AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,17

sur 29 notes
5
13 avis
4
12 avis
3
3 avis
2
0 avis
1
0 avis
Il est toujours délicat de chroniquer un livre écrit par un membre de Babelio, qui plus est contact proche. Je me lance...en vers.

Capucine narratrice de destins noirs
le sien celui d'autres enfants abandonnés
le foyer des Lilas ne fleurit pas l'espoir
Pourtant Chris, Lucie, Samuel elle va aimer
Les hasards de la vie vont tant la bouleverser
Mais peut-on se construire comme enfant du mal
Peut-on se libérer des ruines du passé?

Cette quête personnelle de Capucine est fort émouvante et prenante: celle des origines, et les interrogations sur l'hérédité : le mal se transmet-il aux générations suivantes? Comment supporter les atrocités commises par des parents? Laure décrit bien aussi le sort si poignant des enfants solitaires et meurtris, qui n'ont plus de famille, maltraitante, défaillante, ou décédée. C'est un roman noir, même si une petite lueur éclaire la fin. Ma seule réticence vient du lien, peu vraisemblable, je trouve, établi entre Chris et Capucine. Mais , après tout, la vraie vie peut également nous réserver des surprises bien troublantes... Bravo à toi, Laure, pour ce livre et tous ceux que tu as écrits. Je te souhaite le meilleur.

Commenter  J’apprécie          360
Bonsoir les babeliophiles petit retour sur ma lecture LES ENFANTS DU MAL de Laure Barachin.
Un récit poignant tant au niveau de l'amitié que tant au niveau de l'Amour et surtout la quête sur la vérité qui des fois n'est pas bonne à savoir.
Capucine abandonnée dès sa naissance veut à tout prix savoir ses origines et lorsqu'elle va l'apprendre sera telle opus heureuse????Ce roman ne se ferme pas aussi facilement car l'écriture est juste et les mots sont fort et durs par moment même si j'avais compris rapidement une partie de l'histoire de Capucine.
Mais comme je dis toujours ceci n'est que mon avis personnel.
Commenter  J’apprécie          130
Coup de coeur !
Capucine est une enfant abandonnée, élevée en foyer. Au sortir de la guerre mondiale, d'autres enfants de ce foyer sont aussi des martyrs. Chris, Capucine, Lucie et Sammy, qui connaissent des souffrances similaires et atroces, se regroupent, forment une sorte de fraterie, et décident de s'entre aider dans les épreuves de l'enfance qui ne manquent pas.
.
Laure Barachin, l'auteure, colle tellement à cette réalité, dans son style simple, élégant, très clair, mais tellement émouvant qu'au bout de cent pages, n'y tenant plus, je lui ai demandé si elle ( notre babamie Melpomene ) n'était pas Capucine ?
-- Mais non, Denis, c'est une fiction ! une fiction !
.
Après, le livre vire au cauchemar, il devient une sorte de thriller très prenant ; les rebondissements et la résilence sont présents, pas pour tous, malheureusement, l'analyse sensible des personnages, de la petite Lucie, de Samuel et des autres m'a marqué.
.
Le livre soulève plusieurs problèmes : l'incompétence des services sociaux, la sensation de culpabilité des enfants, et, je le dis, car j'ai vécu une expérience psychiatrique, l'incompétence des pchychiatres, mais aussi le problème de la recherche des criminels nazis planqués, et aussi la grave question de l'inné et de l'acquis.
Le problème de la justice insuffisante est gravement évoqué, et je suis d'accord avec la réponse de Moshé, personnage que j'aime beaucoup.

Félicitations, Laure, et encore merci :)
Commenter  J’apprécie          479
"Amour, hélas, ne prend jamais qu'un seul M.
Faute de frappe, on écrit haine pour aime."
(Gainsbourg)

Faute de frappe, ou faute de naissance...
Qui sont ces "enfants du mal" ? Les chemins de nos vies peuvent être confortablement pavés, ou encore tortueux et sombres, avec leurs deux bouts - le passé et le futur - noyés dans l'obscurité. Même si on trouve assez de volonté et de lumière pour éclairer les tournants à venir, ceux du passé restent souvent tapissés de suie collante à l'odeur désagréable. Or, s'il y a une chose que l'on ne peut pas influencer, c'est bien notre naissance.

Les enfants du foyer des Lilas n'ont pas eu de chance. Tous nés vers la fin de la guerre, Capucine est une enfant abandonnée sur le parvis d'une église, la mère de Christopher a sombré dans une folie violente, les parents de Samuel n'ont pas pu supporter leurs souvenirs de l'holocauste, et la petite Lucie, réfugiée dans le mutisme, est une enfant abusée. Quelle est donc leur faute, qui provoque ce regard méfiant des autres, doublé de l'arrière-pensée que la pomme ne tombe jamais loin du pommier ?
Voici une des questions soulevées par Laure Barachin : quand on reçoit pour tout héritage un passé lourd, à quel point fait-il partie de nous ? le "mal" peut-il être héréditaire ?
Malgré leurs destins divers, tous ces enfants ont une chose en commun. Ballottés entre le foyer et d'une famille d'accueil à l'autre, ils ne demandent qu'à donner un peu d'amour, du moins autant qu'ils en sont encore capables, à celui qui voudrait bien en recevoir. Les candidats ne sont malheureusement pas nombreux, mais d'autant plus fort devient l'attachement entre nos quatre compères. Avant de quitter le foyer, pour le meilleur et pour le pire...

Le roman est conçu comme les mémoires de Capucine, destinées à sa fille Aurore : son passé devient ainsi un prologue à l'histoire d'Aurore, qui, elle, aura une chance de connaître le secret de ses origines. Celles de Capucine feront objet d'une ardue quête d'identité, en compagnie de Chris, son chevalier vaillant, tant de fois perdu et retrouvé. Sont-ils vraiment faits l'un pour l'autre ? Auront-ils enfin en peu de répit, dans ce monde féroce qui va avaler Lucie, qui va avaler Samuel, qui apporte tant de questions personnelles sur leur véritable valeur en tant qu'être humain, sur la vengeance et le pardon ?
Des archives violées du foyer des Lilas, en passant par les douloureux souvenirs et les révélations du vieux Mosché, le père adoptif de Sam, de l'Angleterre jusqu'à Ludwigsburg en Allemagne (avec son service spécialisé dans la traque des anciens nazis), Capucine trouvera ses réponses. Sur ses parents, mais aussi sur l'hypothétique "faute" qu'elle porte en elle. Car, pour citer l'humaniste S. Rougier, "la vraie faute, c'est quoi ? C'est de ne pas aimer, c'est de manquer d'amour ! C'est rendre l'autre malheureux, le juger, le condamner, ne pas lui permettre de s'épanouir, de s'accomplir."
C'est donc une faute qui devient tout à fait réparable, si on en trouve encore la force, grâce au soutien d'un autre.

Si j'ai beaucoup aimé le scénario très adroitement ficelé, j'avoue que j'étais un peu moins convaincue par le style. Pourtant, je ne saurais dire pourquoi... peut-être pas assez affirmé, ni assez surprenant, à mon goût ? L'histoire est écrite avec entrain et avec beaucoup de sincérité qui me touchent profondément, mais il se peut qu'elle soit un peu ambitieuse pour ses 180 pages, et de ce fait on a à peine le temps de digérer certains épisodes, ou de s'attacher vraiment aux personnages. Parfois j'ai trouvé que les dialogues manquent de naturel, que certaines situations sont résolues par un étrange deus ex machina, et que l'ironie n'est pas toujours employée à bon escient. Mais malgré ces réserves, c'était une agréable lecture, qui soulève beaucoup de questions importantes. Une lecture utile.
3,5/5, et un grand merci à Laure, conteuse passionnée et pleine de ressources !
Commenter  J’apprécie          7011
Déception, c'est le premier mot qui me vient à l'esprit à la lecture de ce roman.
C'est que mes attentes étaient élevées après les critiques unanimes de Fandol, Cancie ou encore Babounette avec qui je suis souvent en phase. J'ai été d'autant plus sensible aux imperfections rencontrées.

Certes, le livre aborde des sujets profonds et poignants tels que le poids de l'hérédité, les souffrances que des parents peuvent infliger à leur enfant et le regard que la société porte sur ces "enfants du mal" considérés comme dépositaires des crimes de leurs géniteurs. Il traite aussi de la Shoah et de la traque des anciens nazis, le tout dans un récit dense et palpitant qui se lit très vite.

Malgré la richesse de ces thèmes et l'émotion que l'auteure a tenté d'apporter, je n'ai pas réussi à passer outre la mièvrerie de l'ensemble.

Les dialogues m'ont paru superficiels et la psychologie des personnages bien peu crédible. En effet, ces retours systématiques à la raison de quasiment tous les protagonistes qui font leur mea-culpa dès que leur interlocuteur leur montre leurs torts, voire suite à une auto analyse, ont réussi à me tenir à distance de l'histoire.

Ajoutez à cela une connotation religieuse un peu trop présente à mon gré et le fait que j'avais vu venir une des révélations finales et vous comprendrez ma déception.

Je vois que mon avis dénote, je suis heureuse pour Laure Barachin de n'être qu'une exception.
Commenter  J’apprécie          223
Au foyer des Lilas, tous les enfants ont besoin d'une famille, demandez à Capucine. Elle est là, en transit entre deux familles qu'elle a du mal à faire siennes. Alors dans sa tête, elle peut bien considérer la petite Lucie comme une petite soeur, non ? Ne serait-ce que pour essayer de calmer la haine qui couve en elle vis-à-vis de ses parents qui l'ont abandonnée tout bébé. A neuf ans, le mal qu'elle ressent est de ne pas savoir d'où elle vient, un trou abyssal qui laisse la place à une colère qui ne cesse de gronder.
Née en 1944, le raccourci est vite fait par Monsieur l'instituteur pour la qualifier d'enfant gênante, d'enfant du mal et de la honte dont on s'est débarrassé comme d'une vieille serpillère. Des propos qui interrogent et qui rongent Capucine.
Chez les Legrand, Capucine et Lucie vont partager leurs souffrances avec Chris et Samuel, triste partage pour des enfants marqués par la cruauté, l'inaptitude, la perversité et même la culpabilité de vivre de parents parfois excusables mais bien souvent condamnables. Les raisons qui font que les enfants sont là sont terriblement multiples.
Capucine avait pourtant été adoptée par un couple mais le décès de la femme avait plongé le père dans une dépression et les assistantes sociales avaient jugé bon de couper les relations pour la préserver. Difficile de juger le bénéfice d'une telle décision ; en ce qui concerne Capucine, c'est encore la colère de cette absence qui a été ressentie.

Capucine écrit pour Aurore, sa fille, parce qu'elle a longtemps ressenti l'importance de savoir, savoir d'où l'on vient mais aussi et surtout savoir qui l'on est. Capucine, pendant de trop nombreuses années, a cherché à ne plus être considérée ni se voir comme « la fille de personne ». Et ne pas se sentir mauvaise.
Par ce roman, Laure Barachin nous dit que le bien et le mal cohabitent parfois, à différents degrés, arborant bien des visages, prenant pour chacun d'eux plus ou moins de place chez les individus. le mal ne peut être une question d'hérédité, Laure en parle bien, très bien même.
Chez Capucine, j'ai aimé le tumulte livré par le mélange de ses sentiments : la pitié qu'elle rejette farouchement, les colères si justifiables qui s'emparent d'elle, ses tristesses, sa capacité à s'apercevoir qu'il faut relativiser sa propre souffrance. Sa force et sa fragilité se combinent. Sa franchise a toujours été présente et elle est encore là dans toutes ces révélations faites à Aurore, les bonnes comme les mauvaises.

J'ai lu la douleur renfermée dans le mutisme de Lucie, le passé qui gangrène l'avenir de Samuel. Que des paroles de réconfort paraissent tellement dérisoires face à la monstruosité de certains actes. Comment cicatriser ou même soulager de tels maux incrustés et invisibles en façade ?
J'ai lu des enfants qui ne peuvent que retourner les torts sur eux, vu le caractère inexplicable de ces manques d'amour. Les besoins d'affection sont pourtant si forts !
Pour ces enfants, le chemin du bonheur est jonché d'obstacles. Certains peinent à les enjamber, d'autres les trouvent infranchissables. Les mains tendues ne sont pas toujours assez puissantes.

Et puis, l'après-guerre garde les cruelles séquelles d'actes innommables.


Laure nous parle de sujets durs mais aussi d'amour et de foi et on devine son regard sur l'absurdité, ou pire, la cruauté de nos semblables. Elle nous démontre l'importance d'attachements sincères face à la dure réalité qui nous entoure. Les relations d'amitié et d'amour qui ne cessent de défiler dans cette histoire sont d'une importance cruciale pour combattre les préjugés et continuer à vivre malgré la confrontation avec de terribles révélations.
Le dernier chapitre titré L'espoir clôture cette histoire poignante en nous emplissant le coeur d'un des beaux côtés de l'humanité. Tellement nécessaire.
Commenter  J’apprécie          350
Le deuxieme Barachin que je lis.
J'ai l'impression que sa plume s'est affermie. Ou plutot que son doigte est devenu plus ferme, face a son clavier.

Elle a beaucoup d'histoires a raconter, qu'elle sait entremeler avec adresse, meme dans un texte relativement court, comme celui-ci. Les enfants du mal, c'est une douloureuse histoire d'abandon; de chaleureuses histoires d'amitie; une belle histoire d'amour; une quete acharnee d'identite. le tout bien brasse, sans devenir embrouille. Autour de ces histoires l‘auteure souleve des questionnements sur la nature du mal, sur la possibilite qu'il soit heredite, atavique, et sur le grand dilemme que vivent ceux qui ont ete victimes du mal: vengeance ou pardon?

Je me suis senti partir sur des montagnes russes, passant d'apprehensions en espoir puis en doutes, de defiance en amour, de rancoeur en indulgence, de querelles en rapprochements. Et il y a de la haine. Et il y a de l'acceptation. de soi, et des autres, et des avatars de la vie. Mais je ne me suis pas senti malmene sur ce parcours, plutot bienmene, grace peut-etre aux nombreux dialogues et apartes, ou tout bonnement a la fluidite du style. Car oui (l'auteure me pardonnera cet epanchement), j'ai trouve ce livre bien mieux ecrit que le premier que j'avais lu. Et j'ai aime la fin, une fin regardant l'avenir sans pleutrerie mais sans crainte, comme je l'esperais pour Capucine, l'heroine au nom de fleur, belle fleur, surtout pas fleur du mal.
Une belle reussite.


P.S. A la grande question que pose l'auteure sur l'heredite du mal, je choisis (comme elle, en fait, si je juge d'apres la fin qu'elle a donnee a son roman) la reponse du prophete Ezechiel : Qu'avez-vous a colporter le dicton suivant, sur la terre d'Israël: "Les peres ont mange du verjus et les dents des enfants en sont agacees"? Par ma vie, dit le Seigneur Dieu, vous ne devrez plus citer ce dicton en Israël! Oui, toutes les ames sont a moi; l'ame du pere comme l'ame du fils, elles sont a moi: l'ame pecheresse seule mourra.
Commenter  J’apprécie          620
Capucine et Chris, Samuel et Julie sont des enfants placés en foyer. Ils sont nés pendant ou juste après la seconde guerre mondiale. Leurs parents sont morts, ou dans l'incapacité de s'occuper d'eux, ou éloignés par nécessité (prison ou hôpital psychiatrique) suite aux horreurs qu'ils ont commises. Ces enfants sont surnommés par la narratrice « les enfants du mal ». Ils ne sont en rien responsables, mais le mal ou le désintérêt manifestés par leurs parents les ont marqués à vie et certains d'entre eux n'y survivront pas.
L'auteure pose de nombreuses questions dans ce court ouvrage. Un enfant peut-il se construire quand il est privé d'amour parental, ou pire quand ceux là même qui devraient le protéger lui nuisent ou tentent de le tuer ? Quel héritage la guerre et ses crimes ont-ils pu laisser à cette génération ? Un enfant hérite-t-il de ses parents la volonté de faire le mal, la folie ?

Le propos de ce livre me séduisait, j'aurais aimé apprécier cette lecture, mais je suis restée en retrait, principalement à cause de la narratrice. Je n'ai pas réussi à m'attacher à Capucine, je l'ai trouvée immature, très violente dans ses réactions, reproduisant les mêmes schémas au cours des différents épisodes qui vont la voir retrouver Chris. Samuel et Julie m'ont plus émue, j'ai mieux compris leur mal-être, leur difficulté à vivre.
Ce roman est très noir, peut-être est ce là aussi ce qui m'a tenu éloignée. le petit rayon d'espoir incarné par Aurore n'aura pas suffi. Peut-être que l'accumulation d'horreurs a entrainé chez moi une mise à distance, pour me protéger. Les faits sont tellement abjects, on a du mal à imaginer que des parents puissent se comporter ainsi. Ce livre a eu le mérite de me faire réfléchir sur ces questions et me rappelle le bonheur et la chance de vivre dans une famille aimante.
Merci infiniment à l'auteure pour ce partage.
Commenter  J’apprécie          320
Lorsque Laure Barachin m'a invité à lire son dernier livre, Les enfants du mal, elle ne soupçonnait peut-être pas à quel point ce récit éveillerait en moi des émotions fortes. Je la remercie infiniment.
Les enfants du mal ont du mal à tendre leurs ailes, à bout de bras...
Les enfants du mal portent des blessures qui ne leur appartiennent pas.
Les enfants du mal trébuchent sous le poids de leur fardeau, parfois se relèvent comme ils peuvent. Ce fardeau est empli de secrets, une vraie boîte à Pandore. L'ouvrir ? Pas l'ouvrir ? Parfois elle s'ouvre toute seule...
Les enfants du mal ont des yeux qui questionnent le ciel sans réponses...
Quel est ce mystère qui hante l'esprit de Capucine ? C'est la narratrice de l'histoire, elle a neuf ans lorsque nous faisons sa connaissance. Placée dans un foyer puis dans une famille d'accueil, elle croise la route d'autres enfants comme elle ou presque : Lucie, Samuel et Chris. Ils sont quatre. Quatre enfants peu à peu animés d'une amitié qui les soude presque comme une rage animale, une peur sourde... Cette sororité entre Capucine et Lucie nous touchera au coeur et au ventre. Capucine a neuf ans en 1953... Oui, la soustraction nous plonge vite fait aux portes de l'horreur, la barbarie à visage humain... Tout cela semble derrière elle, il faut avancer maintenant vers la vie qui l'attend...
Les voix de Capucine, Lucie, Chris, Samuel nous invitent comme dans une farandole à courir sur les pages. Ils se sont connus sur ce fil tendu, ténu qu'est la vie. L'écriture de Laure Barachin est fluide, elle les porte, les secoue, les bouscule, eux funambules infatigables, corps ployés par des vents parfois contraires, traversant les bruits d'une existence que nous découvrons en même temps qu'eux.
Les personnages sont beaux, touchants, portent en eux ce petit supplément d'âme qui nous transporte, emporte, transperce, au travers de ce récit.
Être la fille de personne, être née de parents inconnus, est-ce plus dur à supporter que de connaître la vérité ?
Les bruits de la guerre continuent-ils de se prolonger pour retentir en eux comme un bruit assourdissant, longtemps après ?
L'histoire monte en intensité comme une partition musicale jouée crescendo. Au début c'était un quatuor, d'autres instruments s'invitent plus tard, fantômes du passé, voix dissonantes, fausses notes. Y a-t-il un chef d'orchestre ? À force, on arrive forcément à en douter...
Les chapitres se succèdent. Nous passons d'un versant à l'autre.
Les enfants du mal s'égarent parfois dans des chemins qu'ils ne soupçonnaient pas.
Les enfants du mal ont du mal parfois à se relever des coups qu'ils ont subis.
Mai qui sont ces enfants du mal ? Pourquoi ce mal qui les hante ? D'où vient-il ?
Laure Barachin offre ici un récit magnifique qui donne à penser, à respirer, à aimer.
Les enfants du mal ont du mal à jeter ce fardeau contre un buisson de ronces, à l'abandonner dans le fond d'un talus, à hisser leurs bras par-dessus le bastingage d'un promontoire trop haut pour leurs rêves. C'est juste en se retournant un instant plus tard, pour regarder le paysage qui s'éloigne derrière eux, que certains d'entre eux s'aperçoivent que leurs bras si maladroits étaient peut-être des ailes, des ailes d'albatros....
C'est un roman qui convoque le bonheur, l'amour, la compassion, tout cela qui nous plie vers un texte qui m'a touché.
Les souffrances de leurs parents sont devenues les leurs.
Les enfants du mal sont des enfants assoiffés d'amour.
Des enfants qui s'accrochent à la vie, presque au bord de la folie.
Parfois les blessures qu'on croyait cicatrisées se rouvrent.
À quoi peut-il bien tenir, ce sentiment d'être un enfant du mal ?
C'est un récit où le sol peut brusquement se dérober sous nos doigts.
Quel modèle, quel héritage ont-ils pour qu'ils puissent à leur tour tenter de devenir des parents aimants, ne pas reproduire ce qu'ils ont vécu enfants... ?
Parfois l'écriture peut réparer. Ouvrir un cahier blanc, poser des mots. C'est ce que fit Capucine devenue adulte à l'attention de sa fille Aurore...
La filiation, l'hérédité, la quête d'identité, la transmission, sont les thèmes porteurs qui forment l'ossature de ce texte. Les mots de Laure Barachin les enrobe d'un ton sensible, juste, empli de pudeur.
Capucine est née en 1944... Comme ma soeur ainée...
Ma soeur apprit avec brutalité à l'âge de onze ans le secret qui tenait lieu de sa naissance... Elle apprit ainsi que son père n'était pas celui qu'elle croyait, avait été fusillé quelques jours avant sa naissance par la Gestapo. Qu'est-ce qu'une enfant de onze ans peut comprendre à tout cela, à s'imaginer ? Comment dire et comprendre l'indicible ? Comment le porter avec les épaules fragiles d'une enfant de onze ans... Ce fut dévastateur...
Autre hasard de la vie, mes deux enfants sont des enfants adoptés, avec des récits parfois sidérants qui ont jalonné leurs chemins. Mais là c'est une histoire trop longue à vous raconter, trop intime aussi...

Aussi ce roman de Laure Barachin me touche particulièrement.

"Ça n'est pas ta faute
C'est ton héritage
Et ce sera pire encore
Quand tu auras mon âge
Ça n'est pas ta faute
C'est ta chair, ton sang
Il va falloir faire avec
Ou, plutôt sans
Mon enfant"
Commenter  J’apprécie          6414
Le titre est assez dérangeant. Associer enfant et mal a quelque chose de contre-nature. Un enfant, fruit d'un acte d'amour, est un miracle. Normalement. Il peut aussi hélas être le fruit d'une union délétère…Les enfants d'assassins, de violeurs, de pédophile, de criminels nazis, de déséquilibrés mentaux violents, bref de ce que « tout le monde peut contenir d'horreurs et de laideurs », voilà à qui donne la parole Laure Barachin et c'est une chose suffisamment rare pour être, avant toute chose, salué. Et ces enfants de personne, ces enfants de rien, ces abandonnés, ces rejetés, ces non aimés, ces mal aimés deviennent aussi des miracles de vie lorsqu'ils sont capables de dépasser leurs origines, de faire taire cette sensation de culpabilité qui très souvent les suit, d'annihiler ce sentiment d'être irrécupérables car héréditaires de gènes monstrueux. Certains y parviennent. D'autres non.

« Des parents détestables ne sont pas eux-mêmes détestables. Ceci dépend de la volonté de chacun. N'écoutez pas ceux qui disent le contraire. Ils condamnent leur prochain avant qu'il ait commis une faute. Rassurez-vous, la naissance n'en est pas une».

Je ne peux m'empêcher de penser à celles et ceux qui en font une force. Voire qui transforment l'origine du mal en source de beauté. L'origine du mal en source d'inspiration artistique. Je ne peux m'empêcher de penser notamment à Barbara et à l'aigle noir…ce père incestueux…J'ai toujours ressenti un respect admiratif pour cette femme sombre qui est fêlure et délicatesse, faille et touchante sincérité. Se transcender, trouver une forme de résilience par le chant, la musique, la danse, la peinture ou par l'écriture.
Capucine, dans le livre qui nous concerne, en fait un beau récit qu'elle dédie à sa fille. Lui offrir toute la vérité, depuis le foyer des Lilas où elle a été recueillie après avoir été abandonnée tout bébé jusqu'à ses origines retrouvées (tout à la fin du livre, très marquante d'ailleurs cette fin, menée avec brio par l'auteure). Ce récit est la preuve que Capucine est un miracle. Malgré tout. Il n'y a aucune fatalité. Pour peu qu'on ait le courage d'affronter ses origines, de les accepter. Barbara, revisitant son enfance, chantait de sa voix unique : « J'ai marché les tempes brulantes / Croyant étouffer sous mes pas / les voies du passé qui nous hantent / Et reviennent sonner le glas ».

« Nous sommes des fleurs, surtout moi grâce à mon prénom, judicieusement choisi par le prêtre qui m'a trouvée, des fleurs qui poussent et grandissent coûte que coûte sur une terre hostile et rocailleuse en proie aux vents du nord. Quelle belle image, n'est-ce pas ? », oui une belle image, c'est exactement comme ça que je vois ces enfants, comme ça que Laure Barachin braque ces lumières sur tous les enfants que nous trouvons dans son livre, Capucine, Lucie, Chris, Samuel.

Des fleurs de bitume. Des fleurs de bunker. Des lys dans des vallées de désolation et de violence. Et non des mauvaises herbes. Ce livre leur rend hommage, explique les conséquences possibles des traumatismes subis (la lecture peut être délicate par moment), et détaille le parcours de Capucine et de Chris. Leur combat. Leurs choix. Leurs décisions.

On rencontre dans ce roman de belles et touchantes fleurs de bitume, des citations et des poèmes de grands auteurs, Victor Hugo, Baudelaire, Balzac, Emily Brontë, entre autres, tels des moments de respiration bienvenus, un style sincère, tendre, sans fioriture, quoique, et ce sera mon seul bémol, par moment un peu trop éploré pour moi et dans lequel le message religieux est (trop ?) présent (avis éminemment personnel), un témoignage dont l'intensité monte crescendo et dont la fin, captivante, se termine par un grand message d'amour et d'espoir. L'amour qu'éprouve Laure Barachin pour les enfants, quels qu'ils soient, est une graine ayant enfanté ce livre, livre nous permettant de nous poser de multiples questions, des questions liées à l'hérédité, à notre liberté par rapport à nos origines, à l'éducation, à nos choix.

« Vous auriez sûrement préféré ne pas venir au monde mais vous avez tort car chaque vie est nécessaire. Tout être humain est libre de choisir entre le bien et le mal, vous y compris, loin des déterminations de l'hérédité. Vous êtes vous et non un mélange des caractéristiques de votre père et de votre mère. Votre existence sera ce que vous en ferez, vous serez ce que vous voudrez être. »

Une lecture qui ne peut laisser indifférent ! Un texte pour les bercer sans douces illusions, ces fleurs de bitume libres au vent…pour cueillir en tremblant, des étoiles, des étoiles…






Commenter  J’apprécie          6513




Lecteurs (84) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3674 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *}