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3,82

sur 586 notes
Ces Mythologies de Roland Barthes me laissent un sentiment mitigé en tant que lecteur. J'ai adoré les deux premiers tiers et sa déconstruction des mythes populaires des années 1950, l'occasion de ressusciter, le temps de quelques lignes, un passé que me racontait mes parents ou dont je ne connaissais que des bribes... La dernière partie, le sémiologue reprend le dessus et j'ai trouvé le texte difficile d'accès tout au moins demandant un réel effort de compréhension pour un Béotien comme moi.
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Dans "Mythologies", Roland Barthes s'attaque avec délectation à la culture petite-bourgeoise qui se dit universelle. Pour cela, il analyse tous les mythes populaires qui permettent à la classe bourgeoise de continuer imperturbablement de soumettre les classes laborieuses et prolétaires à leur ordre moral et économique, mais surtout, ce qui est encore plus fort, à leur faire chérir cette soumission. Tout passe donc au crible du sémiologue : le catch, le Tour de France, l'automobile, la publicité, la photographie, la Littérature, la cuisine ou les guides touristiques. C'est passionnant, même si quelques exemples ne font plus référence pour un lecteur qui n'a pas connu les années 1950. Mais il est plaisant de les actualiser, montrant en cela que Mai 68 n'a pas vraiment fait vaciller le piédestal de l'idéologie petite-bourgeoise contrairement à ce que l'on croit pourtant. le poujadisme de plus en plus prononcé de Monsieur Sarkozy en est une illustration.
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Les mythes, pour Barthes, ont pour particularité d'être des objets historiques qui se font passer pour naturels. En lisant les Mythologies aujourd'hui, on est d'abord frappé par leur côté daté. Les certitudes et les habitudes d'il y a un demi-siècle sont devenues des reliques, des bizarreries, de vagues souvenirs ou d'illustres inconnus. Qui parle encore de Minou Drouet, du Guide bleu et de Poujade? Les mythes se sont évaporés. Qu'en est-il de leur fondement, ce monde petit-bourgeois dénoncé par Barthes? Là aussi, ça sent son époque. Les bourgeois contre les prolétaires, ça sonne guerre froide, intellectuel de gauche de jadis, enfermé dans une pensée elle-même mythologique. Ce qui ne passe plus, dans ces textes, c'est leur certitude d'être objectifs, de décrire la classe oppressante, de la démasquer, comme si la lutte des classes n'était pas elle aussi un mythe. Peut-être ce sentiment que tout cela a disparu vient-il de la victoire des mythes bourgeois à la chute du communisme. Que serait une mythologie d'aujourd'hui? Minou Drouet s'est transformée en Justin Biber, et les coureurs du Tour de France, ces héros d'épopées grandiloquents, ces Coppi, ces Geminiani, ces Kubler et ces Bobet, sont devenus des bobets sans majuscule et sans honneur. Elles seraient désabusées, grinçantes et futiles, les mythologies d'aujourd'hui.
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Paru en 1957, « Mythologies » de Roland Barthes est vraiment un grand texte du 20ème siècle. En une cinquantaine de textes plus ou moins long, il y démonte l'imagerie de la France des années 1950.
En essayant de réfléchir sur les mythes de la vie quotidienne française, Barthes a écrit durant 3 années, au gré de l'actualité présentée dans les magazines, les journaux (comme Elle, Match, Le Figaro, L'express) ou à la télévision sans oublier le cinéma et le théâtre.
Il démontre qu'un mythe, fabriqué par les médias et la publicité peut changer un signe en vérité éternelle.
Si on prend la définition du mythe, on voit bien l'intérêt des textes de Barthes.
Un mythe est une construction imaginaire (récit, représentation, idées) qui se veut explicative de phénomènes sociaux et surtout fondatrice d'une pratique sociale en fonction des valeurs fondamentales d'une communauté à la recherche de sa cohésion.
Il nous montre que certains objets mythifiés véhiculent les valeurs bourgeoises sans jamais le dire, comme si ces valeurs étaient des évidences unanimement partagées.
Chaque texte mériterait qu'on s'y penche de façon détaillée. Certains n'ont pas perdu leur pouvoir corrosif et j'ai beaucoup aimé ceux sur le sport comme le monde où l'on catche ainsi que Les jouets, le vin et le lait, le bifteck et les frites, la DS, le plastique ou la photographie électorale !
Pour une fois, je ne suis pas d'accord avec Marguerite Duras quand elle écrit « Roland Barthes était un homme pour lequel j'avais de l'amitié mais que je n'ai jamais pu admirer. »


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Toujours un délice, à lire et à relire...

Barthes s'est amusé à decrypter ,dans nos modes de vie contemporains, ce qui relève de l'actuel , donc du transitoire, de l'éphémère - et ce qui s'apparente à une conceptualisation de l'éternel humain...

Ainsi les Romains du cinéma américain, s'ils transpirent à grosses gouttes sous leur cuirasse dorée et leur jupette à plis, c'est leur "cogito ergo sum" : oui, ils PENSENT...et le peplum souligne par la sudation excessive cet effort cérébral inusité...

On se prend à rêver d' une réactualisation de ces mythologies, le beau Roland n'étant plus là- écrasé par un bus parisien devant le Balzaar dont il sortait à l'étourdie- il aurait sûrement interrogé la sémiologie du jean stone washed ou du cuir destroy, de l'insupportable téléphone portable, de la liseuse mangeuse de livres, des réseaux sociaux devenus organes vitaux, Facebook, Tweeter ou...Babelio..

Je propose d'ouvrir ici - dans les commentaires, si le coeur vous en dit- une remise à jour de ce passionnant décodeur de nos petites manies et grandes psychoses collectives...

Chiche? A vous/ nous de jouer!!
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Ce livre m'a passablement ennuyé.
On y trouve certains passages très amusants, mais il ne s'agit jamais de rien de plus que d'opinions subjectives assumées (10) et il est important de garder en tête qu'il s'agit d'une oeuvre qui se veut une provocation libératrice sinon, on risque de trouver Barthes franchement stupide. le vrai problème, c'est que ces réflexions sont trop souvent inintéressantes autant en ce qui a trait aux objets choisis qu'en ce qui concerne la réflexion sur ces objet, généralement beaucoup trop forcée et jamais poussée jusqu'au bout. À la longue, ça devient vraiment lourd.
Comme il le dit lui-même, « la meilleure arme contre le mythe, c'est peut-être de le mythifier à son tour, c'est de produire un mythe artificiel : et ce mythe reconstitué sera une véritable mythologie » (209) et c'est exactement ce qu'est ce livre pour moi un mythe artificiel, du début à la fin, une véritable mythologie...complètement bidon.

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Ecrits entre 1954 et 1956, Mythologies de Roland Barthes a paru en 1957. le livre est constitué de 53 textes courts, écrits au fil de l'actualité et d'une seconde partie, intitulée le mythe, aujourd'hui. A la fois « datées » et intemporelles, les réflexions de l'auteur nous interpelle, en tant que lecteur et citoyen.

Différente de la sociologie, proche de la linguistique, mais empruntant ses propres voix réflexives et proposant une méthode spécifique, la sémiologie m'était totalement inconnue. Ce qui est surprenant, c'est d'abord le fait que Barthes s'intéresse avec le même sérieux à l'analyse du catch, des péplums, de la Citroën et du strip-tease qu'aux critiques portées au théâtre jugé trop intellectuel, au Poujadisme ou aux grèves. Il expose chaque élément qu'il traite avec le même ton, qui se veut à la fois scientifique - fondé sur des faits objectifs – et très personnel. S'attachant à décrypter les mythes contemporains, il cherche à emmener son lecteur « au-delà » du fait de société, de l'objet ou du dernier spectacle, de la dernière polémique dont on parle. Exemple : pour Barthes, le catch n'est pas « que » le catch. C'est d'abord et avant tout un spectacle excessif, dont la vertu première est la fonction d'emphase, c'est une véritable « Comédie Humaine » qui mime de façon intelligible la douleur, la défaite, à l'image des théâtres antiques. Dans la seconde partie de Mythologies, l'auteur explique sa pensée en développant ses fondements théoriques ; et là, accrochez-vous, ce n'est pas toujours simple !

Barthes ne pose pas uniquement une réflexion ; avant tout, il s'engage. Sa critique virulente des valeurs « petite-bourgeoises » revient tout au long du texte, comme une clé de voûte tenant sa rhétorique. On pourra observer que le vocabulaire utilisé par le sémiologue est à ce titre, particulièrement éloquent : le terme « petit-bourgeois » et ses variantes apparait un nombre incalculable de fois. Ses textes sont emprunts de féminisme, d'anti racisme et de marxisme. le texte Romans et Enfants dénonce de façon virulente la pseudo liberté concédée aux femmes écrivains d'exercer leur métier, tant qu'elles sauvegardent le mythe de la femme qui reste avant tout une mère. de la même façon, dans le texte Bichon chez les Nègres, Barthes dénonce sans détours et ridiculise une certaine vision des Occidentaux envers l'homme noir. Dans le texte le vin et le lait, c'est l'attitude du colon français en Algérie qui est contestée. La critique de Barthes porte aussi sur la religion, aveugle et véhicule de morale « prête à mâcher », car cette dernière est vue comme un frein au développement de la pensée et se nourrit justement de mythes. Ainsi, dans ce livre, l'auteur ne se place pas uniquement en qualité de chercheur de sens et de signification, mais aussi en tant qu'être engagé politiquement, assumant pleinement ses prises de position.

L'effet produit par les textes de Mythologies est, à mon sens, différent selon les références culturelles que le lecteur possède ou non. Et ceci en deux endroits ; à la fois références du contexte de l'époque, et références dans l'analyse. L'idéologie pré soixante-huitarde développée ici peut laisser un lecteur d'aujourd'hui perplexe, presque « démuni » face à un contexte socio-économique, culturel, de la France des années cinquante-soixante qu'il ignore en partie. Ainsi, le texte sur le procès Dominici, celui sur Poujade ou le Tour de France m'ont franchement dépassée (et ennuyée, avouons-le) alors que d'autres articles par contre, comme celui sur les jouets ou la représentation de la cuisine dans le magazine Elle m'ont fait sourire car si l'époque est différente, et que ces phénomènes ont évolué- les jouets pour enfants font de plus en plus appel à la technologie, la cuisine au bio - la critique que nous pourrions faire aujourd'hui pourrait être identique dans le fond ; seule la forme, les exemples changeraient. Les jouets en 2013 font aussi de moins en moins travailler l'imagination des enfants, mimant des représentations adultes ; l'ordinateur, la tablette, les téléphones portable ; la cuisine quant à elle est, à l'heure où nombre de Français peinent à manger convenablement, est devenue un élément « chic » et « sain » par le bio, les verrines, quand bien même cette nouvelle façon de consommer exclut les plus pauvres. Cependant, le vocabulaire employé par le sémiologue reste difficile à appréhender. Pour ma part, j'ai relevé de nombreux mots dont j'ignorais totalement la signification. Si cet aspect n'a pas été le plus problématique pour moi, car j'ai été plus interpellée et intéressée par le message de l'auteur que par la complexité langagière de son texte, je pense qu'il est et restera malheureusement un frein pour d'autres, qui se laisseront rebuter par des termes auxquels un lecteur « lambda » est assez mal préparé.

En conclusion, Mythologies est un livre fort, tant par les thèmes variés qu'il aborde, que l'engagement avec lequel ces derniers sont traités. La découverte de la sémiologie m'aura permis d'ouvrir encore un peu plus mon esprit à la largesse des modes réflexifs existants et m‘a donné envie de m'intéresser à une discipline dont j'ignorais tout, et ce malgré une certaine complexité d'approche. J'ai été surprise de constater que certains textes étaient vraiment drôles, comme celui sur les péplums ; je ne m'y attendais pas du tout. Je regrette simplement que ce qui fait la force de ce livre (engagement, prise de positions, vocabulaire et pensée spécifique) en fasse aussi sa faiblesse, et puisse être utilisé par les détracteurs actuels de Barthes pour en critiquer la sophistication.

Lien : http://manoulivres.canalblog..
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J'y suis finalement parvenu ! Après six ans de lecture, plusieurs fois interrompue, je suis arrivé au bout de « Mythologies ». C'est à l'occasion d'un trajet en train, interminable, entre Termini et Jesi que j'avais commencé l'opus de Roland Barthes. A l'époque, je m'étais vite rendu compte qu'à moins d'être linguiste, sémiologue ou sociologue, je n'arriverais pas à en apprécier le contenu.

C'est après avoir terminé « Pastiches et postiches » d'Umberto Eco, un autre livre entamé il y a quelques années également, et l'avoir bien mieux appréhendé (compris, oserais-je dire), que j'osai me replonger dans la lecture de « Mythologies ». Espérant cette-fois en comprendre l'essentiel.

Hélas, je n'ai pu y entendre que le superficiel, serais-je moi aussi un petit-bourgeois ?

J'ai été cependant frappé par l'actualité des thèmes de plusieurs articles, et malgré les concepts ardus (pour le profane que je suis) la capacité du texte à ouvrir les yeux du lecteur sur l'idéologie bourgeoise (idéologie qui ne dit pas son nom, me semble-t-il avoir compris).

J'ai le sentiment que même si l'oeuvre est parfois absconse (encore une fois lorsqu'on ne dispose pas du bagage adéquat) ; elle nous permet de recouvrir, pour un temps, une certaine lucidité sur le monde.

Bref, un essai complexe, inabordable par certains côtés, édifiant par d'autres mais qui donne l'envie de se former à la sémiotique.
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Notre union n'a pas été un coup de foudre, mais un rapprochement dicté par la raison. Rien de mal à ça, ça peut former des unions solides. Mais pourtant, en ce dimanche ensoleillé, je ne peux plus me voiler la face : je tourne tes pages sans envie, par habitude, voire même peut-être par devoir, ne pensant qu'à m'échapper et prendre l'air dans le parc. On ne peut plus continuer comme ça, je renonce à découvrir tes deux cents pages restantes qui contenaient pourtant tant de promesses au début de notre histoire, et je reprends ma liberté : le monde est rempli d'autres livres qui ne demandent qu'à se faire apprivoiser.

Qu'est-ce qui n'a pas marché ? Soyons honnête, la différence de génération n'a pas aidé. Dans ton désir de décrypter l'actualité, tu ne me parlais que d'acteurs disparus aussi vite qu'ils ont été célébrés, de sportifs qui n'ont jamais réellement fait leur trou, d'effets de mode dont je n'ai jamais entendu parler ou de scandales qui avaient déjà perdu leur statut d' « anecdotique » avant même ma naissance.

J'ai bien essayé de m'accrocher, de transposer tes sujets d'étude dans mon monde à moi, mais tu sais que je boude les émissions à succès, que je coupe le son dès l'arrivée des publicités, et que j'ai toujours un livre sur moi pour m'éviter la lecture des magasines people en salle d'attente. Mes efforts ont été vains.

Puis j'ai pris un peu de recul, et j'ai réfléchi. Les mythes, c'est éternel pour moi. Ou du moins, ça dure vachement longtemps. Si les tiens n'arrivent même pas à durer quelques générations, c'est que tu as dû te tromper quelque part. le constat est peut-être dur, ou injuste, ou dû à ma seule vanité, mais il est préférable qu'on en reste là. J'ai récupéré mon marque-page, je te laisse la protection plastique pour ta couverture, et à la prochaine boîte aux livres de mon quartier, nos chemins se sépareront pour toujours. Tu trouveras, j'en suis sûr, un lecteur à la hauteur de tes attentes.
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J'avais adoré ce livre quand j'étais lycéenne. Il est resté longtemps au Panthéon de mes favoris. Je l'ai relu et j' ai constaté qu'il avait beaucoup vieilli, ce qui n'est pas le cas d'autres textes de la même époque: Jakobson, Levi- Strauss, Chomsky, Lacan (liste non exhaustive). C'est le propre des écrits très datés, comme les textes parodiques ou pamphlétaires je crois, de finir au rayon vide grenier à côté des idées qu'ils dénonçaient. Même la très belle écriture de Barthes n'apparaît pas clairement dans cette bimbeloterie . Et de nos jours, qu'est donc la petite bourgeoisie devenue? Qui pourrait écrire les Mythologies contemporaines? En attendant je relis aussi Roland Barthes par Roland Barthes, ou encoreSur Racine.
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