« Il est des lieux qui tirent l'âme de sa léthargie, des lieux enveloppés, baignés de mystère, élus de toute éternité pour être le siège de l'émotion religieuse. »
Lorsqu'un roman commence comme ceci, on se dit, sans trop s'avancer, qu'il est plein de promesses…Promesses tenues.
Qu'est-ce que cette colline mystique, si convoitée par les hommes de foi depuis la nuit des temps, sinon un symbole de l'élévation vers Dieu, peu importent les chemins de traverse parcourus pour y accéder ?
La Colline inspirée, c'est effectivement une affaire de ferveur religieuse qui conduit un homme de Dieu – Léopold Baillard – à rétablir la grandeur de cette colline abandonnée, s'aidant pour ce faire de méthodes peu orthodoxes qui ne plaisent pas à la hiérarchie ecclésiastique. Il se fourvoiera même dans un illuminisme inspiré par un certain Vintras, mais pour autant ne trichera jamais avec sa ferveur mystique, accompagné de fidèles qui se réduiront comme peau de chagrin. Grandeur et décadence seront le lot de Léopold qui, à la toute fin, déposera les armes face à l'Église officielle...en apparence sûrement.
Un destin qui pose une question cruciale : la foi précède-t-elle le dogme ou ce dernier est-il la condition sine qua non pour y accéder ?
Dans un style limpide, entrecoupé d'envolées lyriques savoureuses pour qui aime lire du texte à défaut de le consommer, l'auteur narre donc cette illumination, dans une atmosphère sombre et inquiète car : « Il y a des sujets qui sont des gouffres », confiait l'auteur.
Bien entendu, il se trouvera toujours de vertueux détracteurs de
Maurice Barrès, mus par un goût immodéré de la chasse aux sorcières et oubliant qu'il arrive parfois qu'une oeuvre ne vaille que pour elle-même et pas ce que pense son auteur. Un peu de structuralisme ne fait parfois pas de mal. Barrès était-il un extrémiste ? Je me garderai, pour ma part, de répondre à cette question simpliste à seule fin de satisfaire la nouvelle morale. Pour autant il savait manier superbement la langue français et s'en priver, au motif que ses opinions ne correspondent pas aux canons d'une élite bien-pensante, relève du ridicule achevé !