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Christine Le Boeuf (Traducteur)
EAN : 9782742714445
336 pages
Actes Sud (04/06/1999)
4.15/5   853 notes
Résumé :
Dans une bourgade au nord de l'état de New York, l'embardée d'un bus de ramassage scolaire a provoqué la mort de plusieurs enfants. Les réactions de la petite communauté sont rapportées par les récits que font quatre protagonistes : Dolorès Driscoll, la conductrice, solide et généreuse, choquée par ce qui ne pouvait lui arriver ; Billy Ansel, l'inconsolable père de deux enfants qui ont péri dans l'accident ; Michel Stephens, un avocat new-yorkais qui s'acharne à tro... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (94) Voir plus Ajouter une critique
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Comme tous les matins depuis une vingtaine d'années, Dolorès Driscoll conduit le car scolaire. Un froid pourtant glacial ne l'empêche guère de démarrer. La neige n'est attendue que pour plus tard. de multiples arrêts ponctuent son parcours. Les enfants se bousculent à l'intérieur pour se protéger du froid. Rien ne présageait ce terrible accident. Sur la route, elle croit apercevoir comme le fantôme d'un chien. Quelque chose de couleur brun roussâtre. Était-ce un chien ou un chevreuil ou une vision d'optique ? Dolorès n'est sûre de rien. Pour l'éviter, elle braque le volant à droite en écrasant du pied la pédale de frein. L'inévitable se produit. le village de Sam Dent compte ses morts, 14 enfants, et les pleure.

Un tragique accident de car de ramassage scolaire va anéantir ce village de Sam Dent. Que ce soit ces parents endeuillés qui ont perdu leur enfant, parfois deux ou trois ; Dolorès, la conductrice qui se sent responsable ou encore les enfants qui ont eu la chance de s'en sortir, certains avec de graves séquelles. L'on cherche un coupable, et cet avocat venu tout droit de New-York compte bien en trouver et amener l'affaire devant les tribunaux. Russell Banks donne la voix à Dolorès, à Billy Ansel, un papa déjà anéanti par le décès de sa femme et qui a perdu ses deux enfants, Mitchell Stephens, l'avocat qui tente de rallier ces parents et enfin Nicole Burnell, une jeune fille promise à une bel avenir et qui en ressortira en chaise roulante. L'on entre alors dans la peau de chacun, l'auteur s'attardant judicieusement sur leur passé et décrivant leurs doutes et leurs failles, et l'on vit ce drame de différents points de vue. Dans cette Amérique profonde, au coeur de cette population frustrée et blessée, l'ambiance se veut parfois lourde, pesante et tragique. Porté par une écriture riche, déchirante et envoûtante, ce roman captive tout autant qu'il étreint.

A noter que ce roman a été adapté au théâtre et au cinéma par Atom Egoyan en 1997 et a obtenu le Grand Prix du jury au festival de Cannes cette même année.

La promesse de beaux lendemains...
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Superbe ! du roman américain pur et dur, aux relances narratives bien dosées et aux personnages grandioses. Ce ne sont d'ailleurs presque plus des personnages, des scans cérébraux en polyphonie, un concert d'âmes écorchées avec leurs histoires et leurs manières d'aborder la vie dans ce patelin de Sam Dent, où la mort rôde, et s'invite dans la sortie de route d'un bus scolaire. Mais c'est aussi une immersion dans les années 90, à une époque où on s'étonnait encore de l'envahissement des avocats, et une visite des États-Unis sur les pas de ses fantômes.
Sam Dent, État de New-York, 90's : « C'est un paysage qui vous domine, qui vous dit : Assis, bonhomme, ici c'est moi qui commande. » Pas totalement convaincu par contre que ce soit le paysage seul qui commande par ici.... Une petite projection dans cette formule Mr Banks ? En tout cas c'était ma deuxième avec cet auteur, et de beaux lendemains de lecteur, j'ai l'impression qu'il m'en reste.

(Merci Onee pour le conseil :-)
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Un accident de car, tuant 14 enfants, bouleverse la vie d'un petit village….

D'un fait divers dramatique, Russel Banks tire un roman poignant en donnant la parole à 4 différents protagonistes du drame révélant les secrets et les faiblesses des uns et des autres, analysant le poids de la culpabilité et de la solitude sur chacun, avec des questions en filigrane : Pourquoi tous ces enfants sont-ils morts ? Qui est responsable ? Comment surmonter la perte d'un enfant ? Est-il possible de continuer à vivre après une telle tragédie ?

La force de ce roman est donc l'analyse d'un même événement à la différence d'une succession de points de vue, parfois concordants, parfois contradictoires. Ainsi, on entre véritablement dans la peau des personnages (très bien décrits), on comprend leurs souffrances et leurs angoisses, souvent à la lumière de leur vie passée qui surgit dans le récit par le biais de flashback.

Outre les témoignages, c'est également un portrait de toute une société américaine qui est brossé à travers les intentions des uns et des autres face à l'éventuel procès, ou à travers leurs réactions à l'absence. Aux Etats-Unis, plus qu'en France, tout est prétexte à faire un procès.

L'histoire a pour fond l' Amérique profonde, sombre, décadente, vidée de ses rêves, pleine de frustrations. L'auteur rend bien l'atmosphère lourde (la brume, la neige et le froid sont omniprésents) qui règne sur le village perdu dans le Parc des Adirondacks, superbe d'isolement, « un paysage qui vous domine ».

Ce roman, parfaitement mené, est très humain et aucunement larmoyant. C'est magnifiquement écrit, avec détachement, laissant aux lecteurs le soin d'appréhender cette situation comme il l'entend.
C'est beau, c'est simple, c'est court.

Très bon livre, excellent auteur. A lire !!!


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De nombreux enfants d'une petite ville l'état de New York ont péri dans un terrible accident de car scolaire. C'est l'hiver, froid, verglas, isolement.
Russell Banks a choisi de relater ce drame via le regard de quatre narrateurs différents : Dolorès, la conductrice du bus, Bill, un veuf qui a assisté à l'accident au cours duquel ses enfants ont perdu la vie, Nicole, une jolie fille qui se retrouve handicapée et enfin un avocat qui propose ses services pour entamer une procédure judiciaire.
Les personnages nous livrent leur version des faits, leurs émotions, leur souffrance, leur désespoir face à cette tragédie qui a fait basculer leur vie.
L'auteur, avec son talent indéniable, nous emmène dans une relation intime et intense avec les personnages. Des descriptions ciselées et puissantes. Une atmosphère parfois pesante. Un beau roman écrit avec simplicité et efficacité.






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Etat de New-York, l'hiver, -27°, la neige et le verglas recouvrent les routes mais Dolorès Driscoll est habituée, depuis 20 ans, à conduire le car de ramassage scolaire et en a la maîtrise comme celle des enfants qu'elles transportent, elle les connait tous, eux et leurs familles, et pourtant, ce matin là, quatorze d'entre eux vont trouver la mort, parfois plusieurs d'une même famille. Pourquoi et qui est responsable ? La narration est donnée à quatre personnages concernés à divers degrés : la conductrice Dolorès est la première et par elle nous découvrons la ville, l'hiver et les familles au fur et à mesure que les enfants s'installent dans son véhicule. Puis Billy Ansel le père de deux enfants décédés, qui suivait le car et Nicole Burnell, une des occupantes du car,une survivante. Il y a également Mitchell Stephens, avocat, qui veut faire payer le ou les coupables parce que dans tout drame il faut un ou des responsables. Russell Banks donne la parole à chacun d'eux pour connaître non seulement leurs vies, celle d'avant car ce que l'on sait d'eux est peut-être bien différent de ce que l'on en dit et celle d'après le drame, avec leurs ressentiments, comment ils vivent désormais ou ce qui les anime.

Sam Dent est une petite bourgade où tout le monde se connaît, s'apprécie mais le drame va révéler, au-delà de l'impact sur les familles, ce qui se passe sous le voile des apparences : d'autres blessures, d'autres secrets, d'autres rancoeurs ou intérêts car bien au-delà d'un accident Russell Banks aborde, à travers ce prisme, la société américaine qui dissimule ses failles sous le voile des apparences.

Après la lecture de la réserve qui m'avait permis de découvrir Russell Banks et sa façon de sonder la psychologie de ses personnages, jouant déjà du trouble de certaines personnalités, on m'avait fortement conseillé la lecture de ce roman, adapté au cinéma par Atom Egoyan, et qui obtint le Grand Prix du Festival de Cannes en 1997 (que je n'ai pas vu). L'auteur se glisse dans chacun de ses personnages, avec logique, en partant de l'intérieur du car, puis du père qui le suivait, puis d'une des enfants pour finir par un élément extérieur au drame, mais qui va le prendre en charge au niveau juridique, adoptant et imprégnant son écriture de l'univers de chacun, avec des ruptures de to, en particulier dans la double prise de parole de Dolores Driscoll en début puis en fin de roman . Tous ont des blessures antérieures, aucun d'eux n'a été épargné dans sa vie et pourtant ils vont connaître une douleur encore plus forte : celle soit de perdre un ou des enfants, de se retrouver handicapée, de ressentir un sentiment d'impuissance, de fatalité ou de responsabilité dans l'accident mais aussi des désillusions face à une communauté qu'ils pensaient connaître.

La force de ce roman réside dans la tension installée, la manière dont les relations et sentiments de chacun vont prendre une autre dimension. On passe d'une bourgade tranquille, sans heurts à un climat de suspicion et d'interrogations. Les langues se délient, les attitudes changent, certains se noient dans leurs tristesses, d'autres vont trouver là l'occasion de régler des comptes et comme il faut toujours un responsable, qu'importe la responsabilité si cela permet d'assouvir une vengeance.

Russell Banks expose les faits, conduit le car jusqu'à sa chute puis laisse chacun exposé son ressenti, son vécu, ses convictions, sa détresse ou son ignorance mais c'est l'occasion pour l'auteur d'analyser les comportements et les revirements d'une société quand un tel drame surgit, en particulier au sein d'une petite communauté, avec la présence d'un avocat, lui-même touché dans sa vie personnelle par un enfant en difficulté, et qui permet de faire le lien entre les différents protagonistes mais également d'avoir le regard extérieur, sans affect et uniquement motivé par la réparation pécuniaire.

C'est glaçant, certes, par les faits, la perte d'enfants d'une même communauté, mais l'intérêt est surtout la manière dont chacun va réagir, faire front ou s'effondrer et remettre en question tout ce qui était les bases de sa vie d'avant. Une écriture qui tient à la fois à distance des faits parce qu'ils parlent d'eux-mêmes et qu'il est inutile d'en rajouter, s'orientant plus sur l'aspect psychologique et intime de chacun(e) des protagonistes, un style qui énonce, relate sans jamais s'apitoyer sur l'un ou l'autre, comme le constat de situations personnelles face à un drame qui touche dans ce que l'on a de plus cher, sans jugement sur les choix pris par chacun pour tenir, continuer ou trouver une issue, s'il en existe une, bonne ou mauvaise.

Décidément un auteur que j'aime.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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critiques presse (1)
Culturebox
10 janvier 2023
A travers le témoignage de ces différentes personnalités de tous âges et de toutes origines, qui s'expriment à l'occasion d'un événement tragique, c'est la voix profonde de l'Amérique que Russell Banks fait entendre.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (56) Voir plus Ajouter une citation
Les gens qui ont perdu leurs enfants (…) se tordent en toutes sortes de formes étranges afin de nier ce qui est arrivé. Pas seulement à cause de la douleur de perdre quelqu'un qu'ils ont aimé – nous perdons des parents, des compagnons, des amis, et si douloureux que ce soit, ce n'est pas pareil – mais parce que ce qui est arrivé est si cruellement contre nature, si profondément opposé à l'ordre nécessaire des choses que nous ne pouvons l'accepter. Il semble incroyable, incompréhensible que des enfants meurent avant les adultes. C'est un défi à la biologie, ça contredit l'histoire, ça nie toute relation de cause à effet, c'est même une violation de la physique élémentaire. C'est le paradoxe absolu.
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D’ailleurs, les gens de Sam Dent ne sont pas uniques. Nous avons tous perdu nos enfants. Pour nous, c’est comme si tous les enfants d’Amérique étaient morts. Regardez-les, bon Dieu – violents dans les rues, comateux dans les centres commerciaux, hypnotisés devant la télé. Dans le courant de mon existence, il s’est passé quelque chose de terrible qui nous a ravi nos enfants. J’ignore si c’est la guerre du Viêt-nam, la colonisation sexuelle des gosses par l’industrie, ou la drogue, ou la télé, ou le divorce, ou le diable sait quoi. J’ignore quelles sont les causes et quels sont les effets ; mais les enfants ont disparu, ça je le sais. Alors, essayer de les protéger, ce n’est guère qu’un exercice complexe de refus. Les fanatiques religieux et les superpatriotes, ils tentent de protéger leurs gosses en les rendant schizophrènes (...); les classes moyennes attrapent ce qu’elles peuvent acheter et le transmettent, tels des bonbons d’Halloween empoisonnés ; et pendant ce temps, les Noirs au cœur des villes et les Blancs pauvres au fond des cambrousses vendent leurs âmes par convoitise de ce qui tue les gosses de tous les autres en se demandant pourquoi les leurs prennent du crack
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Le deuil peut être très égoïste. Quand quelqu'un que vous aimez est mort, vous avez tendance à vous rappeler surtout les quelques instants et incidents qui vous ont permis de clarifier votre perception, non de la personne qui est morte, mais de vous-même. Et si votre amour était grand, (…) votre perception de vous-même aura été clarifiée plusieurs fois, et vous aurez beaucoup de ces instants à vous rappeler.
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Et pourtant, chaque année, je jure de ne plus me charger d'une affaire concernant des enfants. Plus d'enfants morts. Plus de parents sonnés, en deuil, dont le seul désir en réalité c'est que, pour l'amour du Ciel, on les laisse pleurer en paix dans leurs maisons obscures, assis sur les lits de leurs gosses avec les stores baissés devant le monde extérieur et sa curiosité, qu'on les laisse pleurer en silence et contempler leur inaltérable douleur. Je ne me fais pas d'illusions - je sais qu'en fin de compte un million de dollars de dédommagement, ça ne fait aucune vraie différence pour eux, que ça n'a d'autre effet que d'aiguiser leur peine en la bridant de termes légaux et en la rétribuant financièrement, que ça complique leur sentiment de culpabilité et les oblige à s'interroger sur l'authenticité de leur propre souffrance. Je sais tout ça ; je l'ai vu cent fois.
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Il y avait alors un peu de bruit dans le bus, des bruits de petit matin, d'enfants en train de s'exercer à devenir adultes, de se faire connaître l'un à l'autre et à eux-mêmes de leurs petites voix (certaines pas si petites) : questions, discussions, échanges, commérages, vantardises, plaidoyers, séduction, menaces, tentatives, tout ce que nous faisons, nous aussi, de même que des chiots ou des chatons imitent dans leurs jeux les chiens et chats adultes en action. Ce n'est pas totalement paisible ni gentil, pas plus que les bruits que font les adultes ne sont paisibles ni gentils, mais ça reste sans gravité. Et parce qu'on peut écouter des enfants sans appréhension, de même qu'on peut regarder des chiots se bousculer et se mordre ou des chatons se guetter et se sauter dessus sans craindre qu'ils se fassent mal, les bavardages des enfants sont parfois très instructifs. Je suppose que c'est parce qu'ils jouent ouvertement à ce que nous autres, adultes, nous pratiquons en secret.
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Videos de Russell Banks (42) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Russell Banks
Avec François Busnel, Pierre Furlan, Stéphanie Janicot & Françoise Nyssen Lecture par Pierre Baux
Russell Banks (1940–2023), deux fois finaliste du prix Pulitzer, était assurément l'un des écrivains majeurs de sa génération et l'un des plus engagés. Il n'a eu de cesse pendant plus de quarante ans de mettre en scène des personnages issus de l'Amérique profonde, confrontés à l'adversité de la vie. Son oeuvre, composée d'une vingtaine de textes de fiction et de non-fiction, a obtenu de nombreuses distinctions internationales. Deux de ses oeuvres ont été adaptées au cinéma : de beaux lendemains (réalisé par Atom Egoyan) et Affliction (réalisé par Paul Schrader). Russell Banks fut également président du Parlement international des écrivains chargé de défendre les écrivains victimes de persécution. Pour l'évoquer ce soir : des témoignages, souvenirs, analyses, extraits de documentaires et moments de lectures.
À lire – Russell Banks, Oh, Canada, éd. Actes Sud, 2022. le reste de son oeuvre est publié aux éditions Actes Sud.
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