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Ouvrage passionnant, même avec ses 663 pages.
Le contenu est d'une richesse incroyable et se raconte dans un style léger, certainement très bien traduit. l'auteur a une culture romaine gigantesque et nous en transmet des parties jugées significatives avec un immense talent.
C'est tout sauf un bouquin pour intellectuels historiens !
Le plaisir et le bonheur de lire (et éventuellement de s'instruire)
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Ça m'apprendra à toujours chercher les meilleurs spécialistes d'une époque. Mary est une historienne pure et dure, je m'en suis aperçu en lisant son ouvrage. Elle n'a que faire des légendes, des ragots, du roman national. Ce qui l'intéresse c'est la vérité. Très peu pour moi ! j'avais envie d'anecdotes croustillantes. Si j'ai bien compris ma lecture tout ce que j'avais retenu de l'histoire romaine est faux. En fait un nouvel empereur cherchait le plus souvent à noircir ses prédécesseurs pour mieux asseoir sa légitimité. Dont acte ! Donc Caligula ou Néron ne seraient pas si méchants que ça, Marc Aurèle ou Adrien pas si gentils ? Grosse déception ! Et puis cette aversion de la chronologie. Je comprends mieux que les élèves ne s'intéressent plus trop à l'histoire si on leur enlève la logique du temps. La vie quotidienne des romains de base ne m'intéresse pas trop. Savoir qu'ils mangeaient du nutella au petit déjeuner ou pas, quel intérêt ? Mais ce serait mentir de dire que je n'ai rien appris. J'ai eu la réponse à deux questions qui me tracassaient : comment ce peuple a pu tenir un si grand territoire aussi longtemps et pourquoi préférer les fils adoptifs aux fils naturels ?
La possible confusion dans la traduction de lupa qui peut signifier louve ou prostituée est savoureuse. Romulus et Rémus élevés par une prostituée ! Géniale polysémie de ce mot latin.

J'attendais les Horace et les Curiace et je n'ai rien eu. Je vais recommencer mon étude de la grande Rome avec d'autres auteurs peut-être un peu moins historiens.
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Voici une histoire de la Rome antique de haute volée. Mary Beard s'intéresse à Rome de sa naissance vers le VIIIe siècle avant J.-C. à l'an 212, date à laquelle l'empereur Caracalla décréta que "tout habitant libre de l'empire serait un citoyen romain à part entière". le choix de l'auteure exclut donc la période allant de l'avènement du christianisme à Rome au déclin et à la fin de l'empire.
Sans entrer dans le détail des événements, sauf pour illustrer son propos, c'est les grandes évolutions et les tendances profondes qui sont donc ici étudiées, le coeur du sujet étant l'identité romaine et la question « qu'est-ce qu'être romain ? ». Sont particulièrement étudiés les rapports sociaux entre maîtres et esclaves ainsi qu'entre riches et pauvres, la place de l'institution militaire, le rôle du sénat et son comportement face aux empereurs autocrates.
On trouvera ici autant de plaisir de lecture que dans les romans situés dans l'antiquité. L'un et les autres se complètent.
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Il m'en a fallu du temps pour achever cette brique !N'étant pas historienne, certains passages et questions me passionnent moins et j'ai donc fait des petites pauses dans ma lecture pour éviter l'overdose d'informations. Néanmoins, je n'ai jamais lâché totalement l'affaire et j'ai lu la plus grande partie de cet ouvrage avec plaisir car Mary Beard est une conteuse exceptionnelle et une vulgarisatrice hors-normes.
L'historienne nous embarque dans un long périple allant de la fondation de Rome (se demandant ce qu'il en est exactement de cette « fondation » et du mythique Romulus) à l'octroi de la citoyenneté romaine à tous les habitants de l'empire par Caracalla (ensuite, c'est une autre histoire selon elle). Outre le récit des grands événements politiques de l'histoire romaine, ce qui est passionnant, c'est la peinture du quotidien que nous dresse l'autrice : comment vivaient les Romains, quelle éducation les enfants recevaient ils , quelle était là vie des femmes…
Bref, j'adhère à 100% à la quatrième de couverture qui crie au chef d'oeuvre sans qu'apparaisse le travail colossal qui le sous-tend. Une référence absolue sur la Rome antique.
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Un livre d'histoire qui se lit comme un roman. Mary Beard réussit le tour de force de nous plonger dans un millénaire d'histoire romaine et de nous rendre cette époque, ce peuple, ces événements, totalement modernes.
543 pages divisées en 12 chapitres dont la majorité sont consacrés à la Rome archaïque et républicaine. Mary Beard est plus intéressée par l'évolution de la petite cité en Empire que par la gestion de ce même empire.
Mais son histoire ne se contente pas de raconter les évènements qui ont fait Rome, ses guerres et ses grands personnages, mais ce qui rend réellement son ouvrage passionnant ce sont ces études économiques, commerciales, sociétales, culturelles, religieuses, etc. Et on s'aperçoit que la civilisation romaine est extraordinairement proche de la notre dans sa mentalité, dans sa politique, dans sa diplomatie, dans sa répartition des richesses, dans ses interrogations … Mary Beard fait de subtils parallèles avec notre époque. Elle met particulièrement l'accent sur les conflits entre riches et pauvres et sur les réformes proposées (par les Gracques, notamment) et sur la résistance des possédants à tous ce qui remettrait en cause leur position sociale. Sur cette notion de liberté qui n'est brandit que par les riches qui veulent sauver leur liberté de posséder (les terres, le pouvoir, les richesses) et qui manipulent les foules en ce sens. Sur l'impérialisme romain qui sert souvent les intérêts de la classe dirigeante pour obtenir et asseoir leur pouvoir.
La question du mariage, de la naissance, de la mort, de l'esclavage sont abordés avec une hauteur de vie qui profite aux néophytes de l'histoire romaine. Les clichés sont étudiés et les découvertes de l'archéologie permettent souvent de nuancer les les propos définitifs de Cicéron ou de Salluste.
Mary Beard retrace avec beaucoup d'humour et un style (et une traduction remarquable) d'une grande simplicité et d'une fluidité extraordinaire, l'histoire de cet empire mainte fois fantasmé dans les films, romans et séries.
Si vous voulez connaître l'enfance de note civilisation occidentale (les racines et la naissance se situant un peu plus à l'est, en Grèce et en Mésopotamie), si vous voulez lire un essai facile d'accès, passionnant, sérieux dans son propos, écho de notre propre monde, avec une plume de qualité et un humour salvateur, n'hésitez pas. Ce livre est pour vous !
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Pourquoi lire aujourd'hui une histoire de l'empire romain ? Mes six années d'apprentissage du Latin entre 1957 et 1963 ne m'ont sans doute pas laissé de profonds souvenirs …
J'avais toutefois encore en mémoire des noms de personnages : l'étude laborieuse de Virgile et son Eneïde avec son héros fuyant Troie avec son père sur le dos et son jeune fils, le combat fraticide entre Romulus et Remus, les laborieuses (pour moi) traductions des plaidoiries de Cicéron, les récits autobiographiques de la Guerre des Gaules par César, l'homme « nouveau » Marius, Catilina, Jugurtha, les guerres à répétition contre Carthage « Catago delenda est » … et le divin Auguste, le premier empereur. Tout ça bien confus dans ma mémoire qui flanche et l'envie de remettre toutes ces notions dans l'ordre.

D'un abord facile, riche de références contemporaines que chacun peut comprendre, Mary Beard livre ici un récit passionnant sur le berceau de la civilisation occidentale. Un démenti méticuleux à l'image rêvée de la Rome républicaine aux institutions modèles.

L'éditeur présente ainsi ce document passionnant : « Comment ce qui n'était qu'un village insignifiant dans le centre de l'Italie est-il devenu le siège d'un empire dominant la Méditerranée ? Mary Beard raconte dans cet ouvrage majeur l'émergence puis la chute d'une culture sans précédent, qui a façonné nombre de nos concepts fondamentaux sur le pouvoir, la citoyenneté, la guerre, la violence politique, l'empire, le luxe ou la beauté.
Du mythe fondateur de Romulus et Remus (VIIIe siècle av. J.-C.), à l'édit de l'empereur Caracalla offrant la citoyenneté romaine à tous les habitants libres de l'empire (IIIe siècle), Mary Beard retrace toute l'histoire de l'Urbs.»

Mary Beard place la charnière de la période aux ides de mars (44 avant J-C), jour de l'assassinat de César par Brutus, un homme à l'époque enfoncé jusqu'au cou dans les dettes et pratiquant l'usure au taux de 48% !
En réalité, l'expansion de l'empire fait exploser les institutions politiques conçues à une échelle relativement modeste et qui n'a pas évolué depuis le IVè siècle avant J-C, déjà mal adaptées au gouvernement de la péninsule italienne.

Au premier siècle avant J-C, Rome est devenue une métropole abritant un million d'habitants, où la faim, l'exploitation et les graves disparités de fortune servent de catalyseur aux protestations, aux émeutes et aux crimes.

Cette démocratie était essentiellement fondée sur la fortune.
Un dernier siècle qui fut florissant pour les arts, la poésie, la théorie, les inventions, où l'Etat avait pour mission de s'assurer que les citoyens avaient de quoi se nourrir, une ère féconde dans l'analyse et l'innovation politique, celle des réformes conduites par Caïus Gracchus (122 av. JC) avec distribution de terres aux paysans pauvres.

Le talent de l'historienne britannique « soulève le capot » de certains événements devenus mythiques. Elle explique le contexte, l'ambiance, le paysage politique, la situation économique et sociale en fonction d'éléments issus des plus récentes découvertes archéologiques.

On comprend ainsi que la question qui fait tomber la République est son système de gouvernance et la limitation dans le temps des pouvoirs (2 Consuls élus pour 1 an …) : une incapacité à traiter les problèmes administratifs.

César et Pompée, à la tête de leurs armées quasiment privées, défient les institutions encore plus fort que Sylla ou Marius. Si on considère aussi la vulnérabilité du Sénat face à la corruption, la domination des réseaux d'influence … l'autocratie devient la seule solution, avec la manière dont Auguste parvînt à établir le pouvoir personnel en tant qu'institution permanente.

Pour les deux siècles suivants, 14 empereurs établissent une forme de stabilité politique, malgré de nombreux assassinats. Et qui vont se confronter à l'émergence d'une secte qui refuse d'honorer les dieux romains : les chrétiens. Une leçon de politique, terriblement contemporaine, et qui donne à réfléchir …
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Ce livre retrace l'histoire de Rome de sa création (le 21 avril 753, 3e année du 6e cycle des Jeux olympiques) à l'édit de de Caracalla en 212 qui accordait la citoyenneté romaine à tous les habitants de l'empire. Cette somme est très lisible et pédagogique, elle m'a permis de mieux comprendre le déroulé des événements, surtout la période des guerres civiles.
Surtout, j'ai apprécié que l'auteur donne très souvent le contexte de tel ou tel point et apporte ainsi un éclairage différent des légendes apprises au collège ou transmises par les auteurs classiques. Cet ouvrage analyse aussi les sources historiques par rapport au rôle politique des auteurs ou de leur période car ce sont souvent les vainqueurs qui écrivent l'histoire. Ainsi Octave, futur Auguste, est présenté comme le défenseur des vénérables traditions romaines contre la décadence et les excès orientaux de Pompée et Cléopâtre ; et on peut s'interroger sur le meurtre de l'empereur Caligula : fut-il assassiné par qu'il était un monstre ou a-t-on fait de lui un monstre justement parce qu'on l'avait assassiné ?

Le livre débute par la conjuration de Catilina racontée par Cicéron, et cet événement nous permet de remonter l'histoire de Rome. On s'aperçoit aussi que bien des thématiques qui font débat de nos jours ont été d'actualité à l'époque romaine :
« La ferme réaction de Cicéron -débouchant sur des exécutions sommaires- illustre dans sa forme la plus brutale une problématique qui continue, encore aujourd'hui, de nous troubler. Est-il légitime d'éliminer des « terroristes » en s'affranchissant du cadre légal ? Jusqu'où peut-on aller dans le sacrifice des libertés publiques au nom de la sécurité nationale ? Les Romains ne cessèrent jamais de débattre sur la « conjuration de Catilina », ainsi qu'ils finirent par la nommer. Catilina est-il un personnage totalement nuisible, ou bien y a-t-il quelque chose à dire pour sa défense ? À quel prix une révolution fut-elle écartée ? Les événements de l'an 63 et les slogans qui furent créés à cette occasion n'ont jamais cessé de résonner au cours de l'histoire occidentale. »

Le récit des origines, comme dans d'autres cultures, a été inventé pour justifier une situation contemporaine, et cette fabrique de légendes a continué avec l'empire pour justifier la légitimité des gouvernants. L'histoire de Rome commence par un crime fratricide, par des violences dignes des pires racailles (l'enlèvement, et sans doute le viol, des Sabines) et les guerres incessantes entre différentes tribus. Mary Beard explique que Rome qui projetait dans la figure de son fondateur les obsessions que lui causent l'apparent cycle interminable de conflit civil qu'elle vivait : « Les Romains ne reçurent pas en héritage, comme ils le supposaient, les préoccupations et les priorités de leur père fondateur. C'est plutôt l'inverse : au long de siècles d'adaptation et de réécriture du récit, ils créèrent et recréèrent eux-mêmes la figure fondatrice de Romulus, dont ils firent le symbole puissant des préférences, des débats, des idéologies et des angoisses qu'ils nourrissaient. »

Habituellement, les différents conflits qui précèdent l'empire sont souvent évoqués séparément, parfois dans le désordre ; l'un des intérêts de ce livre est redonner une chronologie claire, de relier les événements entre eux.
Avant les guerres civiles du 1er siècle que l'on étudie à l'école, en histoire ou en latin, un premier conflit au 4e siècle a marqué l'organisation de la société romaine : le conflit des ordres qui a abouti à ce que la plèbe prenne part au pouvoir.
Ensuite, une nouvelle période de troubles commence avec la réforme agraire de Tiberius Gracchus (-133) et la politique de Caius Gracchus qui met à disposition du peuple du blé à prix régulé, s'adresse au peuple plutôt qu'au Sénat et dont 3000 partisans seront tués après le décret du Sénat qui permet d'assurer le salut de l'Etat par tous les moyens possibles (-121) ; puis vient la guerre sociale (-90) qui étend la citoyenneté aux alliés (socii) de Rome, se continue par la guerre entre Marius et Sylla et amène celui-ci au pouvoir après avoir dirigé son armée contre Rome pour faire céder le Sénat (-88) puis être nommé dictateur (-83) et mener un régime de terreur et une politique conservatrice jusqu'à son abdication (-79). Pour suivre, la révolte de Spartacus matée par Crassus (-73-71) est un mélange de révolte d‘esclaves et de guerre civile car de nombreux paysans s'étaient joints aux gladiateurs.

Ces évènements qui ont fortement perturbé la stabilité du pouvoir favorisent la conjuration de Catilina (-63) et la prise de pouvoir pas très régulière du triumvirat Pompée, César et Crassus (-60) : grâce à un ensemble d'arrangements, d'actes de corruption et de menaces, les trois hommes se sont assurés que les mandats consulaires et les commandements militaires arrivent aux personnalités de leur choix et que les décisions soient prises dans leur sens.

Au bout de 10 ans, Pompée, qui a conquis des territoires autour de la Méditerranée, et César, qui a conquis la Gaule, s'affrontent (César, comme Sylla, engage ses légions contre Rome, c'est le fameux Rubicon) et leur rivalité étend la guerre civile au-delà du territoire romain.
César assassiné, un nouveau triumvirat s'impose avec Marc-Antoine, Octave et Lépine. Ils gagnent la bataille de Philippes (-42) contre les forces républicaines et leur alliance se terminera par une nouvelle guerre, gagnée par Octave à la bataille d'Actium (-31).
Octave (qui s'appelle plutôt Octavien) va prendre le pouvoir et devient Auguste à partir de -27. Il crée un nouveau régime modérément autocratique, fondé sur respect des citoyens, l'autorité de la loi et mécénat dans les arts et qui laisse un semblant d'autorité au Sénat. Toutefois, il n'hésite pas à condamner à mort des hommes de haut rang qui ont comploté contre lui ou ont couché avec sa fille Julia. du fait des réformes radicales imposées par Auguste et ses successeurs, le pouvoir démocratique populaire s'étiole et le processus électoral est transféré au Sénat.

Le pouvoir se transmet d'abord au sein de la famille impériale, parfois très étendue, jusqu'à Vespasien qui fut choisi par l'armée. La transmission familiale cesse définitivement à partir de Nerva qui adopte quand même Trajan pour lui transmettre l'empire. Après Auguste, on compte 17 empereurs de 14 à 192 (assassinat de Commode) puis environ 70 dans les 100 ans qui suivirent.

Ce livre retrace une chronologie mais ce n'est qu'un de ses sujets, il s'intéresse aussi aux différents aspects de la vie à Rome, l'organisation administrative, militaire, sociale, la façon dont les Romains géraient les pays conquis, le mariage, le logement… C'est vraiment une mine !
Lien : http://jimpee.free.fr/index...
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Pourquoi l'histoire de Rome, de son Sénat et de son Peuple continue d'avoir du sens pour nous ?
J'aime l'histoire antique, la civilisation romaine m'intéresse depuis longtemps.

Certains pensent que la civilisation romaine continue d'imprimer sa marque sur notre civilisation actuelle. Je suis de ceux-là, mais comment une petite ville insignifiante en est-elle venue à être une puissance qui aujourd'hui encore influence nos conceptions de la politique, de la justice, du pouvoir et de ses dérives, de la notion de citoyenneté ?

J'avais déjà lu à plusieurs reprises sur le sujet, en particulier le livre de Lucien Jerphagnon qui fut celui qui m'ouvrit les portes de cette histoire là.
Aujourd'hui il était temps de compléter ma vision, de remettre en cause mes à priori, bref d'élargir un peu mes connaissances Pour cela le livre de Mary Beard est parfait.

Elle fait le choix de ne pas embrasser toute l'histoire de Rome jusqu'à sa chute et son récit s'arrête avec l'empereur Caracalla en 212 av JC mais bien entendu elle commence avec le mythe, la légende de Romulus et Rémus et le temps de la royauté car il y eut des rois à Rome même si l'on a tendance à se focaliser sur les derniers empereurs.
Mary Beard part donc des premiers temps de la royauté et des conflits qui y sont attachés. Les fameux Gracques puis le temps de Cicéron et de la conjuration de Catilina qui apporta la célébrité à Cicéron.
A travers ces faits l'auteur rend compte de l'évolution de la ville, car avant d'être un empire, Rome fut une ville, de ses institutions chaotiques et incohérentes parfois.
On trouve là les mythes de cette histoire : le viol de Lucrèce qui n'eut jamais lieu, l'enlèvement des Sabines tout autant sujet à caution.

D'autres événements plus crédibles comme la chute des Tarquins et la fin de la tyrannie qui voit en même temps la naissance d'une notion qui devait connaitre un grand succès, la notion de libertas.

Mary Beard met en avant certains événements car ils ont fait l'objet de témoignages écrits, de traces archéologiques qui fait que « nous pouvons enquêter en chaussant, pour y voir de près et dans le détail, des lunettes contemporaines ».
Elle nous invite à prendre de la distance avec les faits qui faute de la moindre trace ne sont pas avérés.

A ce petit jeu de démystification certains personnages célèbres tombent un peu de leur piédestal, d'autres au contraire se voient offrir une absolution.
Cléopâtre et son aspic si romanesque, Marc-Aurèle si philosophe et si violent ! Hannibal et ses éléphants, la figure de Pompée.
Les Empereurs ne sont pas oubliés mais Mary Beard insiste beaucoup sur le fait que cette longue période qui va d'Auguste à Caracalla est somme toute la moins intéressante, les institutions ne bougent pas beaucoup, les détenteurs du pouvoir se succèdent souvent grâce au meurtre.

Voilà pour l'exercice de salubrité publique mais ce qui est le plus intéressant dans ce livre c'est le regard que Mary Beard porte sur des aspects de l'histoire romaine peu mis en avant habituellement.

La religion, le commerce, la place des femmes et des esclaves, les riches et les pauvres. L'évolution de la société, de la ville et de l'Empire
N'ayez crainte César ou Marc Antoine ne sont pas oubliés pas plus que Néron ou Tibère.

Malgré la masse de documents sur Auguste, l'auteur est toujours intriguée par les changements survenus chez cet homme, du jeune homme chétif et sournois à l'ambitieux forcené qui imprima sa marque aux 14 empereurs suivants.
J'ai lu quelques critiques reprochant à Mary Beard d'avoir interrompu son livre avant la Chute de Rome, cela ne m'a pas gêné car elle le clôt sur l'édit de l'empereur Caracalla offrant la citoyenneté romaine à tous les hommes libres de l'empire. Joli symbole non ?

Décidément les anglais ont un rare savoir faire pour ce genre de livre, j'ai aimé l'écriture, j'ai aimé le mélange d'admiration et de critiques.
J'ai apprécié l'ampleur du travail

« Depuis la Renaissance au moins, beaucoup de nos hypothèses les plus fondamentales sur le pouvoir, la citoyenneté, la responsabilité, la violence politique, l'empire, le luxe et la beauté ont été formés et testés, en dialogue avec les Romains et Leur écriture »

Un livre qui sans nul doute trouvera sa place dans les bibliothèques des amateurs à côté de celui d'Edward Gibbon.

Lien : http://asautsetagambades.hau..
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Un bel exemple du travail d'un historien, et des hypothèses que rendent obligatoires la discontinuité et l'inéluctable partialité des vestiges fragmentaires qui nous restent d'une époque si lointaine. Et malgré cela, l'auteur parvient à nous rendre vivant ce monde ancien. Pas seulement par les faits d'armes de ses généraux ou les exploits de ses dirigeants, mais aussi en s'efforçant d'approcher la vie quotidienne du peuple ordinaire. Une approche très agréable et d'une lecture facile qui change des livres de style plus scolaire.
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Bel ouvrage passionnant et illustré d'environ 550 pages qui nous plonge dans l'Histoire de la Rome antique, du commencement à l'édit de Caracalla (212 ap. J.-C.).

Après une pause de 6 mois dans ma lecture j'ai enfin terminé ce livre que j'ai vraiment apprécié. Principalement les débuts de Rome et la Royauté ainsi que les explications sur l'Empire. En fait, cette (petite) "pause" s'explique par la quantité d'informations présentes dans les pages. Même si ce livre est accessible à tous, il demande une digestion continue des informations lues. Et donc, je ne pense pas que ce soit un livre à lire en une fois.

En bref, c'est une lecture que je recommande aux passionnés mais aussi aux curieux qui voudraient une lecture historique abordable et plutôt complète sur l'ancienne Rome. Ne soyez pas effrayé par ce pavé, prenez le temps ;)
Lien : https://armoirealire.wordpre..
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