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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Henry Bauchau est un auteur peu connu me semble-t-il, décédé il y a quelques années à presque cent ans. Il est entré dans la lumière des médias lorsqu'il a obtenu le prix du Livre Inter pour son roman le Boulevard périphérique en 2008, magnifique roman, mais c'est une amie bibliothécaire qui me la fait connaître. Elle a tout lu de lui : ses romans tout d'abord, mais aussi ses poèmes magnifiques, il a écrit aussi des oeuvres théâtrales, et étonnamment autour de ses publications il écrivait une sorte de journal en parallèle pour donner quelques éclairages sur le contenu de ses écrits. Un jour, elle décida de lui écrire pour lui faire part de son admiration pour ses oeuvres et il lui répondit, par une lettre manuscrite, une écriture en pattes de mouche, répondant tel un professeur bienveillant et attentif, à toutes les questions qu'elle lui avait posées pour mieux comprendre certains aspects de ses textes. Elle en fut totalement retournée... Ils continuèrent de s'écrire jusqu'à sa mort et en guise de partage, elle me donna l'envie de connaître mieux l'oeuvre de cet écrivain.
Ah, j'oubliais presque l'essentiel et qui donne une connotation particulière, en dehors de l'écriture romanesque, Henry Bauchau exerça la profession de psychanalyste, ce qui n'est pas anodin dans son oeuvre, en particulier sur le livre dont je vais vous parler ici, puisqu'il y plane forcément le fameux mythe d'Oedipe...
Avant de lire l'Antigone d'Henry Bauchau, qui est un roman, je pense que c'est important ici de le préciser, j'avais lu les deux oeuvres théâtrales les plus connues autour de ce mythe d'Antigone : celle de Sophocle tout d'abord, puis celle de Jean Anouilh, plus moderne. Je trouve que le récit sous forme de roman apporte vraiment quelque chose de nouveau par rapport à la dramaturgie théâtrale. Comme je savais qu'Henry Bauchau était psychanalyste, forcément ma lecture a été un peu influencée en cherchant ici et là où il avait pu poser cette empreinte particulière. Et je n'ai pas été déçu...
Tout d'abord Henry Bauchau rend ce personnage mythique très attachant, presque proche de nous. C'est sans doute dû à la narration, puisque c'est Antigone qui nous parle, c'est elle la narratrice du récit, de son propre destin.
Il en fait un personnage lumineux, sensuel, féminin. Elle est présente à nos côtés ou plutôt ce sont nous qui marchons dans Thèbes sa ville, dans ses pas, au plus près d'elle. Nous sommes presque dans sa respiration. Nous devenons intimes de ses pensées, des images qu'elle porte sur son enfance, les siens, son destin, les sentiments et les pulsions qui l'animent.
Après un long périple tumultueux qu'Henry Bauchau a raconté dans un ouvrage précédent : Oedipe sur la route, Antigone revient chez elle. Son quotidien est fait d'une maison, d'un havre de paix provisoire, d'une vie familiale où elle se retrouve avec bonheur. Cependant, cette tranquillité est éphémère. Les deux frères jumeaux d'Antigone, Etéocle et Polynice, s'affrontent, avec comme enjeu celui de poser leur pouvoir sur Thèbes. D'ailleurs, au-delà du désir de rejoindre le havre familial, elle était déjà préoccupée, animée par ce désir ardent d'agir pour éviter l'affrontement. Antigone n'est pas très bien accueillie lorsqu'elle revient à Thèbes, reconnaissons-le. Cependant, sa personnalité généreuse va s'imposer autour d'elle. Elle apporte une lumière, une respiration nouvelle, quelque chose qui manque en ce lieu. Mais la querelle des deux frères dévoile vite autre chose que la simple quête du pouvoir et du contrôle de Thèbes. C'est là que tout l'art d'Henry Bauchau, en fin psychanalyste, va se révéler. C'est une querelle entre deux frères jaloux de l'amour porté par leur mère Jocaste. Leur mère est à présent morte mais elle continue d'être présente dans ce récit. Jocaste, peut-être que ce nom ne vous dit rien et pourtant... Lors d'un second mariage, elle fut l'épouse de son propre fils, Oedipe, de qui elle aura quatre enfants, deux garçons, Étéocle et Polynice, et deux filles, Ismène et Antigone. Elle se pend lorsqu'elle apprend la vérité des liens l'unissant à Oedipe. Voilà, je savais bien que cela vous dirait quelque chose...
L'amour de la mère, désormais défunte, pour ses deux fils s'invite ici. Elle avait une préférence qu'elle ne cachait pas pour Polynice. Polynice est l'enfant qui vit dans la lumière, tout semble lui réussir, tout ce qu'il touche devient de la lumière. Mais il est excentrique, colérique. Etéocle l'enfant mal aimé est un être plus sombre, plus introverti. Il est d'une humeur calme. Comment deux frères jumeaux peuvent-ils être si dissemblables de caractère ? Comment dès lors Antigone pourra-t-elle éviter l'affrontement fratricide et réconcilier les deux frères qui portent malgré tout, un profond respect l'un pour l'autre ?
Pourtant Antigone, marche, crie. Son cri est merveilleux car elle ne veut pas la mort des siens, de ses frères. Elle aime ses frères plus que tout, elle ne supporte pas qu'ils puissent ainsi d'affronter. Elle marche vers son destin. À cet instant, elle croit encore que tout est possible. Nous aussi. Comme c'est beau l'espoir... Sinon, pourquoi se battrait-elle avec tant de fougue ? Elle est belle dans son combat. Tout au long de la lecture du roman, lorsque je refermais le livre, il m'arrivait de laisser mon imagination vagabonder vers les personnages, vers Antigone dont j'étais tombé amoureux, des images venaient alors vers moi, la silhouette d'une femme à la fois forte et fragile, belle marchant dans les murs de Thèbes. J'aurais voulu la sauver, retenir ses pas, l'amener hors de Thèbes, si loin, très loin.
Nous avançons vers le destin d'Antigone, nous marchons près d'elle, nous avons juste un pas d'avance car nous savons ce qui l'attend. Et malheureusement nous ne pouvons pas agir pour inverser le cours des choses.
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Un chef d'oeuvre! J'avais adoré l'Antigone de jean Anouilh, en me disant qu'il serait difficile à surpasser la beauté des mots, mais Henry Bauchau a réussi à me bouleverser de la même manière! Au delà de la tragédie, Antigone représente un espoir, une révolution... sa fin n'a fait qu'élever Antigone à l'immortalité.
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Antigone est figure maintes fois réutilisée depuis Sophocle en passant par Anouilh en littérature, ou Wadji Mouawad au théâtre, Antigone est une figure qui veut crier la liberté.

Dans ce roman, l'auteur nous fait découvrir d'autres facettes de ce personnage qui nous apparait beaucoup plus petit, beaucoup plus humain.
Ce roman est une oeuvre magnifique qui nous transporte dans sa poésie.
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Dans l'oeuvre de Henry Bauchau, les grands mythes occupent une place considérable. Oedipe et Antigone en constituent des figures essentielles. Je ne connaissais pas cette part de on oeuvre, je commence avec Antigone. de retour à Thèbes après avoir suivi Oedipe son père pendant des années, Antigone entreprend de dissuader ses deux frères, Polynice et Etéocle, de se déchirer pour le trône de Thèbes.
Sous la plume précise de Bauchau, Antigone est à la hauteur du mythe. Violence des sentiments, souvent une émotion instantanée. le « non » crié par Antigone à Créon par exemple. Beauté presque immatérielle, irréelle de nombreux passages : le duel des chevaux, magnifiés ; la lueur de la chandelle dans la grotte. Ecrasante force du mythe servie par une écriture qui paraît presque simple. Mais si belle, si touchante. Souvent pris par la pureté des sensations décrites par Bauchau. Circonstance de lecture oblige, j'ai fait le lien avec l'idée de fraternité à l'origine de tout pour Malraux, alors qu'ici elle est destructrice, et le feu de Bachelard.
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J'ai aimé ce portrait d'Antigone qui, loin de suivre un destin inéluctable, a cherché à être l'auteur de sa vie et a combattu pour cela, nous montrant un magnifique portrait de femme. La meilleure version d'Antigone lue depuis longtemps
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Sans doute la plus belle version d'Antigone qu'il m'a été donné de lire !
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Dans ce texte, Antigone cherche à raisonner ses frères et à empêcher la guerre. Las, dès le début on comprend que rien n'y fera et que si Antigone porte les fardeaux de chacun des membres de sa famille, Oedipe, Jocaste, Etéocle et Polynice, ce ne sera que pour mieux les accompagner vers une issue qui ne peut être que fatale. Seule Ismène, ici, parvient à sortir de ce cercle infernal qui les conduit inexorablement vers la mort. Elle seule peut être un réconfort pour Antigone. Elle seule finalement porte l'espoir. Mais même sachant, ou pressentant, la fin inéluctable, le texte se dévore avec passion. Antigone est si forte et si fragile à la fois, entière jusqu'à la folie. Antigone, c'est la Femme avant un F majuscule, celle qui tente vainement de faire pencher le monde du côté de la vie, de la poésie, de la musique, du bonheur. Un monde qui reste résolument masculin, viril, dominé par des luttes pour le pouvoir, des machinations et trahisons.
Lien : http://itzamna.over-blog.fr/..
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Ce roman est d'une splendeur inouïe, sa lecture provoque une vague de plaisir, de bonheur, de frissons,...
L'écriture est un mélange de simplicité extraordinaire et de poésie tout-à-fait audacieuse. Tout est beau, vrai, cruel, comme il faut, quand il faut.
Antigone est un personnage qui illumine de tout son être. A la fois guérisseuse, sculptrice, princesse, elle est déterminée et généreuse.
L'art qui tient une place toute particulière dans le livre, confère à son atmosphère un côté mystique.
A jamais gravé en moi, j'aurais aimé qu'il ne se termine jamais, qu'il continue toute mon existence.
Finalement le bonheur se trouve parfois dans quelques pages seulement!
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Henry Bauchau nous propose une autre version d'Antigone, tellement plus moderne.
Aussi, celle-ci nous apparait avec ce choix cornélien : désobéir à son frère ainé et donner des funérailles décentes au cadet… Ou l'inverse et vivre dans le remord d'avoir laissé le reste des entrailles du cadet aux vautours.
Antigone est le symbole de l'amour inconditionnel et du sacrifice. Ainsi, elle avait suivi son père aveugle (cf. Oedipe sur la route) en tant que mendiante. Et elle revient en force avec cette prise de décision, préférant la mort qu'abandonner ses valeurs morales.
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J'ai tout simplement adoré ce livre qui est une réécriture du mythe d'Antigone et qui aurait pu s'intituler le cri d'Antigone, ce cri de l'humanité oppressée et souffrante continuant de résonner à travers les siècles.
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