Citations sur Pourfendeur de nuages (24)
Pendant de nombreuses années, la vie du Vieux avait été cruellement divisée entre ses actions contre l’esclavage et ses responsabilités de père et de mari. Malgré ses efforts incessants, parfois furieux et chaotiques, pour venir à bout de cette division, Père donnait souvent l’impression de vouloir mener l’existence de deux hommes distincts : l’un était un abolitionniste incendiaire, une personnalité publique dont les actions les plus satisfaisantes et les plus importantes étaient nécessairement accomplies en secret ; l’autre était un bon père de famille et un mari très chrétien, une personne privée dont les gestes les plus satisfaisant et les plus importants se déroulaient dans la sécurité et le confort visibles de son entourage familial. C’était un homme qui avait lié sa vie à un vœu, celui de libérer complètement et pour toujours les Nègres de l’esclavage ;
J etais là, étendu dans le foin, stupéfait, émerveillé, ravi, l extrême agitation dont j etais si coutumier que j en étais venu a la considerer comme une des caractéristiques permanentes de mon esprit avait cessé. Et pendant quelques moments délicieux, cette nuit là, je ne me suis pas senti etranger a moi même. Une singuliere qualité de repos me bercait comme une brise tiède, et je me disais que tout au long de ma vie, ou en tout cas depuis la mort deja ancienne de ma mère, j avais erré loin de chez moi, tel un enfant qui parcourt le monde travesti en adulte.
« Nous avons fait d'une piste un sentier, d'un sentier un chemin, et d'un chemin une route qui a fini par rejoindre toutes les autres routes que nous avions l'habitude de parcourir ensemble ou tout seuls. »
Le jour même où il a sacrifié le meilleur de ses fils sur l’autel en pierre de ses croyances, Père s’est métamorphosé en quelques heures, et de son état d’homme mortel - certes extraordinaire et illustre mais homme quand même - il est passé à celui de héros nimbé de lumière. Peu importe qu’ils aient aimé sa façon d’agir, qu’ils aient admiré son courage ou qu’ils aient cru en sa parole : les Américains, à partir de ce moment-là, l’ont considéré comme plus qu’un homme et comme autre chose qu’un homme.
La solitude, quand elle est poursuivie suffisamment longtemps, devient sa propre recompense et se nourrit d elle même.
Chasseur d’esclaves, a dit Père, je t’envoie tout droit en enfer.
Et puis un matin, Père a été là, surgissant parmi nous comme le personnage principal qui manquait à la pièce, prenant le premier rôle et faisant aussitôt de tous les autres des figures secondaires. C'était ce qu'il voulait, évidemment. Sans Père, notre pièce n'avait pas de héros et dès qu'il était absent nous jouions nos rôles sans but ni compréhension. notre texte nous échappait , nous nous placions mal sur scène, nous confondions les amis et les ennemis, perdions de vue ce que nous souhaitions atteindre et ce qui y faisait obstacle. Sans le Vieux, la tragédie tournait vite à la farce.
De tous les animaux sur la planète, nous sommes sans aucun doute le plus méchant, le plus trompeur, le plus meurtrier et le plus vil. Malgré notre Dieu, ou à cause de Lui. Les deux. Notre seule vertu, parfois, semble résider dans le fait que nous sommes aussi cruels et violents les uns envers les autres que nous le sommes à l'égard des autres espèces - ces espèces que nous abattons et dévorons, ou abattons pour le simple plaisir et jetons au rebut, ou abattons uniquement parce qu'il nous est commode de le faire et dont nous entassons les cadavres.
Venez ici dès que possible, mes garçons, et venez armés car il nous faut arracher quelques pauvres créatures de la gueule de Satan avant qu’il ne les dévore ! Une démonstration en règle de force chrétienne et de notre volonté sans faille de faire pleuvoir le feu sur la tête des malfaiteurs et des hypocrites de notre région devrait clarifier les choses. En tout cas, ce devrait être suffisant pour que nous puissions poursuivre l’œuvre de Dieu et contribuer à la chute de l’esclavage en le rendant trop coûteux à maintenir contre les volontés conjuguées de chrétiens blancs et d’esclaves courageux, prêts à tout. Venez tout de suite ici à North Elba, mes fils ! Venez et soyez avec nous de vrais Soldats du Seigneur, droits et courageux ! Votre père qui vous aime,
JOHN BROWN
A cette epoque j etais un enfant froid et renfermé, désespérément triste de la mort de ma mère. La douleur que j eprouvais nuit et jour etait telle que je ne pensais guerre a autre chose et que j avais ainsi tout l air d un de ces enfants toujours dérangés qui ne semble pas savoir où ils sont ni qui est avec eux et ne paraissent pas s en soucier.