le moyen de faire renoncer Eugénie à l'héritage de sa mère. Il faut dire que la douce Eugénie n'en a cure, pure, naïve et innocente, elle ne pense qu'à son cousin et aux serments d'amour éternel qu'ils se sont juré. Bien qu'entourée de plusieurs prétendants, Eugénie restera fidèle à ses sentiments pour son cousin. le père Grandet finira par mourir en contemplant son or. Et Eugénie, eh bien Eugénie ... pour le savoir, lisez le livre si ce n'est déjà fait ...

Le thème de ce livre c'est l'avarice poussée au dernier degré, avarice qui, comme toujours chez ceux qui sont atteints de ce vice, est non seulement matérielle mais également morale. Pourtant, vraisemblablement Grandet aime sa fille ... mais moins que l'or ... ! L'opposition entre les avares et les avides (Grandet et quelques uns de ses "amis") et l'innocence, la pureté et la sensibilité de coeur ( Eugénie et sa mère) nous atteint de plein fouet et nous fait réfléchir non seulement sur les moeurs du 19e siècle mais encore sur notre époque où l'argent domine tout autre considération faisant de nos contemporains des êtres de moins en moins "humains".

L'écriture de Balzac me fatigue toujours un peu mais je dois reconnaître que sa psychologie et son analyse de société sont très judicieuses et pertinentes.

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Je fais partie de ces gens à qui Balzac fait peur et rebute, et qui cherche à soigner le mal par le mal en m'en injectant de temps à autre une petite dose afin d'en conjurer les effets.
Stratégie qui aura parfaitement fonctionné avec Eugénie Grandet, à la fois tragédie terrible et comédie grinçante dans laquelle je ne m'attendais pas à plonger si facilement et avec autant de plaisir.

Tout ce que l'on se figure De Balzac est là dans ce huis clos oppressant entre les quatre murs de la masure de cet avare bestial de Grandet : l'observation minutieuse de la mesquinerie provinciale, la peinture de moeurs et le poids démesuré de l'argent dans les rapports sociaux, mais surtout la peinture de deux caractères radicalement antagonistes : le vieux Grandet, dont l'avarice et la barbarie du comportement relèvent de la psychiatrie lourde, et la jeune Eugénie dont la pureté d'âme et la générosité de coeur sont sacrifiées sur l'autel de la passion morbide de son père pour son or.

Au long de l'intrigue, d'une cruauté d'autant plus abominable qu'elle est émaillée en contrepoint de comique avec les notables de Saumur venant courtiser la fille pour obtenir l'or du père, ce qui marque le plus profondément est l'éveil progressif de la jeune Eugénie, maintenue par le père dans l'ignorance et la soumission, découvrant l'amour, y puisant une force insoupçonnée pour enfin déployer toute la noblesse de son caractère sur les cendres d'une tragique trahison.
Un classique incontournable, épouvantable et pathétique, avec juste ce qu'il faut de lumière pour ne pas devenir définitivement misanthrope.
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Petite fille, j'ai lu une version très simplifiée et très expurgée d'Eugénie Grandet...qui ne m'avait pas déplu, mais ne m'avait pas non plus laissé un souvenir impérissable.
Puis les années ont passé, et j'ai appris à lire et à aimer la littérature française du XIXème siècle, en particulier Zola, Maupassant, Gaston Leroux, Dumas, et, dans un tout autre genre, Jules Verne. Mais, bizarrement, Balzac me faisait peur: il trainait trop derrière lui une réputation de "descriptions interminables et assommantes."
Et puis ces derniers jours, je ne sais pas pourquoi, j'ai eu envie de réparer cet oubli, et pour ce faire j'ai choisi Eugénie Grandet. Bien m'en a pris, car j'ai vraiment aimé: le style De Balzac (oui les descriptions sont nombreuses, mais c'est tellement bien écrit !), son ironie et son humour, les personnages qui gravitent dans ce roman, aucun vraiment mauvais, aucun vraiment bon. J'ai souffert avec Eugénie, je l'ai vu devenir jeune fille naïve et pure à jeune femme confiante tenant tête à son destin et à son père, à femme déçue et plus dure...bref un beau roman que j'ai dévoré, où plusieurs thèmes sont brassés: l'avarice bien sûr, l'amour, la déception, le temps qui passe et qui endurcit les âmes et les êtres, l'intérêt, la bêtise, le microscome d'une ville de Province, ses intérêts et ses petites lâchetés.
Le seul point qui m'a fait survoler certaines lignes ce sont les longues explications économiques...auxquelles je n'ai rien compris. Mais ça n'altère en rien le plaisir que j'ai eu à lire ce roman.
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J'ai lu Eugénie Grandet pour la première fois au collège, et je n'ai pas du tout aimé. Mais plus tard, les années passant, j'ai retenté la lecture : ce fut un vrai plaisir. Il faut , je crois, de la maturité pour apprécier Balzac, sa façon de décrire personnages et situations, non sans ironie, et la société de l'époque.
C'est pour moi un très bon roman, émouvant et cruel, que je relis avec plaisir régulièrement. Il faut toujours laisser une deuxième chance à un livre.
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Dans la petite ville de Saumur, le père Grandet, qui a été maire de la ville, vit à l'abri dans sa maison quelque peu délabrée, avec sa femme, sa fille Eugénie et Nanon la servante, une brave fille éternellement fidèle et reconnaissante à Grandet qui l'a recueillie quand elle n'était qu'une gamine mise à l'écart et mal aimée ...Et la vie chez les Grandet est spartiate, le père agit comme un tyran domestique, prompt, malgré sa fortune accumulée grâce à ses rentes, à rationner et surveiller toutes les dépenses du ménage. Quand Charles Grandet, son neveu parisien, s'installe dans la famille, le choc est immense et Eugénie Grandet , soumise et discrète, s'éprend du jeune homme jusqu'à l'aider et s'émanciper de la tutelle paternelle pour que Charles puisse reprendre ses affaires en main.

Après deux essais infructueux dans la lecture de ce classique, j'ai persévéré et cette troisième tentative a été la bonne...J'ai aimé ce roman dans lequel Balzac s'empare de la vie de Province où l'ambiance est assourdie, la vie se déroule au ralenti, où les sentiments sont réfrénés ; c'est également l'occasion d'illustrer l'amour démesuré du père Grandet pour l'argent et l'accumulation de ses richesses et bien sûr l'éveil à l'amour d'Eugénie Grandet qui, n'ayant connu que les quatre murs de la maison et une vie simple, est subjuguée par les manières parisiennes de son cousin. Les sentiments d'Eugénie sont purs et sincères, ceux de Charles moins fiables, ce qui n'empêchera pas Eugénie de faire preuve d'une grandeur d'âme et d'un esprit de sacrifice, même si elle n'est pas aimée de retour.
Eugénie Grandet est un roman d'amour, un roman d'abnégation où les sentiments exacerbés ne sont pas partagés, et Eugénie une héroïne tragique.
Cette peinture de moeurs met en lumière la grandeur et les mesquineries de la nature humaine.
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Balzac serait-il trop grand, n'appartiendrait-il qu'à des critiques professionnels, dûment estampillés, universitaires ou académiciens, pour que n'importe qui ose apporter son analyse et s'improvise contempteur ou élogieux, voire exégète d'une oeuvre ? Surtout quand tout a déjà été dit sur cette oeuvre ! On pourrait tout de même le penser !
Eugénie Grandet, c'est Saumur, province étriquée au début du XIXe siècle, où l'activité la plus flamboyante semble être de faire des parties de loto ou de whist le soir entre voisins, où existent des clans familiaux, les Cruchot et les Des Grassins, qui guettent la bonne affaire ou le beau mariage pour s'enrichir, où l'argent est un qualificatif vertueux même quand il est issu de spéculations véreuses - spécificité balzacienne - où l'on peut se contenter de ne sortir de chez soi que pour aller à la messe.
Le Père Grandet, ancien tonnelier, propriétaire de terrains, maisons, vignes et magot personnel, est un spéculateur malin et un vieil avare qui économise les bougies, le sucre, le chauffage, et sous-paye son personnel, tout en étant richissime et passant du temps à caresser son or. Son épouse est une femme effacée, qui lui est entièrement soumise. Sa fille Eugénie est une jeune personne candide et généreuse, qui aime sa mère, respecte son père et accepte d'être cloîtrée dans la demeure familiale plutôt sinistre.
La peinture par Balzac de ce monde provincial - où silences, dissimulations, simagrées, petits mystères et duplicités éminentes règnent - fait de ce roman une oeuvre réaliste mais qui tient souvent de la comédie, quand l'auteur ne se perd pas dans la caricature.
Tout semble laid, petit, plat dans sa description de la province, la demeure des Grandet est vieille, triste, le soleil n'y pénètre pas, les murs, les meubles, les décorations, l'escalier, tout est suranné, terne, couvert de chiures de mouches, branlant ; Grandet, son épouse, Nanon la servante, les Cruchot, les Des Grassins, aucun n'inspire la moindre considération par son physique, son allure, sa prestance, même Eugénie a une beauté quelconque, qui abrite cependant une âme sublime, d'une grande pureté, d'une forte générosité, d'une fidélité à toute épreuve ; seul le cousin Charles, le parisien, le “mignon“ comme dit Nanon, brille par sa beauté, son élégance, ses manières. Mais lui aussi, son âme du moins, sombrera dans le sordide quand il se fera négrier ou se mariera pour avoir un titre et des biens.
Le coeur d'Eugénie, qui semble éteint quand se manifestent de pâles prétendants à sa main (et sa fortune), s'allume pour Charles, son cousin de Paris qui fait un soir irruption à Saumur parce que son père l'y envoie, en réalité parce que ce dernier, endetté, ruiné, décide de se suicider pour éviter le déshonneur. Eugénie est donc amoureuse et - sacrifice d'ordre religieux d'une sainte ou résignation sublimée d'une future vieille fille ? - se donne entièrement à cet amour chaste et sans lendemain, du moins qui nous apparaît ainsi, vu le départ de Charles pour les Indes et son silence pendant huit ans. Charles qui avait juré de ne pas oublier sa cousine.
Drame réaliste, comédie de moeurs, peinture magistrale provinciale, mais aussi esquisse des façons parisiennes, oeuvre de forte densité psychologique, telle est Eugénie Grandet, quand on met de côté les petits défauts, contradictions, exagérations, boursouflures balzaciennes.
Lien : http://lireecrireediter.over..
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