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Citations sur Le fracas du temps (73)

Non, répondit son esprit, rien ne commence juste comme ça, à une certaine date et en un certain lieu. Tout a commencé en plus d’un lieu, et à plus d’un moment, parfois même avant ta naissance, dans des contrées étrangères et, dans l’esprit d’autres gens. P 21
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Mais il n’était pas facile d’être un lâche. Etre un héros était bien plus facile qu’être un lâche. Pour être un héros, il suffisait d’être courageux un instant – quand vous dégainiez, lanciez la bombe, actionniez le détonateur, mettiez fin aux jours du tyran, et aux vôtres aussi. Mais être un lâche, c’était s’embarquer dans une carrière qui durait toute une vie. Vous ne pouviez jamais vous détendre. Vous deviez anticiper la prochaine fois qu’il vous faudrait vous trouver des excuses, tergiverser, courber l’échine, vous refamiliariser avec le goût des bottes et l’état de votre propre âme déchue et abjecte. Etre un lâche demandait de l’obstination, de la persistance, un refus de changer – qui en faisaient, dans un sens, une sorte de courage. Il sourit intérieurement et alluma une autre cigarette. Les plaisirs de l’ironie ne l’avaient pas encore abandonné
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"Les ingénieurs de l'âme humaine."
Il y avait deux problèmes principaux. Le premier étant que beaucoup de gens ne veulent pas que leur âme soit façonnée, merci bien. Ils préfèrent qu'on la laisse comme elle était quand ils sont venus au monde ; et, quand on essaie de les guider, ils résistent. (...)
Le second problème avec le façonnage d'âmes humaines était plus fondamental. C'était celui-ci : qui façonne les façonneurs?
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La tyrannie, se disait-il, est devenue si experte en destruction, pourquoi ne détruirait-elle pas aussi l'amour, intentionnellement ou non ? La tyrannie exigeait que vous aimiez le Parti, l'Etat, le Grand Leader et Timonier, le Peuple. Mais l'amour individuel - bourgeois et exclusif - distrayait de ces "amours" aussi grandioses et nobles que dénués de sens et aveugles. Et dans ce genre d'époque, les gens étaient toujours en danger de devenir moins que pleinement eux-mêmes. Si vous les terrorisiez suffisamment, ils devenaient autre chose, quelque chose de réduit et de diminué : de simples méthodes de survie. Aussi ce n'était pas seulement une anxiété, mais, souvent, une peur brute qu'il éprouvait : la peur que les derniers jours de l'amour fussent arrivés.

(N.B. : Sous période Stalinienne)
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Quant à l'amour - pas ses propres façons maladroites, trébuchantes, importunes et irritantes de l'exprimer, mais l'amour en général: il avait toujours cru que l'amour, en tant que force de la nature, était indestructible; et que, s'il était menacé, il pouvait être protégé, enveloppé, emmailloté d'ironie. Il n'en était plus si sûr. La tyrannie, se disait-il, est devenue si experte en destruction, pourquoi ne détruirait-elle pas aussi l'amour, intentionnellement ou non? La tyrannie exigeait que vous aimiez le Parti, l'Etat, le Grand Leader et Timonier, le Peuple. Mais l'amour individuel - bourgeois et exclusif - distrayait de ces "amours" aussi grandioses et nobles que dénuées de sens et aveugles. Et, dans ce genre d'époque, les gens étaient toujours en danger de devenir moins que pleinement eux-mêmes. Si vous les terrorisiez suffisamment, ils devenaient autre chose, quelque chose de réduit et de diminué: de simples méthodes de survie. Aussi ce n'était pas seulement une anxiété, mais, souvent, une peur brute qu'il éprouvait: la peur que les derniers jours de l'amour fussent arrivés.
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Etre russe était être pessimiste ; être soviétique était être optimiste. C'était pourquoi les mots Russie soviétique étaient contradictoires. Le Pouvoir n'avait jamais compris cela. Il croyait que, si l'on tuait assez de citoyens, et si l'on mettait les autres au régime de la propagande et de la terreur, l'optimisme en résulterait. Mais où était la logique là-dedans ? De même qu'ils n'avaient cessé de lui dire, de différentes manières, par l'intermédiaires de bureaucrates culturels et d'articles de journaux, que ce qu'ils voulaient, c'était un "Chostakovitch optimiste". Une autre contradiction dans les termes.
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Theories were clean and convincing and comprehensible. Life was messy and full of nonsense.
( Les théories étaient claires, convaincantes et compréhensibles. La vie était beaucoup plus compliquée et pleine de non-sens )
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Destiny. It was just a grand term for something you could do nothing about. When life said to you, ‘And so,’ you nodded, and called it destiny.
(Destin. Ce n'était qu'un grand mot pour ce à quoi vous ne pouviez rien faire.Quand la vie vous disez "Eh, voilà", vous hochiez la tête et appeliez ça le destin.)
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...mais il tenait Picasso pour un saligaud et un lâche. Comme il était facile d'être communiste quand on ne vivait pas sous le joug d'un régime communiste! Picasso avait passé toute sa vie à peindre ses fariboles tout en encensant le pouvoir soviétique; mais à Dieu ne plût qu'un pauvre petit artiste souffrant sous la tyrannie de ce pouvoir soviétique essayât de peindre comme Picasso!
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Lui-même ne serait jamais aimé par le pouvoir soviétique. Il était issu de la mauvaise souche: l'intelligentsia libérale de cette ville suspecte qu'était Saint-Leninsbourg. La pureté prolétarienne était aussi importante aux yeux des Soviétiques que l'était la "pureté aryenne" pour les nazis. En outre il avait la vanité, ou la sottise, de remarquer et de se rappeler que ce que le Parti avait dit la veille était souvent en contradiction avec ce que le Parti disait à présent.
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