- une ado -
Un jour, maman m'a énervée, je voulais porter à l'école un vêtement qui était dans la corbeille de linge sale, et j'ai commencé à brailler qu'elle n'avait pas fait son boulot. [...] Elle a répondu que si je n'étais pas satisfaite de sa façon de s'occuper de mon linge, je savais où se trouvait la machine. Alors j'ai ouvert le lecteur de cassettes qui était dans la cuisine, arraché celle qui était dedans, et je l'ai jetée par terre. La cassette a éclaté en deux, le ruban s'est dévidé, et ce n'était pas récupérable. Je suis restée figée, horrifiée d'avoir fait une chose pareille. J'ai pensé qu'elle allait me tuer. Au lieu de quoi, elle a laissé tomber ce qu'elle était en train de faire, elle est venue ramasser la cassette, terriblement calme, a regardé laquelle c'était, et a dit : « James Taylor. C'est celle avec 'Your smiling face', ma préférée. Tu sais pourquoi je l'aime autant ? Parce que ça commence par 'Dès que je vois ton sourire, je souris aussi, car je t'aime.' [...] » Et elle a ajouté : « C'est ma chanson préférée parce que, chaque fois que je l'entends, elle me fait penser à toi, combien je t'aime. Et là, après ce que tu viens de faire, il faudrait plus que jamais que j'écoute cette chanson. »
(p. 170-171)
Je voyageais en compagnie d'un cobra.
Non, pas un cobra. Un scorpion, plutôt. Je repensai à ce conte populaire indien, celui de la grenouille et du scorpion, dans lequel la grenouille accepte d'aider le scorpion à traverser la rivière s'il promet de ne pas la piquer avec son dard mortel. Le scorpion y consent, mais, à mi-traversée, et bien que cela signifie qu'il périra lui aussi, il le lui plante dans le dos. La grenouille, mourante, lui demande : "Pourquoi as-tu fait cela ?" et le scorpion répond : "Parce que je suis un scorpion, et que c'est ma nature."
" Il est parfois plus facile de dire des choses trés personnelles à un étranger. Comme si c'était moins déstabilisant de se confier à quelqu'un qui ne vous connait pas. "
Trompe-moi une fois, honte à toi, trompe-moi deux fois, honte à moi.
[...] C'est ça la vie. La vie, c'est se demander tout le temps, ça va arriver quand? Parce que si ça fait trés, trés longtemps que ce n'est pas arrivé, vous savez que vous êtes sacrément redevable.
[...] Appelle-moi demain. Si d'ici là j'ai besoin d'une conversation intelligente, je parlerai à mon miroir.
Trois types débattant des mérites d'un groupe de rock des années soixante-dix pouvaient-ils réellement envisager de m'emmener quelque part pour me tuer ? L'ambiance dans la voiture n'aurait-elle pas été un peu plus sinistre ? L'espace d'un instant, je me sentis réconforté. Puis me revint en mémoire la scène de "Pulp Fiction", lorsque Samuel L. Jackson et John Travolta discutent de la façon dont on appelle le Big Mac à Paris , juste avant de faire irruption dans un appartement et de commettre un triple meurtre. Ceux-là n'avaient même pas leur style. A vrai dire, ils dégageaient plutôt une indiscutable odeur corporelle.
-Lorsque nous nous sommes rencontrés, je savais que je te ferais supporter une partie de ma souffrance. Mais j'étais égoïste. Je voulais partager ton amour à tout prix, même si cela signifiait que tu devais partager ma douleur.
Le monde est entièrement peuplé d' étrangers. Des millions et des millions d'étrangers. Chacun est l'étranger de tous les autres. On pense parfois connaître des gens, surtout ceux qui sont censés être proches, mais si on les connaissait vraiment, pourquoi s'étonner de leurs conneries ?
Et je sortis péniblement mon portefeuille de la poche arrière de mon jean. Une manœuvre lourdingue, maladroite. À côté de moi, Columbo pouvait paraître subtil.