Voici donc la suite de
Voyage. le découpage en livres et l'épilogue de
Stephen Baxter m'ont convaincu du fait que c'était un seul et même livre, et que le découpage en deux tomes, quoique pas si impertinent que ça dans la mesure où il est bien placé, aurait pu ne pas avoir lieu. Nous continuons donc de découvrir la mise en place du
voyage vers Mars et l'aller.
Le tome précédent se terminait par une grosse catastrophe : la mort de trois astronautes, compromettant très sévèrement le programme de la colonisation martienne. Toutefois les choses continuent et Natalie York, éminente géologue mondialement reconnue, sera la première femme mais aussi le tout premier être humain à poser le pied sur Mars, au bout de 800 pages de péripéties. La tactique choisie par la NASA pour emmener l'équipage sur notre voisine n'est pas d'attendre qu'elle soit suffisamment proche pour économiser le temps de trajet, mais au contraire d'aller rebondir contre le puits gravifique de Vénus pour prendre de la vitesse et taper juste. Je ne suis pas astrophysicien, je ne sais pas ce que ça vaut comme idée ; je sais que Baxter a fait beaucoup de recherches – comme tous les auteurs de hard science – mais je serais curieux d'avoir l'avis d'un ou une astrophysicienne.
Concernant la psychologie des personnages, que je trouvais trop pauvrement développée dans le premier volet, retrouve ici une bonne place. Je regrette qu'elle soit si tardivement mise en lumière… Même si je peux comprendre qu'en procédant ainsi,
Stephen Baxter appuie sur le fait que les personnes qui travaillent pour ou avec la NASA soient des obsédées de la technologie, de l'Espace, etc.
Je ne comprends par contre pas du tout la non-linéarité du récit, des bonds dans le temps d'une année à une autre, d'une situation à une autre. Cet entremêlement n'apporte absolument rien si ce n'est une complexification inutile du récit et des différentes intrigues. D'autant plus que l'auteur s'amuse parfois à essayer de nous faire craindre pour l'avenir de certains personnages. Je pense à Natalie York, première femme à aller dans l'Espace du côté des Américains ; pendant tout une partie du récit il y a un suspens quant à sa sélection ou non pour faire partie de l'équipage d'Arès, le vaisseau qui amène les trois astronautes à bon port. Ce suspens n'a aucun sens, puisque
Voyage commence d'entrée de jeu avec le récit du décollage de la fusée du point de vue de Natalie. On sait qu'elle sera prise. Idem pour Ralph Gerson, qui risque sa vie à un moment donné lors d'un essai matériel, on sait qu'il a fait le Vietnam, mais on aussi depuis le début qu'il ira sur Mars. Non, vraiment, ça n'a aucun sens. le seul point positif que j'ai trouvé est le parallèle effectué entre l'alunissage en tout début de roman et l'atterrissage sur Mars à la toute fin.
Le mystère du remplacement de Buzz Aldrin par le fictif Joe Muldoon reste entier. Je pense que c'était pour éviter de fâcher Aldrin si jamais ce dernier lisait le roman, étant donné la psychologie de Muldoon.
Michael Collins existe dans la réalité alternative de
Voyage, pareil pour
Neil Armstrong. Je n'ai pas lu l'épilogue, honte à moi, peut-être que la réponse à ma question s'y trouve ! Ou pas. Il m'a l'air d'être là pour faire la lumière entre les différences concernant notre réalité et notre alternative.
Quoi qu'il en soit,
Voyage reste un trajet passionnant dans les entrailles de la NASA, de ses collaborations, de ses péripéties politiques et administratives que l'on soupçonne réelles mais dont on ne connaît jamais vraiment la véritable teneur. C'est une lecture difficile du fait des aspects techniques, mais terriblement prenante. du reste, si j'ai passé un très bon moment de lecture, je n'irai pas jusqu'à dire que je le relirai ! Je suis déjà fier de cette seule prouesse : à vous de la réaliser si ce n'est déjà fait.