AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,82

sur 586 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ces Mythologies de Roland Barthes me laissent un sentiment mitigé en tant que lecteur. J'ai adoré les deux premiers tiers et sa déconstruction des mythes populaires des années 1950, l'occasion de ressusciter, le temps de quelques lignes, un passé que me racontait mes parents ou dont je ne connaissais que des bribes... La dernière partie, le sémiologue reprend le dessus et j'ai trouvé le texte difficile d'accès tout au moins demandant un réel effort de compréhension pour un Béotien comme moi.
Commenter  J’apprécie          685
Les mythes, pour Barthes, ont pour particularité d'être des objets historiques qui se font passer pour naturels. En lisant les Mythologies aujourd'hui, on est d'abord frappé par leur côté daté. Les certitudes et les habitudes d'il y a un demi-siècle sont devenues des reliques, des bizarreries, de vagues souvenirs ou d'illustres inconnus. Qui parle encore de Minou Drouet, du Guide bleu et de Poujade? Les mythes se sont évaporés. Qu'en est-il de leur fondement, ce monde petit-bourgeois dénoncé par Barthes? Là aussi, ça sent son époque. Les bourgeois contre les prolétaires, ça sonne guerre froide, intellectuel de gauche de jadis, enfermé dans une pensée elle-même mythologique. Ce qui ne passe plus, dans ces textes, c'est leur certitude d'être objectifs, de décrire la classe oppressante, de la démasquer, comme si la lutte des classes n'était pas elle aussi un mythe. Peut-être ce sentiment que tout cela a disparu vient-il de la victoire des mythes bourgeois à la chute du communisme. Que serait une mythologie d'aujourd'hui? Minou Drouet s'est transformée en Justin Biber, et les coureurs du Tour de France, ces héros d'épopées grandiloquents, ces Coppi, ces Geminiani, ces Kubler et ces Bobet, sont devenus des bobets sans majuscule et sans honneur. Elles seraient désabusées, grinçantes et futiles, les mythologies d'aujourd'hui.
Commenter  J’apprécie          270
Critique de Jérôme Garcin dans l'introduction du livre "Nouvelles Mythologies":

Roland Barthes mythifie si bien ce qu'il dénonce qu'on peut lire aujourd'hui son encyclopédie subversive avec une tranquille nostalgie: elle est devenue une littérature d'ambiance, comme on le dit de la musique. L'oeuvre était d'abord politique, elle finit par ressembler, avec le temps, à un merveilleux bric-à-brac, un étonnant vide-greniers, un magasin d'enfance, une foire à tout [...]
En relisant aujourd'hui ce livre qui a tant marqué une génération, l'on ne peut s'empêcher de se demander si, tout en stigmatisant une époque, qui à la fois l'excite et l'exaspère, ce doctrinaire émotif, que l'obsession du deuil n'a jamais quitté, ne travaille pas à sauvegarder déjà ce qui est voué à disparaître, s'il ne fabrique pas des souvenirs par anticipation et des objets de mémoire par prétérition. (p.9).
Commenter  J’apprécie          120
Ouvrage daté et Ultra moderne a la fois.

Les exemples choisis de la première partie ne peuvent être parlant qu'à de vieux croutons dans mon genre.

La deuxième, plus théorique , qui ressemble a un raidillon en vélo à monter en danseuse, demande de prendre quelques notes de lecture quand on n'est pas familier des notions exposées. C' est simplement un manuel de la fake news, parfaitement d'actualité ....

J'ai remarqué la référence à le Pen ( le père jeune ), déjà ....
Commenter  J’apprécie          50
Livre court mais dense. Un ouvrage révolutionnaire dans plusieurs sens du terme, fortement emprunt de philosophie marxiste. Mais au-delà des clivages politiques (le livre plaira davantage à la sensibilité de gauche logiquement, parfois de façon légèrement caricaturale), il faut admirer l'aspect visionnaire du débat en 1956-57 et le déchiffrage méticuleux de la sémiologie. Pour être honnête je n'ai pas tout compris même en relisant certaines phrases plusieurs fois - c'est propre à l'hermétisme philosophique sans doute - mais j'ai humblement perçu la pertinence du livre. A ranger parmi les dénicheurs de complot (style Chomsky) et à relire régulièrement sans doute. Un intérêt également historique concernant l'actualité de cette époque. Et puis pour impressionner en soirée, il faut l'avoir lu !
Commenter  J’apprécie          40
Depuis 1955 peu de choses ont changées
Commenter  J’apprécie          30
Regards d'un temps où Béatrice s'effondre, Eliane et Huguette se taisent aux larmes d'un Coudurier et d'un Logier.

L'Algérie se déchire, Budapest s'insurge, Suez fat son canal et sa crise.

Staline se décrit au XX° congrès de son parti et l'AIEA se fait corps.

Les faits divers et les éclats du Monde se côtoieront de lignes en pages.

A lire avec intérêt et curiosités.
Commenter  J’apprécie          34
C'est dans cette oeuvre que j'ai découvert mon mot : "posture". Je l'ai trouvé dans 4 articles ;
- L'acteur d'Harcourt (mythe de la beauté, de l'éternelle jeunesse, idéalisation, objet romanesque et illusion),
- L'écrivain en vacances (statut privilégié, gens de lettre, nature sacralisée),
- le pauvre et le prolétaire ("Les temps modernes" de Charlie Chaplin, représentation politique prolétaire contre patron, aliénation par le travail),
- "Nautilus" et "Bateau ivre"
Et son contraire "imposture", je l'ai trouvé à deux reprises :
- La grande famille des hommes (grande expo photos, identités, diversités physiques et culturelles, nature humaine universelle, Dieu).
Pour moi, le mot "posture" évoque la conscience, la résistance et en même temps la fragilité. Ce mot a une épaisseur. Mais cette épaisseur est limitée.
En conclusion, la mythologie est un système de valeurs dans un langage collectif. le mythe a un sens. C'est un symbole. Il est une forme qui peut se déformer d'où l'imposture. le mythe est instrumentalisé par la petite bourgeoisie. Mais pas seulement : publicitaires, journalistes, politiques.
Cet essai a été écrit au milieu des années 50 en pleine décolonisation et 12 ans environ avant mai 68. C'est une oeuvre qui me parle.
Commenter  J’apprécie          30


Lecteurs (2155) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (5 - essais )

Roland Barthes : "Fragments d'un discours **** "

amoureux
positiviste
philosophique

20 questions
852 lecteurs ont répondu
Thèmes : essai , essai de société , essai philosophique , essai documentCréer un quiz sur ce livre

{* *}