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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Lu d'une traite, passionant tout du long! Ce prêtre qui par l'exaltation poétique(et disons le nationaliste) que lui procure la colline de Sion tombe dans la plus folle hérésie, n'est certes pas un personnage accessible aux rationalistes...Mais ceux qui savent vibrer aux chants lyriques, dont Barrès est un maître, ne pourront que tressaillir devant les aventures de cette âme puissante, déchue et touchante. le premier et le dernier chapitre sont particulierement magnifiques, et délivre une profonde sagesse qui reste plus que jamais d'actualité: la necessité d'unir à l'extravagante inspiration qui nous vient de la terre sauvage la discipline raisonnable de nos pères. Encore un chef d'oeuvre tombé indignement dans l'oubli, et dont j'ai appris l'existence grâce à un notoire facho: Mitterand! Il en parle en effet avec admiration dans son passage à Apostrophe, et on comprends alors d'où vient sa fameuse confession: « je crois aux forces de l'esprit »...
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« Il est des lieux qui tirent l'âme de sa léthargie, des lieux enveloppés, baignés de mystère, élus de toute éternité pour être le siège de l'émotion religieuse. »
Lorsqu'un roman commence comme ceci, on se dit, sans trop s'avancer, qu'il est plein de promesses…Promesses tenues.
Qu'est-ce que cette colline mystique, si convoitée par les hommes de foi depuis la nuit des temps, sinon un symbole de l'élévation vers Dieu, peu importent les chemins de traverse parcourus pour y accéder ?
La Colline inspirée, c'est effectivement une affaire de ferveur religieuse qui conduit un homme de Dieu – Léopold Baillard – à rétablir la grandeur de cette colline abandonnée, s'aidant pour ce faire de méthodes peu orthodoxes qui ne plaisent pas à la hiérarchie ecclésiastique. Il se fourvoiera même dans un illuminisme inspiré par un certain Vintras, mais pour autant ne trichera jamais avec sa ferveur mystique, accompagné de fidèles qui se réduiront comme peau de chagrin. Grandeur et décadence seront le lot de Léopold qui, à la toute fin, déposera les armes face à l'Église officielle...en apparence sûrement.
Un destin qui pose une question cruciale : la foi précède-t-elle le dogme ou ce dernier est-il la condition sine qua non pour y accéder ?
Dans un style limpide, entrecoupé d'envolées lyriques savoureuses pour qui aime lire du texte à défaut de le consommer, l'auteur narre donc cette illumination, dans une atmosphère sombre et inquiète car : « Il y a des sujets qui sont des gouffres », confiait l'auteur.
Bien entendu, il se trouvera toujours de vertueux détracteurs de Maurice Barrès, mus par un goût immodéré de la chasse aux sorcières et oubliant qu'il arrive parfois qu'une oeuvre ne vaille que pour elle-même et pas ce que pense son auteur. Un peu de structuralisme ne fait parfois pas de mal. Barrès était-il un extrémiste ? Je me garderai, pour ma part, de répondre à cette question simpliste à seule fin de satisfaire la nouvelle morale. Pour autant il savait manier superbement la langue français et s'en priver, au motif que ses opinions ne correspondent pas aux canons d'une élite bien-pensante, relève du ridicule achevé !

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Ce roman s'ouvre sur une belle peinture impressionniste et romantique de la Lorraine ( apparente contradiction résolue par la liberté qu'offre le roman) . le style de Barrès est propre à exalter le mystère de « ces lieux où soufflent l'esprit ».

À la manière de Don Quichotte (c'est à dire trop tard), et sans nécessairement la vérité de leur côté, poussé successivement par la bonne foi, l'orgueil et enfin la folie, trois jeunes prêtres Lorrains décident de réhabiliter spirituellement leur pays natale, à une heure où les sans-culottes ont fait table rase du passé. Prélude à une longue descente aux enfers.

De la colline ou de l'église, qui choisir? de l'esprit de la terre, de la liberté ou bien de la règle, du lien laquelle de ces vérités antagonistes préférer? Doit-on nécessairement choisir ? Ah ! Espérons plutôt, que ces forces puissent s'opposer toujours, ne jamais s'anéantir et toujours s'augmenter par leur affrontement !

Belle tentative, je pense réussi de Barrès de concilier le temporel et le spirituel. C'est il me semble la première (et la seule? Je peux me tromper) faite dans une littérature française quasi exclusivement séculière ( et ce n'est pas nécessairement une reproche, je suis un fidèle admirateur de la Comédie Humaine de Balzac ). Remarque cocasse il m'arrive dorénavant de confondre Vintras et Vautrin

En tout cas, c'est certain ce roman est original, il souffle un esprit (haha.) de renouveau dans mes lectures que j'accueille avec grand plaisir.

J'ai pour ma part été foudroyé par la dualité mystique entre Léopold Baillard et le Père Aubry, lorsque ce dernier entrevoit la pensée de Léopold regardant le trou d'où a été déterré la relique païenne. Qu'est-ce que ce fut magnifique et digne… Deux visions antinomique servant la divinité, tragique!

La lecture n'en est pas pour autant aisée pour nous, pauvres lecteurs du 21e siècle, dépourvu des mystères évidents encore pour une bonne partie des contemporains de Barrès. Quand on voit les troubles qui se développent à Saxon, peut-être est-ce mieux ainsi? Ce sera à relire pour moi quand j'aurai mûri.

Je vous le recommande !
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L'attaque du récit donne le ton : «Il est des lieux où souffle l'esprit ... ».
Ce récit relate les aventures et mésaventures vraies des trois frères Baillard, prêtres de leur état, qui ambitionnèrent, au cours du XIX S., de redonner à la colline de Sion en Lorraine, son prestige de lieu de pèlerinage consacré à la Vierge Marie.

Pour cela, ces prélats se firent bâtisseurs de couvent, de chapelle, aménageurs de la colline et de ses environs et s'endettèrent à un point tel qu'ils furent désavoués par les autorités ecclésiastiques de l'époque, notamment l'évêque de Nancy.

La fratrie était dominée par le formidable charisme de l'aîné, Léopold, et accompagnée de religieuses extrêmement dévouées à Léopold et à son oeuvre.

Les dettes ayant provoqué leur ostracisation aussi bien du clergé que de la population locale, ils se tournèrent vers la secte normande dite de la miséricorde, du gourou Vintras à Tilly-sur-Seule, et ils devinrent des mystiques vintrasiens, surtout Léopold et son bras droit, soeur Thérèse.

C'en était trop pour l'Eglise que des prêtres se fussent laissés séduire par Vintras, escroc, charlatan et repris de justice, autoproclamé prophète. Ils furent, par conséquent, mis au ban de la société, expulsés de leur domaine, poursuivis par la justice et dispersés par l'action conjuguée de l'Eglise, des autorités, des créanciers et de la population.

Barrès relate ce drame, car c'en est un, avec des accents épiques, romantiques, peignant des protagonistes pathétiques dont le ridicule le dispute à la bêtise et à la superstition. Mais le romancier sait aussi sublimer La Loraine, sa terre natale, avec ce lyrisme qui fait s'affronter, par delà l'histoire et les légendes, le christianisme catholique et le paganisme romano-celtes.

C'est aussi un récit, je ne sais s'il faut l'appeler roman, dans lequel l'écrivain montre, malgré tout, une évidente sympathie pour ce formidable Léopold habité par une foi inébranlable en Dieu et dans les prophéties de Vintras. Foi qu'il abjurera (?) sur son lit de mort au grand soulagement de son ennemie intime et persécuteur, le père Aubry qui, pendant des années, a souffert du remord de n'avoir pas su ramener Léopold et ses frères dans le giron de Rome.
Alors que son disciple, sur ses conseils, semble y avoir réussi (en est-on certain ?) s'agissant de Léopold, le père Aubry, sur son lit de mort, espère accueillir au Ciel Léopold qui ne tardera pas à le suivre.

C'est, de surcroît, un récit de l'amour, de la charité, mais pas de la part de ceux auxquels on pourrait s'attendre, de la lâcheté, de la haine, du rigorisme religieux, de la naïveté paysanne et de toutes les superstitions.

C'est, enfin, un récit magnifiquement écrit. Ce type d'écriture a disparu de nos jours... ni lyrisme, ni romantisme, ni héroïsme...

Et c'est bien dommage.

Pat

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