Recevoir un recueil de nouvelles des éditions Quadrature est un plaisir chaque fois renouvelé. Plaisir des yeux d'abord : jolie couverture avec une illustration discrète, élégante, colorée et une jolie police de caractère en relief. Et, évidemment, la qualité des textes, tel le petit dernier "
La végandelle" de
Laurent Bayer.
Plaisir renouvelé aussi de pouvoir picorer dans le désordre ces petites histoires délicieuses. Cette fois, j'ai commencé par la dernière, la nouvelle éponyme, tellement curieuse de savoir ce qui se cachait derrière un mot que je ne connaissais pas.
La végandelle, qu'était-ce ? Eh ! bien, vous ne le saurez pas, je vous laisse le découvrir sinon, la lecture n'aurait aucun charme. Sachez simplement qu'il s'agit de l'histoire d'Arnaud qui, licencié de son travail "…son licenciement lui tombait dessus comme une bénédiction." recherche une idée de reconversion. C'est drôle, plein d'humour, tout en abordant des thèmes actuels.
J'ai beaucoup aimé aussi "Une marinière", pour les mêmes raisons, qui met en scène Bernard, à la recherche de l'âme soeur à travers un site de rencontres, plaisant et tendre avec une chute bien trouvée. "Egarements" et "Le mausolée", deux histoires de couple extrêmement différentes mais tout aussi cocasses l'une que l'autre. Dans la première, Antoine et Isabelle, deux ex, partent en randonnée en montagne. Dans la seconde Jean-Pierre Thyssen "inquiet à l'idée que rien de concret ne subsisterait après sa mort." et Jacqueline, sa femme, héritent d'une fabuleuse somme d'argent avec laquelle le mari décide de faire construire un mausolée en guise de sépulture. Leur point commun est là aussi la chute, aussi burlesque l'une que l'autre. Et toutes les autres, ventre du palais", hallucinatoire, "Un oeil noir" qui nous parle du genre , "Le noir et le noir" variation en noir…
Autre point commun à l'ensemble des nouvelles : l'écriture. Elle est d'une qualité rare, de facture classique et d'une grande facilité de lecture, certes, mais particulièrement travaillée, façonnée à merveille. Les mots sont choisis, le rythme des phrases visiblement réfléchi : "Les talons de ses mocassins étaient trop hauts pour un homme honnête, trop bas pour une femme coquette." Et l'auteur excelle dans les descriptions "Toujours tiré à quatre épingles, il était sans doute, au début du XIXè siècle, l'un des derniers de sa corporation à enseigner en costume-cravate devant des cohortes d'adolescents mal peignés, dépenaillés et souvent grossiers."
J'ai beaucoup aimé tous ces petits textes pour le fond et surtout la forme au point de les lire à voix haute tant la musique des mots est belle et mélodieuse. Encore une très belle réussite.
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