Le point de départ est très stimulant, et passionnant : prendre des éléments de la vie quotidienne, dans le domaine des loisirs, de la culture, des publicités, de la nourriture... et étudier la fonction symbolique que leur octroie le discours, et donc la langue, qui les érige donc en mythes contemporains. Oui, cela fait réfléchir différemment sur le Tour de France, l'astrologie, les frites... Cependant, on peut regretter la forme, courte, qui empêche d'approfondir sur les thèmes, et donc le traitement reste survolé et non approfondi.
Mais autant cette première partie est intéressante, amusante parfois, accessible aussi, autant la dernière partie qui est purement théorique m'a perdue. Je n'ai ni le vocabulaire, ni la formation, pour comprendre la sémiologie.
Et surtout,
Barthes le dit lui-même, le mythe est historique, inscrit dans un contexte. Et ici,
le contexte d'écriture du texte est très particulier.
Barthes écrit dans la France des Trente Glorieuses, le pays s'enrichit et se modernise. Lorsqu'il critique à longueur de texte les "petits-bourgeois", c'est parce que sociologiquement, de plus en plus de Français accèdent à la classe moyenne, et ont donc le temps et l'argent pour des loisirs (lire des magasines féminins, faire du tourisme...) et pour consommer (publicité pour la lessive, invasion du plastique...). C'est le début de la consommation de masse, ce qui, avec un regard actuel, peut sembler en décalage avec le mythe actuel de la décroissance, ou, sans aller jusqu'au mot mythe, la condamnation du plastique - les bobos actuels, vus par certains comme des Amish, seraient-ils les petits bourgeois des années 50 ?
le contexte est aussi celui de la France comme puissance, coloniale, on ne parle encore que "d'événements" en Algérie, sans que cela semble faire réfléchir l'auteur. Enfin, en ce qui concerne la place des femmes dans la société, il ne s'interroge pas sur leurs progrès - il décrit les femmes comme des secrétaires gloussant devant la rubrique astrologie de leur magasine...
Ce contexte est donc particulier, intéressant à prendre en compte. Mais du coup, en lisant le texte aujourd'hui, il me manque des références : j'ai dû chercher le nom de certains coureurs du Tour de France qu'il évoque, des photos de la Citroën 15...
Finalement, ce que ce texte donne envie de faire, c'est de le réécrire actuellement, pour étudier nos mythes - notamment sur le rôle des médias, qu'il semble pressentir, même si pour lui il s'agit exclusivement de la presse écrite.