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4,05

sur 784 notes
"La femme qui fuit" est un roman fracassant où l'auteur part sur les traces de sa grand-mère. Dans un récit en "tu", elle dessine plus qu'elle ne raconte cette femme éprise de liberté, écartelée entre sont besoin de révéler l'artiste qu'elle est et l'amour de ses enfants qu'elle finira par abandonner. Au fil de cette succession de courts chapitres qu'on avale jusqu'à l'étouffement, on épouse la hargne et le feu de Suzanne Méloche jusqu'à la douleur. C'est aussi la découverte du mouvement automatiste québécois, du Refus global, d'une révolte artistique. C'est explosif !
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Tous les hommes et toutes les femmes ne sont pas aptes à avoir des enfants, surtout quand ils sont autant "habités" par une puissante envie de création artistique, des idéaux politiques, une soif de vie si intense. Malheureusement Suzanne a été mère deux fois dans un contexte où la contraception était inexistante par la faute de l'omniprésence de la religion principalement. Elle a été malheureuse de son incapacité à élever ses enfants mais en même temps elle a pu créer des poésies, des peintures, militer. Avec ce livre, l'auteure a pu "redonner" une place à sa grand-mère Suzanne et essayer de consoler sa mère de l'énorme manque d'amour maternel même si ses tantes qui l'ont élevée étaient bienveillantes.
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Je suis vraiment mitigée et ai du mal à faire la critique de ce récit familial qui décortique la vie d'une femme qui a fait le choix d'abandonner ses enfants pour vivre sa vie, bohème, militante, libre et assez égoïstement. Je pense que l'autrice s'immisce trop entre sa mère et sa grand-mère. Elle est très présente dans le récit. Il y a de belles choses dans ce livre mais dans l'ensemble, j'ai trouvé l'expression laconique par moments, le fil un peu moins soutenu. J'ai eu du mal à accrocher et garder l'intérêt. C'est bien fait, il y a de la recherche mais je n'ai pas ressenti l'émotion comme
l'ont exprimé d'autres lecteurs. Un peu déçue vu la popularité de ce livre, je m'attendais à un peu plus de mordant.
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"Tu désertes encore. À couper ainsi les liens, tu te saigneras vivante."

"La femme qui fuit" m'a fait pleurer. C'est l'histoire troublante et vraie de Suzanne Meloche, née en Ontario en 1926, puis racontée à la deuxième personne par sa petite-fille (l'auteure), elle qui a rencontré sa grand-mère tout au plus trois fois dans sa vie. Anaïs, perturbée par la douleur d'un abandon précoce subie par sa propre mère Mousse, tente de comprendre comment un individu peut préférer une vie de bohème à une solide vie de famille. Comment une mère peut-elle simplement faire le choix d'abondonner ses enfants pour se réaliser ?

"Tu entres sans t'excuser d'être là. le pas sûr. Même si ça fait 27 ans que tu n'as pas vu ma mère.
Même s'il y a 27 ans, tu t'es sauvée. La laissant là, en équilibre sur ses trois ans, le souvenir de tes jupes accroché au bout de ses doigts.
Tu t'avances d'un pas posé. Ma mère a les joues rouges. Elle est la plus belle du monde.
Comment as-tu pu t'en passer ?
Comment as-tu fait pour ne pas mourir à l'idée de rater ses comptines, ses menteries de petite fille, ses dents qui branlent, ses fautes d'orthographe, ses lacets attachés toute seule, puis ses vertiges amoureux, ses ongles vernis, puis rongés, ses premiers rhums and coke ?
Où est-ce que tu t'es cachée pour ne pas y penser ?"

Dès l'enfance, Suzanne a tout un caractère. Issue d'une famille nombreuse et dévote, elle grandit pourtant en marge, avec des idéaux bien à elle. À la fois poétesse et peintre dans l'âme, c'est à Montréal qu'elle fera la rencontre de Paul-Émile Borduas, des Riopelle, de Marcel Barbeau et co., cercle d'artistes, auteurs et libres penseurs. C'est avec eux qu'elle s'épanouira vraiment et tracera son chemin. À travers l'histoire de Suzanne, on y découvre des tranches de celle du Québec; questions politiques, religieuses, linguistiques et artistiques des années 1945 à 1970.

Émancipée bien avant son temps, Suzanne refuse toute forme de conformisme et n'aspire qu'à la liberté. C'est une femme bouillonnante, effrontée, talentueuse, qui croque la vie à belles dents et suit ses instincts, ses passions les plus folles, peu importe où ceux-ci la mènent, du moment qu'elle avance. C'est une femme qui a soif d'être vue, entendue, d'attirer l'attention, de déstabiliser, de sortir du lot. Incapable de s'ancrer quelque part ni de s'attacher à quelqu'un bien longtemps, elle fait ce qu'elle veut, quand elle le veut, tirant profit du meilleur, se laissant porter au gré du vent, quitte à tout sacrifier. C'est une rêveuse, une militante, pour qui la routine n'est pas une option. Terrifiée à l'idée de s'engluer dans la normalité, s'asphyxier dans sa propre vie, Suzanne, à qui répugne tout ce qui est ordinaire, fait le choix de fuir...

"La femme qui fuit" raconte beaucoup en peu de mots. Les phrases et chapitres courts suffisent à faire passer le message. le style est péremptoire et pourrait rebuter dans un autre contexte mais ici cela colle parfaitement aux sentiments qui se dégagent du texte. le ton de l'histoire, racontée au "tu", s'entend parfois accusateur, souvent amer (et on peut le comprendre !); parfois il ne fait que relater avec distance comment Suzanne a vécu - selon les recherches approfondies menées par une détective privée. Dès le départ j'ai été ensorcelée par la magnifique cascade de mots, une poésie parfois sans pitié mais tellement poignante.

C'est un livre que j'ai adoré parce qu'il m'a remuée au plus profond de moi-même. L'abandon d'enfants n'est certes pas un sujet facile ni plaisant à aborder et j'ai eu beaucoup de peine pour ceux de Suzanne, marqués à jamais.

Je ne peux que recommander "La femme qui fuit", femme qui aura malgré tout laissé des traces positives, malheureusement peut-être pas assez avec les personnes qu'il aurait fallu...

CHALLENGE PLUMES FÉMININES
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Excellent livre. L'histoire de la relation entre la grand-mère et sa descendance est particulièrement percutante, tout comme la partie qui aborde le refus global. Par contre, le livre traîne un peu en longueur quand l'auteure essaie d'imaginer ce qui s'est passé aux États-Unis.
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C'est un livre que je n'ai pas trouvé exceptionnel mais il se lit bien. le partit pris de tutoyer sa grand-mère est plaisant au début, au fur et a mesure de la lecture j'ai trouvé cela agaçant. En tant que petite fille de cette femme artiste de l'école des Automatistes Québecois l'envie est compréhensive de creuser cette vie hors norme. Mais je n'ai pas réussi a avoir de l'empathie pour cette femme qui de mon point de vue de lectrice est froide, toxique, égoïste. Tout au long du livre je me suis dit que Anaïs Bardeau-Lavalette inventait l'intime de Suzanne une sorte de vol de sa vie je n'y croyais pas, l'explication en fin de livre qu'elle se l'était inventé sur mesure m'a rasséréné.
Pour moi l'intérêt de ce livre sont les références aux personnages historiques, les chapitres cours et la fin où sa fille enterre les cendres de sa mère: au moins là elle ne bougera plus.
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Je viens de finir ce premier livre, pour moi , de Anaïs Barbeau Lavalette ,

La femme qui fuit

Ce livre porte bien son nom
Ça se passe dans les années 1950-1980 du Québec
Dans le milieu artistique et militantisme à contre courant.
C'est l'histoire de sa grand mère, qui a abandonné ses 2 enfants en bas âge , qui passe d'un amant à l'autre, d'un pays à l'autre
Toujours par pur égoïsme , égocentrisme , qui ne veut tisser aucun lien

Anaïs a engagé un détective et à rassembler les mémoires des amis et amants pour pouvoir tracer un portrait de cette femme atypique qu'elle n'a jamais connu.

J'ai dévoré ce livre de 400 pages en une semaine ! ( pour moi c'est rapide ! )
C'est troublant , ça m'a secoué , et c'est très bien écrit avec des phrases courtes et un beau vocabulaire. Écrit au TU… elle la pointe, elle la juge un peu, TU as fait ça, TU es …
C'est vraiment bien fait
On se demande tout le long … mais pourquoi donc?

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La femme qui fuit c'est Suzanne Meloche, la grand-mère de l'auteure Anais Barbeau-Lavalette qu'elle n'a pas connue ou à peine. Car Suzie a fui ses responsabilités de mère, d'épouse pour vivre une vie libre, de militante, d'artiste, de poétesse, d'amante, de voyageuse à une époque où ce n'est pas habituel pour une femme d'assumer ce choix. Je découvre à travers ce livre un Canada des années 40, une vie artistique québécoise à travers la figure de Paul-Emile Borduas.
J'ai aimé cette histoire racontée à la 2e personne du singulier : « Tu ne déposes rien au vestiaire parce que tu es maintenant comme ça : fugitive. Tu ne laisses pas de traces. »
J'ai moins aimé cette femme en elle-même qui abandonne ses 2 enfants : Mousse
(la mère de l'auteure) et François. J'ai trouvé ça à la fois dur et cruel et courageux. Pourquoi les avoir aimés et ensuite délaissés ? C'est une question qui m'a taraudée jusqu'à la fin. Et puis sa vie était parfois loin d'être reluisante et facile. Il m'a manqué un peu de d'empathie pour être conquise par sa vie de bohème.
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Lu pour la semaine de l'auteure francophone pour le challenge de mars qui met les femmes à honneur.

L'auteure raconte la vie de sa grand-mère maternelle qu'elle a peu voire pas connu, en s'adressant directement à elle. Cette fiction-biographie est issue de souvenirs familiaux ou amicaux et également grâce aux recherches d'une détective privée. Elle retrace donc la vie de Suzanne Meloche, poètesse et artiste québécoise à une époque où être une femme et rêver de liberté était proscrit.

L'auteure raconte la fuite en avant de cette femme qui se veut libre et pourtant prisonnière de cette liberté qu'elle voulut porter en bandoulière.

Les chapitres sont courts, tout comme les phrases. Tout est brut et tabou. J'ai eu beaucoup de mal à m'y plonger, j'ai refoulé des sentiments d'incompréhension et de colère envers cette femme qui abandonne ses enfants, qu'elle aime pourtant, mais à qui elle préfère sa liberté.

L'écriture est artistique, à la Suzanne Meloche, fidèle au courant de l'Automatisme.

J'ai appris beaucoup sur cette époque québécoise, sur ce courant artistique, sur ces illustres personnages qui ont jalonné la vie de Suzanne.
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Une étrange biographie que voici. Celle de Suzanne Meloche, artiste automatiste québécoise, écrite par sa petite fille. Au delà de l'histoire surprenante de cette femme, c'est la forme qui étonne. Des phrases lapidaires, des chapitres courts et surtout une adresse directe de l'autrice à sa grand mère avec une utilisation du « tu » qui peut agacer au départ.


Le livre se présente comme une boucle : tout commence à la mort de Suzanne, lorsqu'Anaïs vide son appartement et découvre la vie insoupçonnée de son aïeule. On plonge alors dans son passé, depuis sa naissance jusqu'à sa mort.


Une enfance rude en pleine crise de 29, entre une mère malheureuse et un père aimant mais asservi par les conditions économique.

En filigrane, c'est l'histoire du Canada qui se dessine, avec ses guerres linguistiques et la toute puissance de l'Eglise.

Un concours d'éloquence va bouleverser la vie de cette fille de la campagne et la mener à Montréal où elle rencontre un groupe de jeunes intellectuels qui se promettent de changer le monde.

Après quelques aller retours, Suzanne s'installe au Québec où elle fréquente les automatistes sous la houlette de Borduas qui rédige un manifeste, celui du Refus Global.

Elle écrit des poèmes, se marie à Marcel Barbeau et donne naissance à deux enfants, Mousse et François.

Mais cette petite vie de famille étouffe la jeune femme qui décide de tout plaquer pour vivre de façon libre et indépendante. L'abandon de ses enfants reste comme une plaie purulente tout au long de son existence même si elle connait de nouveaux amours et de nouveaux combat, tel celui des droits civiques aux Etats-Unis. On admire et on abhorre en même temps cette femme qui vit pour elle avant tout, qui ouvre son coeur à l'inconnu mais le ferme à sa progéniture.

Un livre émouvant, bouleversant, captivant par la diversité de ses approches - historiques, artistiques, personnelles -, qui nous interroge sur la place de la femme dans la société et le monde de l'art, sur les rapports de domination de tout genre. Une autre façon aussi de découvrir l'histoire du Canada au XXe siècle.

Avec même un peu de Charlebois dedans… 🎶
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