Le Centenaire ou les Deux Beringheld

Un roman fantastique typique du XIXème siècle qui se laisse bien lire malgré quelques longueurs et défauts...
On y distingue nettement 3 parties: une sorte d'introduction avec la mort de la fille d'un notable de Tours, victime de sa piété filiale, assassinée quasi sous les yeux du général Tullius Beringheld par un mystérieux vieillard aux yeux de feu; les mémoires du général qui expliquent la place qu'a le vieillard dans sa famille et ses raisons de se méfier de lui, puis enfin le récit reprenant la vie et les combats du Général Tillius après l'aventure de Tours, s'attachant beaucoup à ses amours contrariées avec Marianine Veryno, la fille de son intendant, perdue à Paris avec son père et sa femme de chambre après la disgrâce brutale de son père auprès des autorités.
Autant les deux parties précédentes sont haletantes et pourraient tenir seules, comme des nouvelles, autant la troisième partie est assez longuette avec son histoire d'amour exemplaire et la descente aux enfers de Marianine, qu'on a déjà l'impression d'avoir lu cent fois dans d'autres romans (même si l'action se précipite vers la fin)... A noter l'épilogue des deux lettres, qui donne une fin nette à une histoire qui s'arrêtait pile au milieu d'une action en faisant craindre le pire, un peu à la Arthur Gordon Pym; j'ai eu l'impression que les lettres étaient ajoutées juste pour satisfaire un éditeur en lui donnant un happy end ( et aussi corroborer une hypothèse sous-entendue dans les mémoires du général)...
Ce qui m'a frappé est surtout le caractère gris du centenaire: gris non par ses cheveux souvent décrits comme blancs, mais par son caractère tour à tour blanc et noir, salvateur et destructeur, quelques uns de ses actes, comme le sauvetage de dizaines de soldats mourants de maladie, ou le retour de l'amant de la sage-femme jadis accusé de meurtre, contredisant son aspect démoniaque et ses crimes. Je m'attendais à quelque chose de beaucoup plus manichéen... Agréablement surprise donc dans un roman facilement prévisible par ailleurs.
Bref pas complètement satisfaisant, loin d'être indispensable, mais qui remplit son contrat divertissant.